Modérateurs: Modération Forum Oeuvres & Multimédia, Le Bureau de l’Association HCFR • Utilisateurs parcourant ce forum: boddhidarma, FredP, kerpape, MATAMBOY et 59 invités

Films (débats, critiques), personnalités (acteurs, réalisateurs), prochaines sorties, les salles, la presse spécialisée...

(The) Neon demon (Nicolas Winding Refn)

Message » 28 Oct 2016 13:00

Refn a développé un style propre (même s'il y a des emprunts comme tjrs : dans ce film on retrouve par exemple des hommages à une forme de cinéma psychédélique très expérimental) qui a une identité visuelle particulière en terme d'enchaînement. Il arrive à appuyer l'action dessus (et vice-versa) sur la durée d'un film sans faiblir. Il a une grammaire de l'image extrêmement développée qui a ceci de remarquable qu'elle peut faire le grand écart entre minimalisme et complexité. Après, on y est + ou - sensible en fonction de sa culture de l'image et des lectures qu'on en fait... Personnellement, je suis à chaque fois fasciné par sa maitrise de l'image et la manière dont il la modèle.
Emmanuel Piat
Contributeur HCFR 2016
 
Messages: 10411
Inscription Forum: 10 Oct 2000 2:00
Localisation: Besançon, FRANCE
  • online

Message » 28 Oct 2016 14:20

Emmanuel Piat a écrit:Il arrive à appuyer l'action dessus (et vice-versa) sur la durée d'un film sans faiblir.

Emmanuel Piat a écrit:une grammaire de l'image extrêmement développée qui a ceci de remarquable qu'elle peut faire le grand écart entre minimalisme et complexité.


:zzzz:
starfox
 
Messages: 207
Inscription Forum: 11 Mai 2016 17:10
  • offline

Message » 28 Oct 2016 20:15

le gars est d'abord un gros cinéphile. comme tarantino il en à bouffé un max ! donc des emprunts à d'autres réalisateurs dans ses œuvres, ça me parait une évidence ! le simple fait qu'il est réalisé un entretien avec friedkin me le rend sympathique ! :bravo:

autre point important, il est daltonien ! :mdr:
laurent martiarena
 
Messages: 2967
Inscription Forum: 12 Aoû 2013 13:07
Localisation: vernegues, bouches du rhône
  • offline

Message » 29 Oct 2016 22:38

starfox a écrit:
Emmanuel Piat a écrit:Il arrive à appuyer l'action dessus (et vice-versa) sur la durée d'un film sans faiblir.

Emmanuel Piat a écrit:une grammaire de l'image extrêmement développée qui a ceci de remarquable qu'elle peut faire le grand écart entre minimalisme et complexité.


:zzzz:


Chacun son kif. A mes heures perdues, je forme (gratuitement) des gens en photo qui n'ont strictement aucune connaissance en terme de lecture d'image. Bizarrement, le moyen le plus simple que j'ai fini par trouver pour ça, c'est de m'appuyer sur le cinéma et le travail des directeurs de la photo (composition, lumière, construction des séquences). J'ai des dizaines de snapshots de films que je décortique avec eux pour leur expliquer qu'est-ce qui fait qu'une photo acquière la capacité de marquer. Le cinéma est un mélange permanent de codifications ultra efficaces en terme de photo (ce qu'on apprend ds les écoles de ciné) et d'innovations (ce qu'on n'apprend pas). Refn fait parti de ceux qui innovent. Et oui, il a effectivement une grosse culture cinéphile qu'on constate immédiatement qd on écoute ses interviews.

Je fais évidemment de la photo. Je suis en montagne en ce moment et voici trois photos prises aujourd'hui. La première est volontairement prise de dos et malgré ça on a une lecture parfaite de ce que fait la personne. Les autres sont des contre-plongées légères archi classiques (rôle de renforcement du sujet) avec plus ou moins de grain. Je ne prétends pas avoir le moindre talent en photo (et je m'en fou) mais capturer des images et exprimer des choses avec me passionne. Désolé si ce type d'analyse te saoule :wink:

Image

Image

Image
Emmanuel Piat
Contributeur HCFR 2016
 
Messages: 10411
Inscription Forum: 10 Oct 2000 2:00
Localisation: Besançon, FRANCE
  • online

Message » 30 Oct 2016 4:48

le fait est que c'est un art. du moins pour moi, même si de nos jours le terme parait galvaudé à propos de la photographie tant la pratique en est à la porté de tous.

pour pouvoir innover il faut déjà être capable de maitriser les codes, les règles de base.mais ce qui souvent va différencier le très bon artisan du génie c'est la rapidité, la précocité avec laquelle le génie va apprendre, intégrer et maitriser les règles de base d'un art pour pouvoir mieux s'en affranchir et innover quitte à prendre des risques.

ce qui est fascinant avec le cinéma c'est qu'il fait intervenir plusieurs arts différents.
laurent martiarena
 
Messages: 2967
Inscription Forum: 12 Aoû 2013 13:07
Localisation: vernegues, bouches du rhône
  • offline

Message » 30 Oct 2016 8:14

Je suis complètement d'accord avec ça

Je constate aussi que certaines personnes ont une intuition photographique incroyable (j'ai une jeune maman ds ce cas qui s'essaye en ce moment au portrait. Elle fait des choses fantastiques alors que sa maitrise de son reflex était quasiment nul). Ce type de personnes fonctionne à l'instinct... Et une fois qu'elles acquièrent en plus les codes et la technique, elles sont capables d'aller très loin.

On a aussi des réal qui ne souhaitent pas s'encombrer de la technique. Almodovar par exemple est nul en technique, ça ne l'intéresse pas. Dans ce cas, c'est au dir. de la photo de traduire en contingences techniques les idées qu'Almodovar veut exprimer. Le réal et le dir. de la photo est un couple, et selon les réal. les modalités d'interaction sont différentes. Tout cela participe à la richesse du cinéma.
Emmanuel Piat
Contributeur HCFR 2016
 
Messages: 10411
Inscription Forum: 10 Oct 2000 2:00
Localisation: Besançon, FRANCE
  • online

Message » 03 Nov 2016 13:00

starfox a écrit:
Emmanuel Piat a écrit:Il arrive à appuyer l'action dessus (et vice-versa) sur la durée d'un film sans faiblir.

Emmanuel Piat a écrit:une grammaire de l'image extrêmement développée qui a ceci de remarquable qu'elle peut faire le grand écart entre minimalisme et complexité.


:zzzz:

un peu de respect dans ce monde de brutes et tout ira mieux dans le meilleur des mondes :wink:
le touriste
 
Messages: 8837
Inscription Forum: 31 Juil 2005 13:13
Localisation: rp 77
  • offline

Message » 03 Nov 2016 13:22

Winding Refn reconnaît lui-même qu'il monte maintenant ses scènes en fonction de ce que Cliff Martinez lui a préparé comme musique, ce qui est bien entendu responsable de l'aspect clip sur beaucoup de ses films récents : il laisse la scène se dérouler au-delà de ce qui est nécessaire par rapport à un tout.

Du coup, certes, on a bien quelques scènes extrêmement fortes, comme la toute première ou la première séance photo avec son éclairage laiteux qui donne une impression très malsaine avant même que l'on découvre la personnalité du photographe et comment se passe le shooting. Mais, à côté de ça, le discours qui est tenu pour donner de la cohérence à l'ensemble enfile les banalités, style la beauté des femmes débouche sur leur exploitation et la violence d'autres femmes, et la fin part quand même pas mal en sucette, justement parce qu'il n'y a pas vraiment de liant dans le film.
Sledge Hammer
 
Messages: 3657
Inscription Forum: 06 Oct 2005 23:39
  • online

Message » 03 Nov 2016 19:45

et la fin part quand même pas mal en sucette, justement parce qu'il n'y a pas vraiment de liant dans le film


Dans le BRD Refn explique quelle était son intention créatrice avec l'éventration et l'allégorie de l'oeil qui est ré-ingurgité par la plus spectrale des filles...

Et en fait tout est lié avec ce que représente chacune des 3 prédatrices. Mais ce liant n'est vraiment pas évident au 1er abord... C'est un film qui doit être "disséqué" et chacun pourra évidemment avoir sa propre interprétation ...
Emmanuel Piat
Contributeur HCFR 2016
 
Messages: 10411
Inscription Forum: 10 Oct 2000 2:00
Localisation: Besançon, FRANCE
  • online

Message » 03 Nov 2016 20:18

laurent martiarena a écrit:le simple fait qu'il est réalisé un entretien avec friedkin me le rend sympathique ! :bravo:


A ma connaissance, il existe même deux entretiens filmés entre NWR et Friedkin. Il y en a un sur youtube trouvable facilement qui a eu lieu, si je ne m'abuse, à Copenhague et l'autre sur l'édition BR récente de Sorcerer.

D'ailleurs, au cours de ces deux entretiens, Friedkin prend un malin plaisir à plusieurs reprises à remettre NWR en place, c'est assez drôle et, avouons-le, assez jouissif (car amplement mérité).
starfox
 
Messages: 207
Inscription Forum: 11 Mai 2016 17:10
  • offline

Message » 04 Nov 2016 10:46

à emmanuel : je vais me le faire ce weekend ce néon demon, le fait que le film ne soit pas "facile" et qu'il faille le disséquer ne me gène pas. ce n'est pas le premier réalisateur qui nous pond une fin de film qui laisse songeur ! david linch notamment s'en est fait quasiment une spécialité ! toute la question est de savoir si refn est seulement dans la posture mais sans aucune profondeur derrière ou si vraiment il tente film après film de se créer un univers à lui. moi pour l'instant j'aime bien ce qu'il fait, il y à une certaine cohérence dans sa folie.

à starfox : oui l'interview que j'ais vu est assez marrante, le vieux loup du cinéma remet en place plusieurs fois le jeune loup au dents longues. mais c'est logique connaissant le caractère de chien de friedkin, qui participe d'ailleurs à sa légende. beaucoup de grands réalisateurs sont tous un peu fou et généralement pas facile à vivre. qui s'y frotte s'y pique ! :mdr:
laurent martiarena
 
Messages: 2967
Inscription Forum: 12 Aoû 2013 13:07
Localisation: vernegues, bouches du rhône
  • offline

Message » 04 Nov 2016 12:08

Refn peut donner l'impression de manquer de modestie. Soit c'est le cas ds la vraie vie, soit c'est de l'affichage pour exister ds cet univers impitoyable :wink: . Ceux qui bossent avec lui semble l'apprécier (cf. la dir de la photo) car il laisse de bonnes marges de liberté pour l'expérimentation. C'est là ou perso je l'apprécie aussi : il tente des trucs, c'est pas tout ficelé d'avance. Le cinéma formaté me saoule.

The neon demon peut donner l'impression de manquer de profondeur et c'est peut être le cas (le script tient sur pas grand chose). Mais le film a des fulgurances très étonnantes. Perso, je m'en suis repassé de larges extraits plusieurs fois, et plus je les revoyais, plus je les appréciais en terme de construction formelle... Preuve qu'en ce qui me concerne, le 1er visionnage a été assez désarçonnant et qu'il m'a fallu un peu de temps pour digérer la chose.

Le 1er shooting pro ds le film est un exemple intéressant de construction réussie. Un shooting de studio en photo de mode est un truc ultra formaté. Difficile donc de faire preuve d'originalité. Refn prend le parti de styliser à fond le shooting. Pour ça, il va progressivement d'un décor de studio fantasmé ultra lumineux mis en scène comme une scène de théâtre vers le minimalisme le plus absolu qui est atteint via un fond blanc qui finit par occuper tout l'espace. Il ne reste plus alors ds le cadre que le modèle et le photographe. Tout le reste a disparu. Puis via une inversion brutale des tonalités, il remplace le blanc par le noir (extinction des lumières) et se met à jouer avec la couleur dorée. A ce jeu graphique, se superpose une lecture psychologique des personnages que je ne vais pas détailler mais qui est très lisible et l'inversion de la tonalité s'accompagne évidemment d'une rupture psy (la glace se transforme en feu). Cette osmose entre fond et forme est un procédé classique chez Refn et il le maîtrise souvent très bien.
Emmanuel Piat
Contributeur HCFR 2016
 
Messages: 10411
Inscription Forum: 10 Oct 2000 2:00
Localisation: Besançon, FRANCE
  • online

Message » 04 Nov 2016 23:20

bon et bien ça y est, je l'ai vu ce néon démon. je ferais simple, je suis conquis ! :love: la vision de ce film m'à beaucoup rappelé deux films de dario argento, suspiria et surtout inferno. l'image et le son !

l'histoire est simple et l'épilogue cruel comme je les aime ! bravo Mr refn ! :bravo:
laurent martiarena
 
Messages: 2967
Inscription Forum: 12 Aoû 2013 13:07
Localisation: vernegues, bouches du rhône
  • offline

Message » 12 Nov 2016 6:31

Depuis la trilogie Pusher le cinéma de Winding Refn me passe au dessus par ce côté coquille vide esthétisante. Et bien là ça sert le propos habilement. Au jeu des comparaisons ça se rapproche parfois du cinéma de Lynch ou de Cronenberg. Vu depuis plusieurs semaines le film reste bien présent dans mon esprit malgré la quantité quotidienne vue depuis. Pas envie de théoriser davantage, ça semble déjà bien entamé, je m'ajoute juste aux gens qui ont apprécié et le conseillent. Film esthète, étrange mais pleinement raccord avec cette dénonciation de l'hégémonie de la beauté et ses ravages.
Dearbear
 
Messages: 132
Inscription Forum: 04 Nov 2010 20:05
  • offline

Message » 15 Nov 2016 17:00

Hello,

Vu en VOD, j'ai plutôt bien aimé.

Attention ça spoile très légèrement.

En fait, je ne m'ennuie jamais devant un film de Refn. D'une part du fait de ses esthétiques captivantes mais aussi parce que j'ai toujours l'impression que ses scènes et images disent quelque chose, ce qui me donne toujours envie de savoir quoi.

Celui ci m'a vraiment happé, j'y pense beaucoup, je m'interroge: j'aime ça et je le conseillerais rien que pour ça.

Personnellement, à ce stade je pense qu'il y a du fond dans ce film.

Mais comme certain l'ont dit, nombre des développements relèvent a priori tant de la banalité qu'on peut se demander si y mettre tant de formes n'est pas un peu gratuit...

Je prends comme exemple la scène où Jesse bascule narcissiquement. Fallait-il un dispositif aussi long et appuyé ? Fallait-il immédiatement en montrer de façon si caricaturale les conséquences (exit le gentil petit ami...) ?

La toute première scène en est un autre exemple...

Alors évidemment, comme ça a déjà été dit, ce milieu du mannequina est justement l'empire de l'esthétisme, ceci justifiant peut être cette geste très appuyée de Refn ? Mais pour dénoncer quoi ? L'emprise totalitaire et hypnotique qu'exerce sur nous la beauté fusse-t-elle, justement, factice ? Peut être...

Certaines scènes sont ratées je trouve : autant celle du rêve avec le couteau est plutôt très bien, autant celle d'après, bien que très belle, est de trop (ce qui se passe dans la chambre voisine). J'ai vraiment l'impression qu'il voulait la caler son ombre chinoise... Le couteau suffisait amha.

Et puis il y a la dernière partie, plus déroutante, plus intéressante à mon avis, parce que peut être plus personnelle à Refn.

Enfin surtout je trouve pour le personnage de la maquilleuse qui est la plus intrigante du film avec ses manières d'Ophélie. Sorcière lunaire en négatif de la déesse solaire incarnation, elle, de la vie.

Et puis ce rite païen auquel participent nos 2 mannequins maudits, l'une en quête d'incarnation, l'autre de pure plastique. La dernière scène nous montre l'échec de l'entreprise. La première, fantôme, poursuivra à jamais sa chimère qu'aucune compromission n'assouvira jamais. La deuxième, par essence éthique même, est incompatible charnellement avec la véritable beauté, elle la rejette malgré elle.

Un peu cliché peut être la encore mais la mise en scène choc m'a plu.
Dernière édition par Unjeff le 17 Nov 2016 12:33, édité 1 fois.
Unjeff
 
Messages: 1975
Inscription Forum: 28 Nov 2006 12:45
Localisation: Ailleurs
  • offline


Retourner vers 7ème Art

 
  • Articles en relation
    Dernier message