Voici donc ma critique sur 3-D The Catalogue, version intégrale.
Pour la troisième fois, Kraftwerk reprend ses anciens titre et les remet au goût du jour.
La première fois, c'était en 1991 avec The Mix. 11 plages, mais en réalité 8 titres, complètement révisés avec des sonorités nouvelles. Une demi-réussite, surtout grâce aux différents remix du maxi The Robots, le reste n'ayant rien d'inoubliable.
Ils remettent ça en 2005 avec le DVD live Minimum-Maximum 23 plages pour, heu, 17 ou 19 titres, dont 5 extraits de leurs nouveaux opus Expo 2000 (devenu Planet of Visions) et Tour de France Soundtracks. On y découvre donc 6 reprises en plus de ce qu'on avait dans The Mix. Pas mauvais, mais tout de même bien en-dessous du caractère mythique des originaux. L'intérêt était surtout de découvrir les visuels utilisés en concert.
L'histoire se répète-t-elle indéfiniment ? 2017, 3-D The Catalogue ressort la même recette. Cette fois, tous les titres connus de 1974 à 2003 sont passés à la moulinette. Du moins pour ceux qui ont choisi la version 8xCD, la version 8xLP ou la version 4xBD.
Sauf que cette fois, la qualité est un cran au-dessus de The Mix ou de Minimum-Maximum !
Ils n'ont pas cherché à tout prix à "faire moderne". Au contraire ils sont parfois revenus aux sonorités originales. Dans The Robots, on retrouve par moments la ligne de basse inoubliable de 1978 et qui avait disparu dans The Mix. The Model est même entièrement revenu à sa version originale, à l'opposé complet de la version Minimum-Maximum.
Changement de style aussi. Le coffret démarre avec les albums Autobahn et Radioactivity au complet, nettement plus calmes que les suivants. Ils se laissent écouter sans fatigue sur toute la longueur.
Le mixage a quelque chose de plus abouti et de plus expérimental en même temps. Vous ai-je dit que 3-D The Catalogue était un live ? En fait, les pistes audio n'ont pas grand chose de live en dehors du côté spontané de la voix de Ralf Hütter, qui chante d'ailleurs à certains moments en duo sur une piste pré-enregistrée (sa voix est alors dédoublée)... sauf que le mixage final ne tient aucun compte des contraintes domestiques en termes de niveau de fréquences graves. Tout se passe comme si le son était pris à l'entrée de la sono du concert et copiée telle quelle sur le disque : tout est fait pour faire trembler les sièges ! Sur les titres Boing Boom Tschack et Techno Pop, on a une envie irrésistible de pousser le système à fond. C'est même la première fois que je ressens physiquement l'impact du grave sur le sternum ! La dynamique est au rendez-vous. Il y en a même parfois un peu trop. Cela donne l'impression qu'il y a des "trous entre les notes".
L'image stéréo est un peu spéciale. Parfois le panoramique gauche-droite est un brutal réglage de balance qui envoie le son d'un côté ou de l'autre, parfois c'est un effet de phase assez sophistiqué, proche d'un effet binaural. Mais la plupart du temps, on dirait que l'un des quatre membres sur scène ne joue sur son pupitre qu'avec des effets de réverbération et de spatialisation. Ce qui rend l'écoute au casque très ludique, car les effets en question sont souvent noyés dans l'acoustique de nos salons.
Un petit bémol, les hautes fréquences sont un peu instables, la voix en particulier, est prise en live avec un micro portatif, et le rendu est parfois passable.
Dans l'ensemble, le son est très beau, avec des sonorités pauvres en harmoniques, donc très propres et très pures. C'est tout-à-fait original et ça fait plaisir d'entendre autre chose qu'une prise de son formatée aux standards habituels. Le son est dans la lignée de Tour De France Soundtracks, mais en plus riche et moins répétitif.
Pas grand chose à dire sur les vidéos. Même si elles sont très bien faites, dans la lignée minimaliste propre à Kraftwerk. Cette fois, l'intérêt de l'audio éclipse l'image... sauf si on a une installation vidéo 3D, car ne l'oublions pas, il s'agit de Blu-ray 3D ! Mais ça, je ne peux pas vous en parler car je n'ai pas l'installation idoine.
Voici mon avis plage par plage sur la partie audio, avec ma note personnelle de 0 à 3 étoiles
0 - Sans intérêt
* - Pas désagréable, mais pas génial non plus
** - Bon
*** - Génial
Autobahn
Note : 0
Ce morceau m'a toujours ennuyé dans toutes ses versions. Celle-ci ne déroge pas à la règle.
Kometenmelodie 1 / Kometenmelodie 2 / Mitternacht
Note : **
Versions très fidèles aux originaux, mais avec un meilleur son.
Morgenspaziergang
Note : *
Cela faisait une éternité que je n'avais pas entendu l'original. Très surprenant pour du Kraftwerk, cette petite mélodie bucolique à la flûte. La reprise est dans la pure lignée des plages précédentes et n'apporte rien.
Geiger Counter / Radioactivity
Note : ***
Superbe reprise ! Nettement plus aboutie que les versions 1991 et 2005. La première partie du texte est en japonais et fait référence à Fukushima. La seconde partie reprend le refrain que l'on connaît.
Radioland
Note : *
Relativement fidèle à l'original. La remise à neuf ne lui a rien apporté au contraire.
Airwaves
Note : 0
Une reprise techno. Je n'aime pas beaucoup.
Intermission, News
Note : *
Fidèle aux originaux
The Voice Of Energy
Note : ***
Effet binaural très réussi, tout en restant fidèle à l'original.
Antenna
Note : 0
Changement de style rigolo avec un rythme sautillant... mais qu'on aura vite oublié. Bien en-dessous de l'original.
Radio Stars
Note : 0
Version live raccourcie, pas très réussie
Uranium
Note : **
J'aime cette version autant que l'originale. Les deux sont étrangement angoissantes.
Transistor
Note : *
Version fidèle mais raccourcie.
Ohm Sweet Ohm
Note : **
La voix est impressionante. Mais sur la mélodie, on y perd un peu par rapport à l'original.
Trans Europe Express / Metal On Metal / Abzug
Note : 0
Ce titre a peu évolué depuis The Mix. Je n'ai jamais aimé ces reprises. L'original est bien meilleur.
Franz Schubert
Note : *
Remise à neuf sans histoire.
Europe Endless
Note : **
Tâche difficile de faire une reprise de ce titre, car l'original est un des plus beaux morceaux de Kraftwerk.
Pour moi, le reprise est bien en-dessous, mais on part de tellement haut que même en étant moins bon, cela reste un bon morceau.
The Hall Of Mirrors
Note : **
Adaptation assez fidèle. J'aime beaucoup la performance de Ralf Hütter, qui rentre vraiment dans son texte. L'accompagnement musical est plus doux et plus lancinant, ce qui accentue le côté tragique du texte.
Showroom Dummies
Note : ***
Magnifique reprise ! On regrette vraiment qu'elle ait été raccourcie de moitié ! Les belles mélodies sont parfaitement mises en valeur par les nouvelles sonorités. C'est aussi bon que l'original, tout en étant différent.
The Man-Machine
Note : *
Reprise très proche de la version 2005. Très peu d'intérêt comparé aux envoûtantes sonorités de l'original.
Spacelab
Note : 0
Comme pour Europe Endless, on part ici d'un original d'une très grande beauté. Et malheureusement, la reprise est bien en-dessous.
The Model
Note : **
Virage à 180° par rapport à 2005. Tout a été refait en se calquant sur l'original. C'est assez réussi.
Neon Lights
Note : *
Je n'aime pas trop ce titre. La reprise n'est pas mauvaise.
The Robots
Note : ***
Génial ! Cette version mélange l'original et les reprises de 1991 (Robotronik, sur le maxi the Robots), en ajoutant une introduction grandiose !
Metropolis
Note : **
Je n'aimais pas trop l'original, mais j'aime assez cette reprise.
Numbers / Computer World
Note : *
Comme pour The Robots, on observe dans certains passages un retour aux sonorités originales, mais pour moi, les reprises de ces titres ne valent pas un pet de lapin comparées aux originales.
It's More Fun To Compute / Home Computer
Note : 0
Alors c'est bien simple, les originaux sont mes morceaux préférés de Kraftwerk ! Il ne faut pas me parler de ces reprises d'où tout a été retiré... D'ailleurs, techniquement, même le son n'est pas terrible. Manque de hautes fréquences.
Computer Love
Note : 0
J'aime l'original moyen, et la reprise pas du tout.
Pocket Calculator / Dentaku
Note : **
Un petit retour aux sonorités originales ne fait pas de mal !
Electric Cafe
Note : **
Très jolie reprise, assez proche de l'originale.
The Telephone Call / House Phone
Note : **
Meilleur que l'original, je trouve. Cette version mêle le remix de François Kevorkian (maxi-45 tours de 1986) ainsi que la version House Phone (présente sur le même maxi).
Sex Object
Note : *
Assez fidèle à l'original. Pas mon titre préféré.
Boing Boom Tschak / Techno Pop
Note : **
Reprise fidèle aux originaux, avec une dynamique augmentée. A écouter à fort volume pour éviter l'impression de "trous entre les notes".
Music Non Stop
Note : ***
On enchaîne quelques mesures de l'original avec une version revisitée proche de celle de 2005, qui était déjà excellente et meilleure que l'originale. Mais là, c'est carrément une tuerie ! Mettez les watts à fond et tant pis pour les voisins !
Il aurait peut-être fallu enlever ce son bizarre qui fait "proutch" pendant la première partie.
Planet Of Visions
Note : **
Cette version reprend aussi bien le Kling Klang mix 2000 (c'est-à-dire la version originale de Expo 2000) que le Kling klang mix 2002 (devenu Planet of Visions sur minimum-Maximum). Pas trop mal. Au moins, ils sont exhaustifs.
Tour De France
Note : **
C'est la version originale de 1983, en live.
Prologue / Etape 1 / Chrono / Etape 2
Note : *
Là, c'est la version de 2003. Je n'ai pas vraiment accroché. Et puis comparé à leurs albums des années 70-80, ce n'est vraiment plus la même chose.
Vitamin
Note : *
J'accroche encore moins :/
Aero Dynamik / Elektro Kardiogramm / La Forme / Regeneration
Note : **
Très peu de changements par rapport à ce qu'on connaît. Un peu plus mélodique, me semble-t-il.
En bref, en tant que fan de Kraftwerk, je suis vraiment content de mon achat, et je n'ai pas fini de le réécouter et de le revisionner, ça non !