Ca fait déjà plusieurs années que la Chine, comme ses voisins, ne sont plus uniquement producteurs de biens de consommation à faible valeur ajoutée, mais nous devancent aussi dans des secteurs technologiques. Quant aux chinoiseries, ils disposent d'un marché domestique énorme pour les écouler.
Ensuite la production, ça ne se rapatrie comme ça du jour au lendemain. L'effet cliquet est énorme et une fois que tu as délocalisé, faire le chemin inverse est complexe. Ces usines ne sont pas reconstruites du jour au lendemain, les normes environnementales sont drastiques, et de toute façon plus personne n'en veut, dès que l'une d'elle a le malheur d'émettre un peu de fumée tout le voisinage s'insurge. Et puis tu vas mettre qui pour les faire tourner, les zyvas qui dealent et recèlent en bas de l'immeuble?, le chômeur de longue durée devenu alcoolique depuis que sa boîte a coulé?, la mère célibataire obèse?, le faux intermittent du spectacle qui bosse 4 mois par mois et abuse de la générosité des Assédics?, le jeune Tanguy très bien chez papa-maman et qui ne va quand même pas bosser à la chaîne avec sa licence d'histoire de l'art. Parce que le chômage structurel, c'est ça
. Vouloir rapatrier sa production est louable, mais depuis 20 ans on n'a vraiment rien fait pour qu'une telle solution puisse se mettre en oeuvre en claquant des doigts.
Cette crise est révélatrice de notre suffisance. Nous n'avons rien anticipé depuis 10 ans, mais aussi nous étions incroyablement sûrs de nous ces 3 derniers mois. Persuadés que nos services de santé, les meilleurs du monde, allaient facilement contenir la vague. La mise en accusation récente des chiffres officiels chinois sont surtout révélateurs de notre propre frustration, alors que de toute évidence les pays asiatiques, quels que soient leurs régimes politiques et leurs niveaux de développement supposés, ont tous fait mieux que nous.