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Tout sur les séries... Télévisées, mais aussi webséries ou VOD ( type Netflix )

The World Of Star Trek (ToS , TnG , Ds9 , Voyager , Enter. )

Message » 02 Mai 2021 18:07

Rayon surgelé :hehe:
FGO
 
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Message » 02 Mai 2021 18:17

Mr Eric a écrit:je suis certain que vous en rêviez, voilà le trailer de la S4 de Discovery :hehe:



Comme vous pouvez le constater la qualité est immonde car Paramount n'a diffusé le trailer que sur FB et Insta, pour bien coller à leur cible :siffle:

impossible de trouver la vidéo dans une qualité correcte sur YT malgré toutes mes recherches...

Ca commence bien :ko:


C'est magnifique quand tout le monde pompent au meme moment dans les memes banques de musiques . :zen:

Audiomachine dans le cas présent

Darkhan
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Message » 20 Aoû 2021 21:29

Voici mon habituelle critique exhaustive du dernier "Star Trek" ou plus exactement du dernier #Faketrek, à savoir Lower Decks 02x01 Strange Energies... :ko:

Il est probable que j'arrête là le décryptage de cette seconde saison de Lower Decks, car aucune envie de contribuer incidemment à la faire la pub d'une série pareille… :siffle:
yrad
 
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Message » 21 Aoû 2021 11:34

Bon j'ai craqué, je me suis offert en physique l’intégrale des series et films star Trek.. Je ne connait pas cette serie, a part les 3 dernier film de J.J.Abrams.

D'apres mes petites recherche sur le net il faut que je commence par enterprise c'est ça ?
athoriac
 
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Message » 21 Aoû 2021 13:49

athoriac a écrit:Bon j'ai craqué, je me suis offert en physique l’intégrale des series et films star Trek.. Je ne connait pas cette serie, a part les 3 dernier film de J.J.Abrams.

D'apres mes petites recherche sur le net il faut que je commence par enterprise c'est ça ?



Chronologiquement c'est enterprise (qui est un prequel) ,
Sinon dans l'ordre d'apparition c'est Star Trek the original serie, star trek next generation, deep space nine, star trek voyager et enfin star trek entreprise.
Après il y a Discovery, et star Trek Picard

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Message » 21 Aoû 2021 20:18

Il peut être utile de préciser que, comme pour Kelvin (c'est-à-dire les trois films produits par JJ Abrams), les séries Discovery et Picard n'appartiennent de facto pas au même univers ou à la même timeline de Star Trek que les cinq séries live et les dix films historiques (1964-2005) en raison de trop d'incompatibilités factuelles (quoi que prétendent leurs showrunners).

Si on entre dans les détails (pour bien saisir toutes les causalités in-universe), l'ordre de visionnage idéal serait le suivant :

#01 Les quatre saisons de la série Enterprise (vrai prequel, ayant donc vocation à être visionné en premier)
#02 Les trois saisons de la série The Original Series en commençant par l'épisode The Cage (le premier pilote de 1964)
#03 La série animée The Animated Series (éventuellement)
#04 Les six films de la série originale, depuis The Motion Picture à The Undiscovered Country
#05 Les cinq premières saisons de la série The Next Generation
#06 Les deux premières saisons de la série Deep Space Nine
#07 Les deux dernières saisons de la série The Next Generation (le #07 gagnerait à être vu en parallèle du #06)
#08 Le premier film la nouvelle génération, à savoir Generations
#09 Les saisons 3 et 4 de la série Deep Space Nine
#10 Les saisons 1, 2, et 3 de la série Voyager (le #10 gagnerait à être vu en parallèle du #09)
#11 Le second film de la nouvelle génération, à savoir First Contact
#12 Les saisons 5 et 6 de la série Deep Space Nine
#13 Les saisons 4 et 5 de la série Voyager (le #13 gagnerait à être vu en parallèle du #12)
#14 Le troisième film de la nouvelle génération, à savoir Insurrection
#15 La dernière saison de la série Deep Space Nine
#16 Les deux dernières saisons de la série Voyager (le #16 gagnerait à être vu en parallèle du #15)
#17 Le dernier film de la nouvelle génération, à savoir Nemesis
#18 Revoir éventuellement la série Enterprise qui prendra un sens différent (double fonction d'un vrai prequel)

#19 Les trois films Kelvin (une autre timeline)
#20 La série Discovery en y incluant éventuellement les neuf premiers Short Treks (une autre timeline aussi)
#21 La série Picard en commençant par le dernier Short Treks, à savoir Children Of Mars (une autre timeline également)
#22 La parodie animée Lower Decks... mais cette dernière sera avantageusement remplacée par la série The Orville
Dernière édition par yrad le 21 Aoû 2021 23:39, édité 4 fois.
yrad
 
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Message » 21 Aoû 2021 20:33

Super merci beaucoup...
athoriac
 
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Message » 22 Aoû 2021 0:12

J'en ai profité pour poster une version légèrement upgradée de ce "petit guide" dans le topic placé en post-it.
yrad
 
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Message » 24 Aoû 2021 15:22

yrad a écrit:Il peut être utile de préciser que, comme pour Kelvin (c'est-à-dire les trois films produits par JJ Abrams), les séries Discovery et Picard n'appartiennent de facto pas au même univers ou à la même timeline de Star Trek que les cinq séries live et les dix films historiques (1964-2005) en raison de trop d'incompatibilités factuelles (quoi que prétendent leurs showrunners).


NON !

Pas "de facto", parce que ce n'est pas "factuel". C'est TON opinion, peut-être partagée avec d'autres fans, mais qui n'est pas du tout un consensus ou quoi que ce soit d'objectif.

Et c'est de plus en plus un problème dans les communautés style Star Trek ou Star Wars, les "de facto", les gens qui confondent leur avis, parfaitement légitime à la base, et une forme d'autorité. Et on se retrouve avec toutes ces vidéos de trois heures sur YouTube débitées d'une voix monocorde où l'on "prouve" que Les Derniers Jedi n'est pas "canon".

Si on veut être factuel, les seuls Star Trek conformes à la vision de Gene Roddenberry, ce sont les deux premières saisons de la série d'origine, la série d'animation, le premier film et les deux premières saisons de La Nouvelle Génération (et encore, pas la totalité de la saison). Pour tout le reste, Roddenberry avait claqué la porte (troisième saison de TOS), servait de "consultant" (les films, du II au VI, TNG à partir de la fin de la saison 2, et jusqu'à sa mort), ce qui était plus ou moins un titre honorifique pour camoufler le fait qu'il était viré (les films) ou dejà trop affaibli (et là, pour TNG, c'était même le cas sur la fin de la saison 1).

Tu as en fait ta propre définition de ce qui serait un univers Star Trek cohérent, où tout serait raconté sans contradiction, comme s'il y avait eu une vision unique et inspirée de bout en bout sur trente ans, du premier épisode de la série d'origine au final d'Enterprise. Ce qui n'est pourtant pas du tout le cas. Beaucoup de concepts ont énormément évolué au fil des époques, ou au gré de l'imagination des auteurs, au point que beaucoup avaient conscience qu'il y avait une bonne part de foutoir (l'aspect des Klingons suivant les séries) ou que la composition de l'équipage sur le pont dans la série d'origine devait plus aux possibilités de maquillage (pas d'alien sauf si c'est un type avec du fond de teint vert et des sourcils postiches) de l'époque et à la mentalité (pas plus d'une femme, SVP...) des années 60 qu'à une sorte d'idéal artistique. Et que dire des multiples unions entre espèces extraterrestres (humains + Vulcains, humains + Klingons, Bétazoïdes + humains, Talaxian + Ocampan) qui sont complètement risibles pour peu qu'on en sache un peu plus sur l'ADN que le militant anti-vaxx de base ?

Alors, pour un ordre alternatif de visionnage, qui n'est absolument pas "de facto" :

La période classique (années 60-70) : la série d'origine
1) La série d'origine, surtout les deux premières saisons (la troisième est une purge à part un ou deux épisodes) plus le pilote inédit The Cage, télévision
1a) La série d'animation des années 70, qui a toujours été plus un truc pour enfants, télévision. Très éventuellement.

Le premier revival (années 80, début des années 90) : succès au cinéma et montée en régime de The Next Generation
2) Les quatre premiers films, à la réserve qu'à partir du deux, c'est une équipe d'auteurs et de producteurs complètement différente qui se met en place (Harve Bennett, Nicholas Meyer plus Leonard Nimoy), cinéma
3) The Next Generation, saisons 1 et 2, télévision (saisons très bancales, avec éventuellement quelques épisodes qui suggèrent plus de potentiel)
4) Star Trek V : L'Ultime Frontière, cinéma, qui est surtout dû au fait que William Shatner a fait jouer une clause dans son contrat : si Leonard Nimoy pouvait écrire et réaliser des films, lui aussi. Avec le résultat que l'on connait…
5) The Next Generation, saisons 3 et 4, télévision. La série est reprise en main par Rick Berman, un Paramount Boy que Gene Roddenberry pouvait tolérer. Il a la bonne idée de confier la direction de l'écriture à Michael Piller, qui monte vite une équipe de gens doués (Ronald D. Moore, Brannon Braga, René Echevarria, Ira Steven Behr, Jeri Taylor, etc.) et devient bien plus intéressante qu'à ses débuts.
6) Star Trek VI : Terre inconnue, cinéma. Le personnage de "Worf", l'avocat du procès joué par Michael Dorn, est sans grand intérêt si on ne sait pas que c'est le grand-père du Worf de TNG.
7) The Next Generation, saisons 5 et 6 (jusqu'à l'épisode 11), télévision : la qualité se maintient, et les producteurs sèment quelques indices pour préparer un spin-off (recours plus fréquent aux Bajorans, apparition du Maquis, etc.)
8) Deep Space Nine, saison 1 + fin de TNG, saison 6, télévision : diffusées en parallèle, avec quelques passerelles (apparitions croisées de personnages). DS9 démarre un peu mollement, mais s'avère déjà assez solide (casting intéressant, volonté de raconter des histoires suivies, "méchants" avec de l'épaisseur). Jeri Taylor devient showrunner de TNG
9) TNG, saison 7 + DS9, saison 2, télévision : la qualité de TNG commence sérieusement à baisser au niveau de l'écriture, tandis que DS9 arrive à mettre en place progressivement de nouveaux enjeux qui animeront la série jusqu'à son dénouement

Les années 90 : début de l'épuisement créatif, et exception DS9
10) Star Trek : Generations, cinéma. Film très fraichement accueilli à sa sortie, et pas franchement réévalué depuis, pour de bonnes raisons. Il était présenté comme la réunion des deux principaux équipages de l'Enterprise dans les séries télé, mais cette ambition a très vite capoté. On ne retrouve plus dans le script que deux membres de l'équipage de la série d'origine en plus de Kirk, et Spock et McCoy sont au final remplacés par Chekov et Scotty, pour une simple apparition au début. Au fond, un gros "épisode" de TNG avec Kirk en guest star revenant au beau milieu de l'histoire. Script bâclé du fait d'un tournage immédiatement à la suite du final de la série (qui a été de son côté beaucoup mieux négocié). Et la puce d'émotion de Data est la source de gags abominables.
11) DS9 saison 3, jusqu'à l'épisode 12, télévision. Début de la guerre du Dominion. Les responsabilités de showrunner sont transférées de Berman et Piller à Ira Steven Behr, qui restera en place jusqu'au bout, arrivée de Ronald D. Moore et de Brannon Braga en renfort.
12) Voyager saison 1 + DS9, suite de la saison 3, télévision. Voyager présente une différence par rapport à TNG ou DS9 : ces deux séries étaient diffusées en syndication sur des chaînes locales (qui pouvaient être affiliées sinon à un network comme CBS, NBC) avec des jours de diffusion variables, d'où une relative autonomie artistique (alors que l'audience de DS9 n'a jamais été énorme). Paramount mise en revanche énormément sur Voyager pour lancer ce qui doit devenir le cinquième network américain, UPN, et impose une date de début de diffusion. Berman, Piller et Taylor qui ont eu à gérer (ensemble ou séparément) en mois d'un an la fin de TNG, la saison 2 de DS9 et le film Generations doivent donc très vite fournir un concept (assez proche d'un roman de Roddenberry dans les faits) et livrer des scripts. L'équipe d'auteurs, elle même héritée de TNG, commence à être à court d'inspiration, d'où la recrudescence du nombre d'épisodes où le holodeck débloque ou un paradoxe spatiotemporel nécessite de balancer une tonne de techno blabla pour justifier une situation. Et les espèces (toutes nouvelles) du quadrant Delta n'ont pas non plus la même épaisseur que celles des séries précédentes. Voyager ne surmontera jamais cette profonde médiocrité initiale.
13) VOY saison 2 + DS9, saison 4, télévision. Toujours la même dichotomie. DS9 livre très vite quelques épisodes marquants (l'offensive Klingon sur Cardassia, les efforts sur des décennies de Jake Sisko pour faire revenir son père) et devient souvent passionnant avec une intrigue suivie, alors que VOY a dû perdre toutes ses navettes en l'espace de cinq ou six épisodes (pour un équipage très loin de toute base, ils ont un nombre effrayant de navettes qui se crashent ou qui sont détruites par un autre vaisseau) et ne fait d'étincelles que très rarement.
14) Star Trek: Premier Contact, cinéma, le meilleur, enfin le moins mauvais, des quatre films "TNG". Les personnages y sont clairement mieux utilisés, l'histoire est originale. Mais la réalisation manque un peu de nerfs, Picard en fait des tonnes côté action, et, pour le coup, il y a des énormes "incompatibilités factuelles" sur les Borg, qui ont par exemple désormais une reine. Apparition de Robert Picardo (une des rares choses à sauver de ce début de Voyager) en docteur holographique.
15) DS9, saison 5 + VOY, saison 3
16) DS9, saison 6 + VOY, saison 4. Un exemple des pressions de la chaîne sur la production de Voyager : ils voulaient des personnages féminins plus sexy, et les auteurs leur livrent donc Seven of Nine, une humaine anciennement assimilée par les Borg, qui a toujours besoin de porter des tenues hyper-moulantes pour être à l'aise. Pour ne pas avoir à payer trop d'acteurs, on veut supprimer le personnage de Harry Kim, mais l'acteur se retrouve dans un palmarès des 50 acteurs les plus sexy de Hollywood dans une revue et on se débarrasse à la place de Kes (je n'invente rien).
17) Star Trek : Insurrection, cinéma. Film sans grand intérêt, une sorte d'épisode de TNG avec un plus gros budget.
18) DS9, saison 7 + VOY, saison 5, télévision. DS9 aborde sa dernière saison (les audiences ont toujours été assez réduites et les auteurs ne voulaient pas non plus tirer sur la corde), Voyager s'accroche

L'épuisement et l'indifférence générale (-2005)
19) VOY, saisons 6 et 7, télévision. Conformément à la jurisprudence TNG et DS9, la production fait de la saison 7 la toute dernière. Et l'ère des dysfonctionnements du holodeck introduisant des paradoxes spatiotemporels pour les membres de l'équipage du Voyager prend fin. Quelques transfuges de DS9 essayent de rejoindre les auteurs de VOY, mais des gens comme Ronald D. Moore repartent horrifiés par la désinvolture qui règne dans l'écriture (il passera de son côté à Battlestar Galactica)
20) Enterprise, saison 1, télévision. Toujours sur UPN. Toujours le résultat de compromis assez douteux. Rick Berman et Brannon Braga voulaient un break d'un an après la fin de Voyager : refusé. Ils voulaient faire une première saison sur Terre, avec les conflits qui précèdent le lancement de l'Enterprise : refusé. Le network impose aussi une chanson pour le générique. Mais je ne sais pas qui a eu l'idée de mettre dans le rôle de la Vulcaine une actrice visiblement siliconée qui se retrouve dès le pilote en t-shirt mouillé.
21) Star Trek : Nemesis, cinéma. Des "incompatibilités manifestes" dans les séries récentes ???? Mouarrrfff !!!!!! Parce que le coup de Remus, la planète-sœur de Romulus, ça n'est pas tiré par les cheveux ? Nemesis est au moins aussi problématique que Discovery ou Picard, du fait d'un script pourtant pondu par un fan de Star Trek, John Logan (lauréat d'un Oscar pour Gladiator) qui va à fond dans le porte-nawak, avec deux heures du Picard and Data Show mal servi par une réalisation totalement à la masse. Une suite prévue (écrite par Logan et Brent Spiner), destinée à être le dernier film "TNG" est très vite annulée). À noter toutefois un cameo de Janeway, de Voyager.
22) Enterprise, saisons 2 à 4. À voir en préquelle du reste des autres séries, ouais, c'est plus du "E culo meo" que du "De facto". Parce que, bon, on retrouve les Borg et d'autres races ou concepts qui sont destinés à ceux qui ont quelques repères sur les séries déjà diffusées. Annulé à la fin de la saison 4, faute d'audience, sans autre série pouvant prendre la relève, d'où un final par Berman et Braga qui relève quelque peu du doigt d'honneur et qui est grosso modo un insert d'un épisode de TNG

Résurrection au cinéma (2009-…) : Univers Kelvin et Bad Robot
23) Star Trek, cinéma. Après la fin de Star Trek aussi bien au cinéma qu'à la télé (alors qu'il y avait eu en continu pendant 18 ans une série Star Trek l'antenne), on loupe l'occasion de commémorer les 40 ans du premier épisode. Paramount décide toutefois de remettre la franchise en selle par le cinéma, en combinant une vieille idée de préquelle que Harve Bennett voulait pour le sixième film avec l'équipage d'origine, avec les concepts d'univers parallèles chers à JJ Abrams et Damon Lindelof, ces aventures se déroulant dans une autre temporalité suite à un accident spatiotemporel (un de plus…), l'univers Kelvin. Encore plus orienté action que les films précédents, Spock pète les plombs toutes les dix minutes, et il y a beaucoup trop d'explications pour les neuneus, mais le film marche pourtant plutôt bien du fait d'un casting réussi, et d'un "retour à l'essentiel" effectivement nécessaire.
24) Star Trek Into Darkness, cinéma. Un gros foutoir, qui montre les limites de l'approche, avec un hommage à La Colère de Khan qui montre que JJ Abrams a tendance à réduire les fondements de Star Trek à de simples gimmicks (il y aura le même problème avec Star Wars et L'Ascension de Skywalker).
25) Star Trek : Sans limites, cinéma. Abrams n'a pas réalisé ce volet (il était passé à Star Wars), et c'est Simon Pegg, le nouveau Scotty, qui co-écrit le script, finalement très proche du ton des épisodes de la série d'origine (Spock est beaucoup plus placide, Bones se comporte en Bones, etc.). Les enjeux sont artificiellement gonflés (la menace qui pourrait frapper la Terre, une fois de plus), trop de scènes d'action gratuites (les motos…), mais potable au final.

Un quatrième film reste prévu et a encore été récemment confirmé, mais il y a eu de multiples changements depuis 2016, plus la mort d'Anton Yelchin, qui jouait le nouveau Chekov.

Retour à la télévision : CBS All Access/Paramount+ (2016-…)
26) Star Trek : Discovery, streaming. CBS (qui était à un moment distinct de Paramount à l'intérieur du même groupe) veut marquer les 40 ans des débuts de Star Trek avec une nouvelle série, cette fois-ci destinée à son service de streaming, CBS All Access, qui diffuse déjà tous les "vieux épisodes". Netflix a racheté les droits internationaux sur Discovery et les anciennes séries. Même si Alex Kurtzman, co-scénariste des films d'Abrams, supervise la série, elle se déroule dans la temporalité "classique" et non Kelvin. Elle emprunte cependant beaucoup de l'esthétique des films. Le projet, initialement confié à Bryan Fuller, qui avait débuté comme scénariste sur Voyager, prend du retard, et connaît pas mal de virages durant son histoire, au gré du changement d'auteurs ou des tentatives d'arrimer la série à l'univers habituel ou de la développer comme une entité indépendante, d'en faire une aventure collective ou de centrer ça sur Michael Burnham, etc.
27) Star Trek : Picard, streaming. Au départ une mini-série de prestige (vendue séparément de Discovery à Prime Video pour le reste du monde) pour clore les aventures de Picard sous une note moins grotesque que Nemesis, avec une écriture confiée à l'auteur de SF Michael Chabon. Chabon s'est progressivement détaché du projet, et on devrait avoir désormais trois saisons, avec des apparitions multiples de personnages de TNG ou de Voyager.
28) Star Trek: Lower Decks, streaming. Dessin animé parodique se situant un peu après la fin de TNG. À la différence des deux autres séries, c'est visiblement supervisé par quelqu'un qui connaît très bien les séries précédentes (il s'était fait connaître en imaginant sur Twitter des épisodes d'une saison 8 imaginaire). Peine à trouver un bon équilibre dans ses premiers épisodes. Également sur Prime Video dans le reste du monde.

D'autres séries sont déjà en chantier : Strange New Worlds (sur l'équipage de l'Enterprise apparaissant dans la saison 2 de Discovery, dont Pike, Numéro Un et Spock), qui est donc une préquelle directe de la série d'origine, Prodigy, un dessin animé clairement destiné aux enfants et seulement vaguement lié à Voyager, et Section 31, un projet qui semble rester bien nébuleux depuis les premières rumeurs.

Si on entre dans les détails (pour bien saisir toutes les causalités in-universe), l'ordre de visionnage idéal serait le suivant :
(...)
#22 La parodie animée Lower Decks... mais cette dernière sera avantageusement remplacée par la série The Orville


Avec ce genre de raisonnements "de facto", Galaxy Guest serait bien plus recommandable que les trois quarts au moins des films Star Trek sortis au cinéma.

Faut effectivement voir en face que les nouvelles séries sont très souvent foireuses et souffrent de la plupart des travers des séries contemporaines, avec une intrigue suivie qui progresse finalement au compte-gouttes d'un épisode à l'autre, des personnalités inconsistantes pour les personnages revenant des séries antérieures (et même les nouveaux). Mais inutile d'idéaliser un supposé âge d'or, alors qu'il y a eu toujours du déchet dans Star Trek, voire même des saisons entières de séries qui étaient en roue libre et dans lesquelles il n'y avait pas grand-chose à sauver. De ce point de vue, les séries actuelles sont assez conformes aux tendances profondes de cette franchise...
Et je rappelle qu'avant de faire La Colère de Khan, considéré généralement comme le meilleur film pour le cinéma de cette franchise, ni Harve Bennett ni Nicholas Mayer n'avaient regardé la série d'origine. Ils s'y sont mis sur le coup, et avec succès. C'est simplement qu'aujourd'hui, à part pour du fan service façon The Orville, on a du mal à faire revivre à notre époque ce qui pourrait constituer l'esprit de Star Trek. L'idéalisme des années 60 ou 90 apparaît comme de la naïveté, le public attend également du space opéra avec des batailles, et la tonne d'histoires existantes est plus un carcan qu'une inspiration pour écrire de nouvelles aventures.
Sledge Hammer
 
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Message » 14 Sep 2021 11:19

Je me croyais "fan" de l'univers Star Trek, la lecture de ton post m'a vite remis à ma place et impose le respect :ohmg: .
Merci à toi, c'était vraiment passionnant et m'a éclairé sur de nombreuses zones d'ombres.

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Message » 14 Sep 2021 21:13

Suite à la réponse de Tochiro, je viens juste de découvrir le long post de Sledge Hammer (que j'avais curieusement loupé). :oops:
Alors à mon tour... :mdr:

Sledge Hammer a écrit:NON !

Pas "de facto", parce que ce n'est pas "factuel". C'est TON opinion, peut-être partagée avec d'autres fans, mais qui n'est pas du tout un consensus ou quoi que ce soit d'objectif.

Et c'est de plus en plus un problème dans les communautés style Star Trek ou Star Wars, les "de facto", les gens qui confondent leur avis, parfaitement légitime à la base, et une forme d'autorité. Et on se retrouve avec toutes ces vidéos de trois heures sur YouTube débitées d'une voix monocorde où l'on "prouve" que Les Derniers Jedi n'est pas "canon".

SI !

"De facto" parce que factuel en in-universe. Il ne s'agit pas juste d'un avis personnel ou d'une prétention d'autorité, mais de l'analyse détaillée du contenu on screen.
Si dans certains opus, la planète Vulcain a été détruite, tandis que dans d'autres (qui se déroulent à la même époque ou plus tard), Vulcain est intacte, il est parfaitement factuel de conclure que les premiers n'appartiennent pas à la même timeline (alias temporalité ou chronologie) que les seconds.
Or il y a beaucoup d'autres disparités et incompatibilités chronologiques tout aussi factuelles on screen entre les séries actuelles et les séries historiques (je me suis d'ailleurs employé à les inventorier méthodiquement dans mes critiques exhaustives). Et comme aucune explication n'est (et ne sera) fournie à l'écran (ni même off screen dans les interviews des showrunners), il est factuel de conclure soit que les timelines sont distinctes (hypothèse respectueuse), soit que c'est le Jackass de l'incohérence (hypothèse basheuse).

En revanche, il n'a jamais été question ici de contester le caractère "canon" de quoi que ce soit, puisque cette notion-là n'est guère laissée à la libre appréciation de chacun. Elle est définie contractuellement : est canon tout ce qui est audiovisuel, porte le label "Star Trek", et est produit officiellement par Paramount et/ou CBS.

Sledge Hammer a écrit:Si on veut être factuel, les seuls Star Trek conformes à la vision de Gene Roddenberry, ce sont les deux premières saisons de la série d'origine, la série d'animation, le premier film et les deux premières saisons de La Nouvelle Génération (et encore, pas la totalité de la saison). Pour tout le reste, Roddenberry avait claqué la porte (troisième saison de TOS), servait de "consultant" (les films, du II au VI, TNG à partir de la fin de la saison 2, et jusqu'à sa mort), ce qui était plus ou moins un titre honorifique pour camoufler le fait qu'il était viré (les films) ou dejà trop affaibli (et là, pour TNG, c'était même le cas sur la fin de la saison 1).

La conformité ou non à la vision de Gene Roddenberry n'est pas toujours aussi factuelle qu'on l'imagine… Les apparences sont parfois trompeuses…

Ainsi, lorsque Gene avait claqué la porte (troisième saison de ST The Original Series), qu'il fut évincé (ST II The Wrath Of Khan et les quatre films suivants), ou qu'il abandonna progressivement les rênes de ST The Next Generation (à partir de son 18ème épisode) à Rick Berman (et dans une moindre mesure à Maurice Hurley avant la venue de Michael Piller), cela ne résultait jamais en soi d'un désaccord créatif sur le fond ou sur la philosophie de l'œuvre. Dans le premier cas, Roddenberry avait claqué la porte suite à un bras de fer perdu avec la direction de NBC sur les horaires de diffusion (22 h au lieu de 20 h) ; dans le second cas, il fut évincé par la Paramount pour sa mauvaise gestion budgétaire sur le film ST I The Motion Picture ; et dans le troisième cas, il était de plus en plus faible et malade.

La "vision" de Gene Roddenberry ne se limite pas à ce qu'il a lui-même a produit et/ou écrit, d'autant plus qu'il fut le premier à en partie "renier" certains de ses propres travaux antérieurs…
Par exemple le Gene de ST TOS n'était pas celui de ST TNG, et c'est la raison pour laquelle il avait cherché à la fin des années 80 des contributeurs et des auteurs qui ne fétichisaient pas voire qui même ne connaissaient pas la série originale.
En outre, lorsque Roddenberry tentait d'anathématiser une production, ce n'est pas forcément pour non-conformité à sa "vision", mais souvent pour des questions d'égo ou de droit d'auteur (comme l'illustre emblématiquement le cas de ST V The Final Frontier).

Toujours est-il que ma perspective n'a jamais consisté à tout ramener à Gene Roddenberry et à sa seule "vision". Je ne fais pas partie des fanboys qui pratiquent le culte de Roddenberry. Un culte entretenu et ravivé aujourd'hui par les "marchands du temple" de CBS qui n'ont aucun scrupule utiliser son nom en toute occasion, tout en se gardant bien de créditer tous ceux à qui Star Trek doit au moins autant, voire davantage…
Gene Roddenberry restait certes le créateur originel, mais il était loin d'être l'icône immaculée que l'on croit parfois (cf. le bouquin Inside Star Trek: The Real Story de Herbet F Solow et Robert H Justman). Star Trek fut avant tout une œuvre collective en perpétuel work in progress. Et ce sont des Gene L Coon et Dorothy Fontana qui ont structuré au départ cet univers. Puis sont successivement venus des Harve Bennett, Nicholas Meyer, Rick Berman, Michael Piller, Jeri Taylor, Ronald D Moore, Brannon Braga, Ira Steven Behr, René Echevarria, Joe Menosky, Robert Hewitt Wolfe, Michael Sussman, Manny Coto (et plein d'autres)… pour lui conférer de plus en plus de pesanteur et de cohérence interne.

Sledge Hammer a écrit:Tu as en fait ta propre définition de ce qui serait un univers Star Trek cohérent, où tout serait raconté sans contradiction, comme s'il y avait eu une vision unique et inspirée de bout en bout sur trente ans, du premier épisode de la série d'origine au final d'Enterprise. Ce qui n'est pourtant pas du tout le cas. Beaucoup de concepts ont énormément évolué au fil des époques, ou au gré de l'imagination des auteurs, au point que beaucoup avaient conscience qu'il y avait une bonne part de foutoir (l'aspect des Klingons suivant les séries) ou que la composition de l'équipage sur le pont dans la série d'origine devait plus aux possibilités de maquillage (pas d'alien sauf si c'est un type avec du fond de teint vert et des sourcils postiches) de l'époque et à la mentalité (pas plus d'une femme, SVP...) des années 60 qu'à une sorte d'idéal artistique. Et que dire des multiples unions entre espèces extraterrestres (humains + Vulcains, humains + Klingons, Bétazoïdes + humains, Talaxian + Ocampan) qui sont complètement risibles pour peu qu'on en sache un peu plus sur l'ADN que le militant anti-vaxx de base ?

Un univers cohérent n'est pas forcément une définition personnelle car la notion de cohérence n'est pas en soi quelque chose de subjectif. C'est à la base quelque chose de presque aussi factuel que les mathématiques, quoique dynamiquement indexé sur l'évolution des connaissances scientifiques du monde réel.
Ce qui est subjectif en revanche, c'est le niveau d'attention ou de focus porté ou non aux détails pour détecter (ou ne pas détecter) d'éventuelles incohérences, et c'est aussi et surtout le degré de tolérance envers lesdites incohérences dans le cadre de la suspension d'incrédulité de chacun…

À aucun moment, je n'ai cru, prétendu, ou suggéré que Star Trek était le fruit d'une vision unique et inspirée de bout en bout sur quarante ans. Il s'agit bel et bien d'un univers collectif et partagé, où de nombreuses visions se sont succédées et se sont bousculées au fils des générations de showrunners et d'auteurs.
Et pourtant, Star Trek s'est longtemps démarqué de nombre d'univers imaginaires concurrents par une volonté des showrunners successifs d'expliquer ce qui ne l'avait pas été, de résoudre en in-universe les éventuelles incohérences et angles morts antérieurs, de consolider toujours davantage le worldbuilding, et de solutionner sur la durée certains "foutoirs" (en effet) laissés par les nombreuses contraintes de production.
C'est justement ainsi que l'internalisme réussit à prendre le pas sur l'externalisme – une "démiurgie" sans laquelle aucune suspension d'incrédulité ne serait vraiment possible dans un univers imaginaire.

Il serait bien sûr possible d'entrer dans le détail (ce que j'ai déjà fait par ailleurs) de ce remarquable travail de consolidation qui fut réalisé durant quarante ans…

Or justement, ton exemple des Klingons est particulièrement emblématique... mais de la cohérence profonde atteinte par le Trekverse !
Car jamais les auteurs successifs de la franchise Star Trek n'ont jeté l'éponge ni abandonné le challenge de réussir à expliquer en in-universe leur changement d'apparence dans ST I TMP (résultant d'un choix de maquillage plus alien pour le grand écran). Finalement, après quelques sympathiques balbutiements dans ST Deep Space Nine, une explication complète et solide fut apportée dans la dernière saison de ST Enterprise (notamment ST ENT 04x15 Affliction et 04x16 Divergence). Une explication d'autant plus remarquable qu'elle justifiait en internaliste l'intégralité des évolutions des Klingons selon les époques de la chronologie, tout en enracinant la causalité dans l'ADN de La série originale (une conséquence des Guerres eugéniques).

De même, l'étonnante interfécondité entre espèces aliens fut largement expliquée au fil des épisodes. D'une part, ST TNG 06x20 The Chase révéla l'existence d'ancêtres humanoïdes communs à la plupart des espèces de la Voie Lactée. D'autre part, l'interfécondité entre espèce n'a en général rien de naturelle : par exemple, ST TNG 02x20 The Emissary a montré qu'il fallait recourir à des manipulations génétiques pour permettre aux humains et aux Klingons d'engendrer ensemble, puis ST ENT 02x16 Future Tense et ST ENT 04x21 Terra Prime en auront fait de même pour les humains et les Vulcains…
Les métis inter-espèces du Trekverse sont donc en fait dans la plupart des cas des OGM.

Sledge Hammer a écrit:Alors, pour un ordre alternatif de visionnage, qui n'est absolument pas "de facto" :

L'ordre que tu proposes est simplement celui de la chronologie de production, un ordre au demeurant assez évident puisqu'il suffit de suivre les dates de diffusion/projection…
Mais c'est un ordre qui n'est ni plus ni moins "de facto" que celui que je propose.
Ma proposition est simplement internaliste (priorisant l'univers de fiction), la tienne externaliste (priorisant le monde réel).
Les deux approches sont tout aussi légitimes l'une que l'autre.

Cependant, pour avoir fait découvrir Star Trek à bien des gens au fil des ans, j'ai pu constater que l'angle internaliste est statistiquement plus efficace et plus immersif que l'angle externaliste.
Star Trek a en quelque sorte la chance aujourd'hui de disposer d'un vaste univers déjà constitué et homogène. Alors autant l'explorer de l'intérieur d'un œil vierge comme s'il possédait une existence propre, plutôt que de s'imposer d'emblée un accéléré de son historique de développement (en prenant au passage le risque de perpétuer et sacraliser tous les préjugés de ses époques successives de production).
L'historique de développement reste bien entendu passionnant en soi, mais davantage dans un second temps pour les plus curieux, à la façon d'un bonus DVD/Blu-ray consacré aux coulisses et à l'Histoire.

Enfin bon, chacun demeure libre…

Sledge Hammer, nombre d'informations que tu apportes dans ton dernier post sont assurément intéressantes en soi, mais elles perpétuent trop les idées reçues...
Tu as tendance à ériger implicitement en "vérité universelle" les prétendus "avis autorisés" de la presse au moment des sorties ou des diffusions, comme s'il existait un consensus objectif. Or ces jugements de valeur médiatiques, en aucun cas factuels – car pas moins subjectifs que n'importe quels autres finalement – étaient parfois très conformistes, et ils sont souvent dépassés aujourd'hui...
Rien n'est figé dans l'ambre. Les opinions exprimées lors de la diffusion/projection manquent en général de recul. Et les succès d'audience et/ou de box-office ne sont pas en soi des garants de qualité ni de vérité. C'est la postérité qui demeure encore le "moins mauvais" juge, tandis que les appréciations et la popularité évoluent en général beaucoup avec le temps…

Sledge Hammer a écrit:1) La série d'origine, surtout les deux premières saisons (la troisième est une purge à part un ou deux épisodes) plus le pilote inédit The Cage, télévision

ST TOS 00x01 The Cage est peut-être resté inédit à la TV US jusqu'en 1989, mais cette considération est largement sans objet dans le cadre d'une première découverte de La série originale en 2021. Parce que ce premier pilote a été pensé et produit en 1964, il gagne donc à être découvert avant la première saison de ST TOS (quitte à accélérer ensuite un peu le visionnage du diptyque stock-shot ST TOS 01x15+01x16 The Menagerie).

Il ne faut rien exagérer au sujet de la troisième saison de ST TOS...
Évidemment, Fred Freiberger manquait de finesse (cf. la saison 2 de Space 1999), et il avait une fâcheuse tendance à préférer les solutions de facilité (notamment les formules) aux scenarii créatifs…
Pour autant, la dernière saison de ST TOS n'est quand même pas une purge, loin de là. Elle possède simplement davantage d'épisodes faiblards et génériques, mais ses épisodes réussis (à l'instar de ST TOS 03x01 Spectre Of The Gun, 03x03 The Paradise Syndrome, 03x09 The Tholian Web, 03x10 For The World Is Hollow And I Have Touched The Sky, 03x11 Day Of The Dove, 03x12 Plato's Stepchildren, 03x21 Requiem For Methuselah…) n'ont rien à envier aux meilleurs des deux saisons précédentes…
Et il y avait aussi dans cette dernière saison de purs ovnis comme ST TOS 03x08 The Empath, ST TOS 03x17 The Mark Of Gideon, 03x20 The Way To Eden, ou encore 03x22 The Savage Curtain dont je ne sais toujours pas si ce sont des foirés magistraux (mais plein de charme) ou… des œuvres d'art avant-gardistes incomprises (et bourrées d'audace).

Sledge Hammer a écrit:1a) La série d'animation des années 70, qui a toujours été plus un truc pour enfants, télévision. Très éventuellement.

J'avais moi-même listé Star Trek The Animated Series comme une pièce facultative.
Cependant, il serait injuste de la réduire à un "truc pour enfant"…
En 1973, les dessins animés pour adultes n'existaient pas encore, ni en tant que format ni en tant que part d'audience. Mais Gene Roddenberry et Dorothy Fontana s'étaient malgré tout efforcés de penser ce revival de 1973-74 (avec presque tous les acteurs d'origine) non comme un cartoon pour enfants, mais bien comme une version animée de Star Trek. Mieux, en donnant vie à bien des projets restés en suspens lorsque ST TOS fut annulée en 1969 au terme de sa troisième saison, ST TAS fut vraiment pensée comme une quatrième saison virtuelle de La série originale.
Alors certes, l'animation statique et limitée de Filmation ainsi qu'une division par deux de la durée des épisodes auront malheureusement conduit à une simplification de traitement des sujets. Mais malgré tout, de vraies idées de SF ont émergé dans ST TAS, le gigantisme des décors planétaires impressionne encore aujourd'hui, et pas mal d'épisodes (notamment ST TAS 01x02 Yesteryear, 01x09 The Magicks Of Megas-Tu, 01x10 The Time Trap, 01x11 The Slaver Weapon, 01x17 Bem, 01x21 How Sharper Than A Serpent's Tooth…) dépassent largement – par leur propos et/ou leur poésie – le cadre du programme pour enfants.

Sledge Hammer a écrit:Le premier revival (années 80, début des années 90) : succès au cinéma et montée en régime de The Next Generation
2) Les quatre premiers films, à la réserve qu'à partir du deux, c'est une équipe d'auteurs et de producteurs complètement différente qui se met en place (Harve Bennett, Nicholas Meyer plus Leonard Nimoy), cinéma

À partir de ST II The Wrath Of Khan, une équipe différente a en effet été mise en place, mais celle-ci s'est employée à rester ultra-fidèle au matériau existant en évitant toute erreur de continuité (je vais y revenir ci-après). Et Gene Roddenberry est tout de même resté dans les parages (au titre de conseiller exécutif)...

Sledge Hammer a écrit:3) The Next Generation, saisons 1 et 2, télévision (saisons très bancales, avec éventuellement quelques épisodes qui suggèrent plus de potentiel)

Là aussi, il est permis de ne pas être d'accord avec ce jugement trop simplificateur…

La première saison de ST TNG souffrait de l'idéalisme moralisant de Gene Roddenberry, mais elle a néanmoins offert une poignée d'épisodes mémorables (entre autres ST TNG 01x06 Where No One Has Gone Before, 01x11 Hide And Q, 01x13 The Big Goodbye, 01x17 Home Soil, 01x22 Symbiosis, 01x24 We'll Always Have Paris, 01x25 Conspiracy…).

Quant à la seconde saison, elle a eu l'inspiration de donner vie aux meilleurs scripts perdus de la série avortée Star Trek Phase II (abandonnée à la fin des années 70 au profit du film ST I The Motion Picture), tout en se révélant très expérimentale sur les thématiques proposées, à l'exemple de : ST TNG 02x02 Where Silence Has Lease, 02x03 Elementary, Dear Data, 02x06 Loud As A Whisper, 02x09 The Measure Of A Man (chef d'oeuvre !), 02x11 Contagion, 02x12 The Royale, ST TNG 02x13 Time Squared, ST TNG 02x15 Pen Pals, 02x16 Q Who, 02x20 The Emissary
En dépit de quelques ratés, par son ambiance très hard SF et son côté labo, la saison 2 est une de mes saisons préférées de ST TNG.

Sledge Hammer a écrit:4) Star Trek V : L'Ultime Frontière, cinéma, qui est surtout dû au fait que William Shatner a fait jouer une clause dans son contrat : si Leonard Nimoy pouvait écrire et réaliser des films, lui aussi. Avec le résultat que l'on connait…

Certes, la forme de ST V The Final Frontier est décevante, mais davantage du fait des studios que de William Shatner.
Le fond, quant à lui, reste hautement roddenberrien, à tel point que c'est celui des six films qui est le plus fidèle à ST TOS en esprit. Raison pour laquelle Roddenberry lui fut si hostile, car il se reconnaissant totalement dedans… mais sans être crédité ! Il estimait qu'on lui avait volé sournoisement ses idées (et notamment certains de ses scripts pour le premier film, de Robot's Return à The God Thing).
N'empêche, ST V TFF est un monument d'iconoclasme : la "grande quête mystique" à travers l'univers se vautre lamentablement, et "Dieu" est un imposteur ! Aucun autre film (même hors ST) n'avait osé faire ça avant !
Alors peut-être que ce cinquième film est un ratage formel, mais il n'en demeure pas moins qu'il est hyper-transgressif… à la façon d'une extension monothéiste des démystifications cultivées par ST TOS et ST TAS à l'endroit des anciennes religions païennes.

Sledge Hammer a écrit:5) The Next Generation, saisons 3 et 4, télévision. La série est reprise en main par Rick Berman, un Paramount Boy que Gene Roddenberry pouvait tolérer. Il a la bonne idée de confier la direction de l'écriture à Michael Piller, qui monte vite une équipe de gens doués (Ronald D. Moore, Brannon Braga, René Echevarria, Ira Steven Behr, Jeri Taylor, etc.) et devient bien plus intéressante qu'à ses débuts.
(…)
7) The Next Generation, saisons 5 et 6 (jusqu'à l'épisode 11), télévision : la qualité se maintient, et les producteurs sèment quelques indices pour préparer un spin-off (recours plus fréquent aux Bajorans, apparition du Maquis, etc.)

Avec Rick Berman, Gene Roddenberry s'est choisi lui-même un successeur, ce qui est tout à fait unique à Hollywood.

D'aucuns reprocheront par la suite à Rick Berman certains de ses choix pour la franchise, mais il est incontestable que celui-ci a su s'entourer des bonnes personnes, et qu'il s'est vraiment employé durant 18 ans à rester ultra-fidèle à l'utopie et à l'univers de Star Trek… Au point même de brider parfois la créativité de ses showrunners et auteurs, à tort ou à raison selon les points de vue (un vaste sujet…).

Avec la saison 3, ST TNG a évidemment gagné en maîtrise. La grande force des dernières saisons de ST TNG puis de la série ST DS9 fut d'apporter un supplément de réalisme à la proposition utopique mais sans jamais la renier. La cohérence interne n'a fait qu'aller croissant, et même… rétroactivement !

Sledge Hammer a écrit:6) Star Trek VI : Terre inconnue, cinéma. Le personnage de "Worf", l'avocat du procès joué par Michael Dorn, est sans grand intérêt si on ne sait pas que c'est le grand-père du Worf de TNG.

Oui. Cela s'inscrivait en fait dans un double cross-over symbolique : Michael Dorn apparaissait dans ST VI The Undiscovered Country tandis que Leonard Nimoy apparaissait dans un diptyque de ST TNG devenu mythique (ST TNG 05x07+05x08 Unification).

Sledge Hammer a écrit:9) TNG, saison 7 + DS9, saison 2, télévision : la qualité de TNG commence sérieusement à baisser au niveau de l'écriture, tandis que DS9 arrive à mettre en place progressivement de nouveaux enjeux qui animeront la série jusqu'à son dénouement

Effectivement pour ST DS9, quoique une partie de ces enjeux furent déjà semés dès la première saison (la relation particulière de Sisko avec les Prophets, le mystère des origines d'Odo, la relation complexe entre la Fédération, Bajor et Cardassia…).

En revanche, la baisse de qualité de ST TNG dans sa saison 7 reste très discutable. Je l'avais moi-même ressentie ainsi lors de mon premier visionnage, mais… pas du tout lors du second ! La particularité des épisodes de cette dernière saison, c'est qu'ils servent surtout la géopolitique du Trekverse. Une capitalisation sur le worldbuilding en quelque sorte.
Et de toute façon, cette ultime saison croule sous les honneurs : entre autres ST TNG 07x03+07x04 Gambit, 07x06 Phantasms, 07x10 Parallels, 07x12 Homeward, 07x13 The Pegasus, 07x15 Lower Decks (autrement inspiré que la série du même nom), 07x16 Thine Own Self, 07x18 Eye Of The Beholder, 07x24 Preemptive Strike et bien sûr le grandiose diptyque final 07x25+07x26 All Good Thing.

Sledge Hammer a écrit:Les années 90 : début de l'épuisement créatif, et exception DS9

Cette assertion-là est tout à fait inexacte.
Les années 90 représentent au contraire l'apothéose historique de la créativité et de la popularité de Star Trek. Avec deux séries à succès produites simultanément à raison de 26 épisodes par an chacune (impensable aujourd'hui même à l'ère de la SVOD où les séries plafonnent à 10 ou 13 épisodes par an) et le film ST First Contact faisant un tabac au cinéma (aussi bien auprès des fans que des critiques de presse), c'était vraiment l'ère de la consécration audiovisuelle de Star Trek.
Symptôme de ce triomphe durant les nineties : le lancement de Star Trek Experience à Las Vegas… avec ses trois millions de visiteurs.

Sledge Hammer a écrit:10) Star Trek : Generations, cinéma. Film très fraichement accueilli à sa sortie, et pas franchement réévalué depuis, pour de bonnes raisons. Il était présenté comme la réunion des deux principaux équipages de l'Enterprise dans les séries télé, mais cette ambition a très vite capoté. On ne retrouve plus dans le script que deux membres de l'équipage de la série d'origine en plus de Kirk, et Spock et McCoy sont au final remplacés par Chekov et Scotty, pour une simple apparition au début. Au fond, un gros "épisode" de TNG avec Kirk en guest star revenant au beau milieu de l'histoire. Script bâclé du fait d'un tournage immédiatement à la suite du final de la série (qui a été de son côté beaucoup mieux négocié). Et la puce d'émotion de Data est la source de gags abominables.

ST Generations fut loin d'être un raté au box-office. Et s'il fut fraichement accueilli, c'est surtout par les fans car le film osait tuer le personnage iconique de Kirk, presque pour rien. Mais cela restait une initiative culotée pour réaffirmer les lois naturelles (façon Sand Of Iwo Jima d'Allan Dwan).
ST Generation aurait certes pu être meilleur : sa forme est reste celle d'un téléfilm (mais cette tendance est un peu dans l'ADN de Star Trek), le concept du Nexus est imprécis (quoique intéressant), l'affrontement final avec Soran un brin laborieux…
Mais en même temps, ce film est un vivier exceptionnel d'idées qui débordent de partout, il propose une vraie réflexion sur la mortalité, il réussit à être touchant à bien des niveaux, il est non-conventionnel dans sa construction (c'est pour ça que Nimoy avait refusé de le réaliser), la rencontre entre Kirk et Picard s'avère très iconoclaste, l'antagoniste (Soran) transcende le manichéisme usuel (comme V'Ger dans le film ST I et la sonde des baleines dans ST IV), pour une fois la survie de la Terre (ou de la Fédération) n'est aucunement l'enjeu, et la puce d'émotivité offre une nécessaire évolution à Data (son humour maladroit symbolisant plutôt bien ses propres errements de "nouveau-né" aux émotions…).
ST Generations est en fait une vitrine un peu anarchique du génie inconscient de Ronald D Moore et de Brannon Braga… qui n'étaient jamais aussi inventifs que lorsqu'ils bossaient ensemble…

Sledge Hammer a écrit:11) DS9 saison 3, jusqu'à l'épisode 12, télévision. Début de la guerre du Dominion. Les responsabilités de showrunner sont transférées de Berman et Piller à Ira Steven Behr, qui restera en place jusqu'au bout, arrivée de Ronald D. Moore et de Brannon Braga en renfort.

Brannon Braga n'a jamais travaillé sur ST DS9, il est passé directement de ST TNG à ST VOY

Il y a eu en fait un vrai split des auteurs vétérans de ST TNG : une moitié est allée sur ST DS9, l'autre sur STVOY, avec une répartition assez pertinente d'ailleurs (par exemple Ronald D Moore était dans son élément avec la géopolitique de ST DS9, et Brannon Braga était dans le sien avec le "high concept SF" de ST VOY).

Après le départ de Michel Piller, le showrunning de ST DS9 a été partagé durant un moment entre Rick Berman et Ira Steven Behr, avant que le premier se concentre sur la production. Cependant Berman a toujours supervisé de près ST DS9 d'où des désaccords incessants avec Behr. Mais rétrospectivement, ce fut probablement un très bonne chose pour ST DS9… Certaines oppositions constructives peuvent être des moteurs créatifs…

Sledge Hammer a écrit:12) Voyager saison 1 + DS9, suite de la saison 3, télévision. Voyager présente une différence par rapport à TNG ou DS9 : ces deux séries étaient diffusées en syndication sur des chaînes locales (qui pouvaient être affiliées sinon à un network comme CBS, NBC) avec des jours de diffusion variables, d'où une relative autonomie artistique (alors que l'audience de DS9 n'a jamais été énorme). Paramount mise en revanche énormément sur Voyager pour lancer ce qui doit devenir le cinquième network américain, UPN, et impose une date de début de diffusion. Berman, Piller et Taylor qui ont eu à gérer (ensemble ou séparément) en mois d'un an la fin de TNG, la saison 2 de DS9 et le film Generations doivent donc très vite fournir un concept (assez proche d'un roman de Roddenberry dans les faits) et livrer des scripts. L'équipe d'auteurs, elle même héritée de TNG, commence à être à court d'inspiration, d'où la recrudescence du nombre d'épisodes où le holodeck débloque ou un paradoxe spatiotemporel nécessite de balancer une tonne de techno blabla pour justifier une situation. Et les espèces (toutes nouvelles) du quadrant Delta n'ont pas non plus la même épaisseur que celles des séries précédentes. Voyager ne surmontera jamais cette profonde médiocrité initiale.

Cet "historique" de la genèse de ST Voyager manque vraiment de neutralité, entre le jugement de valeur et le réquisitoire…

Certes, la Paramount voulait une série Star Trek pour lancer son nouveau network UPN, moyennant un calendrier un peu précipité, et avec pour conséquences la sortie du relatif confort créatif de la syndication – non assujettie au verdict souvent inique des audiences (un confort avec lequel renoue la SVOD aujourd'hui, mais hélas trop souvent pour le pire).
Or du fait de sa grande popularité, The Next Generation aurait été la candidate idéale pour continuer son run sur UPN. Une option que Rick Berman avait poussée durant un temps, mais ce ne fut pas possible pour diverses raisons, notamment contractuelles avec les acteurs.
Le vide télévisuel laissé par ST TNG a donc logiquement conduit à penser la nouvelle série à la façon d'une suite conceptuelle, quoique pas mal tweakée
ST Voyager, c'était donc ST TNG à la base (correspondant à un créneau et à une vraie attente), mais avec de nouveaux personnages, en mode Lower Decks (un vaisseau moins prestigieux), et moyennant un gros challenge supplémentaire (être perdu de l'autre côté de la Voie Lactée), ce qui permettait de renouer un peu avec l'esprit de ST TOS (la solitude face à des espèces inconnues).

Dès lors, la liberté contextuelle accrue et l'implication d'auteurs très créatifs comme Brannon Braga et Joe Menosky ont progressivement permis à ST VOY de pousser très loin la SF conceptuelle, jusqu'à l'abstraction parfois.
Les premières espèces rencontrées (comme les Kazons) manquaient peut-être d'envergure, mais dès la troisième saison (et a fortiori la quatrième), le plus important Nemesis de la Fédération (i.e. les Borgs) vint hanter la série…
Sauf qu'à la différence de ST DS9, l'épaisseur ou la complexité des antagonistes n'était aucunement le sujet principal de ST VOY. Son sujet, il fallait plutôt le chercher du côté des anomalies spatiales, des voyages temporels, des paradoxes de causalité, des timelines alternatives, des univers parallèles, de l'inexplicable (parfois entre The Twilight Zone et la première saison de Space 1999)… Les histoires de holodecks devenaient elles-mêmes du purs morceaux de bravoure, du capitaine Proton sorti des serials d'avant-hier à l'éveil ontologique de Fair Haven.
C'était en somme de perpétuelles expériences de pensée, sans entrave. Soit une vraie confiserie pour les amateurs de SF littéraire et de casse-têtes.
Et s'il y avait davantage de technobabble dans ST VOY, eh bien tant mieux… pourvu que cela fît sens.

Exactement comme pour ST TNG et ST DS9 avant elle, il aura fallu deux bonnes saisons à ST VOY pour atteindre son rythme de croisière, suivi ensuite d'un maintien en qualité à peu près stable ensuite.

Sledge Hammer a écrit:13) VOY saison 2 + DS9, saison 4, télévision. Toujours la même dichotomie. DS9 livre très vite quelques épisodes marquants (l'offensive Klingon sur Cardassia, les efforts sur des décennies de Jake Sisko pour faire revenir son père) et devient souvent passionnant avec une intrigue suivie, alors que VOY a dû perdre toutes ses navettes en l'espace de cinq ou six épisodes (pour un équipage très loin de toute base, ils ont un nombre effrayant de navettes qui se crashent ou qui sont détruites par un autre vaisseau) et ne fait d'étincelles que très rarement.

La dichotomie entre ST DS9 et ST VOY n'est que conceptuelle (et tant mieux), mais elle n'est en aucun cas qualitative.

Cette raillerie bien connue au sein du fandom à propos des navettes de l'USS Voyager ne possède aucun fondement.
D'une part, le nombre de navettes qu'embarquait l'USS Voyager (vaisseau de la taille de celui de Kirk mais grandi d'un siècle d'avancées technologiques) n'a jamais été explicitement défini à l'écran. L'USS Voyager pouvait donc parfaitement embarquer des dizaines de navettes (voire davantage) au départ (par exemple pour pouvoir évacuer tout l'équipage). Faut d'ailleurs voir comment JJ Abrams a transformé dans Kelvin l'USS Enterprise de Kirk en véritable porte-aéronefs…
D'autre part, le postulat qui préside aux technologies spatiales de Star Trek, c'est la possibilité de tout synthétiser par soi-même en toute autonomie, dès lors que les sources d'énergie sont disponibles (en l'occurrence les réacteurs d'antimatière). Le corollaire est qu'il devient aussi naturel d'entretenir le vaisseau, le réparer suite à des combats spatiaux… que de construire de nouvelles navettes. Ce que l'USS Voyager ne s'est d'ailleurs pas privé de faire on screen avec la conception from scratch d'un nouveau modèle de navette high tech, à savoir le Delta Flyer (dans ST VOY 05x03 Extreme Risk), puis resynthétisé aussi sec (ST VOY 07x02 Drive) après sa destruction.
La série ST VOY a donc très bien fourni elle-même l'explication à ce qui ne constituait en rien une incohérence.

Sledge Hammer a écrit:14) Star Trek: Premier Contact, cinéma, le meilleur, enfin le moins mauvais, des quatre films "TNG". Les personnages y sont clairement mieux utilisés, l'histoire est originale. Mais la réalisation manque un peu de nerfs, Picard en fait des tonnes côté action, et, pour le coup, il y a des énormes "incompatibilités factuelles" sur les Borg, qui ont par exemple désormais une reine. Apparition de Robert Picardo (une des rares choses à sauver de ce début de Voyager) en docteur holographique.

ST First Contact n'est pas le "moins mauvais des quatre films TNG". C'est en fait carrément le meilleur film de toute la franchise Star Trek, et l'un des meilleurs films de SF tout court !
Contrairement à l'idée reçue, Jean-Luc Picard pouvait être à ses heures un homme d'action, depuis sa jeunesse turbulente (ST TNG 06x15 Tapestry) à ses aventures picaresques (ST TNG 07x03+07x04 Gambit).
Et ST First Contact ne comporte strictement aucune "incompatibilité factuelle". Ce n'est pas parce qu'on avait jamais vu à l'écran la reine borg avant que ça impliquait qu'elle n'existait pas.
Pour qu'il y ait une incohérence factuelle, il aurait fallu que Star Trek fournisse d'emblée on screen un organigramme fiable et complet de la société borg, et que celui-ci ait explicitement établi qu'il n'y avait pas de reine à sa tête, ou du moins qu'il ne lui ait laissé aucune place. Mais cela ne s'est justement pas passé ainsi… puisqu'en externaliste, le développement des Borgs fut un work in progress, tandis qu'en internaliste, il s'agissait d'un ennemi d'autant plus inquiétant que la Fédération ne savait pas grand-chose sur lui.
Dès lors, chaque apparition des Borgs s'est accompagnée de nouvelles révélations (processus finalement normal dans un univers réaliste), l'essentiel étant qu'une révélation ultérieure ne contredise aucune révélation antérieure. Et le vrai réalisme postule aussi que les personnages puissent parfois se tromper, avec des évaluations de situations erronées (à l'exemple de Guinan dans ST TNG 02x16 Q Who).

Alors, subjectivement, j'aurais moi-même peut-être préféré qu'il n'y eût pas de reine, car cela aurait permis aux Borgs de rester un ennemi sans visage, incarnation du collectivisme ultime.
Mais objectivement, l'existence d'un "hub organisateur" incarné par ce visage féminin ambivalent reste parfaitement logique, et il ne contredit aucunement le peu que l'on savait – ou plutôt que l'on ne savait pas – des Borgs avant ST First Contact.

Sledge Hammer a écrit:16) DS9, saison 6 + VOY, saison 4. Un exemple des pressions de la chaîne sur la production de Voyager : ils voulaient des personnages féminins plus sexy, et les auteurs leur livrent donc Seven of Nine, une humaine anciennement assimilée par les Borg, qui a toujours besoin de porter des tenues hyper-moulantes pour être à l'aise. Pour ne pas avoir à payer trop d'acteurs, on veut supprimer le personnage de Harry Kim, mais l'acteur se retrouve dans un palmarès des 50 acteurs les plus sexy de Hollywood dans une revue et on se débarrasse à la place de Kes (je n'invente rien).

Oui, tout ça est exact.
Mais ça ne change rien finalement. Nul n'ignore qu'Hollywood (et aussi le public hélas) obéit à des mécanismes d'optimisation démagogiques voire putassiers, et aucun créatif n'a jamais réussi à produire des œuvres de qualité sans devoir batailler contre les studios. Même les meilleures séries restent le fruit de compromis.
Or même si les tenues de Seven Of Nine étaient exagérément moulantes (perso je trouve quand même ça moins racoleur que les jupettes des uniformes féminins dans ST TOS), et même si le personnage de Harry Kim a été gardé dans le main cast pour de mauvaises raisons, cela n'a aucunement réduit la qualité de ST VOY ni l'inventivité de ses scripts.
Les saisons 4 à 7 de ST VOY font partie des meilleures de la franchise. Et comme pour ST DS9 avec l'arrivée de Worf, certains spectateurs débutent d'ailleurs le (re)visionnage de ST VOY à partir de sa quatrième saison. Non pas pour la plastique de Jeri Ryan, mais pour la qualité de son jeu, sa présence assez hypnotique à l'écran, et surtout la fascinante exploration de la condition borg à travers elle.

Sledge Hammer a écrit:17) Star Trek : Insurrection, cinéma. Film sans grand intérêt, une sorte d'épisode de TNG avec un plus gros budget.

Malgré diverses qualités (des décors naturels, des moments de poésie, un fond d'idéalisme…) ST Insurrection est un film assurément décevant, déjà par sa forme trop télévisuelle (en effet), par ses SFX inhabituellement médiocres, par quelques scènes assez niaises, mais surtout parce qu'il n'a pas su prendre la mesure de sa problématique. Une problématique ambitieuse qui contestait les fondements de la Prime Directive et ses limites d'application… Mais les questions qui fâchent et qui dérangent auront hélas été escamotées.
Un film regardable, mais très frustrant.

Sledge Hammer a écrit:18) DS9, saison 7 + VOY, saison 5, télévision. DS9 aborde sa dernière saison (les audiences ont toujours été assez réduites et les auteurs ne voulaient pas non plus tirer sur la corde), Voyager s'accroche

En syndication, les audiences n'ont jamais eu une grande importance. Car il s'agissait d'un investissement sur le temps long, on misait notamment sur les rediffusions.

Autant les saisons 7 de ST TNG et ST DS9 ne furent pas à mon sens inférieures aux précédentes, autant la saison 7 de ST DS9 aura été conceptuellement très décevante. Il ne s'agit pas d'incohérences à proprement parler, mais de choix d'auteurs contestables. Ira Steven Behr s'est surtout fait plaisir sans retenue, et ST DS9 y a perdu une partie de la complexité et des nuances qui la rendait unique…
En revanche, le remplacement de Jadzia par Ezri fut une excellente chose (pour mieux explorer la condition Trill). Et la saison 7 de ST DS9 possède tout de même quelques très grands épisodes (e.g. ST DS9 07x14 Chimera et ST DS9 07x15 Inter Arma Enim Silent Leges).
J'avais pas mal développé cette question il y a plusieurs années dans ce même topic…

Sledge Hammer a écrit:L'épuisement et l'indifférence générale (-2005)

Voilà un anathème convenu et largement obsolète, qui ne tient en outre pas compte d'un paysage en pleine mutation où il n'était pas possible de juger de la valeur ou du succès selon les mêmes critères qu'auparavant…
Cette formule est un peu la somme des idées reçus et de la doxa de la presse mainstream de l'époque. Mais aussi d'une partie du fandom qui s'était lancé dans un bashing injustifié à l'encontre de Brannon Braga et de Rick Berman (un bashing en partie initié par les déclarations de Ronald D Moore de 1999).

Sledge Hammer a écrit:19) VOY, saisons 6 et 7, télévision. Conformément à la jurisprudence TNG et DS9, la production fait de la saison 7 la toute dernière. Et l'ère des dysfonctionnements du holodeck introduisant des paradoxes spatiotemporels pour les membres de l'équipage du Voyager prend fin. Quelques transfuges de DS9 essayent de rejoindre les auteurs de VOY, mais des gens comme Ronald D. Moore repartent horrifiés par la désinvolture qui règne dans l'écriture (il passera de son côté à Battlestar Galactica)

Il s'agissait en grande partie de calomnies prononcées par Ronald D Moore sous le coup de la colère, lorsqu'il quitta avec pertes et fracas la franchise en 1999, au début de la saison 6 de ST VOY.
Depuis, RDM est allé à Canossa et est largement revenu sur ses déclarations initiales… qu'il a lui-même rétrospectivement imputées à sa difficulté à accepter que son meilleur ami Brannon fût son "supérieur" sur ST VOY et qu'il déclinât ses propositions. Ronald le vécut comme une trahison personnelle de la part de son vieux pote, et toute cette affaire éclaboussa indûment la tête de la franchise…

La réalité est qu'au terme de ST DS9, Ronald D Moore se sentait à l'étroit dans le canon trekkien, et il rêvait de faire du diptyque ST VOY 04x08+04x09 Year Of Hell le lot quotidien de la série. En somme : Battlestar Galactica 2003 dans le Trekverse.
Mais une telle initiative dark and gritty aurait prématurément tué Star Trek, tout en faisant fi des présupposés généraux, notamment sociologiques et technologiques. Cae l'USS Voyager n'était finalement pas dans une situation très différente de l'USS Enterprise de Kirk, livré à lui-même dans un espace inconnu, mais capable de se régénérer par lui-même tant qu'il n'était pas entièrement détruit.
Il est donc parfaitement logique et légitime que les showrunners de ST VOY aient refusé un parti pris aussi radical et off concept.
Si RDM avait été plus flexible, il serait resté dans la franchise et aurait ainsi utilement contribué au développement de la série prequelle qui allait suivre. Mais il a préféré se casser (un choix en soi respectable), mais non sans faire des esclandres largement injustifiés (très dommageable par contre)… ce qui le conduira quelques années après au développement de Battlestar Galactica 2003 (un mal pour un bien).
Et pour ma part, même si j'ai de l'estime pour son Battlestar (une série qui possède malgré tout ses propres faiblesses…), je suis bien heureux que Star Trek n'ait jamais durablement évolué vers cette direction-là…

Les deux dernières saisons de ST VOY ne sont sujettes à aucune baisse de qualité, et elles possèdent même quelques un des chefs d'œuvre SF de la franchise ST : ST VOY 06x09 The Voyager Conspiracy, 06x13 Blink Of An Eye, 06x16 Memorial, 06x17 Spirit Folk, 06x19 Child's Play, 06x23 Life Line, 07x03 Critical Care, 07x12 The Void, 07x13 Repentance, 07x14 Prophecy, 07x16+07x17 Workforce, 07x20 Author, Author (exceptionnel !), et même 07x25+07x26 Endgame (l'un des meilleurs finals de la franchise).

Sledge Hammer a écrit:20) Enterprise, saison 1, télévision. Toujours sur UPN. Toujours le résultat de compromis assez douteux. Rick Berman et Brannon Braga voulaient un break d'un an après la fin de Voyager : refusé. Ils voulaient faire une première saison sur Terre, avec les conflits qui précèdent le lancement de l'Enterprise : refusé. Le network impose aussi une chanson pour le générique. Mais je ne sais pas qui a eu l'idée de mettre dans le rôle de la Vulcaine une actrice visiblement siliconée qui se retrouve dès le pilote en t-shirt mouillé.

Toute œuvre audiovisuelle commerciale résulte de compromis. Et malheureusement, ST Enterprise dut en encaisser beaucoup.
Car sans forcément pousser le bouchon aussi loin que Ronald D Moore deux ans avant, ou du moins pas dans la même direction, Rick Berman et Brannon Braga avaient vraiment essayé de faire quelque chose de très différent avec leur série prequelle : un break de diffusion d'un à trois ans (stratégie commerciale élémentaire pour créer de nouveau une envie dans le public), un Starfleet beaucoup plus proche de la NASA, un côté Right Stuff "fous volants" très prononcé, pas de téléportation du tout, un vaisseau encore plus exigu (façon sous-marin), une volonté de construire un vrai lien entre le monde d'aujourd'hui et celui de Star Trek, et en effet une première saison sise entièrement sur Terre sur fond de conflits politiques (quel pied cela aurait été !).
Malheureusement, à cette époque, la direction de Paramount ne pigeait pas grand-chose à Star Trek, tout en étant maladivement accrochée aux seuls gimmicks de la pop culture. De plus, UPN était devenue une vraie TV poubelle, diffusant surtout de la téléréalité et ne couvrant même pas l'ensemble du territoire US.
Et surtout, le paysage science-fictionnel avait beaucoup changé : dans les années 90, il n'y avait que la concurrence anecdotique de Babylon 5 ; alors que dans les années 2000, il fallait composer avec bien d'autres séries TV (et même franchises) de SF space opera : Stargate, Farscape, Andromeda, bientôt Battlestar… sans compter toutes les séries de SF non space op' (plus nombreuses encore).
Devant un tel émiettement, il était donc impensable d'exiger d'une nouvelle série de SF les mêmes parts d'audience qu'avant.

Mais tout bien considéré, Berman et Braga s'en sont très bien sortis avec ST Enterprise.
Le résultat à l'écran ne fut certes pas aussi radical qu'il aurait pu et dû l'être, mais ils ont quand même réussi à imprimer dans leur dernière série un état d'esprit très différent des précédentes. Il y a une grande fraicheur qui se dégage des deux premières saisons de ST ENT. Elles réussissent à faire vivre aux vieux trekkers blasés l'expérience d'une nouvelle première fois, d'une nouvelle virginité dans la relation à l'espace, à l'exploration, à la découverte. Une sensation qui n'a pas de prix.
ST Enterprise aura également mis à l'honneur le principe du trial & error, à la base de toute démarche scientifique – les échecs d'Archer étant souvent davantage éclairants que les réussites de Kirk, Picard, et autres.
Le travail sur les Vulcains fut lui aussi remarquable, consistant à les "dé-trekkiser" à rebours, en leur conférant un rôle initial d'antagonistes pour magnifier l'amitié future avec l'humanité (et ainsi reproduire diachroniquement la même dynamique évolutionniste qu'avec les Klingons, les Ferengis, les Cardassiens…).
Et quand bien même siliconée, Jolene Blalock a composé une Vulcaine très convaincante, à la fois imperturbable, hiératique (du moins avant le Trellium D de la saison 3), subtilement ironique, et accessoirement compatible avec les fantasmes des holosuites de Quark.
The last but not the least, ST Enterprise aura accompli l'exploit de résoudre d'innombrables incohérences apparentes au sein du Trekverse, en rendant ce dernier infiniment plus cohérent et vraisemblable...

Sledge Hammer a écrit:21) Star Trek : Nemesis, cinéma. Des "incompatibilités manifestes" dans les séries récentes ???? Mouarrrfff !!!!!! Parce que le coup de Remus, la planète-sœur de Romulus, ça n'est pas tiré par les cheveux ? Nemesis est au moins aussi problématique que Discovery ou Picard, du fait d'un script pourtant pondu par un fan de Star Trek, John Logan (lauréat d'un Oscar pour Gladiator) qui va à fond dans le porte-nawak, avec deux heures du Picard and Data Show mal servi par une réalisation totalement à la masse. Une suite prévue (écrite par Logan et Brent Spiner), destinée à être le dernier film "TNG" est très vite annulée). À noter toutefois un cameo de Janeway, de Voyager.

Difficile de contester que ST Nemesis fut un échec au box-office (quoique non déficitaire en worldwide/mondial).
Alors il serait possible d'invoquer pour sa défense un marketing foireux, une promo commerciale bâclée, une sortie anti-tactique au pire moment (en même temps que The Lord Of The Rings : The Two Towers), et trop de belles scènes coupées au montage…
Mais surtout, ce n'est pas le manque de succès lors de la sortie qui décide objectivement de la faible qualité d'une œuvre (ou inversement).
Et il se trouve que ce film a été significativement revu à la hausse par la critique depuis ! Car si la presse US l'avait éreinté en 2002, le son de cloche a beaucoup changé ensuite. À la sortie du Blu-ray, l'accueil médiatique US fut étonnamment positif, certains journalistes reconnaissant même avoir méjugé ce film un peu vite…

Quant à moi, je suis complètement en désaccord avec les reproches que tu adresses à ST Nemesis
Le scenario de ce dixième film est peut-être d'apparence simple (pas de voyage dans le temps et autres concepts de pure SF), mais il renoue avec les fondamentaux aux racines de ST TOS, tel un écho de ST TOS 01x08 Balance Of Terror, tout en offrant une plongée inédite dans une sociologie romulienne gorgée de romanité (John Logan oblige). L'écriture est vraiment très soignée, notamment les dialogues viscéraux entre Picard et Shinzon, mais aussi Picard et Data, qui attestent bien de la signature d'un grand scénariste. L'histoire narrée est poignante, portée par un authentique sujet philosophique : qu'est-ce qui fait que nous sommes qui nous sommes ? Il y a dans ce film une vraie réflexion sur l'identité et l'altérité, sur l'innée et l'acquis… que n'auraient pas renié les meilleurs épisodes de ST TNG. Shinzon (remarquable Tom Hardy) parvient même à être touchant malgré son hubris génocidaire, Data achève de la plus belle façon son parcours vers l'humanité, et l'existence de Picard est soumise à un jugement apagogique.
ST Nemesis bénéficie aussi d'une grand finesse psychologique déployée autour des jalons définissant de l'existence, avec un équipage qui a su développer une telle complicité qu'il se comprend désormais au-delà des mots (superbe)… avant que la vie ne se charge de le disperser, tandis que la mort et le sacrifice s'expriment dans la retenue et la pudeur. Beaucoup d'émotions mais sans aucun pathos, ce qui est aussi précieux que rare à Hollywood.
La forme, enfin, est loin d'être à la masse. ST Nemesis est l'un des rares films de la franchise (depuis ST I TMP) à avoir des vrais accents cinématographiques, un rythme hypnotique, une obscurité esthétique assumée. La photographie est belle et le montage de Stuart Baird très maîtrisé. La construction narrative bénéficie en sus d'une redoutable montée en tension – étouffante – durant la première heure avant l'explosion cathartique finale.. riche de scènes marquantes (vol en chasseur Scorpion, bataille spatiale de Bassen Rift, impressionnant éperonnage et encastrement dans le très organique Scimitar, forte symbolique arthurienne dans l'affrontement final entre Picard et Shinzon…). Pour ne rien gâcher, les SFX de Digital Domain sont irréprochables (ils n'ont pas pris une ride aujourd'hui en Blu-ray sur vidéoprojecteur 4K), et l'ultime BO de Jerry Goldsmith force le respect.
L'existence de la planète Remus n'a en soi rien de capillotracté. Le parallèle nominaliste avec l'histoire romaine sur Terre n'a certes pas été expliqué (il s'inscrit peut-être dans la Hodgkin's Law of Parallel Planetary Development à moins que ce soit un parti pris de correspondance symbolique en traduction anglaise si l'on se réfère à un projet d'explication dans la série ST Enterprise…). Néanmoins, sur le terrain astronomique, bien des configurations peuvent justifier cette gémellité probablement plus symbolique que réelle (la scène d'ouverture du générique étant surtout un effet de style) : Remus pourrait être à Romulus ce que T'Khut (Delta Vega dans Kelvin) est à Vulcain, elle pourrait également être une anti-Romulus (point de Lagrange L3), ou encore une grosse lune. Mais plus vraisemblablement, sur la base de l'exposé de Data aux officiers supérieurs dans ST Nemesis (à l'aide d'une représentation vidéo schématisée et donc délibérément à une mauvaise échelle), Remus est simplement une autre planète du même système stellaire, quoique sur une orbite héliocentrique très proche de celle de Romulus.

ST Nemesis est un film que je n'ai cessé de revoir à la hausse à chaque visionnage. Il se bonifie comme le bon vin.

Sledge Hammer a écrit:22) Enterprise, saisons 2 à 4. À voir en préquelle du reste des autres séries, ouais, c'est plus du "E culo meo" que du "De facto". Parce que, bon, on retrouve les Borg et d'autres races ou concepts qui sont destinés à ceux qui ont quelques repères sur les séries déjà diffusées.

Un vrai prequel possède deux fonctions distinctes : gagner à être vu après tout le reste, mais également avant !

Donc effectivement, l'apparition d'espèces déjà connues dans les séries ultérieures, toutes comme les clins d'œil à divers événements futurs, et surtout les réponses à bien des questions que la franchise avait laissées en suspens… cela s'adresse en priorité aux vieux de la vieille. Pour eux, la saveur sera particulière, synesthétique comme une madeleine de Proust.
Mais dans le même temps, le rythme de ST Enterprise, lent et pédagogique, permet aux nouveaux venus de découvrir le contexte (civilisations, personnages, enjeux…) en même temps que les personnages… qui ne sont pas encore des ressortissants de la Fédération. Tout reste encore à bâtir, et entraîné par cette Histoire en marche, le newbie se familiarisera ainsi naturellement aux ingrédients des séries chronologiquement ultérieures, notamment ST TOS… au point de mieux la comprendre et davantage en accepter les stigmates sixties que s'il avait débuté le visionnage par elle (en suivant la chronologie de production).
J'ai recueilli suffisamment de feedbacks élogieux sur cette voie d'entrée pour mesurer la force initiatique de ST Enterprise, et cela a d'ailleurs contribué à ma grande estime pour elle.

Sledge Hammer a écrit:Annulé à la fin de la saison 4, faute d'audience, sans autre série pouvant prendre la relève, d'où un final par Berman et Braga qui relève quelque peu du doigt d'honneur et qui est grosso modo un insert d'un épisode de TNG

Loin d'un quelconque doigt d'honneur, Berman et Barga avaient vraiment tenté de faire un hommage très conceptuel à l'ensemble de la franchise à travers ce qui devait être l'ultime opus avant longtemps. Leur idée était de composer une véritable mise en abyme où la postérité observerait (au travers d'un holoprogramme sur l'USS Enterprise D) l'ultime mission du NX-01 à l'aube de la fondation de l'UFP (point chronologique que la série prequelle aurait dû atteindre si elle n'avait pas été prématurément annulée).
Et ainsi, l'existence antérieure d'Archer et de son équipage se retrouvait rétroactivement intégrée dans l'épisode ST TNG 07x13 The Pegasus (écrit par Ronald D Moore), dont ST ENT 04x22 These Are The Voyages devenait le verso intime. Une idée vraiment ambitieuse, et qui n'était pas sans évoquer l'inoubliable Babylon 5 04x22 The Deconstruction Of Falling Stars.

Alors certes, l'exécution de cet épilogue d'un genre unique laisse un peu à désirer, du fait d'un manque évident de temps pour l'optimiser. Cette histoire aurait gagné à se déployer sur un double épisode, tout en s'étendant davantage sur la finalité même de la série : la fondation de l'UFP.
Et bien sûr, une partie du main cast de ST ENT eut l'impression de s'être fait voler son propre final par les vedettes de ST TNG

Pour autant, impossible de douter de la sincérité de Berman & Braga, sur ce final comme sur le reste…
Braga n'a d'ailleurs jamais cessé de présenter aux fans des excuses dans les conventions. À tort d'ailleurs AMHA, car il pouvait être fier d'avoir signé la (non-)fin la plus originale qui soit, quand bien même imparfaite.

ST Enterprise fut en fait trois séries en une… avec :
- les deux premières saisons distillant un très rafraichissant esprit pionnier dans le style "étoffe des héros" (cf. plus haut) ;
- une troisième saison sérialisée qui, par ses ténèbres et sa violence, bat BSG 2003 sur son propre terrain tout en renforçant paradoxalement la proposition idéaliste in fine ;
- une quatrième saison pour une vraie dédicace amoureuse à ST TOS avec une immersion inédite dans les coulisses de l'Histoire trekkienne.

Et même si le network UPN était à l'époque complètement hors sol avec ses exigences anachroniques d'audiences Nielsen, deux décennies ont permis de se rendre compte que ST Enterprise fut loin de l'échec annoncé.
Car durant leurs deux ans de diffusions simultanées, même Battlestar Galactica 2003, présentée comme un immense succès, faisait moins en audience que ST Enterprise ! Et depuis son annulation en 2005, aucune série de SF space op' n'aura fait mieux que la série prequelle.
Une "faute d'audiences" donc très relative…
Evidemment, impossible de comparer à la SVOD actuelle… encore plus émiettée et dont les audiences sont presque totalement opaques.

Sledge Hammer a écrit:Résurrection au cinéma (2009-…) : Univers Kelvin et Bad Robot
23) Star Trek, cinéma. Après la fin de Star Trek aussi bien au cinéma qu'à la télé (alors qu'il y avait eu en continu pendant 18 ans une série Star Trek l'antenne), on loupe l'occasion de commémorer les 40 ans du premier épisode. Paramount décide toutefois de remettre la franchise en selle par le cinéma, en combinant une vieille idée de préquelle que Harve Bennett voulait pour le sixième film avec l'équipage d'origine, avec les concepts d'univers parallèles chers à JJ Abrams et Damon Lindelof, ces aventures se déroulant dans une autre temporalité suite à un accident spatiotemporel (un de plus…), l'univers Kelvin. Encore plus orienté action que les films précédents, Spock pète les plombs toutes les dix minutes, et il y a beaucoup trop d'explications pour les neuneus, mais le film marche pourtant plutôt bien du fait d'un casting réussi, et d'un "retour à l'essentiel" effectivement nécessaire.

S'il est parfois casse-gueule de déterminer avec certitude ce qui est conforme ou non à la "vision" et à la volonté de Gene Roddenberry (cf. ci-avant), il existe tout de même des cas dépourvus d'ambivalence.
Le projet ST The First Adventure proposé en 1989 par Harve Bennett pour le sixième film de ST TOS fut vigoureusement rejeté par Gene Roddenberry, car ce dernier s'opposait viscéralement à toute idée de recast jeuniste. Étant alors seulement consultant sur les films, Gene n'avait pas légalement de droit de véto. Mais il possédait suffisamment de notoriété et de poids médiatique pour organiser un lobbying – avec l'aide des acteurs du cast de ST TOS – contre ce projet… qui finalement capota. Suite à quoi, Harve Bennett quitta la franchise.
Alors remettre en chantier par la suite (et après la mort du créateur) ce projet de recast jeuniste, qui plus est dans une autre timeline (ou dans un autre univers), cela représentait le plus irrespectueux doigt d'honneur possible à la mémoire de Gene Roddenberry.
Ironique que cela puisse être, Harve Bennett, encore vivant en 2009, désavoua complètement le reboot de JJ Abrams.
Et du doigt d'honneur au fist-fucking, il n'y a qu'un pas... avec bientôt la série Starfleet Academy en mode The CW... :ko:

Maintenant, oui, ST 2009 fut un succès au box-office, mais à la façon de n'importe quel blockbuster estival de Marvel ou de DC. C'est imputable en grande partie à quatre ans (2005-2009) de privation (donnant raison à la stratégie que proposait Rick Berman en 2001), mais aussi à une campagne promotionnelle orwellienne, et à un budget de production sans commune mesure avec ceux des films ST précédents de Herve Bennet puis de Rick Berman.

Toutefois, pour qui prisait quarante ans de continuité trekkienne presque sans aucun recast (un record), un recast général fut difficile à avaler.
Mais c'est surtout l'histoire relatée par ST 2009 qui était affligeante : un bad guy caricatural (Nero) dont les motivations étaient contradictoires et absurdes, une société trekkienne future qui ressemblait en tout point à la nôtre (avec seulement davantage de technologie), une mécanique temporelle qui ne respectait en rien celle de la franchise, le génocide de sept milliards de Vulcains pour le "fun", la promo express d'un gamin encore au grade d'aspirant directement à celui de capitaine du vaisseau-amiral de la flotte, et un messianisme anti-SF où Kirk & co étaient prédestinés à être des super-héros dans tous les multivers.
Autant dire, un "retour à l'essentiel" n'ayant en fait rien à voir avec Star Trek. Et gerbant sur le fond.
Et pourtant, ce n'était encore "rien" par rapport à ce qui allait suivre, surtout à partir de 2017…

Sledge Hammer a écrit:24) Star Trek Into Darkness, cinéma. Un gros foutoir, qui montre les limites de l'approche, avec un hommage à La Colère de Khan qui montre que JJ Abrams a tendance à réduire les fondements de Star Trek à de simples gimmicks (il y aura le même problème avec Star Wars et L'Ascension de Skywalker).

Bien d'accord avec ça. ;-)

Sledge Hammer a écrit:25) Star Trek : Sans limites, cinéma. Abrams n'a pas réalisé ce volet (il était passé à Star Wars), et c'est Simon Pegg, le nouveau Scotty, qui co-écrit le script, finalement très proche du ton des épisodes de la série d'origine (Spock est beaucoup plus placide, Bones se comporte en Bones, etc.). Les enjeux sont artificiellement gonflés (la menace qui pourrait frapper la Terre, une fois de plus), trop de scènes d'action gratuites (les motos…), mais potable au final.

Probablement "moins pire" que les deux premiers Kelvin, Beyond possède quelques accents de sincérité et de respect envers l'esprit de ST TOS et son casting originel… auquel il rend d'ailleurs un hommage presque touchant.
Au nombre des quelques "qualités" de Beyond, il y a bien une vague tentative d'assumer les conséquences de la guerre avec les Xindis dans ST Enterprise, d'en mettre plein la vue avec la station-ville Yorktown (un sacré fantasme visuel mais à la crédibilité douteuse), et une poignée de scènes psychologiquement pas trop mauvaises.
Malheureusement, le bad guy de service (Krall), ses motivations et ses moyens sont aussi nonsensiques que dans ST 2009, les scènes d'action sont encore plus gratuites que chez JJ Abrams tout en étant bien moins lisibles, l'héroïsation de Kirk & co est plus artificielle que jamais… et avec l'avènement de l'USS Enterprise A, on a plus que jamais l'impression d'assister à une accélération parodique (ou miniature) de la timeline originelle.

Sledge Hammer a écrit:Retour à la télévision : CBS All Access/Paramount+ (2016-…)
26) Star Trek : Discovery, streaming. CBS (qui était à un moment distinct de Paramount à l'intérieur du même groupe) veut marquer les 40 ans des débuts de Star Trek avec une nouvelle série, cette fois-ci destinée à son service de streaming, CBS All Access, qui diffuse déjà tous les "vieux épisodes". Netflix a racheté les droits internationaux sur Discovery et les anciennes séries. Même si Alex Kurtzman, co-scénariste des films d'Abrams, supervise la série, elle se déroule dans la temporalité "classique" et non Kelvin. Elle emprunte cependant beaucoup de l'esthétique des films. Le projet, initialement confié à Bryan Fuller, qui avait débuté comme scénariste sur Voyager, prend du retard, et connaît pas mal de virages durant son histoire, au gré du changement d'auteurs ou des tentatives d'arrimer la série à l'univers habituel ou de la développer comme une entité indépendante, d'en faire une aventure collective ou de centrer ça sur Michael Burnham, etc.

En 2017, au lancement de Discovery, on avait déjà atteint et même dépassé l'anniversaire des 50 ans de Star Trek (et non plus des 40), dans la mesure où la première diffusion de ST TOS remonte au 22 septembre 1966 (et la production du premier pilote carrément à 1964).

Même si Bryan Fuller, vétéran de ST VOY (mais aussi de ST DS9 dans une moindre mesure), est resté publiquement silencieux sur les raisons véritables de son départ (avant même la diffusion de Discovery), de nombreuses rumeurs ont circulé, dont certaines assez dignes de foi (venant de Larry Nemecek, de Robert Meyer Burnett…).
Or il semblerait (à prendre donc au conditionnel) qu'il y aurait eu un vrai désaccord conceptuel : Bryan Fuller voulait respecter les designs, les espèces et le contexte de ST TOS (plutôt impératif pour une série prétendant se dérouler précisément entre ST TOS 00x01 The Cage et la première saison de ST TOS), et la nouvelle série devait être anthologique (une époque distincte de la chronologie trekkienne pour chaque saison).
Si ces rumeurs correspondent à la réalité, il ne reste quasiment rien de Bryan Fuller dans Discovery.

Alors Alex Kurtzman a beau avoir vendu Discovery comme un retour à la timeline (ou temporalité) des séries historiques, le résultat invalide totalement cet argument – plus commercial (affaire de droits) que créatif (réalité internaliste).
L'appartenance ou non à une même timeline (ou temporalité) n'est pas déterminée par les déclarations des showrunners mais par le contenu effectif de l'œuvre.
Si d'une série à l'autre, il existe/subsiste quelques rares incompatibilités de détail, on pourra mettre ça sur le compte des inévitables imperfections comme il en existe fatalement dans toute production au long cours.
Mais lorsque les incompatibilités se dénombrent par centaines jusqu'à atteindre une masse critique (nombreux événements ignorés ou qui ne correspondent pas, espèces, technologies et designs radicalement différents à la même époque, continuité totalement brisée…), le critique pourra toujours tourner en ridicule une œuvre qui se prend à ce point les pieds dans le tapis, mais la position la plus neutre consistera à y voir plutôt une autre timeline (ou temporalité). C'est d'ailleurs la position adoptée par plusieurs wikis/forums/sites…

Sledge Hammer a écrit:27) Star Trek : Picard, streaming. Au départ une mini-série de prestige (vendue séparément de Discovery à Prime Video pour le reste du monde) pour clore les aventures de Picard sous une note moins grotesque que Nemesis, avec une écriture confiée à l'auteur de SF Michael Chabon. Chabon s'est progressivement détaché du projet, et on devrait avoir désormais trois saisons, avec des apparitions multiples de personnages de TNG ou de Voyager.

Michael Chabon ou pas, c'est malheureusement la série Picard qui apporte du grotesque là où ST Nemesis offrait une fin digne et cohérente à ST TNG.

Peut-être que le film de 2002 avait quelque chose de sombre et de frustrant (la mort de Data), mais il instillait une puissante mélancolie (la séparation de l'équipage mythique), il donnait une vraie valeur au parcours de Picard (à la lumière de son miroir tragique Shinzon) mais aussi à Data (réalisant son rêve en devenant vraiment humain par son sacrifice), il brillait par son script et sa performance d'acteurs (Patrick Stewart, Brent Spiner, et l'excellent Tom Hardy), et sa conclusion ouvrait sur une espérance trekkienne (possible retour de Data à travers B-4, rapprochement entre UFP et Romuliens…).

Tandis que la série Picard s'est retrouvée embringuée dans les hypothèses risibles de Kelvin (la supernova-pour-rire que la civilisation la plus parano de la galaxie n'a même pas su anticiper…), elle aura fait régresser l'utopique Fédération (pourtant la véritable héroïne de Star Trek) non pas simplement au niveau des USA actuels (on n'en est plus là !) mais carrément au niveau d'un IIIème Reich high tech (droit de vie et de mort sur les autres civilisations, extermination méthodique d'une espèce sentient à savoir les Synthétiques, cynisme envers le sort des Romuliens que même l'ONU contemporain n'aurait pas…), tout en trichant grossièrement dans sa conclusion envers ses propres hypothèses de départ (exactement comme le fit la saison 1 de Discovery). Et il faut (entre autres) ajouter à ce "palmarès" : Altan Inigo Soong sorti de nulle part comme dans un mauvais vaudeville des années 1900 (alors que feu Noonian Soong était resté sans descendance biologique), le Golem Picard (arghhh…), les adieux sirupeux et larmoyants entre Data et Picard (précisément ce que ST Nemesis avait eu la finesse d'éviter), et j'en passe des vertes et des pas mures…
Bref, Picard s'est employée à tuer et violer de la pire façon possible la belle note d'espoir laissée par un film pourtant réputé sombre.

Sledge Hammer a écrit:28) Star Trek: Lower Decks, streaming. Dessin animé parodique se situant un peu après la fin de TNG. À la différence des deux autres séries, c'est visiblement supervisé par quelqu'un qui connaît très bien les séries précédentes (il s'était fait connaître en imaginant sur Twitter des épisodes d'une saison 8 imaginaire). Peine à trouver un bon équilibre dans ses premiers épisodes. Également sur Prime Video dans le reste du monde.

Tout dépend comment on définit "connaître"…
Pour Mike McMahan, cela consiste juste à empiler ad nauseam les Easter Eggs et le name dropping comme s'il s'agissait d'alibis d'authenticité. Mais avec pour seul finalité cynique de tourner en ridicule ce que Star Trek fut, sans même réussir à arracher un sourire au passage. C'est une espèce de Mystery Science Theater 3000, mais en pas drôle du tout, ce qui craint tout de même pas mal pour une série vendue comme humoristique.
La question est également de savoir comment concilier le concept de parodie (exagération ou détournement du réel) et le concept de canon (où ce qui est mis en scène est supposé être réel).
Rick et Morty et Solar Opposite sont autrement réussis, car il y a au moins un peu de contenu SF et d'humour.

Sledge Hammer a écrit:D'autres séries sont déjà en chantier : Strange New Worlds (sur l'équipage de l'Enterprise apparaissant dans la saison 2 de Discovery, dont Pike, Numéro Un et Spock), qui est donc une préquelle directe de la série d'origine, Prodigy, un dessin animé clairement destiné aux enfants et seulement vaguement lié à Voyager, et Section 31, un projet qui semble rester bien nébuleux depuis les premières rumeurs.

Dans le topic voisin, j'avais également inventorié tous ces projets, du moins ceux qui sont avérés et en production.

Sledge Hammer a écrit:
yrad a écrit:Si on entre dans les détails (pour bien saisir toutes les causalités in-universe), l'ordre de visionnage idéal serait le suivant :
(...)
#22 La parodie animée Lower Decks... mais cette dernière sera avantageusement remplacée par la série The Orville

Avec ce genre de raisonnements "de facto", Galaxy Guest serait bien plus recommandable que les trois quarts au moins des films Star Trek sortis au cinéma.

Galaxy Quest : voilà une parodie réussie, à la fois respectueuse de son sujet, pertinente, créative, et vraiment drôle.
Mais je comparais ce qui était comparable. Aucun des films Star Trek sortis au cinéma ne se voulait parodique, du moins pas intentionnellement. Donc recommander à la place la parodie Galaxy Quest aurait été un peu bord-cadre…
Tandis que les séries Lower Decks et The Orville sont davantage sur le même créneau (encore que…), tout en étant contemporaines l'une de l'autre.

Sledge Hammer a écrit:Faut effectivement voir en face que les nouvelles séries sont très souvent foireuses et souffrent de la plupart des travers des séries contemporaines, avec une intrigue suivie qui progresse finalement au compte-gouttes d'un épisode à l'autre, des personnalités inconsistantes pour les personnages revenant des séries antérieures (et même les nouveaux). Mais inutile d'idéaliser un supposé âge d'or, alors qu'il y a eu toujours du déchet dans Star Trek, voire même des saisons entières de séries qui étaient en roue libre et dans lesquelles il n'y avait pas grand-chose à sauver. De ce point de vue, les séries actuelles sont assez conformes aux tendances profondes de cette franchise...

La notion d'âge d'or peut aussi bien être une fabrication idéelle (le fameux "c'était mieux avant" des personnes âgés) qu'une réalité tangible (résultant d'une dégradation objective de la créativité et/ou des exigences qualitatives en fonction des objectifs de production).
Or dans le cas de Star Trek, ce n'est pas comme si on idéalisait par association des souvenirs personnels, par exemple son enfance, en réécrivant mentalement des événements devenus inaccessibles. L'ensemble des séries et des films ST historiques sont plus accessibles que jamais (désormais n'importe où, depuis n'importe quel terminal y compris mobile), et il devient aisé de s'y replonger à tout moment. La comparaison entre les époques est donc aisée… et éloquente.

Même hors de toute idéalisation et/ou synesthésie personnelle, les tendances profondes de la franchise actuelle versus la franchise passée sont aux antipodes…
Entre 1964 et 2005, il y avait périodiquement quelques épisodes ratés (c'est-à-dire exactement comme dans n'importe quelle série télévisée), mais jamais des saisons entières (même la saison 3 de ST TOS, la série animée ST TAS, et la saison 1 de ST TNG possédaient plusieurs épisodes exceptionnels). Et quelle que puisse être son éventuelle nullité intrinsèque, aucun opus ne faisait s'effondrer l'édifice entier tel un château de carte. De plus, les quelques failles structurelles étaient généralement rattrapées en in-universe dans les saisons ou les séries suivantes...
Tandis que depuis 2009 et surtout 2017, les séries produites accumulent les incohérences et les absurdité par dizaines – voire par centaines – dans chaque épisode. Cela confine au gag, tel un perpétuel théâtre de l'absurde. Et du coup, absolument rien ne tient debout dans les histoires relatées, avec en outre pour effet secondaire de faire totalement exploser l'unité et la cohérence interne du Trekverse (qui sans être parfaite, existait malgré tout jusqu'en 2005).
Le scénariste Manny Coto et les romanciers Garfield et Judith Reeves-Stevens emblématisaient parfaitement l'état d'esprit de la majorité des auteurs de Star Trek jusqu'en 2005 : adopter une attitude de "chercheurs" et "d'historiens" de l'in-universe trekkien en s'échinant à creuser, expliquer, consolider, combler les trous de leurs nombreux prédécesseurs afin d'accroitre sans cesse la vraisemblance globale de l'univers imaginaire. En somme, construire (quand bien même avec quelques ratés) plutôt que simplement exploiter et profiter…

Sledge Hammer a écrit:Et je rappelle qu'avant de faire La Colère de Khan, considéré généralement comme le meilleur film pour le cinéma de cette franchise, ni Harve Bennett ni Nicholas Mayer n'avaient regardé la série d'origine. Ils s'y sont mis sur le coup, et avec succès. C'est simplement qu'aujourd'hui, à part pour du fan service façon The Orville, on a du mal à faire revivre à notre époque ce qui pourrait constituer l'esprit de Star Trek. L'idéalisme des années 60 ou 90 apparaît comme de la naïveté, le public attend également du space opéra avec des batailles, et la tonne d'histoires existantes est plus un carcan qu'une inspiration pour écrire de nouvelles aventures.

ST II The Wrath Of Khan partage généralement le podium de la popularité et de la reconnaissance avec ST First Contact. Mais le second enrichit bien davantage l'in-universe

En effet, Harve Bennett et Nicholas Meyer ne connaissaient rien à Star Trek au départ.
Mais en tant que professionnel scrupuleux, Harve Bennett a regardé l'intégralité de la série originale, crayon à la main. Puis il a eu l'idée inspirée de faire avec son ST II TWOK une suite directe – mais iconoclaste – à un épisode de ST TOS. Et le tout, sans recast s'il vous plait.
Nicholas Meyer en aura fait de même. Mais il était en outre obsédé par la notion de "canon". Ce qui l'a conduit à estimer et déclarer (à fort juste titre) que la créativité n'est jamais aussi grande que lorsqu'il existe une lourde contrainte.
Du coup, même si les films 2 à 6 de ST TOS sont de qualité très inégale, aucun ne brise la continuité ni n'induit d'incohérence dans le Trekverse. Ce qui est assez rare à l'échelle de la SF audiovisuelle pour mériter d'être salué.
Paradoxalement, c'est peut-être le poids du canon qui poussait les auteurs pré-2009 à se dépasser pour être à la fois inventifs et cohérents. Alors que sans réelle contrainte, l'illusion de liberté conduit à une paresse créative et/ou au nawak internaliste.

Mais, effectivement, le monde a beaucoup changé depuis... L'idéalisme de la seconde moitié du 20ème siècle apparaît malheureusement (et à tort) bien naïf ou dépassé aujourd'hui.
C'est d'ailleurs l'un des épineux problèmes auquel fut confrontée la série ST Enterprise au début du 21ème siècle. Oser perpétuer et réaffirmer l'idéal trekkien en pleine Amérique post-9/11, cela allait totalement à contrecourant, à la limite de la provocation. Mais même si cela pouvait paraître un peu autistique, cela n'en était que plus audacieux et transgressif. Une façon de montrer que le Trekverse conservait son existence propre, sans être automatiquement indexé sur l'actualité contemporaine ni être uniquement un vecteur de transposition.
Le Star Trek bermanien aura également prouvé qu'il était possible d'injecter de la vraisemblance et de la realpolitik dans l'utopie roddenberrienne, non pour la tuer ou la trahir, mais à l'inverse pour accroître sa viabilité et sa crédibilité.
Dernière édition par yrad le 15 Sep 2021 17:53, édité 1 fois.
yrad
 
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Message » 15 Sep 2021 16:51

je viens de découvrir qu'il n'y a pas de limite à la taille des posts sur le forum. Ou s'il y en a une elle est trèèèèèèès grande on dirait :mdr:
Mr Eric
 
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Message » 15 Sep 2021 18:12

:mdr:

Emporté hier par la dynamique rédactionnelle, je ne m'en étais pas rendu compte sur le coup... :zen: Mais il est pourtant vrai que mon précédent post s'avère très long : plus de 61 000 signes pour mes réponses, 18 000 signes pour les quotes de Sledge Hammer, ce qui fait presque 80 000 signes au total ! :siffle:
Serait-ce d'aventure le record sur HCFR ? :hein:
Il est quand même probable que certains posts de référence sur le matériel HC ou Hi-fi (reviews, bancs d'essai, tutoriels) conservent leur palme... :grad:
Dernière édition par yrad le 15 Sep 2021 19:10, édité 1 fois.
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Message » 15 Sep 2021 19:03

il me faudrait 3 jours pour écrire un tel message :lol:
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Message » 16 Sep 2021 1:54

J'admire surtout le "edité 1 fois". Moi `à chaque message il me faut 3 edit rien que pour corriger les fautes de frappe :ane:
En tous cas très interressant, les 2 lectures.
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