rha61 a écrit:gailuron a écrit:Dans le langage courant, la puissance crête désigne en fait la "puissance impulsionnelle" (ou "puissance IHF-A"), c'est-à-dire la puissance que peut délivrer un ampli sans saturer sur une brève impulsion. Elle n'est quasiment jamais donnée par le fabricant. En toute rigueur, la "puissance crête" (ou "watts crête") est une puissance théorique égale à RMS x √2 et je n'ai jamais su à quoi ça sert (1).
en théorie, la tension crête d' un ampli est égale à la tension de ses rails d' alimentation
dans la pratique, pour approcher cette tension crête, cela dépendra entre autre du comportement de l' ampli face à l impédance de la charge
par ex , si sa capacité en courant ne suit plus au fur et à mesure que l' impédance baisse, il peut quand même délivrer du courant pendant un bref laps de temps à définir, et là , la puissance impulsionnelle Pi=RI2 a du sens dans une impédance donnée
Effectivement.
La "puissance de crête", comme l'a fort justement défini gailuron" dans le cas d'un signal sinusoïdal, est un moyen de spécifier le niveau maximal que peut produire un amplificateur sans écrêter (c’est-à-dire sans tronquer purement et simplement le signal, qui n'est alors plus du tout reproduit).
Dans le cas où le signal est un sinus, la relation mathématique qui lie la puissance moyenne à la puissance de crête permet de connaître l'une et l'autre même si on ne donne que l'une et pas l'autre. Un amplificateur spécifié pour produire 50 W moyen sur sinus produit, à cette puissance, 100 W en crête. Un amplificateur spécifié pour produire 180 W crête sur sinus produit, à cette puissance crête, 90 W moyen.
Il ne faut pas confondre les notions de puissance moyenne et de puissance de crête d'un signal, qui sont liées à la forme d'un signal périodique, avec des
régimes de fonctionnement.On peut demander à un appareil d'amplifier un signal périodique déterminé de type sinus dans plusieurs régimes de fonctionnement, qui ne sont d'ailleurs pas exclusifs l'un de l'autre :
1) On peut lui faire reproduire un sinus en régime entretenu, ou permanent : le sinus a, au cours du temps, toujours la même amplitude, qui ne change jamais. Ce régime de fonctionnement correspond à la puissance moyenne (parfois appelée puissance RMS par abus de langage) des amplificateurs ; c'est la manière habituelle de spécifier leur puissance.
2) On peut lui demander de reproduire un sinus en régime variable : le signal sinus n'est jamais coupé au cours du temps, mais son amplitude varie en permanence. Pour exemple, voici un oscillographe du signal à décroissance exponentielle mis au point par Étienne Lémery, un célèbre technicien aujourd'hui décédé qui "torturait" les amplificateurs pour les bancs d'essais des revues
Le Haut-Parleur ou
Sono Magazine, pour calculer la puissance impulsionnelle des amplificateurs dans un régime de fonctionnement proche de ce qui est nécessaire pour reproduire un signal musical (de : E. Lémery, tout savoir (ou presque) sur les amplificateurs de puissance,
Sono, n°127, p. 79) :
Dans la définition d'E. Lémery, la puissance impulsionnelle d'un amplificateur en régime musical correspond à la puissance moyenne calculée à partir de l'amplitude maximale de la première demi-sinusoïde de son signal à décroissance exponentielle.
3) On peut lui faire reproduire un sinus en régime impulsionnel, c'est-à-dire que le sinus est appliqué une fois, ou un certain nombre de fois sans variation de niveau, puis coupé pendant un certains temps, puis appliqué de nouveau et ainsi de suite. C'est avec des signaux de ce type qu'est spécifiée la puissance selon la norme IHF évoquée par gailuron. Exemples de signaux impulsionnelles émis par la fonction trains d'onde d'un générateur de signal audio Leader LAG125 :
Bien évidemment, on peut mélanger ces différents régimes pour augmenter encore le niveau de complexité.
Dans tous ces régimes, la puissance de crête maximale correspond au produit de la tension et du courant à l'instant où le sinus atteint son niveau maximum (ou minimum si on travaille du côté négatif, c'est la même logique en miroir par rapport à 0).
La puissance moyenne, elle, dépend de la durée sur laquelle on observe le signal.
Par exemple, parmi les trois types de train d'ondes produits par le générateur de signal LAG125, si la puissance de crête est toujours la même, car le sinus a toujours la même amplitude quel que soit le nombre de répétitions, la puissance moyenne au cours du temps va être plus ou moins grande, car le sinus est répété un plus ou moins grand nombre de fois au cours d'un même laps de temps. Les deux premiers trains (4 cycles on/4 cyles off et 8 cyles on/8 cycles off) produiront, toutes choses égales par ailleurs, la même puissance en moyenne au cours d'un temps correspondant à 32 cycles, car le nombre de répétitions du sinus est le même dans les deux cas. Par contre, le dernier signal produira, sur une durée de 32 cycles, une puissance deux fois inférieure en moyenne aux deux autres, car il contient deux fois moins de sinus que les deux autres pendant le même laps de temps.
Pourquoi se donner la peine d'étudier un amplificateur dans un autre régime de fonctionnement, moins simple à appréhender, qu'un régime sinus entretenu ?Parce que, à puissance de crête identique, la quantité d'énergie nécessaire cours du temps n'est pas du tout la même.
La quantité d'énergie au cours du temps pour entretenir en permanence une puissance moyenne de 50 W (correspondant à une puissance crête de 100 W) sur sinus est supérieure à la quantité d'énergie nécessaire pour produire le signal à décroissance exponentielle d'E. Lémery dans le cas ou le premier demi-sinus atteint une puissance crête de 100 W au sommet du signal. La quantité d'énergie au cours du temps pour entretenir en permanence une puissance moyenne de 50 W (correspondant à une puissance crête de 100 W) sur sinus est supérieure à la quantité d'énergie nécessaire pour produire un train de 4 sinus ayant une puissance de crête de 100 W, puis coupé pendant une durée correspondant à 4 cycles, puis appliqué de nouveau, etc...
Corollaire : si l'énergie disponible dans l'alimentation d'un amplificateur permet à celui-ci de produire une puissance moyenne de 50 W ou une puissance de crête de 100 W sur sinus entretenu, il est possible d'envisager que cette même énergie puisse permettre à cet amplificateur de produire une puissance de crête supérieure à 100 W lorsqu'il lui est demandé de reproduire des sinus en régime variable ou en régime impulsionnel. Or, ces régimes de fonctionnement se rapprochent plus des exigences que fait peser sur un amplificateur un signal musical, qui est un signal aléatoire qui change en permanence, qui ressemble,
en règle générale, à un mélange très complexe entre un régime variable et un régime impulsionnel.
C'est la raison pour laquelle E. Lémery, mais aussi Bob Carver, les entreprises Cabasse, NAD et d'autres encore, recommandent traditionnellement d'étudier, de concevoir et de spécifier un amplificateur de puissance audio en régime impulsionnel ou variable, car ces régimes de fonctionnement sont plus utiles pour apprécier la qualité d'un amplificateur destiné à amplifier des signaux audios que la puissance en régime entretenu (qui n'est cependant pas inutile, loin s'en faut).
Pour illustrer ce propos, voici un montage où j'ai superposé sur un oscillographe d'un signal musical un sinus de 50 Hz dont le niveau de crête est aligné sur la crête positive la plus élevée du signal musical (
source) :
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