L'imprimerie de Papinova.

[Keron]

Je n'ai jamais été à ce musée. La dernière fois que j'ai vu des casses remplies c'était à l'Imprimerie Nationale. Avec à côté le bureau d'un artiste qui gravait les médailles. Tout cela a disparu

[papinova]

J'ai été tenté de passer le concours pour entrer à l'Imprimerie Nationale mais dans le même temps, j'ai eu l'opportunité de monter ma boîte et je n'ai pas regretté... une expérience positive et enrichissante qui m'a permis d'avoir une retraite correcte aujourd'hui.

[Jumper]

Merci papinova pour toutes ces explications, c'est très intéressant et ça a quelque chose de fascinant de se dire que ces lignes étaient fondues, ça laisse peu de place à l'erreur...

[Jumper]

Et si je peux me permettre une dernière question, après j'arrête, promis, pourquoi 90 touches (pour autant que ce soit des touches) sur la machine ?

[papinova]

Tu ne me déranges absolument pas mais pour répondre à ta question : j'ignorai que cette machine avait 90 touches mais on peut supposer que ces touches correspondaient à une "casse typographique" avec toutes les lettres et signes, un peu comme ton clavier d'ordi d'aujourd'hui.
Mais pour en revenir à cette linotype, 2 ans d'apprentissage suffisait pour être opérateur alors qu'il en fallait 4 pour un typographe. Le linotypiste, outre s'occuper d'une machine complexe qu'il devait entretenir, ne faisait que de la saisie. Leur sélection était toutefois rigoureuse... La finalité de cette saisie, c'était le typo qui se chargeait en aval de la mise en page en y incorporant les clichés (images), les titres, les sous-titres, et ce d'après une maquette sur calque issue des studios de dessin...
J'ai essayé d'être concis dans mes explications. En gros, et j'en suis assez fier, je dirai que j'ai contribué modestement, comme beaucoup d'autres à l'évolution de ce métier et à l'avénement du micro-ordinateur que nous connaissons aujourd'hui...

[Thierry Wautelet]

https://fr.wikipedia.org/wiki/Linotype

[papinova]

On peut aussi rappeler que les premières photocomposeuses ne possédaient pas d'écran, juste une petite fenêtre où l'opérateur pouvait n'y lire que les dernières lettres (à peu près de la longueur d'un mot)... il fallait être très attentif pour limiter les erreurs... Ces machines-là n'ont cessé d'évoluer durant toute ma vie professionnelle et à chaque fois je devais aller en stage, d'une semaine en général, pour être productif aussitôt revenu dans la société qui m'employait... intéressant mais parfois fatiguant à chaque ré-adaptation ou souvent tout était remis en question... Un boulot que j'ai adoré...

[sax.tenor]

Ces machines (que j'ai connu en activité chez mes beaux-parents, avec les gueuses de plomb qui fondent dans le creuset ainsi que précédemment les lignes préparées dans le composteur, lettre à lettre en plomb) sont bonnes pour ... la casse ou le musée.

N'empêche qu'avoir une carte de visite imprimée en relief naturel avec des machines proches de celles de Gutenberg, c'est classe.



Par Willi Heidelbach, CC BY 2.5, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=154912

[papinova]

J'ai gardé mes outils et des lettres en plomb dans des bocaux... nostalgie, nostalgie... J'ai exactement le même composteur que sur la photo...

[sax.tenor]

Mon beau-père éditait son propre journal hebdomadaire (8 pages je crois) avec ce matériel, faisait des "travaux de ville" (cartes de visite, cartons d'invitation etc) et prenait des photos avec un appareil de style ROLEIFLEX à deux objectifs (visée inversée sur le dépoli au dessus de l'appareil, mise au point à la main). J'étais admiratif. A l'époque, j'en était à l'INSTAMATIC 50.
La plaque chargée pour imprimer une page de son journal pesait un âne mort !

PS: dans ce village, il y avait deux imprimeurs avec chacun son hebdomadaire! ... et chacun sa fille à l'université que je fréquentait. J'ai choisi celle dont le ... caractère me convenait ahaha.

Il y a toujours un imprimeur dans ce village, tenu par le frère de "l'autre jeune fille de l'époque".

[papinova]

La plaque chargée pour imprimer une page de son journal pesait un âne mort !

Tu m'étonnes... un texte de lettres en plomb serrée dans un cadre en ferraille pour aller sur machine... Appelée une "forme", il fallait se la trimballer...
Je n'ai pas trop fait de "travaux de ville", boulot qui était une chasse gardée des petites imprimeries locales. J'ai surtout travaillé dans des grandes boîtes qui faisaient "Jour de France", "l'auto-journal", "la vie du rail", "Détective" ou même dans une autre boîte telle que "le petit écho de la mode"... Plus tard, je bossais pour des studios ou des agences de pubs dont certaines, réputées... Je bossais aussi pour les Galeries Lafayette (une poule aux oeufs d'or), les premiers magazines de Canal +, etc...

[Keron]

Et aujourd'hui, avec un simple traitement de texte tu remplaces je ne sais combien de métiers. Bouton j'imprime et hop ! Même mieux 'je publie en ligne'.

Hier j'expliquais à l'un de mes fils que demain nous aurons sans doute des écrans de télévision non réels. Avec une image que l'on pourra 'prendre au mur' et avancer par exemple devant l’ilot de cuisine avec quelques gestes. Puis changer de chaîne ou de médias rapidement.

[sax.tenor]

La plaque chargée pour imprimer une page de son journal pesait un âne mort !

Tu m'étonnes... un texte de lettres en plomb serrée dans un cadre en ferraille pour aller sur machine... Appelée une "forme", il fallait se la trimballer...

Ah oui, ça m'est revenu. Merci

[captain]

On pourra dire que Papi est un homme de lettres....

[papinova]

J'aurai pu être facteur, comme mon grand-père maternel, gazé à la guerre de 14, c'est vrai et j'aurai été non seulement un homme de lettre mais aussi de colis...bien sûr, je n'aurai pas craché sur un petit r'montant de temps en temps...