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Films (débats, critiques), personnalités (acteurs, réalisateurs), prochaines sorties, les salles, la presse spécialisée...

Olaf Stromberg. Le plus grand cinéaste de tous les temps !

Message » 29 Avr 2022 14:34

Image

Des spectateurs du festival du film chiant de Cholet sortent de la projection et déambulent, hagards mais rassérénés, rue Nationale, à Cholet.

Photo: Evangelis Papadopoulos-Tritzkas pour l'Agence Terre de Lumière.

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Message » 29 Avr 2022 21:08

Merci pour ce témoignage visuel Autri.
C'est tout à l'honneur du Festival du Film Chiant de Cholet d'avoir su intégrer sa manifestation dans sa propre normalité. Vivre le Cinéma, c'est aussi ça et si Cannes possède ses paillettes, c'est à Cholet qu'on glorifie sa sœur cadette, la paille.

Dub', compagnon de la première heure lui aussi, soulève tant de questions passionnantes qu'elles permettent à l'étudiant(e) de haut cycle de s'interroger sur le chemin qu'il lui reste à parcourir pour se mesurer au parangon de sa réflexion.

Je suis toujours agréablement surpris par le High Level des intervenants de hcfr en général et sur la biographie exhaustive d'Olaf, en particulier. Ce n'est un secret pour personne, Arte puise l'intégralité de ses sujets sur notre Thread et ce depuis plusieurs années.
Nous pourrions réfléchir à une traduction en allemand pour élargir le gratin pensant de notre lectorat. Je réfléchis à une version sous-titrée spontanée - Ich denke über eine spontane untertitelte Version nach (images de petits moutons qui sautent).
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Message » 30 Avr 2022 15:03

Stromberg, l'ami de la musique.

Nous nous souvenons de Bowie, d'Elvis, des Stooges, des Doors, des Ramones, d'Abba, plus récemment des Depeche Mode et j'en passe. Autant de rencontres, de fêtes, parfois de travaux communs. La musique et son univers loufoque font partie des sédiments de la vie et de l’œuvre d'Olaf.
Whitney Houston, récemment, criait très fort dans Bodyguard mais il a préféré confié la codirection de Le Labyrinthe de Chartres à John Cale. Attention, le gars possède un parcours solide :

Création du Velvet avec Lou Reed, puis, à l'instar d'Olaf des bifurcations dans de si nombreux registres qu'essayer d'en faire la liste nécessiterait trois personnes à temps complet pendant un mois. Chose que notre budget ne permet pas et nous citerons donc pêle-mêle :
Jonathan Richman, Brian Eno donc Roxy Music, Iggy Pop, Patty Smith, Sham 69, Siouxsie and the Banshees et tant d'autres.
NDLR : Il fut aussi le producteur de Rebop, un titre sautillant de nos compatriotes Marie et les garçons (1978).

A ce niveau d’éclectisme, on dit monsieur. Du minimalisme au punk en passant par toutes les cases de l'alternatif pour aller, un peu plus tard, se promener sur l'ïle de Beauté pour enregistrer un album de polyphonie corse (1996). Monsieur John Cale sait brouiller les pistes. Ici, musicien ou auteur, là, producteur, ce gallois multi-instrumentiste avait, lui de même, repéré Olaf lors des fêtes rock privées chez des amis communs.

Il se souvenait de son côté explosif de la prime jeunesse, époque des frasques, mais il avait toujours été intrigué par le décalage qu'Olaf s'était, étape après étape, ensuite amusé à créer. Quasi rebelle-punk dans les institutions et presque régulateur, arrondisseur d'angle chez les plus incisifs de ses amis chahuteurs. Cale comprenait cet état d'esprit et d'une certaine manière, y adhérait.

Ne venait-il pas d'enregistrer lui-même Allelujah, simplement au piano ? Une version magnifique du titre original de Leonard Cohen dont l'émotion poignante rendait un hommage à l'Indicible comme seul un de ses enfants turbulents pouvait le faire. Les paradoxes ne le sont que pour les hommes de faible imagination.

En 1992, Olaf nage dans le courant alternatif, un peu comme d'habitude. il les aime bien ces petits nerveux parfois irascibles et à l'occasion un peu radicaux. (oxymore). On le voit applaudir les Fugazi sans toutefois monter sur scène pour se jeter dans le public. Cet âge est révolu. Il préfère aider discrètement à une émergence de nouvelles logiques. Il ne les connaît que trop bien, pour les avoir subies, les grandes questions du positionnement rebelle. Le purisme, à un moment donné, est confronté à de drôles d'obstacles et il faut être adroit pour ne pas tomber dans ses pièges retords, nourris par ses propres errements.

Il avait vu à Hollywood nombre de ses ami(e)s y tomber. Participer de la pire des façons ensuite à l'establishment que - cinq minutes avant - ils dénonçaient encore. Les plus conscients expliquaient, via le geste symbolique et discret d'un poignet sur l'autre qu'ils avaient été capturés par plus fort qu'eux. Ils étaient à présent menottés, l'un(e) par le train de vie auquel il s'était habitué, d'autres, de plus fourbes manières mais ils ne pouvaient s'en prendre qu'à eux mêmes. Ils pouvaient râler sur les photos compromettantes qui traînaient dans l'un ou l'autre coffre-fort, sur cette épée de Damoclès dont ils redoutaient le jour où elle s'abattrait sur elles ou eux. Ils avaient participé à "l'indisable" et les marques de la honte ne se nettoient jamais dans l'obscurité totale. Ce serait trop simple, trop injuste aussi. Ce sont ces moments, avant le fatal, où il faut s'éloigner de l'échelle de la Gloire, emprunter un autre chemin moins miné. Pour lui, ce fut le retour en ses terres suédoises, là où le hareng est roi et les valeurs plus organiques que dans les bureaux des grandes finances.

Ah, les Fugazi. Il avait hésité à les contacter. De chouettes petits gars qui n'avaient pas peur de prendre position. Et une musique et un son qui l’intriguaient. Comment obtenaient-ils cet effet avec des guitares sans artifice ? Il avait beau regarder le sol devant leurs pieds de micro... pas de wah wah ou de Fuzz. Ils font ça avec leurs doigts ?!? en synchronisant leurs guitares ? belle leçon de maîtrise digne des ours des cavernes. Courtisés par de nombreuses majors, ils étaient en résistance. Aucun merchandising, des prix de places et albums plafonnés à des sommes abordables pour les plus démunis, une attitude de combat intellectuel et des prises de risques. Pour les programmer, il fallait montrer patte blanche, répondre aux critères. Phénomène rare dans une profession où le chèque ouvrait déjà habituellement toutes les portes. L'auteur de la version d'Hallelujah lui sembla toutefois préférable dans un contexte-cathédrale. Un de ces signes qu'il aimait suivre.

Ah, pourtant les Fugazi... Et puis un discours d'une rare intelligence : ils veulent acheter notre sincérité. C'est un des trucs qui leur manquent mais ça ne peut pas fonctionner. (énorme sourire d'Olat, complice du raisonnement).

Note aux étudiant(e)s.

A chacune de ses conférences ou Master Class, Stromberg a toujours pris quelques minutes pour mettre en garde les élèves.

...Gardez l'oeil ouvert sur les à-côté du métier. Lorsque, et je vous le souhaite, vous grimperez les barreaux de la notoriété. Tôt ou tard vous croiserez de tristes sires qui vous englueront de miel ou du moins, le tenteront-ils. Vous ne les reconnaîtrez pas forcément, vous ne saurez peut-être jamais pour qui, éventuellement, ils travaillent. Lorsque les intérêts financiers grandissent, les vrais ami(e)s deviennent rares. Soyez prudents et toujours un peu méfiants. Lorsqu'on vous dit "un monde de requins" ce n'est pas qu'une image et vous devez connaître sa règle qui pourrait se résumer souvent par l'absence de règles.
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Message » 02 Mai 2022 11:49

Un Bon Plan pas Cher (1992)
Long métrage 35 mm (Blanc, noir et gris) – genre film-concept-gag - Durée : 1 H 20 mn
Réalisé par Olaf Stromberg avec la complicité de ses voisins et ami(e)s..

L’histoire : Olaf à la découverte de son environnement proche, du voisinage, son intégration dans le paysage. Rencontre avec son côté farceur

Un film rapide de proximité. Une idée farfelue née au comptoir du Häreng Café, le plus petit des bars du village de Hofstetten. Son petit pécule personnel de la période hollywoodienne l'avait mis à l'abri du besoin et il avait investi une partie dans l'acquisition d'une maison en bois à l'écart du village, dans la forêt. Arbres et mer à portée de bicyclette. Il ne lui fallait pas plus, ni, aime-t-il à préciser, moins. Salarié de sa société de production, il n'aimait pas exagérer.
Dans le bar, la conversation avait bifurqué autour des coûts de production d'un long métrage, de la supposée tour d'ivoire des "célébrités", le mot hors-sol n'existait pas encore mais Olaf sentait la naissance du concept et son lot de reproches. Ôh bien sûr pas lui, mais tout le reste de la profession, toutes ces notoriétés du show bizness et le côté supposé inhumain des stars internationales. Remets-nous une tournée, Gurdunn ! la bouteille spéciale... hein...

Piqué au vif, Olaf, se désespérait de l’image déplorable qu'une presse à sensation distillait parfois à tort dans les esprits simples et fiers des pêcheurs locaux. Qu'à cela ne tienne, ils allaient pouvoir juger sur pièce, du producteur au consommateur. Il allait leur faire une blague... filmer discrètement et à la va-vite, des moments-vérités un peu surprenants... et puis des moments naturels mais complètement scénarisés

Tout commença en été 1992. Hofstetten est une bourgade vaguement touristique. Son joli petit port typique draine, non pas les grandes foules, mais néanmoins assez pour que le villageois ne soit pas surpris d'y croiser des têtes inconnues pendant la période des beaux jours. Et voilà que, avec maints astuces discrètes et sans sa présence, le spectateur local allait surprendre sur le tard, donc au moment de la projection, des moments d'extrême normalité. Les deux femmes qui causent sans formalité de leurs petits soucis gastriques... personne n'a vu qu'il s'agissait d'Agnetha et d'une amie tout aussi célèbre ? Et ce chevelu à l'air hagard un autre jour au marché qui peine à différencier une truite d'un hareng ? Difficile de reconnaître Iggy quand il n'est pas la quéquette à l'air sous les projecteurs... Robert, on n'en parle même pas, qui suspecterait une star comme lui, mal rasé, commander sa bière et un sandwich au comptoir du Häring un soir de semaine ? Une quinzaine d'amis s'étaient complaisamment pliés au jeu du célèbre anonyme. La consigne d'Olaf fut simple : Fais normal... essaye d'oublier qu'il y a une caméra planquée dans le sac... on filme en continu et on choisit après...

Pour compliquer le scénario-gag, Olaf s'était mis en tête d'entremêler ces moments de vie toute simple de véritables "stars" avec d'autres montages destinés, eux, à bluffer le spectateur. Et voilà son voisin agriculteur, lunettes rayban sur le pif, qui évoque New York ou du moins ce qu'il croit en savoir... et qui peut bien être cette jolie silhouette, filmée à contre-jour et qui témoigne des pressions qu'elle subit depuis des mois ?... sinon Veronica, la juvénile postière du guichet et fille du maire...

Faiblesse des moyens, les scénarios s’accommodaient à merveille des instabilités, des défauts d'éclairage, des imprécisions, bref de tout ce qui participe habituellement à la réussite d'un film. Un budget proche de l'inexistant pour un résultat tout à fait regardable et qui ménageait son lot de surprises. Le tout agrémenté d'une scène finale dans la propriété d'Olaf. Avec des invités normaux et anormaux. Beaucoup de Peppermint et un concert acoustique.

Olaf venait de filmer des trucs de la vie. Il aurait bien voulu dire les choses, mais c'était déjà pris.
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Message » 03 Mai 2022 12:27

Un Bon Plan pas Cher : Anecdotique ou manifeste philosophique ?

Le retour sur ses terres suédoises se révèle salutaire pour Stromberg. A Hollywood, à l’ombre du palmier, il avait presque oublié le petit écureuil craintif et son œil alerte. Le crissement des pas sur la neige, les pétarades occasionnelles du feu de bois et l’odeur âcre du poisson fumé.

Le grand écart constant entre deux mondes distincts s’avérait douloureux et il avait besoin de retrouver des forces. Certes la sérénité des tribus indiennes du dehors des villes lui permettaient de garder un esprit lucide et de ne pas craquer, de ne pas céder sur l’essentiel, mais les hommes ont besoin de leurs propres repères connus et immuables pour prendre racine.


Ici le froid resserrait les liens entre les humains, ailleurs, la tiédeur technologique de la climatisation les distendait. Ses promenades en forêt, ses escapades sur les rochers face à la mer lui insufflaient une nouvelle énergie vitale.

Ses potes du métier ne s’y trompaient pas et quelques uns profitaient à présent du moindre temps mort entre deux tournages pour découvrir le calme de sa propriété-refuge. Le plaisir des virées en moto-neige remplaçait agréablement le brouhaha de la dernière boîte à la mode. Celle qu’il fallait voir, celle où il fallait être vu. Que vaut une boîte si on la compare à l’immensité ? Où retrouve-t-on, et réellement, le concept du no-limit qu’il affectionnait tant ?

Il sentait, au plus profond de lui, que cette époque dite « suédoise » de sa carrière ne durerait pas des siècles. Viendrait le moment où l’appel du large le re-titillerait mais là, à l’instant T, il savait que c’était la rassurante bourgade de Hofstetten qui le protégerait et lui redonnerait l’envie et le plaisir de tenir une caméra. Une façon de mélanger et de redistribuer les cartes de son imaginaire.

Un Bon Plan pas Cher, film-joke, participait de cette logique. Il avait eu le temps de réfléchir aux affres de la notoriété qui avait englouti tant de ses potes. Qui était responsable ?

Le public, bien sûr, qui, dès les origines de l’image animée, réclamait son offrande. Actrices et acteurs sur le chemin de la notoriété se devait – en cas de réussite – sacrifier à l’autel inhumain de la starification. Puis ce fut le tour des réalisateurs à succès. A force de conférence de presse, de reportages télévisés, le paravent de l’anonymat s’estompait et les plus célèbres découvraient, sans l’avoir souhaité, la voracité des spectateurs, le ballet incessant des journalistes et l’accroche des articles qui devenaient, plus qu’à leur tour, le croc des rumeurs qui façonnaient ensuite la réputation.
Mais aussi la Star elle-même qui contribuait, inconsciemment ou non, à savonner sa propre planche pour monter toujours plus haut, sans avoir lu le Mythe d’Icare.

Olaf, plus tranquillement, avait décidé de désamorcer la bombe silencieuse. Il réunissait autour de lui celles et ceux qui flairaient le danger et voulaient lui échapper.
Dans un réflexe que la Grande Ombre qualifiait péjorativement de stupide et presque sectaire, il lui devenait évident qu’il allait, sans calcul, participer à la désacralisation des pseudos idoles pour retrouver un chemin collectif plus humain, plus normal.

Un Bon Plan pas Cher est à considérer avec cette optique. Retrouver le juvénile bain commun. Sortir de la spirale inflationniste de l’Uber-mensch. Éviter la case sordide de la victime expiatoire.

L’ensemble de la profession mettra des années à adopter ces nouveaux comportements mais c’est la Suède, l’autre pays du bûcheron, la nation initiatrice des prix Nobel de la Paix, qui allait montrer la voie.
peg-harty
 
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Message » 19 Mai 2022 13:49

Dans le secret de l’étrange cas Grisham. quoique pas vraiment.

Récemment, une journaliste s’est sentie le devoir d’interroger Stromberg sur les oui ou non entretiens de 1992 entre lui et Sidney Pollack qui décidait d’une adaptation du roman de Grisham « The Firm » et qui voulait l’associer, sinon à la réalisation, du moins à la réflexion générale.
Selon elle, Sidney se serait rendu à Hofstetten à trois reprises un peu avant puis durant le tournage de Un Bon Plan Pas cher et aurait, lors de longues promenades en forêt, exposé son intention à Olaf pour, toujours selon elle, chercher un éclairage neutre pour jauger des risques de s’attaquer à de si puissantes arcanes.

Toujours selon l’article, Pollack considérait que Stromberg qui s’était volontairement éloigné de la « machine » hollywoodienne pourrait et comprendre et – éventuellement – participer d’une manière qui resterait à décider à ce long métrage risqué.

Contrairement à son habitude, Stromberg est resté évasif sur ses réponses. Se doutait-il que la conversation téléphonique avec la journaliste serait enregistrée pour alimenter ensuite une vraie fausse polémique par billet interposé ?

Revenons à ses réponses :
- Ecoutez, chère Julia, c’est bien Julia votre prénom ? … c’était il y a plus de trente ans… vous vous rendez compte… trente ans… vous étiez née y’a trente ans ? Non… ah voilà… c’est bien la jeunesse…
- Sidney ? Si vous dites que nous nous sommes rencontrés à cette époque, vous devez avoir des éléments, hein ? … voilà... c’est bien ce que je me disais… et donc ?…
- les éléments de nos discussions ? En 1992 ? vous me faites rigoler… et vous, vous souvenez de ce que vous avez raconté à un pote y’a trente ans ? … Ah bon… z’êtes sûre ? Non, je dis que c’est de l’hypothèse ce que vous affirmez… non, je ne mets pas votre mémoire en doute, mais vous avez vingt-huit ans. C’est ça ce que je veux dire… c’est de la fiction votre certitude pour le moment...
- pourquoi... ? … Mais parce que Sydney est mort il y a quatorze ans. Je pourrais vous raconter n’importe quoi… eh oui… il faut se méfier de ceux qui font parler les morts… qui pourrait le démentir, hein ?… voilà… et puis, vous avez des amis, non ? Un jour il faut admettre que s’ils n’ont pas parlé d’un truc à d’autres, c’est qu’ils vous font confiance… voilà… après, c’est vous qui voyez… si ça ne porte pas vraiment à conséquence, vous pouvez divulguer, c’est entre vous et sa mémoire…
-Comment ça, Sydney dans Eyes Wide Shut ?… vous savez que ce projet était ancien, Stanley y réfléchissait déjà en 1990…. oui, tout ça, c’était la meme époque… oui, au moment de La Firme. Même époque… un rapport ? … oui peut-être, mais pas forcément celui que vous induisez.. non, ce que je veux dire c’est qu’on peut interpréter des trucs qui semblent refléter une réalité mais qu’il peut s’agir d’une interprétation plus intime, une transposition… oui, voilà… … Et y’a le hasard aussi, à l’origine c’était Harvey qui était prévu pour le rôle… oui, Harvey Keitel dans Eyes Wide Shut… pas Sydney… il l’a dit, je ne trahis rien… vous savez qu’il l’a accepté par amitié mais que là il a aussi mesuré à son tour les difficultés d’endosser un personnage… eh oui.. le cinéma n’en cause pas souvent de ça… de la difficulté d’assumer ce qui est un rôle et qui peut ensuite te coller à la peau définitivement… oui, dans l’esprit du public… y’a pas toujours le recul du public. Eh non…
- Tiens, vous saviez que Kubrick était littéralement impressionné par La Bonne Année de Lelouch ? Oui… Ah, vous ne connaissez pas… dommage… c’est un très grand film. Oui, français...

Voilà, on va se tutoyer, d’accord ? T’as pigé pourquoi dans Un Bon Plan Pas Cher je n’ai eu aucun mal à réunir l’équipe ? … eh oui, il est important de garder un pied dans la réalité. De casser la spirale. Le cinoche, c’est de l’humain qui fait du théâtre. Oui, ben dans le temps, ils portaient des masques les acteurs sur les scènes antiques… y’avait même des mecs qui jouaient le rôle des femmes, oui, avec un masque différent… voilà… y’avait la distanciation… ah bon, tu vois Eyes Wide Shut différemment maintenant ? Aaah, même avec un sens différent.. ? Ca me fait plaisir, tiens… exactement, Eyes Wide Shut est un film immense mais il convient de le regarder différemment… oui… tout à fait. C’est un film professionnel avec un questionnement professionnel.. voilà… et qui dérive sur l’intime, sur l’humain. Comme vous dites les jeunes « ça interroge ». Un cinéaste ou une actrice ou un acteur qui ne comprend pas le sujet de cette œuvre court le risque de se perdre. Ensuite, y’a tout le reste aussi et qui peut mener au bouleversement intime.. Stanley a préféré mettre les panneaux d’alerte en place, montrer le chaos, agiter le drapeau rouge… il était comme ça, on en a souvent discuté et il me trouvait naïf de choisir la voie alternative qui consiste à trébucher volontairement sur le tapis rouge pendant qu’il en est temps… mais je te garantis que le constat était le même… faut faire gaffe quand on joue.. toujours se souvenir que c’est un jeu… une histoire certes mais tu ne soustraites pas à d’autres ton histoire perso’. Tu vois ?!?


Nous ignorons si la journaliste "tu vois ?" Mais à nos étudiants de cinéma, Olaf souhaite réellement que « tu vois ».
Si l’entretien n’effleure même pas le sujet de La Firme, d’autres, non moins perspicaces considéreront qu’il en dévoile une des trames. Tom Cruise peut-être. Un des comédiens les plus intelligents et stratosphériques de notre temps.
peg-harty
 
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Message » 02 Juin 2022 12:20

Ah Tom Cruise... Ce que je déplore personnellement c'est qu'il ait préféré faire une suite de Top Gun alors que ce que j'attendais, et je ne pense pas être le seul, était une suite de Cocktail.
Il y a déjà énormément de films d'aviation alors que les films sur l'univers des coktails de plage sont beaucoup trop rares.
coincarre
 
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Message » 02 Juin 2022 14:11

coincarre a écrit:Ah Tom Cruise... Ce que je déplore personnellement c'est qu'il ait préféré faire une suite de Top Gun alors que ce que j'attendais, et je ne pense pas être le seul, était une suite de Cocktail.
Il y a déjà énormément de films d'aviation alors que les films sur l'univers des coktails de plage sont beaucoup trop rares.


:lol: :lol:

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Message » 27 Juin 2022 13:36

Olaf vient de passer quelques jours à la maison et nous en avons profité pour engranger de la matière. Il suit nos discussions sur le fil hcfr et s'est livré à de nouvelles confidences sur son rapport avec le Peppermint. Aujourd'hui il dit posséder le recul nécessaire pour évoquer. Il a eu la chance de ne pas sombrer complètement dans l'alcool et s'en est sorti honorablement. Dès son retour en suède, loin des tentations, il n'avait plus senti le besoin de, selon ses propres termes, se torcher la gueule. Sans même faire attention, un jour, il y a quelques années, il s'est réveillé avec une vision d'effroi. Ca faisait plus de trois ans qu'il n'avait pas bu une goutte d'alcool ! La mauvaise pente... Il n'avait pas vu le réflexe s'installer et s'est précipité sur un bonbon à la liqueur pour vérifier qu'il n'était pas, par inadvertance, devenu aussi insupportable que les raisonnables repentis. Celles et ceux qui, vainqueurs par haute lutte, sont aujourd'hui effrayés par le moindre baba au rhum, les sevrés de la vie comme il les appelle. Lui s'était contenté d'une observation : tiens, ça picote !

Cocktail avec Tom Cruise était une friandise agréable mais il avait été épantouflé par la projection d'un Singe en Hiver de Verneuil (leurs soirées rituelles cinéphiles avec Peter F. et John C. époque Hollywood)
Vous vous souvenez, le trio adorait se mater des films français et européens, puis, au grand dam du serveur, passait des heures souvent dans le même bar pour en faire le debriefing.

Ce pauvre barman américain vivait en direct et plus souvent qu'à son envie les descentes du yang tseu kiang de nos complices. Il ignorait tout de la trame du livre d'Antoine blondin - lui aussi cycliste approximatif de comptoir - mais il redoutait les chavirements. Ils étaient trois, or il était seul dans l'arène face cette fois ci à un toréador-Olaf au sommet d'une ébriété qu'il pensait créative.

Petite parenthèse sur les artistes et leur rapport avec l'alcool.

Que fait un réalisateur, un acteur avec ses premières grandes recettes ou cachetons ? Il n'est pas très différent du gratteur de loterie nationale qui envisage la fortune. Il veut se mettre à l'abri. Ce sera donc un toit, acheté à la va-vite, avec un espace pour recevoir. Tout est relationnel et si les contrats se finalisent dans un bureau avec des professionnels payés à lire avec une loupe entre les lignes, le grand public ignore que les projets prennent souvent naissance dans des soirées capharnaüm qu'il convient de fréquenter, mieux, d'organiser. Donc, le bar, la cave à vin et champagne deviennent un investissement professionnel. D'abord la picole festive, les bouteilles qu'on débouche à partir de 21h collectivement, et puis, les plus frappadingues du boulot, celles et ceux qui bossent h24 se surprennent à rajouter une rasade d'eau de vie dans le café du petit dej'. Quasi par réflexe. Ils n'ont rien vu venir. La petite fiole devient la gourde de survie et bientôt elle est trop petite. Elle déborde sur tout.

John, dans ses productions, n'hésitait jamais à imbiber le scénario d'une ou plusieurs "munitions" qui apparaissaient à l'écran jusqu'à parfois, en devenir l'actrice principale. Remets nous ça Gina...
Olaf, lui aussi, avait noté qu'il ne tétait que trop fréquemment ces seins exprimés en degrés. C'est traître l'alcool. Tu sais que tu en es devenu l'esclave lorsque tu te surprends à répéter que tu maîtrises. Quand ce n'est pas un souci, parfois, c'est un problème. Peter accompagnait les dérives nautiques du fleuve Yank tse Kiang en mâchouillant quantité de cigares. De bonnes factures, tu m'étonnes, certains épisodes de Colombo lui rapportaient 300.000 dollars. C'est pas pour fumer des gitanes maïs, se plaisait-il à répéter. Elle est garée où la 403 ? Des heures de recherches infructueuses avant de se souvenir qu'ils étaient venus en taxis et que la Peugeot n'était plus qu'un accessoire des studios.

A la mort de John, en 1989, à 59 ans, Olaf a eu choc. Comme toujours, lorsqu'il est décontenancé, il a éclaté de rire devant l'absurdité de la situation. Un rire nerveux et refuge tandis que le cercueil descendait sous terre. Il avait beau s'être éloigné pour ménager celles et ceux qui se réfugiaient au même moment dans un silence tout aussi étrange, on l'avait entendu. Comment expliquer que la tristesse manquait de le submerger lorsque, venue d'on ne sait où, lui est apparue le visage serein de John qui lui murmurait :
- Oh, qu'est-ce qu'il y a ? tu ne vas pas chialer là... pas toi. Je fais un petit tour pour la curiosité mais c'était mon moment et là on m'attend ailleurs. Ne t'en fais pas, ça baigne mais c'est difficile à expliquer. Je regarde comment ça fonctionne et je te tiens au jus.

Il se disait, ah l'enfoiré, il me laisse seul et ça n'a même pas l'air de le déranger. Décidément, John, il ne changerait jamais. Cette étrange conversation l'amenait à penser que la vie est un bouquin dont on tourne les pages, inlassablement. C'est lorqu'on a peu de mémoire qu'il faut revenir en arrière pour relire certains extraits. Lui se souvenait de tout.

Ce décès sera néanmoins un virage. Il n'avait aucune envie de ritualiser l'absence en se torchant en duo avec Peter. Il avait bien tenté ensuite de l’entraîner sur des logiques différentes, grandes virées en bicyclette, rencontre avec la Nature en compagnie de ses amis amérindiens mais lorsque les addictions sont installées la beauté de la fleur ne rivalise plus avec celle du formica et le tatouage humide des verres. Ni le brame du cerf avec le cliquetis des glaçons. Ni l'herbe qui ondule avec le bruit du ventilo qui grince. "On remet ça" s'appliquait aux tournées générales mais là, c'était devenue la réponse de Peter aux invitations bucoliques d'Olaf. "on remet ça" à la semaine prochaine, au mois suivant...

C'est aussi une des raisons qui l'avait fait fuir l'Amérique, cette ivresse pathologique, compagne-poison des autoroutes de la notoriété et du succès. On boit pour s'amuser, puis pour oublier qu'on s'emmerde. L'ange de la gentillesse se fait bousculer par le démon insatiable de la méchanceté. Du hoquet rigolo aux beugleries despotes. C'est là où il vaut mieux suivre le petit écureuil malicieux. Garder quelques noisettes au fond de sa poche pour continuer à nourrir ses illusions d'enfant.

Ne pas se laisser enfermer par la spirale. Chacun fait ce qu'il veut et Olaf, ce qu'il voulait, dès 1990, c'était refaire de la luge avec son amie Veranda.
peg-harty
 
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Message » 27 Juin 2022 14:09

Merci peg-harty. J'en profite pour rappeler que Gina a 92 ans. Sublime, forcément sublime...

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Message » 27 Juin 2022 16:15

Tu as raison !

Nous en profitons pour saluer Nick, Alexandra et Zoé Cassavetes leurs enfants. Une famille entièrement vouée au cinéma.
peg-harty
 
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Message » 18 Aoû 2022 1:01

Ainsi que le veut la Tradition, et son lot infini de contre-exemples, nous allons nous plonger dans un récit peppermintien pour comprendre – éventuellement – et avec une acuité supplémentaire le prochain long métrage. Nous sommes en 1993.

Olaf va tourner un pan de vie qui lui tient à coeur. Nous ne répéterons jamais assez que c’est une erreur d’imaginer pouvoir cerner correctement un film en mésestimant la motivation de son réalisateur. Son intention. Cette biographie essaye d’être précise, de vous transporter dans un contexte.

Ici, c’est une des rares fois où Olaf affirmera : C’est pour quelqu’un. C’est écrit sur l’écran au début .

Stromberg poursuivra avec une image martitime.

- si tu veux, nous sommes les capitaines de nos vies, on peut vaguement imprimer un cap, mais quand c’est la tempête, c’est la tempête. Ils me font rire tous ces aventuriers à la noix qui débattent dans le calme d’un salon climatisé de « l’errance » philosophique supposée de marins et capitaines soumis à des creux de vingt mètres. La pêche à la morue, ce n’est pas ouvrir une boîte à son chat. Ils nous essoufflent ces chroniqueurs-pacotilles terrorisés par un frelon mais qui vont donner des leçons de bravoure ou de conduite à des hommes qui essayent de survivre ou, au moins, de se positionner dans une situation de Capharnaum. Il leur faudrait faire un effort d’imagination pour comprendre que les embruns, ça mouille et que le sel, ça ronge. Le sage évite les grains tant que faire se peut mais quand c’est devant toi, menaçant, prêt à te submerger, tu puises des ressources là où tu peux. Tu essayes de rester en vie avec, s’il t’en reste, l’un ou l’autre principe.

On avait rarement vu Olaf réagir de la sorte mais, en ce soir de janvier 1993, deux journalistes spécialisés dans le papier de salle d’attente et à scandales venaient de lui téléphoner pour l’intimer de s’expliquer, de s’excuser pour ses relations d’amitié avec Torbjörn Gunzl.

Une vieille histoire ressurgissait d’on ne sait où et pour l’avantage d’on ne sait qui. Ses liens solides avec Torbjörn étaient connus, il ne les cachait pas, mais ne les étalait pas. Celui qui, à une autre époque, bourlinguait sous différentes identités (le Robin des Bois de Göteborg, Hans Dieter, T4…) l’entraînait à présent dans la tourmente. Mais il allait réagir. A sa manière.

Lorsqu’Olaf l’avait rencontré, à Los Angeles, au début de son époque hollywoodienne, il disait se nommer John Wright. Il avait débarqué presque par hasard dans une soirée Free Hareng d’Olaf et le bougre traversait une époque difficile. Intrigué par le personnage dont il avait discerné un accent familier, les Peppermints s’étaient enchaînés et vers cinq heures du matin, au fil des discussions, il avait compris que l’homme devant lui abattait ses dernières cartes. Intelligent, âge indéterminable, un brin taciturne, athlétique dans un costume bien taillé, Torbjörn Gunzl, était dans la situation où se retrouve à un moment de sa vie, tout homme qui bourlinguait : seul devant l’obstacle qu’on ne se sentait plus ni la force ni réellement l’envie de franchir.

Ce sont des moments forts où des amitiés indestructibles peuvent se forger. Tous les invités étaient partis et l’homme se confiait. L’ambiance était devenu suédoise et ils conversaient dans leur langue maternelle. Celle du Roll mops et de la neige avec des « urgle » et des « grumm » et une musique qu’un non-initié aurait comparé aux borborigmes du cuisinier des Muppets. Deux trois commis et serveuse du service de traiteur remplissaient encore des cantinières et ils savaient que parler suédois les mettrait à l’abri d’oreilles indiscrètes.

Aux paroles alternaient de longs silences. De la gravité, du respect, de la compassion et, pourquoi pas, d’une certaine manière, un sentiment d’identification à la condition humaine, apparentée ici à de la détresse muette. Une situation qui se passe de commentaires mais qu’un poète avait résumé avec le définitif, parce que c’était lui, parce que c’était moi. Basta.

Que savait exactement Olaf sur le passé de Torbjörn Gunzl ? Il avouera avoir découvert bien plus tard quelques informations supplémentaires sur son parcours dans la presse nationale suédoise mais il connaissait le principal. Torbjörn Gunzl ne l’avait pas pris en traître. Il avait rejoint fin 1939 l’armée de l’air d'un pays "étranger" pour combattre l’Union Soviétique qui venait d’envahir la Finlande. C’est un peu mal vu dans un pays neutre mais une partie de sa famille vivait là-bas et il s’en était senti le devoir, pour les protéger. Plus tard, à la rupture du pacte germano-soviétique, il rejoindra la Luftwafe, l'armée de l'air allemande. Sale époque. A la fin des hostilités, muni de faux papiers, il avait bourlingué sur la planète entière pour échapper, moins à des procès, qu’à d’inutiles explications. La clandestinité et ses lois ont fait le reste. Après des années – selon ses propres dires – plus proches du banditisme militant que du scoutisme, une main secourable se tendait enfin : La Légion étrangère française et un contrat de multiples années, une nouvelle famille. Seulement voilà, après son engagement, puis un départ vers les Etats-Unis, et malgré un emploi stable dans les chemins de fer, il avait du mal à vivre sa nouvelle tranquillité. Une Agence Gouvernementale, composée de carnassiers comme lui, s’était approchée et il n’avait pas résisté, moins pour l’argent ou les convictions libérales que pour l’adrénaline que dictait à présent et par habitude nombre de ses choix. Mais, il en conviendra, autant l’armée française était claire et l’engagement contractuel et précis, autant avec les ricains c’était le flou artistique. On ne quittait pas l’Agence parait-il mais il ne supportait plus, ne leur devait rien et voulait reprendre – enfin – le contrôle de sa vie. Tirer un trait définitif. Et c’est Olaf qui allait lui en donner l’occasion.

Un hébergement de ci, de là… des petits jobs à géométrie variable quand l’occasion se présentait… et puis, à la longue, une véritable complicité à la suédoise. Presque du à la vie, à la mort en priant pour que jamais telle situation ne se présente.

Olaf, quand son pote y consentait, adorait l’écouter raconter ses histoires. Toutes plus incroyables, captivantes, parfois farfelues, les unes que les autres. Un personnage qui, selon l’expression populaire, en avait déroulé du câble. Et, un jour, c’est là le flair du chasseur, le discret Torbjörn est sorti de sa réserve pour mettre Olaf en garde. Il avait enquêté d’autorité, sans paraître, sur des nouveaux « partenaires » de Stromberg et un piège se préparait dans l’ombre. Les éléments étaient tangibles et il lui avait sauvé la mise. Le jeune suédois était encore un néophyte dans certains domaines mais il avait à présent un joker dans son jeu. Pas question d’être ingrat et l’aventurier, sur insistance d’Olaf, avait dès lors une fonction officielle : conseiller et « documentaliste » personnel.

Un statut vague à souhait dont les deux amis se plaisaient à alimiter les contours. Coach occasionnel dans diverses spécialités, cuisinier de plein-air, dialoguiste durant les silences, vérificateur de scénario pour les phases action, entraîneur survivaliste, support à sombrero, transporteur de sécurité, vérificateur, regardeur impassible, gardien, bricoleur de trucs électroniques ou mécaniques, flaireur. Bref, homme de confiance et ami fidèle. Ces deux communiquaient par regards interposés et nombres de célébrités-ami(e)s se sentaient rassuré(e)s en sa présence.
Ce qui épatait Olaf c’était son sens de l’observation et de l’anticipation. Une situation ambiguë et le voilà qui se rapprochait, assez pour signifier sa présence et son attention, mais jamais trop pour qu’un invité ne le soupçonne d’inélégance.
Je pourrais aussi citer l’une ou l’autre actrice qui se plaisait à converser avec lui pour échapper aux dragues oppressantes voire porcines de ceux qui croyaient – à tort – que la fortune permettait tout, et dans la circonstance, n’importe quoi. Aimable avec celles qui redoutaient le sournois, son oeil passait de neutre à sombre, froid puis implacable envers les importuns, les mal-intentionnés dont Hollywood ne manquait pas.
Nombre d’entre elles lui seront reconnaissantes et Olaf ne sera guère étonné de l’une ou l’autre liaison épisodique avec ses propres amies… et même parfois anciens amours. Un climat de sincérité naturelle, sans coups tordus, toujours respectueux.

Il lui avait bien sûr proposer de le suivre en Suède mais Torbjörn venait de rencontrer Mary, une charmante aristocrate irlandaise, veuve et qui avait été immédiatement séduite par le côté canaille du personnage. Ils comptaient s’installer au Canada, près de Toronto et voilà que la presse déterrait de vieilles histoires. Un vieux bagarreur, une femme de la Noblesse de sang, du pain béni pour les grattes papiers. Et voilà que les éclaboussures atteignaient maintenant Olaf.


Dans l’adversité, il allait bientôt répondre aux critiques de la presse-torchon par un long-métrage qu’il avait en tête depuis un bon moment. L’histoire, à peine romancée, d’un diable reconverti en ange. Un personnage affûté, rompu aux méandres et qui mettait au service d’une nouvelle logique toute son expérience d’ancien démon. Parfois, un long métrage vaut toutes les déclarations et explications.
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Message » 17 Juin 2023 11:05

Bonjour.

Le CVOS, son sens aigu de la statistique, son contrôle aiguisé de la patience est un organisme indispensable pour nous permettre d'atteindre nos objectifs.
Une note interne bientôt disponible sur notre serveur Minitel en version 3614 va nous apprendre qu'il s'est doté d'un nouvel outil de suivi... avec des camemberts !!!
Petit miracle de la technologie, nous pourrons suivre en temps réel, et à douze mois près, l'évolution de notre mission.

Pour mémoire, nous avions convenu en Assemblée Générale, de tenter, autant que faire se peut, de respecter le rythme effréné de l'étude de deux films par an. Ce chiffre a été retenu car il correspond, grosso-modo, à la propre production d'Olaf Stromberg durant sa carrière. La barre est placée haute mais la symbolique est belle.

Les carnets de notes sont pleins, et selon votre serviteur, il suffit à présent de placer toutes les consonnes et syllabes, sujets, verbes et compléments dans le bon ordre. Cette étape peut sembler superflue dans une époque qui aime s'affranchir de toute règle mais ici nous sommes intransigeants avec ce principe simple et de bon sens.

En Aout 2022, nous découvrions l'existence de Torbjörn Gunzl, ami au passé tumultueux d'Olaf. Un film lui est entièrement consacré et il devient urgent de le décrypter.

La Patience est notre vertu et notre arme. Nous avons appris à la manier avec dextérité. L'ancien Président et son fameux 'il faut donner du temps au temps", précurseur de cette puissante démarche philosophique, aurait applaudi notre exceptionnelle mise en application de sa théorie.

C'est une des Lois de la Nature qui ne souffre d'aucune exception. Interrogeons l'agriculteur pour lui proposer de tirer sur la plante pour qu'elle pousse plus vite et il vous suspectera d'excès de parisianisme. C'est évidemment une fiction mais n'esquisserions-nous point, ici, dans ce topic un sourire si un ministre de l'Intérieur déclarait s'assimiler à Hermès avant de pousser plus loin ses investigations et découvrir avec effroi qu'il s'agit, entre autre, du dieu des voleurs.

Personne n'est évidemment à l'abri de l'intempestif ni de la précipitation mais ici, nous voulons aussi apprendre les rudiments de la précision et nous nous donnons collectivement les moyens de notre démarche.

Sur ce, allons tranquillement nous farcir un Lièvre à la Royale, recette méticuleuse qui nécessite, elle aussi, le respect de l'une ou l'autre étape.

Bon appétit les ami(e)s et à très bientôt.
Dernière édition par peg-harty le 18 Juin 2023 9:04, édité 1 fois.
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Message » 17 Juin 2023 11:14

À ce propos, j'ai lu dans le BMCSI — le Bulletin Mondial du Cinéma Sans Image — qu'Olaf Stromberg aurait souffert d'un arrêt cardiaque lors d'une hospitalisation. Mais le BMCSI ne disait rien sur les conséquences : est-il remis ? tourne-t-il encore ?

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Message » 17 Juin 2023 17:51

Le BMCSI est connu pour lancer ce genre de rumeurs.
Ce sont d'anciens journalistes de Gala et Point de vue Image du monde qui ont fait une joint venture et ils ont des réflexes éditoriaux. Des grosses accroches où ils annoncent des décès, et la semaine suivante, la Une c' est le genre "Extraordinaire rétablissement".

Ca leur permet de placer une photo très banale, achetée au rabais chez les paparazzis, et de lui conférer un caratère exceptionnel. Pour Olaf, c'était un achat d'espadrille sur un marché basque avec la mention "il re-marche".*
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