Test HCFR : boXem Audio ARTHUR 4215/E2

Test HCFR : boXem Audio ARTHUR 4215/E2

Compte-rendu d’Olivier_merlinus98

préambule

Depuis longtemps, je me suis interrogé sur la classe D.

Mon expérience se limitait à un « bel canto » première gamme d’occasion d’il y a presque 15 ans, qui ne m’avait pas laissé un souvenir exceptionnel et avait été très vite supplanté par deux blocs mono classe AB. Puis j’ai continué sur de la classe AB (avec une petit détour sur une bi-amp active) jusqu’à maintenant.

Afin de ne pas passer à côté de quelque chose, j’avais ouvert ce sujet ici :
https://www.homecinema-fr.com/forum/amplificateurs-de-puissance-haute-fidelite/ne-pas-mourir-idiot-en-passant-a-cote-de-la-classe-d-moderne-t30113539.html

Et plus je lisais de sujets sur la classe D moderne, notamment les tests des récents modules Purifi Eigentakt, plus je me disais que je devais me lancer.

Puis la possibilité est arrivée de tester le boXem Arthur 4215/E2.

Le but était très simple : ai-je toujours besoin de mon ampli Pass Labs X250.5 classe AB (il quitte la classe A vers 20W), un (petit) monstre de 50kg, servant de radiateur l’été, prenant une grosse place au sol (mais planqué derrière un de mes panneaux), et fournissant 2x500W sous 4 ohms (2x250W en 8 ohms) pour mes Magnepan réputées gourmandes en courant ?

 

 

mon installation

Un petit mot de mon installation avant d’aller plus avant.

C’est une mise en œuvre mixte (Hi-Fi et HC) dans un contexte de salon/pièce à vivre (25m²), mais quand même orientée musique/cinéma.

Je suis tombé dans la marmite des panneaux ortho-dynamiques il y a près de 20 ans, en découvrant la marque Magnepan (techno magneplanar), j’ai commencé par une occasion de 1.6, puis des 1.7 neuves, à nouveau une belle occasion de 3.6 (et une période de bi-amp active – la plus belle expérience avec des tubes côté medium/aigu) et enfin les 3.7i sur lesquelles je fais ce test.

Ces panneaux de 86dB/500Hz/2.83v sous 4 ohms ont une plage de fréquence de 35Hz (ne descendent pas très bas mais donnent de belles basses quand elles sont bien drivées) à 40kHz (tweeter à ruban d’environ 1.30m de hauteur).

Pour le reste de l’installation en mode stéréo, mon préampli est un Trinnov Altitude 16, qui est aussi un room optimizer perfectionné, ma source principale étant Roon (NUC/Windows, NAS QNAP pour les CD dématérialisés ou les œuvres HR achetées sur Qobuz, avec lequel je streame aussi pas mal en HR).

Côté HC, installation 7.1.4 avec une centrale Jamo D600 LCR et 8 Focal Dôme Flax, les enceintes surround étant alimentées par un Onkyo PA-MC5501, les panneaux restant les enceintes principales, le tout aidé par un caisson Rythmik Audio 15″, la source étant un Oppo 203.
Mais je ne me suis attaché sur ce test que sur la partie Hi-Fi, donc sans caisson, sans bass-management côté Trinnov, juste les deux panneaux Magnepan 3.7i et Roon.

 

 

Mise en Œuvre

Après réception de l’ampli (merci à Fred, de boXem), déballage, houla, mais c’est tout petit et léger !
Contorsions pour débrancher le cordon d’alim, les câbles XLR et les câbles HP à fourche de mon Pass Labs, la connexion s’avère facile sur l’Arthur.

Seul grattage de tête, euhhhhh… les labels sous les XLR et les HP ne sont pas droite/gauche mais A et B !!!

Bon, on fait avec, tant que je respecte entrée A/sortie A (et B), je ne devrais pas faire d’erreur.

Ah tiens, le commutateur de gain, quoi faire avec ? Par sécurité, commençons sur low, on pourra augmenter sur medium puis high selon les besoins.

Allumage, on baisse les niveaux, on joue du son… ouf, ça sort quelque chose, mais un peu faible.

Après confirmation par Fred (qui répond vite aux MP), je peux changer dynamiquement le switch gain, en faisant juste attention aux niveaux ; il s’avère finalement que le gain high correspond le plus à mon niveau de son avec le Trinnov/Pass, je l’adopte.

On s’assoit alors tranquillement et on écoute ses titres préférés.

Queuuuouaahhhh ??? Mais c’est horrible, inécoutable, pas d’impact, espace sonore tout étriqué, mais que se passe-t-il ?

Admettant que je n’avais volontairement pas recalibré mon Trinnov (je n’aurais jamais pensé qu’il puisse y avoir une telle différence), je me donne l’excuse de ma paresse, je sors le micro, recalibre, me réinstalle et là… AH OUI, là c’est beau !

Tout de suite me vient la réponse à la question « cet Arthur saura-t-il driver mes panneaux Magnepan ? ».

Ça donne « je veux mon neveu, et avec autorité ». Ouf, je suis rassuré sur ce point.

OK, il délivre 2x425W sous 4 ohms (contre 2x500W sur le Pass), mais ça suffit amplement (Magnepan a toujours recommandé un minimum de 200 à 250W).

N’étant pas doté de trigger, boXem a adopté une autre approche qui consiste à se mettre en marche dès qu’il détecte un signal à amplifier : si cela marche bien quand j’allume sur une source vidéo style Livebox/Shield/Firestick (qui doivent générer un petit son style bip/clic), je me suis fait avoir à chaque fois sur le démarrage en mode Roon, ce qui fait que je loupe les 2 ou 3 premières secondes de la première plage (on finit par s’y faire, un tapotement sur back et c’est réglé).

Il faut donc passer maintenant à une écoute plus analytique sur ses plus et ses moins.

 

 

Plages de test

 

Annie Lennox – Memphis in June (album Nostalgia).
Ce titre fait partie des mes démos, car il commence comme un vieux phono/vieille radio, puis la plage de fréquence s’étend jusqu’au max, symbolisé par un coup de basse profonde, AL en chœur, puis sa voix démarre : le boom est profond, très profond, et quand la voix d’AL apparaît, elle est très présente, frontale, parfaitement définie dans ses nuances.
Je retrouve ce que j’entends avec le Pass, au boom près, plus profond.

 

The Cinematic Orchestra – Everyday (album Everyday).
C’est mon titre phare pour les basses, on démarre avec un solo de guitare basse acoustique répétitif, puis à 1’20, le son change, la scène sonore s’élargit, on entend des cymbales plus en retrait arrière, un jeu très fin, et la basse revient pour soutenir avec une note unique très basse (1’46 à 2’06).
Que dire ? Un festival ! Basses très profondes (je me demande si pas trop parfois, un chouïa de résonance peut-être ?), les vibrations des cordes sont nettes, on sent bien le pincement, et plus tard, les cymbales sont aussi aérées et placées dans l’espace que sur le Pass. Là encore, les basses, les basses.
Sur mon doute qu’il y en avait trop (les basses sont moins boomy sur le Pass), et en lisant quelques articles sur les caractéristiques principales de la classe D, une phrase a retenu mon attention, l’article citait le fait de ressentir les basses dans son ventre : en fait c’est ça, j’ai ressenti ceci avec les basses de l’Arthur, plutôt dans mon thorax. Surprenant, au début, je pense que je pourrais me faire à ça par la suite (je m’y fais bien avec mon caisson en HC).

 

Hooverphonic – Mad about you (album The Magnificient Tree).
Après une intro orchestrale suivie de percussions, qui occupe bien tout l’espace sonore, la voix de Geike Arnaert (0’22) apparaît centrée et très présente, le côté voix cassée un peu rauque est très bien rendue, avec toutefois des finales très légèrement agressives.

 

 

Angélique Kidjo – Summertime (album Keep on Moving – best of).
Dès le début, la voix d’AK apparaît nette; détaillée. À 0’33, basse très nette puis 1’04 toutes les percus africaines absolument parfaites, tout à fait lisibles.
Je note toutefois parfois une certaine agressivité sur certaines finales de la voix.

 

 

Solveig Slettahjell – I do (album Domestic Sings).
Là, on joue dans la finesse d’une voix féminine captée de très près : à 0’28, sa voix devient un souffle où l’on perçoit toutes ses nuances, et le « vieux » piano qui accompagne a des sonorités parfaites.

 

 

Vincent Peirani – Waltz for JB (album Thrill Box).
La contrebasse est très présente, plus profonde que sur le Pass, et toutes les nuances de l’accordéon de VP sont là, piano très réaliste.

 

 

Tchaikovsky – Symphonie n°4 – 3ème mouvement Pizzicati Ostinato (Mravinsky/Leningrad 1960).
Pour moi, l’enregistrement de référence en classique, bien que des années 60. Je n’ai jamais eu un tel étagement et une telle profondeur de perception sur tout un orchestre : j’attendais ici l’Arthur, et bien il a tout su faire !
Je n’ai pas décelé de différence d’avec le Pass, tout était à sa place. Le hautbois à 1’45 a des beaux timbres, mais à 2’21, le piccolo devient un peu agressif.

 

Bruckner – Symphonie n°9 – 1er mouvement (Haïtink/Concertgebouw).
Comment l’Arthur allait s’en sortir sur un grand ensemble ?
Parfaitement bien, scène sonore large et profonde, mais avec toutefois à 2’28 une certaine agressivité sur un mixte violons (notes hautes) et cuivres : je me suis alors demandé si ça ne pourrait pas entraîner à terme une certain fatigue auditive.

 

 

 

Conclusion

En revenant sur ces écoutes et mes notes, je dirais que l’Arthur 4215/E2 a fait jeu égal avec le Pass Labs X250.5 à ma plus grande surprise.

Comme me le disait Alain_Haskil, « si tu les trouves équivalents, autant prendre l’Arthur, qui sera beaucoup plus petit et ne chauffera pas », il a raison !

Et l’Arthur a su driver mes panneaux parfaitement bien, avec autorité, et n’a jamais clippé même à fort volume sonore.

Je dois quand même noter trois bémols:

1) les basses : elles sont différentes de mon habitude et même si mes panneaux ne sont pas super réputés pour ça, j’ai entendu des basses qui m’ont pris au corps, plus boomy (mais un peu moins détaillées, je suis plus entraîné à des basses sèches) ; je pourrais aimer ça !

2) les aigus : j’ai senti à certains moments une petite agressivité, mais il est vrai que mes grands rubans tweeter peuvent être comme ça, il y a des moyens pour corriger (soit pincer différemment les panneaux, soit mettre les atténuateurs rubans fournis par le constructeur) ; et puis je dois concéder que mes oreilles ne sont plus les mêmes et ont vieilli…

3) sur la musique classique, j’ai trouvé mon Pass (qui a une réputation de transistors proches des tubes) plus ample et chaud/onctueux, mais un peu moins détaillé et précis que l’Arhur (et pourtant ses timbres sont beaux), je me demande si des approches plus travaillées autour des « input buffer » qu’on trouve sur d’autres marques Classe D (voir aussi le chapitre « étages d’entrée à la sauce boXem » en début du test HCFR), voire de l’hybride avec un « input stage » à tube comme fait un grand constructeur américain, ne serait pas l’idéal pour mon type d’écoute…

Dernière réflexion, je me suis surpris à devoir ajuster mon volume sonore plus souvent suivant les titres que je passais.

En conclusion, vais-je changer ? J’aurais dit oui en début de test, mais je dis non en fin de test.

Je pense rechercher un modèle équivalent qui ajoute un peu de cette douceur de ma classe AB (un hybride ?). Mais clairement, si je devais m’équiper de zéro ou en cas de panne, j’irais immédiatement vers cet ampli boXem.

Encore en grand merci à Fred pour ce prêt révélateur de ce qu’est la classe D moderne, et à sa disponibilité pour répondre rapidement à mes petites questions.

 

Olivier_merlinus98
HCFR – Mai 2021

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au BOXEM AUDIO ARTHUR 4215/E2 : https://www.homecinema-fr.com/forum/amplificateurs-de-puissance-haute-fidelite/boxem-arthur-4215-e2-t30114011.html

 

 

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