Test HCFR : Casque Audio-Technica ATH-R70X

Test HCFR : Casque Audio-Technica ATH-R70X

Compte-rendu d’André_ajr

 

 

Au quotidien

La plupart du temps complémentaires, la légèreté et le confort du ATH-R70X forment un duo véritablement hors pair.

L’aspect pratique également, puisqu’il n’est pas nécessaire de régler préalablement la hauteur des oreillettes du casque qui viennent se positionner instantanément et en souplesse, pile-poil.

 

 

 

Les écoutes

Évidemment, comme pour la plupart d’entre nous, certains albums sont des repères, il nous sont très familiers, tant nous les avons écoutés ou parce que nous avons pu assister à un ou plusieurs récitals de ces artistes.

Comme c’est justement le cas du chanteur-compositeur belge Jacques Brel et bien que le manque d’homogénéité de cet enregistrement demeure incontestable, le CD Les Marquises  a donc à nouveau été ressorti de son présentoir mural de rangement.

Puis, je suis même allé écouter la version dématérialisée chez Qobuz qui m’a permis de découvrir les cinq autres titres qui ont été ensuite ajoutés à la version initiale 33t, puis CD, de cet ultime opus du chanteur-compositeur belge qui pleurait comme d’autres pissent à Amsterdam sur les casques infidèles.

Étant donné que j’ai très souvent entendu cette voix et pendant très longtemps, l’écoute de plusieurs pistes du dernier album de Jacques Brel devrait fournir plusieurs éléments constitutifs d’une tendance générale que nous retrouverons très certainement au cours des autres écoutes et au moment du bilan sonore.

Conduisant à rendre une voix bien plus grave qu’elle ne doit l’être, le premier élément qui parvient aux oreilles est une dominante assez marquée du haut grave et du bas médium.

Très perceptibles avec des casques encore plus résolvants (électrostatiques Stax, OK3D V3 et V4 M1 artisanaux, FOCAL Utopia) et au grave moins marqué que celui proposé par le R70X, les reprises de souffle et la détresse pulmonaire du chanteur belge sont moins décelables avec cet Audio-Technica.

Par ailleurs, car plus couvert, moins lumineux, voire quelques fois faiblement brumeux, le ciel de l’archipel des Marquises apparaît moins protégé des intempéries sonores par les alizés avec le R70X qu’avec les autres casques comparés.

Dont les OK3D V4 M1 et UTOPIA se révèlent être une nouvelle fois des grand maîtres et maîtres de la transparence, de l’art de la structure du son et de son relief. Art dont profite la reproduction de la voix, car son origine charnelle est tellement palpable avec ces deux as qu’elle peut provoquer des frissons de plaisir.

 

 

Musique post-romantique, minimaliste, méditative et intemporelle, Tabula rasa permet de proposer quelques instants de repos aux oreilles de celui qui donne son avis sur un casque, tout en lui permettant de vérifier la présentation de la partie supérieure du spectre des fréquences instrumentales.

Avec ces trois derniers albums et avec des différences dues aux interprétations et aux manières employées pour capter la musique, le R70X reste fidèle au choix de la douceur fait, cette fois, par le fabricant dont beaucoup de produits sont bien plus démonstratifs et parfois critiqués lorsque le nombre de hertz se multiplie.

 

 

Douceur qui sied bien pour la reproduction des quatuors des opus 71, 76 et des très nombreux autres composés par Joseph Haydn tous très aboutis bien que cette partie de son immense œuvre lui ait servi de laboratoire d’idées pour d’autres compositions ultérieures.

 

 

Comme un très grand nombre de célèbres quatuors ont enregistré des quatuors de Joseph Haydn, eux aussi très nombreux (plus de quatre-vingts sur quatre décennies) j’ai d’abord choisi ceux des opus 71 et 74 par les légendaires Amadeus, et les mêmes opus plus l’opus 20 par les Lindsays.

Bien que le choix des Italiano, Tatrai, Aeolian (intégrale), Orlando, Suk, Festetics, Mosaïques (instruments d’époque), sans omettre le quatuor de Tokyo, n’aurait pas abaissé le niveau des interprétations et du plaisir offert aux mélomanes par ces éloquentes pièces qui allient et alternent sens de la variété des mouvements et des tonalités, lyrisme, émotion, délicatesse d’écriture, noblesse, gaieté, humour, élégance et rythme.

Si le FOCAL Utopia, dont l’aigu est incontestablement un des points forts, et autres casques électrostatiques STAX SR-009 et OK3D V4 M1 utilisés comme références vont encore plus loin sur le chemin de la vérité et de la vie, s’il ne peut pas vraiment leur emboîter le pas en direction de la finesse, de l’expressivité, de la vivacité des traits d’archet, le R70X conserve, néanmoins, une bonne et très honorable place dans la course aux distinctions étoilées. Bien plus élevée que son tarif pourrait le laisser supposer à ceux qui viennent d’entamer leurs épreuves d’éducation audiophile.

 

 

Transmission. Edgar Moreau.

Sonorités à nouveau très chaudes de l’instrument du violoncelliste français, de confession juive par sa mère, qui interprète remarquablement toutes ces pièces d’une manière tout à fait bouleversante avec énergie et douceur.

Le R70X exprime très bien la gravité et la douleur contenues dans ces pages qui nous conduisent à nous poser souvent la question qui est de savoir si l’homme restera éternellement une énigme ?

 

 

Voltiges. Tristan Pfaff. Ad Vitam records.

Comme j’avais eu l’occasion d’évoquer cet enregistrement de piano de 2021 du label Ad Vitam avec un ancien membre du staff univers du casque HCFR, ingénieur du son, artiste lyrique et parfois directeur artistique, j’ai donc écouté à nouveau le pianiste Tristan Pfaff interprétant des œuvres de plusieurs compositeurs sur le modèle Opus 102 de Stephen Paulello dont il est utile de rappeler qu’il s’agit d’un instrument à la tessiture élargie qui comporte 102 touches au lieu des 88 touches habituelles.

Ainsi, ajoutées à d’autres particularités comme des cordes parallèles obliques, un cadre sans barre de renfort et une table d’harmonie sans raidisseurs, le pianiste dispose de de huit touches supplémentaires dans les basses et de cinq autres dans les aigus.

Cependant, si j’avais été très intéressé et très curieux d’entendre l’enregistrement de ce piano, s’il m’avait permis de découvrir ce pianiste dont j’avais beaucoup apprécié certaines œuvres présentes sur le CD, j’avais été confronté à un piano qui pouvait devenir excessivement désagréable à entendre.

Que de différence entre lui et un Blüthner de concert qu’il m’arrive d’entendre par exemple.

 

 

Cependant, si l’Opus 102 ne doit certainement pas être écouté avec un casque Philips Fidelio X2HR, qui augmentera les désagréments d’aigus beaucoup trop scintillants, d’un tempérament transperçant, le R70X m’a quand même permis de le parcourir sans trop de déplaisir.

 

 

Bending new Corners. Pénélope 1999.

En commençant par l’excellentissime Bending new Corners dont les qualités artistiques et audio lui ont permis de se faire une place de choix dans la discothèque idéale de la plateforme QOBUZ.

Album dont le spectre des fréquences est large et équilibré entre elles. De Sweet Mercy à Less, en passant par le piano introductif de Arroyo, More et tous les autres titres exclusivement instrumentaux ou avec voix (Nya), le léger surplus de grave apporté par le R70X par rapport à nos « références » ne rend pas pour autant son écoute désagréable, car ses proportions ne sont pas du tout exagérées et que l’effet de masque provoqué reste relativement discret.

Après que la trompette de la chanteuse et compositrice Jaimie Branch ait quelque peu altéré mon goût pour cet instrument et malmené mon système auditif au cours du concert auquel j’avais assisté au début du dernier mois d’avril, je me suis dit qu’il serait bon de m’adresser à un conciliateur afin tenter de rétablir des rapports harmonieux avec cet instrument et toute la grande famille des cuivres, puisque l’une des principales caractéristiques est de parfois se constituer en une formation que l’on nomme Harmonie.

C’est donc vers Eric Truffaz, dont une partie du parcours musical s’est déroulée au sein d’une Harmonie municipale au début de sa longue et très riche carrière, que je me suis tourné pour tenter de faire la paix avec la trompette, et je dois souligner qu’il faudra ajouter désormais sa réussite de négociateur aux innombrables aptitudes intellectuelles et talents artistiques qui lui sont reconnus.

 

 

Lune rouge. Warner 2019.

Gros grave, bon swing, image un peu étroite (enregistrement ?), belle trompette, harmonieuse, qui accompagne sans se mettre en avant.

Les titres s’enchaînent avec toujours autant de plaisir avec une mention particulière à Reflexions (avec José James), She’s the moon (avec Andrina Bollinger), Houlgate.

 

 

Fatma Saïd. Imagine (John Lennon).

Après avoir utilisé l’album El Nour de Fatma Saïd au cours d’un test précédent, si je l’ai à nouveau écouté en entier avec un très grand plaisir cette fois, j’ai également retrouvé la soprano égyptienne interprétant le texte féministe avant-gardiste  Non monsieur mon mari  de Francis Poulenc et ensuite avec l’emblématique et légendaire  Imagine de John Lennon, hymne d’une génération paru en 1971.

Deux titres reproduits de façon ample dans une atmosphère à nouveau plus sombre et avec une voix plus grave pourtant adaptée à ce dernier titre sans trop altérer son expressivité.

 

 

Egregor Vocal. Bayard Musique. Enregistrement binaural

C’est l’Ensemble vendéen aujourd’hui basé à Pouzauges, mais dont l’origine remonte au conservatoire d’Angers, qui va nous permettre de vérifier les capacités géométriques de reproduction sonore de la musique et du positionnement des interprètes dans l’espace.

Tout d’abord avec le titre 1 qui permet de vanter les excellents qualités dans ce domaine, puisque les effets de réverbération sont très bien perçus et que l’arrivée de la voix dans l’oreille de droite est saisissante.

Le titre 2 confirme le naturel des voix et leur excellente répartition dans l’espace avec extrêmement de profondeur.

Le titre 4 nous fait passer dans un autre registre, avec davantage d’effets latéraux, peu d’image au centre, mais avec des voix toujours très naturelles.

Avec la piste 5, on retrouve l’esprit de 1 et 2, dans une interprétation qui offre plus de présence, des voix masculines et féminines très bien mêlées, mais absolument différentiables et, contrairement au titre précédent, une image centrale retrouvée.

En souplesse et sans rupture de rythme, les voix circulent de droite à gauche dans la piste 6 Les moulins de mon coeur.

Si les amateurs de rugby ne manqueront pas d’aller jusqu’à la mêlée néo-zélandaise en écoutant le traditionnel Ka Mate, ce sont les très probantes vêpres opus 37 de Serge Rachmaninov, reproduites dans un vaste et très profond espace, qui ont permis de confirmer que le R70X est prêt à faire tourner avec une grande efficacité les moulins des coeurs des mélomanes.

 

 

Eric Truffaz. In Beetween. Label Parlophone. Octobre 2010.

Au terme de ce commentaire et à nouveau en compagnie d’Eric Truffaz, je vous invite à nous quitter en musique avec son album In Between sur lequel l’on retrouve Marcello Giuliani (guitare basse), Marc Erbetta (batterie), Benoit Corboz (clavier, compositeur, ingénieur du son) et la chanteuse, compositrice Sophie Hunger (Let me go !).

Enregistrement bien plus équilibré que le précédent, avec des sonorités plus claires et de meilleures sensations d’espace et de définition.

Caractères dont le R70X se montre un très bon interprète dans des ambiances nu-jazz, électro-jazz et quelques incursions dans une classique et élégante musique pop-lounge où nous entraînent les gens du voyage de la piste 10.

Album In Between (Edition Deluxe) de Erik Truffaz | Qobuz : téléchargez et streamez en haute qualité

 

 

 

Conclusion

Le RME ADI-2 DAC étant parfait en cette situation, d’une part parce qu’il permet de cibler les fréquences surexposées par le ATH-R70X et d’autre part pour pouvoir ensuite  égaliser ce casque afin de l’adapter à l’équilibre plus parfait que l’on recherche.

Il est également possible de se référer à la courbe de reproduction des fréquences du R70X que nous vous proposons, grâce au concours de notre contributeur René_renecito, pour parvenir à un même résultat si l’on en ressent vraiment le besoin.

Ce qui est mon cas, car si le déséquilibre est contenu dans des écarts de seulement deux à trois décibels, son empreinte se manifeste un peu trop à mon goût.

Néanmoins, malgré ses intrinsèques nombreuses qualités techniques d’équilibre et de résolution, le R70X peut sembler avoir un déficit de tension, de relief, des basses profondes mais rondes, pas des plus vigoureuses, pas si bien structurées, si son écoute est suivie de celle d’un casque comme le FOCAL Utopia qui donne beaucoup plus de caractère et d’allant à la musique.

 

En résumé :

Le casque Audio-Technica ATH-R70X est un très bon casque, toujours très agréable à l’écoute, avec de belles perspectives sonores. Améliorées une fois égalisé.

Ce qu’il est relativement simple et facile à faire si l’on priorise exclusivement la partie inférieure du spectre sonore qui pose un problème malgré tout modéré et supportable sans cela.

Toutes les notes qui se situent dans la plage des 200 hertz et 300 hertz sont un peu réchauffées, tandis que l’infléchissement entendu de celles qui se trouvent autour de 4 kHz, s’il adoucit le discours, porte préjudice à la clarté.

Son association demandera quelques attentions parce que si rien n’interdit une utilisation sur des sources peu puissantes, elles ne pourront n’être qu’occasionnellement envisagées, car la substantielle réduction des performances sera très dommageable.

Le confort général de ce casque Audio-Technica est irréprochable.

La qualité de fabrication également. Sans ostentation ou luxe inutile, mais un vrai sens du pratique.

Seuls, les quelques casques qui ont servi de comparaison, plus vifs, plus résolvants, plus équilibrés, plus, voire beaucoup plus onéreux, lui ont fait rendre les armes.

Avec honneur.

 

 

André_ajr
HCFR – Août 2022

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au CASQUE audio-technica ATH-R70X : https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-sedentaires/audio-technica-ath-r70x-t30103305.html

 

 

 

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