Test HCFR : Casque Planar Sendy Audio Peacock

Test HCFR : Casque Planar Sendy Audio Peacock

Compte-rendu d’Eric_dub :

 

Le sound appeal du Peacock scelle-t-il son sort ?

 

Le Peacock est un casque dont l’aspect cosmétique et ergonomique est sympathique.

Certes, son poids est élevé (plus de 500g), mais la conception de l’arceau permet d’en répartir la pression, de telle sorte qu’on ne le sentira pas.

Les coques en bois sont jolies et l’apparence, plaisante.

 

Les petits défauts habituels peuvent être relevés :

Câbles beaucoup trop courts pour une utilisation sédentaire – à laquelle la taille, le poids et la structure ouverte du casque le destinent pourtant – et série d’adaptateurs au rendez-vous pour qui aurait l’idée (sans doute baroque) de le brancher sur son ampli sédentaire.

Cette manie de vouloir faire croire qu’on fabrique des casques exclusivement pour un usage nomade, alors que ça n’est visiblement pas le cas (un casque ouvert et de cette taille dans le métro ou le train ?), voire qu’on ne place dans la boîte de livraison qu’un petit câble en laissant au consommateur la “chance” de pouvoir “lui-même choisir son câble” a un je ne sais quoi d’agaçant.

Mettons que je sois grincheux. L’amateur est prévenu : il lui faudra prévoir lui-même une rallonge pour éviter de devoir se coucher par terre devant son meuble hifi.

La sensibilité annoncée – 103db (sans que soit précisée la puissance : 1mW ? 1mV ?) – laisse présager un casque peu difficile en matière d’amplification, même si, taille des transducteurs et technique “planar” obligent, on devra probablement s’abstenir de le brancher sur son smartphone.

Ce point se confirmera dans les utilisations que j’en ai faites : il s’accommode à peu près de tout ce que j’ai pu essayer, y compris mon (déjà ancien) DAP iBasso DX150, la prise casque de mon vieil ampli-tuner Sansui SS800 et, plus inattendu, celle de mon préampli AV, qui n’est pas ce que l’on fait de mieux dans ce genre trop délaissé…

Reste que j’ai effectué mes écoutes tout d’abord sur mon petit système, à base d’ordinateur embarquant Audirvana (tant pour streamer qobuz que pour lire les fichiers de ma discothèque) branché sur mon DAC W4S via un boîtier USB/AES-EBU, le tout connecté à mon préampli stéréo, un Audio-GD Phœnix, qui propose des sorties casques sur à peu près tous les formats disponibles.

Sur ce système, je branche assez souvent mon HD800 et divers autres casques, dont quelques Sennheiser.

D’autres écoutes ont ensuite été effectuées, à partir de la même source, vers mon second système, le flux numérique étant reçu par un DAC MSB Gold Link III (via une seconde interface USB-AES-EBU) lui-même branché sur mon RKV III habituel (impédanceur correctement réglé), système sur lequel j’écoute souvent de la musique en y branchant mon Hifiman HE6se.

Au deux systèmes est également relié, pour le premier en RCA, pour le second en XLR, un Yamaha CD-S2000, qui me permet de profiter de mes CD et surtout de mes SA-CD quand l’envie m’en prend.

 

 

 

 

Commençons donc par l’un de mes disques préférés, à la fois esthétiquement et quand il s’agit de faire quelques essais, La Folia 1490-1701, un CD/SACD sorti il y a plus de vingt ans chez Alia Vox (AV9805), la maison de Jordi Savall.

                                                                                                                                                                               

On aime ou on n’aime pas, comme on dit, mais c’est un excellent enregistrement (Nicolas Bartholomée) et ce sont des instruments qui ne pardonnent pas les colorations qu’un système d’écoute est susceptible d’imprimer à la musique – registre grave mis à part, évidemment. Ce, d’autant plus qu’ayant eu la chance d’entendre Savall en concert plusieurs fois, cela me donne quelques repères.

Le Peacock propose une restitution un peu ronde dans l’ensemble, sans manque particulier dans le registre grave, c’est-à-dire en l’occurence ce que l’on peut appeler “l’effet de salle” (les prises de son ont été faites à l’église Saint-Hippolyte de Castres et dans la salle de la Fondation Tibor Varga, qui se trouvait à Grimisuat, dans le canton du Valais).

L’aigu ne manque pas spécialement d’aération – voir par exemple les Cascabeles de la piste 1 et les Castagnettes de la piste 6 – même si l’impression est que ce registre est un peu atténué ou “lissé”.

Sur les cordes (la triple harpe, la viole de gambe et la guitare de la piste 1), en revanche, règne une sorte de matité, voire d’effet de boîte qui me semble très peu naturel – et qui me fait penser à mes premières écoutes, jadis dans les années 70, sur les premiers planars de l’époque (Yamaha YH-2). C’est le gage que, quel que soit le disque que l’on se passera, ça ne risque pas de devenir agressif.

Plus gênante, peut-être, la linéarité ne m’a pas parue très réussie entre le bas médium et le médium – le haut médium me semblant aussi un peu en retrait, y compris en comparaison avec mon HD800 (le tout sans aucune équalisation). J’ai refait la comparaison, un peu plus tard, avec le HE6 sur le RKV, en retrouvant à peu de choses près les mêmes écarts. Cela étant dit, l’écoute n’est pas désagréable et l’on s’habitue assez rapidement à ce type de signature.

 

 

 

Changeons de disque, pour écouter le Quatuor n°11 de Chostakovitch par le Quatuor Fitzwilliam – dans l’intégrale des quatuors sortie jadis dans la seconde moitié des années 70, puis reprise chez Decca/London Group en 1991 et sans cesse remise en circulation depuis lors.

Ce sont particulièrement l’introduction et le scherzo qui m’ont servi à faire des comparaisons. En comparaison directe avec mon HE6se (sur l’ampli RKV), le premier violon me semble un peu trop mat et manquer d’un petit poil de brillant, pendant que l’alto et le violoncelle sont un peu brouillons et ont parfois tendance à se confondre.

L’ensemble me paraît manquer, dans l’absolu, de fluidité et de naturel dans le médium-haut médium, même si cela reste plaisant. Même type de phénomène dans le récitatif, dans lequel les deux violons, voire aussi l’alto, ont un peu tendance à se “mélanger”.

Disons que par rapport à mes points de repère habituels, je trouve un petit manque de précision dans la restitution. Mais je dois préciser que c’est sensible à la comparaison directe, et que cela a tendance à s’estomper après quelques instants. Ayant déjà plusieurs casques et ayant écouté cette intégrale à maintes reprises, il est bien possible aussi que j’ai bien du mal à me défaire de mes propres habitudes d’écoute.

 

 

 

Autre disque, autre style de musique, je passe au remix sorti en 2019 de Delicate Sound Of Thunder de Pink Floyd, album du PF d’après le départ de Roger Waters, initialement sorti en 1988 (mais dont le mixage n’était certes pas optimal).

J’ai écouté tout l’album, puis fait des comparaisons entre le Peacock et les HD800 et HE6se, et plus spécialement, dans le CD2 sur les plages One Of These Days, Time et Wish You Were Here.

L’assise dans le grave et la restitution, y compris des détails, sont suffisantes pour permettre de profiter du spectacle sans frustration repérable.

Sur ce type de musique, la proposition est très séduisante, et il se pourrait que ce casque soit beaucoup plus destiné à ce type d’écoutes qu’à celles de l’amateur de classique ou du mélomane : je l’ai vérifié en me repassant quelques autres disques, depuis Led Zep et son Kashmir, jusqu’à Eagles et son Hotel California, en passant par le récent concert sur le toit des Beatles. Le “sound appeal” du Peacock est avec ces disques très évident, et on peut se laisser aller à réexplorer sa discothèque.

Reste pourtant que je trouve, à la comparaison – et plus avec le HE6se qu’avec le HD800 –, que la voix de Gilmour est un peu atténuée, ou recouverte par une sorte d’aseptisation générale du message.

 

 

 

Cela reste honorable et satisfaisant dans l’ensemble, le casque est agréable à porter, aucune fatigue et aucun inconfort ne se font sentir sur la durée, mais la signature générale étant assez évidente, mieux vaudra pour l’amateur se rendre dans un magasin où faire l’essai par lui-même avec ses propres disques (sur un petit DAP, par exemple, ce qui simplifiera la chose) et ne pas négliger de tenter les autres casques disponibles actuellement sur le marché, y compris à des tarifs différents (du HD600 au HD800, en passant par les DT1990, les Hifiman, les Audeze, etc.), avant d’arrêter son choix.

Les essais suivants ne sont guère répétables ailleurs que chez moi, je le sais, mais ils m’ont permis de me faire une idée plus nette des éventuelles colorations :

ce sont des enregistrements faits l’été passé chez un ami, sur deux de mes propres guitares (une Castelluccia Nymphéa et une Yamaha LL-16), à l’aide de son petit studio personnel (un Tascam DA3000, un SPL Goldmike, une paire appairée d’AKG C414 etc.).

Pour ma part, j’entends assez bien une perte dans les cordes aigues – particulièrement les cordes Sol/Si/Mi en position 3 et au-delà –, le reste demeurant assez bien restitué, que ce soit sur les chansons de Brassens “à arpèges” (comme Les Passantes, que je joue en position de Do, capo +2 tons), ou sur celles de Le Forestier ou de Moustaki (en finger picking sur la LL16).

Bien heureusement, je n’ai pas fait l’acquisition d’une Parlor tout acajou, n’en ayant pas l’usage, car il est bien possible que, ton sur ton, le résultat eût été plus audible encore… J’en viens à me demander si l’effet a été voulu par le constructeur, comme une manière d’une part, d’inciter à monter le volume (afin de rattraper du niveau dans le haut médium) et d’assurer que, quel que soit le disque et le système, aucune agressivité ne se fera sentir.

 

 

 

 

En conclusion ?

 

J’ai, on l’aura compris, quelques réticences, que j’hésite à imposer à qui que ce soit, dans la mesure où je sais pertinemment que les goûts et les couleurs varient infiniment d’une personne à l’autre – et même, pour chacun avec le passage des années.

L’écoute proposée par le Peacock est une écoute confortable et dotée d’un sound appeal indéniable, les disques passent sans histoire, avec assez de détails, d’assise dans le grave et de peps pour permettre d’écouter et de réécouter sa discothèque longuement sans se poser de questions.

Cela suffira-t-il à sceller son sort pour qui rechercherait une écoute plus précise et plus incisive ?

Cela reste à voir.

 

 

Eric_dub
HCFR – Avril 2022

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au sendy audio peacock : HTTPS://WWW.HOMECINEMA-FR.COM/FORUM/CASQUES-SEDENTAIRES/SIVGA-AUDIO-SENDY-AUDIO-T30116707.HTML

 

 

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