Test HCFR : Denon AVR-X3600H, processeur HC 11.2 canaux avec 9 amplis intégrés

Test HCFR : Denon AVR-X3600H, processeur HC 11.2 canaux avec 9 amplis intégrés

CR d’Alain_haskil :

Préambule :

Quand Hugo S le Président de l’Association des membres HCFR m’a proposé de réaliser un test d’écoute de l’intégré home cinéma Denon AVR-X3600H, je n’ai pas caché mon enthousiasme à l’idée de pouvoir évaluer cet appareil dans mes conditions habituelles d’écoute, avec mes disques, ceux qui me servent habituellement de tests et aussi de nombreux autres.

Les mesures publiées aux Etats-Unis par AudioScienceReview de l’intégré lui-même et des contre mesures apportées aux corrections apportées par le logiciel Audyssey XT32 qu’il embarque m’avaient fait dresser l’oreille comme à de nombreux lecteurs de ce site.

Tenons-nous l’oiseau rare du moment ? Cette chimère dont le mélomane aimant aussi le cinéma à grand spectacle rêve pour simplifier son équipement et d’un ampli faire deux coups ? J’avais bien sur vu sa présentation au sortir du carton par Cyrille_Ektor et lu le grand test instructif qu’il a publié par HCFR ainsi que les impressions d’écoute de Jonathan_ritadumay.

 

Des performances dans une carrosserie discrète

A la maison depuis une semaine, cet appareil m’a surpris au déballage par sa relative petite taille et son poids acceptable de 12 kilos : il est beaucoup moins massif et moins lourd que le Yamaha RX-A3010 Aventage  qu’il a remplacé dans ma bibliothèque, le temps de cet essai. Il est aussi beaucoup moins profond (34 cm contre 42 cm), moins haut (17 cm contre 19 cm), ce qui rend sa face arrière plus accessible quand on farfouille dans les cables, penché sur la bête posé à sa place… sans accès par l’arrière.

A ce sujet, il faudrait vraiment que les fabricants fournissent, imprimée sur un carton en taille réelle, une photo de la face arrière afin de pouvoir connecter les prises sans regarder ses mains et au minimum imprimer sur le couvercle les prises HDMI et leur dénomination… se serait plus utile que lister les codecs à l’horizontale, sur le plat de la façade avant…

Les mesures montrent que cet appareil a été porté sur les fonds baptismaux par des ingénieurs compétents qui n’ont pas été bridés. Denon a ainsi bien placé les économies dans une télécommande sobre et sans rétro éclairage et écran lumineux qui tranche avec celle du Yamaha – qui offre une pléthore de possibilités dont je ne me suis jamais servi depuis 8 ans -, et dans une façade et des boutons en plastique d’aspect néanmoins très soigné, mais qui n’ont pas l’onctuosité de ceux d’appareils hauts de gamme… moins fiers que le petit AVR-X3600H  au sortir du banc de mesures.

Car ses performances mesurées sont impressionnantes par leur qualité et leur cohérence. Que l’on considère le prix public de cet appareil ou aussi et surtout in abstracto, au regard de ce que l’on peut obtenir aujourd’hui d’une électronique grand public mettant en œuvre de façon compétente les excellentes puces disponibles aujourd’hui.

 

Un intégré HC , oui, mais avec tout le progrès moderne

Le rapport signal/bruit est élevé, les distorsions harmoniques et d’intermodulation sont faibles, les watts sont là, les entrées numériques et analogiques sont nombreuses, il y a un système Audyssey XT32 pour adapter les enceintes au local mis au point par un spécialiste reconnu et un ingénieux pied de micro en carton réglable en hauteur, à monter soi-même, un lecteur réseau qui permet d’aller chercher de la musique dans un NAS ou le disque dur d’un ordinateur, un tuner FM et un autre internet, Bluetooth, AirPlay2, Heos. Quoi d’autre ?

Ah oui, en passant par Heos que l’on télécharge sur les store pour son Iphone ou Ipad comme pour son téléphone ou sa tablette Android, on peut aussi avoir accès à des plate-formes de streaming pré-installées : là, je grince des dents, car il y a un système d’inscription avec mot de passe qui m’a rebuté. Et puis, il ne semble pas possible d’intégrer celle de son choix. Sonos le permet, mais apparemment ce minimum ergonomique n’effleure pas tous les fabricants tenus par des accords commerciaux avec celles qu’ils installent et dont ils nous préviennent que les services peuvent s’interrompre sans prévenir.

Les possesseurs de Yamaha en savent quelque chose : un jour Tunelm est resté muet, le japonais ayant décidé de changer d’agrégateur de radios internet pour des histoires de gros sous. Les possesseurs d’anciens appareils ne pouvant être mis à jour avec le nouveau prestataire en ont été pour leurs frais : certes pas cher, 3 euros à payer à Tunelm pour recevoir un code permettant de relancer le service sur leur appareil, mais le fabricant les a abandonnés en rase campagne. Avec Tidal, Spotify, Deezer, Qobuz  : la moindre chose devrait être que le client puisse choisir le service de son choix pour l’intégrer dans le lecteur réseau de son amplificateur. Reste la possibilité de streamer n’importe quelle plate-forme depuis son Iphone avec AirPlay… ou Androïd avec une Chromecast audio ou vidéo sans passer par Heos.

 

Trois applications bien pratiques, voire indispensable pour l’une d’entre elles

Tout est pilotable depuis une télécommande classique, aux touches clairement identifiées et disposées de façon logique, donc faciles à mémoriser. Mais comme on ne sait jamais où l’on a mis la télécommande, on peut aussi utiliser une application gratuite disponible pour tablette et téléphone portable sous Android comme sous OSX.

Le seul achat à faire, mais il est indispensable, c’est l’application Audyssey – 21, 95 euros -, qui permet non seulement de lancer les mesures depuis une tablette ou un portable, mais surtout de choisir entre deux courbes plus ou moins plongeantes dans l’aigu, de supprimer la compensation des médiums – un creusement juste avant l’aigu -, et de modifier la courbe cible générale sur laquelle Audyssey XT32 se calera pour apporter les corrections qu’il aura calculées à partir de la mesure en 8 points fort bien explicitées, pas à pas.

Je n’ai eu aucune difficultés à m’habituer à l’OS de AVR-X3600H bien que venant d’un OS Yamaha totalement différent et peut-être plus simple et logique. Un gros bon point, car ces intégrés HC sont des usines à gaz qui font que le mode d’emploi fait 321 pages – à télécharger – dont une trentaine pour lister problèmes, troubles et solutions. Mode d’emploi plutôt clair bien que traduit dans un français pas toujours limpide.

 

Le discours de la méthode

Passons aux écoutes. Je les ai faites en trois grandes sessions qui ont occupées ma semaine et mon week end, plus une quatrième à la toute fin. La source est un Mac mini, sur lequel sont installés Itunes, Audirvana et Qobuz, un lecteur de blu ray Panasonic. Ils sont reliés en HDMI au Denon qui avait à alimenter deux enceintes Divatech MC 210 qui sont des gros monitors de studio passif. Je me suis également servi d’Airplay et me suis aperçu qu’il avait la faculté de réveiller le Denon. Il suffit de lancer un morceau pour que le Denon quitte la veille pour délivrer de la musique.

A – La première série d’écoutes s’est faite sans aucune correction. En stéréo, en « direct » et en « pure direct ».

B – La deuxième, avec la correction Audyssey faite depuis l’OS de l’ampli, sans intervenir sur le résultat des corrections.

C – La troisième avec la correction faite depuis l’application installée sur mon Iphone en appliquant diverses corrections :

C.1 – avec sans correction de dynamique et de loudness,
C.2 – avec et sans la compensation des médiums,
C.3 – avec la courbe cible 1 et la courbe cible 2 de désaccentuation de l’aigu,
C.4 – avec une modification de la courbe cible générale qui a consisté à remonter le grave pour faire basculer la courbe générale vers une courbe descendant légèrement dans l’aigu.

D – La quatrième avec des blocs de puissance Gemincore faisant 250 watts par canal. Elle n’a pas modifié de façon significative les résultats d’écoute. Apportant peut-être une impression de poids supplémentaire dans le grave à l’écoute des « Tableaux d’une exposition » de Moussorgski joués à l’orgue par Jean Guillou que j’ai utilisés pour vérifier ce point à un niveau sonore assez dément. Et encore, je n’en suis pas certain. Idem des plages que j’ai ainsi écoutées dont la fin du Crépuscule des Dieux, le Sacre du printemps…

En revanche, en écoute 5.1 ou 7.1 avec des enceintes ayant un rendement relativement bas et dans une grande salle, les choses seraient à envisager bien différemment : les blocs extérieurs s’imposeront sans doute.

 

La suppression de la compensation médium et la modification de la courbe sont à la fois audibles et positives. L’utilisation de la correction de dynamique et du loudness sont très efficaces pour des écoutes nocturnes à bas niveau et n’ont aucune action néfaste sur la qualité sonore, que se soient les timbres, les plans sonores, l’équilibre général. Peut-être même en ont-ils une positive : le son serait plus charnu avec…

Vraiment Audyssey a fait un travail dont le résultat subjectif est excellent. S’il fallait faire un reproche, mais il est sérieux : on ne peut pas reprendre à la main chacune des corrections apportées par ce système de correction, ce qu’un utilisateur pourrait faire en utilisant un micro calibré et un logiciel comme REW. Le Yamaha RX-A3010 Aventage qui a 7 corrections paramétriques par canal, le permet. En tout cas, si le AVR-X3600H autorise ces corrections manuelles, je n’ai pas trouvé comment m’y prendre ni sur l’intégré ni sur l’application pour mobile.

 

Une écoute 100% biologique sans additif

 J’ai donc écouté les disques que j’emploie habituellement pour évaluer des enceintes, un dac ou un ampli : de la musique classique, de l’opéra, du piano, de la musique contemporaine, mais aussi du jazz, de la chanson, du rock. Je ne détaillerais pas les écoutes faites sans la correction Audyssey, mais je dirais tout de suite que la qualité est excellente.

Le son est limpide, charpenté, très ouvert, les registres sont bien articulés. Le grave a même une autorité et une nervosité que le Yamaha n’atteint pas. L’écoute est remuante, dynamique. Les timbres sont beaux, fidèles : ce qui est soyeux l’est, ce qui est rêche l’est aussi. Pas de souffle produit par les électroniques, mais quand l’enregistrement en a : il se manifeste sur un autre plan sonore que la musique et ne se mélange pas avec elle, rendant très facile l’écoute, car le bruit continu du souffle de bande est facile à faire passer au second plan par l’oreille qui sait se fixer sur la bonne partie du message.

J’ai pu écouter à des niveaux indécents : l’ampli chauffe mais ne s’est pas mis en protection et il a tenu de façon autoritaire les Divatech MC 210 dont l’impédance tombe à 3 ohms vers 300 Hz, mais dont l’efficacité est de 94 dB. Elles sont intégrées dans une grande et profonde bibliothèque posées sur une étagère rigide reliée au sol – qui est une dalle de béton sur pierres des champs faisant en tout 1 m d’épaisseur et décollée des murs de la maison -, en tension par une paroi verticale de la bibliothèque. Elles sont posés sur quatre patins 3M en caoutchouc très dense collés à un contreplaqué sous lequel des dômes en téflon permettent de déplacer facilement l’enceinte pesant 58 kg, sur son support en chêne.

Divatech MC210

 

La Belle déshabillée

 

La Divatech MC 210 mesure 67 cm de largeur, 64 cm de hauteur et 44 cm de profondeur pour un poids de 58 kg. Elle est posée sur un « sandwich » formé de quatre gros patins rectangulaires « mou » de chez 3M, destinés à recevoir une charge correspondant au poids de l’enceinte, collés à une plaque de contreplaqué de 15 mm : sa a taille est celle de l’enceinte, moins les flancs en bois clair rapportés. Sous cette plaque, 12 petits dômes autocollant durs en téflon permettent de la faire glisser sans difficulté et sans dégâts.

L’enceinte est ainsi découplée du contreplaqué  – masse + ressort – qui est, lui, couplé (masse + dur) au plateau supportant le tout. La plateau est en appui à chacune de ses extrémités et en son centre, posé sur des montants verticaux de 36 mm d’épaisseur ayant la profondeur de cette étagère qui est un plan de travail de 36 mm d’épaisseur sur lequel est collé un plateau en chêne massif de 18 mm d’épaisseur.

Le bas des enceintes est à 93 cm du sol, le haut à 132 cm du plafond à solives. De leur bord extérieur à l’autre, il y a 3,10m. En raison de la présence d’une cheminée entre les deux, j’ai placé le(s) tweeter(s) à l’extérieur et en bas pour qu’ils soient à hauteur des oreilles. Ma distance d’écoute est de 3,50 m.

De l’enceinte de gauche au mur latéral, il y a 1,3 m et de celle de droit à l’autre mur latéral, il y a 1,80 m. Ce qui fait 6,2 et 6,60 dans l’autre sens, moins la profondeur de la bibliothèque dont l’emprise au sol est de 55 cm. Mais les deux murs latéraux donnent sur des pièces de 20 et 25 m2 qui font 3 m sous plafond, par une porte fenêtre toujours ouverte d’un côté, deux fenêtres et une porte toujours ouvertes de l’autre et enfin aux étages supérieurs par une grande cage d’escalier ouverte sur 12 m de hauteur avec une grande trémie ouverte. Ce qui fait du volume.

Idéalement, il faudrait que les enceintes soient réellement intégrées à la façade formée par les livres pour qu’elles soient in wall et que l’onde arrière soit supprimées. Mais bon, le résultat est tout de même très audible sans correction.

Divatech MC210 à gauche et Denon AVR-X3600H à droite… « La Belle et la Bête »

 

Au naturel, donc, en stéréo, sans aucune correction, l’AVR-X3600H peut parfaitement être utilisé comme un intégré dévolu à l’écoute principale de musique. Je n’ai eu aucune frustration en l’écoutant et même j’ai vraiment apprécié in abstracto cette électronique sans jamais me dire que ce pourrait être mieux.

Jusqu’à ce que Audyssey entre en scène.

Et voici les mesures :

Voici le résultat obtenu (enceinte Gauche) avec Audyssey XT32 et son micro de mesures posés sur le support en carton à monter soi-même fourni avec l’appareil. J’ai souhaité me placer dans la situation qui sera vécue par beaucoup de possesseurs ne disposant pas d’un pied de micro. De même que je n’ai pas bousculé mon salon qui est très amorti en raison d’une grande surface de tapis épais et de sièges rembourrés. Sans doute trop amorti, du reste.

 

Voici le résultat obtenu (enceinte Droite) avec Audyssey XT32 dans les mêmes conditions que ci-dessus.

 

Audyssey permet de choisir entre deux courbes de désaccentuation des aigus (courbes en vert). A noter que si l’on décoche le réglage compensation des médiums, le creux à 2 000 Hz disparaît.

 

J’ai utilisé l’éditeur de courbes disponibles pour tablette et téléphone portable Android comme Apple. J’ai remonté la courbe dans le grave à partir de 40 hz pour créer une courbe plongeant doucement vers le haut du spectre.

 

La courbe rouge correspond à la courbe cible qui résulte de mon choix de la courbe verte 1 de désaccentuation des aigus, de la suppression de la compensation médium et du relevé de 4,5 dB à 40 Hz.

 

Le résultat cumulé (enceinte gauche)… il est à noter que les courbes Audyssey après correction sont des courbes théoriques qui se rapprochent le plus possible de la courbe cible dessinée, mais la contre mesure montrerait que la ligne est moins lisse qu’elle n’est ici. A noter que j’ai désactivé la compensation des médiums dite-BBC.

 

Et là, sans dépenser un centime, la qualité sonore, sans rien perdre de ses qualités de base, se trouve haussée à un niveau d’excellence qu’il serait vain de vouloir obtenir en remplaçant cet intégré HC Denon par un amplificateur stéréo et un DAC de tout premier plan ne disposant d’aucun moyen de correction.

Au passage,  l’AVR-X3600H m’est apparu moins rond et chaleureux que le Yamaha, mais plus transparent : il laisse remonter une foultitude de détails que je n’avais pas perçus jusque-là. Très proche de l’écoute en direct depuis un DAC Topping DX3 Pro alimentant un bloc stéréo Gemincore ou du Tact 2.2X utilisé comme préampli-Dac sans sa fonction de correction alimentant le même Gemincore. Donc vraiment une qualité excellente.

 

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au Denon AVR-X3600H : https://www.homecinema-fr.com/forum/son-audio-amplificateurs-integres-homecinema/2019-2020-denon-avr-x3600h-proc-11-2-ampli-9-canaux-t30102335.html

 

 

 

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