Test HCFR : Meze Audio RAI SOLO, IEM fermé

Test HCFR : Meze Audio RAI SOLO, IEM fermé

Le confort lors de l’utilisation

 

Le confort d’un intra-auriculaire est un élément primordial, déterminé par la forme des écouteurs, leur poids, la répartition de la masse, la taille de la canule qui va segmenter les embouts compatibles et évidemment le choix de l’embout.

Rai Solo emprunte sa forme ergonomique Anatomic Fit à Rai Penta, une solution qui a fait ses preuves et récidive de nouveau malgré un changement dans le matériau utilisé. Le confort de port est toujours aussi exemplaire, en tous cas il me convient parfaitement.

La coque épouse la forme de la conque (partie interne de l’oreille juste avant le canal auditif), le connecteur MMCX judicieusement placé permet de passer le câble facilement derrière l’oreille. La parti du câble attenante au connecteur est prise dans une gaine qui permet de mettre le câble en forme. Il est alors possible d’épouser la forme de l’oreille pour plus de confort et afin de sécuriser les écouteurs le câble étant légèrement en tension et maintenu fermement.

Sans être équipé d’un réducteur de bruit Rai Solo démontre tout de même une bonne isolation. Ainsi on ne dérangera pas le voisin durant les écoutes et l’environnement ne pénalisera pas trop la qualité des écoutes. Cette isolation est certes incomplète, mais déjà suffisante dans un environnement normal.

Le choix des embouts sera un facteur déterminant. Rai Solo est livré avec un panel assez complet et vu que la canule de taille standard, il sera possible d’en ajouter si le besoin se fait sentir. Nous avons vu que le choix des embouts va jouer sur l’écoute. D’après les mesures, l’embout idéal serait parmi les doubles rebords. Le confort étant un critère essentiel, j’ai opté personnellement pour les embouts classiques avec lesquels je me sens le mieux. Les écoutes se feront donc dans cette configuration. En effet, dans le cadre d’une utilisation courante avec des écoutes potentiellement longues, le confort doit rester un critère de choix dominant. Surtout qu’avec Rai Solo les variantes d’écoutes d’un type d’embout à l’autre ne sont pas bouleversantes en terme de réponse en fréquence. A voir ce que donneraient d’autres embouts en provenance de spécialistes comme des Comply en mousse à mémoire de forme. Parmi la sélection proposée avec Rai Solo il y aura peut-être des variantes en terme de spatialisation. Chose que nous allons tenter d’évaluer également durant les écoutes.

 

Les ÉCOUTES

Le prix de Rai Solo cache bien son potentiel et bien qu’il y est de la concurrence (chez FiiO par exemple), Rai Solo se défini davantage comme des écouteurs haut de gamme au vu de leur performance. Certes, la définition technique du transducteur dynamique unique segmente un peu l’écosystème dans lequel évoluent ces nouveaux IEM Meze Audio.

Néanmoins la technologie UPM donne au Rai Solo un petit avantage aux concurrents basés sur l’usage d’un transducteur dynamique à large bande classique. La concurrence est vaste dans les prix compris entre 200 et 300 euros. Cette technologie ne délivre pas le même type de performance que les armatures équilibrées, les produits hybrides (Rai Penta par exemple) ou encore les IEM planars comme chez Audeze ou d’autres. Des alternatives abordables existent même sur cette base technologique, mais il faut chercher dans une jungle plus exotique.

D’une certaine manière, le transducteur UPM combine certains des avantages d’une membrane planar et ceux d’une armature équilibrée. Du moins à l’écoute et dans les grandes lignes. Cette technologie réduit considérablement la distorsion de surface, ce qui assure des écoutes intelligibles et précises. La dynamique est correctement ajustée. L’absence de la distorsion de surface est jusqu’à présent l’atout des membranes planars (orthodynamiques) et électrostatique (qui existent aussi en IEM). La facilité d’amplification et l’efficience sont tout aussi remarquables qu’un dispositif mono armature équilibré bien conçu et évidemment d’un électrodynamique.

Aux tests, Rai Solo figure parmi les IEM les plus efficients, plus que Rai Penta, ce qui convient d’ailleurs très bien à la signature tarifaire et à la stratégie de gamme adoptée par Meze Audio.

Aux écoutes Rai Solo s’avère une très bonne surprise. Honnêtement je n’en attendais pas moins de la part de Meze Audio, et il faut bien avouer que les mesures ont donné le ton de belles écoutes.

L’inquiétude pourrait se porter sur une dominante des basses fréquences mettant en avant les graves et faire de Rai Solo un dispositif basseux. Gardons en tête que la reproduction des graves sur un dispositif IEM est rarement très démonstrative, et sera surtout évaluée par rapport à une réponse descendant bas et une assise assurée par la dynamique du transducteur. Rai Solo présente dans ce registre une performance assez logique par rapport à sa destination d’utilisation. Les graves ont une présence non intrusive, la dominante à la mesure reste à l’écoute modérée et pourra le cas échéant compenser le manque d’une source nomade de moyenne facture. Dans l’usage, le bas du spectre est très bien reproduit. Premier constat, Rai Solo descend vraiment bas, les caractéristiques (confirmées par la mesure) sont donc factuelles. Attention donc au choix des embouts, un manque de grave implique un embout inadapté ce qui devrait aussi impacter le confort. Le risque de se tromper est donc moindre. Plus loin dans l’analyse des graves, Rai Solo arrive à assurer une précision et un réalisme des plus satisfaisant. Bien que Rai Solo ne « frappe pas fort », ce qui évite de flatter un genre musical porté sur le registre des graves, nous jouissons d’un bas du spectre équilibré et réaliste permettant la juste expression des instruments de type percussion, batteries et autre. Toutefois Rai Solo se montrera moins à son aise sur des genres musicaux très portés sur le grave comme la Techno ou certains morceaux de RnB les plus modernes en enregistrement studio. On ne peut pas tout avoir et tout ne sonne pas comme un BeatsAudio (heureusement).

Ce n’est d’ailleurs pas l’objectif de Rai Solo dont la finalité d’écoute se ressent aussi sur les médiums et les aigus. La bonne tenue du spectre s’affirme surtout sur ces registres et à mon avis la membrane UPM y est pour beaucoup. Sans aller jusqu’à affirmer qu’il ne serait plus nécessaire de segmenter les registres par des transducteurs dédiés comme le fait Rai Penta et d’autres, ces solutions apportent plus de nuances et une texture sonore plus suave (dynamique moins brillante sur certains registres) mais aussi plus complexes et de facto, plus coûteuses.

Bien que plus en avant sur la brillance, Rai Solo s’affranchit de toute sibilance ou sifflante, la présence des aigus est certes affirmée, mais jamais agressive. L’avantage est aussi de pouvoir écouter bas tout en gardant ce qu’il faut d’intelligibilité. Ceci se vérifie aussi dans les médiums. Ces deux registres profitant de la technologie de la membrane UPM face à une électrodynamique classique, Rai Solo se démontre à son aise et reproduit avec franchise le moindre détail de l’enregistrement. Toujours clair et affirmé, il s’agit certainement de la signature particulière de Rai Solo, la coque en acier inoxydable ayant aussi son rôle à jouer. En effet, cette particularité de clarté dans le son se retrouve communément dans les réalisations de Final Audio Design utilisant également cet alliage. Un choix qui ajoute un aspect qualitatif, de la complexité de conception mais qui fait ses preuves. La rigidité de l’acier inoxydable aidant, l’efficience est alors soutenue par moins d’amortissement. La difficulté vient alors du lien que l’on fait sur les résonances qui en résultent. L’ergonomie interne des coques et la présence d’un petit évent à proximité de la canule des écouteurs et du transducteur, subvient à la gestion des résonances. A l’écoute en tous cas, vu la précision et l’exactitude des timbres notamment sur les voix, les résonances même avec une résiduelle serait à un niveau largement négligeable.

Sur l’aspect scène sonore et spatialisation, Rai Solo s’en sort très bien. Côté cohérence et ouverture, il n’y a rien à dire. La prestation est de très bonne facture et ouvre les espaces tel que les enregistrements le permettent, ce qui assure une bonne immersion. Lorsque la stéréophonie joue sur des mouvements ou une localisation espacée des interprètes, Rai Solo permet de positionner avec précision ce qui a été souhaité lors du mixage. Je dirai même que Rai Solo est joueur et qu’il brille dans l’exercice complexe de justifier les enregistrements dont la stéréophonie s’avère excessive ou expérimentale. La localisation est peut être un peu trop marquée, mais cela va aussi dépendre de la source, de sa diaphonie et de la séparation des canaux. Rai Solo ne lissera pas cette séparation. Si la scène sonore manque d’ampleur, il n’y aura pas de rattrapage. Il s’agit aussi de la contrepartie d’une bonne précision. Rai Solo sera sensible aux enregistrements et paradoxalement ne sera pas idéal avec une source à la qualité médiocre ou un enregistrement de moyenne facture. Un aspect quelque peu paradoxal pour un dispositif nomade qui s’approche des solutions qualitatives d’entrée de gamme (toute proportion gradée évidemment).

Le choix des embouts va aussi jouer sur certains aspects comme la spatialisation. Par exemple, les embouts a insertion profonde vont accentuer la spatialisation et améliorent subjectivement les transitions sur les registres, avec un léger renfort dans la perception des graves. Cette variante sur le registre s’explique par une rehausse et un lissage des hauts médiums, plus une atténuation des aigus.

Les embouts à doubles rebords réduisent la brillance et assure un équilibre tonal encore meilleur, surtout dans le haut du spectre. La perception des graves est également renforcée, le canal auditif étant alors plus hermétiquement isolé. Ce choix repositionne alors les Rai Solo en les rendant plus apte aux genres musicaux sur lesquels reposent une reproduction des graves accentuée.

Cette règle n’est pas propre à Rai Solo car tous les écouteurs dévoilent une finalité musicale différente suivant les embouts utilisés. Certains s’y prêtent mieux que d’autres, Rai Solo semble un bon exemple d’IEM sur lequel il est impératif de faire des essais et de choisir les embouts qui aboutissent à la musicalité recherchée. Il est aussi possible d’adopter ses variantes suivant le genre musical que l’on souhaite écouter. D’une certaine manière, les embouts accentuent artificiellement la polyvalence de Rai Solo.

 

 

– Lien vers le sujet HCFR dédié au Rai Solo : HTTPS://WWW.HOMECINEMA-FR.COM/FORUM/CASQUES-HAUTE-FIDELITE/MEZE-AUDIO-ECOUTEURS-RAI-SOLO-T30099160.HTML

 

 

 

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