Test HCFR RME ADI-2 DAC FS, DAC_ampli casque

Test HCFR RME ADI-2 DAC FS, DAC_ampli casque

Compte-rendu de Julien_cleriensis

 

Bien le bonjour amis casqués, je vous parle aujourd’hui d’un appareil formidable a plus d’un titre, le « petit » boitier de chez RME, l’ADI-2 DAC FS. Compact, abordable je dirais vu la qualité de ses prestations, passe -partout et à mon sens la réponse pour celui qui cherche de la transparence de l’efficacité et souhaite arrêter de se poser trop de question quand à sa source et à son amplification.. et surtout à ses câbles. Un tout-en-un redoutable d’efficacité.

 

Présentation générale

RME n’est pas un débutant dans le domaine des interfaces audionumériques, oeuvrant dans le domaine professionnel et semi-professionnel depuis des décennies, la conversion numérique-analogique n’a plus de secret pour cette marque allemande. L’ADI-2 DAC est une première tentative pour le constructeur d’approcher le segment audiophile, déjà amorcée avec sa grande soeur l’ADI-2 Pro. ils ont pour cela travaillé sur l’aspect design du produit, car leurs produits antérieurs sont pour ainsi dire… laids… terriblement laids. Il n’en est rien ici avec l’ADI-2 DAC, sobre mais élégant, avec un joli bouton power cerclé de rouge ou de blanc lumineux selon l’état de l’appareil (veille ou en fonctionnement). L’écran LCD dalle IPS est un peu trop petit pour être parfaitement utilisable dans un domaine professionnel, mais justement ce n’est pas le but de l’ADI-2 DAC, juste fournir des informations sur la source lue, le volume de la sortie analogique, l’EQ employée ou un analyseur de spectre, là j’avoue que l’utilité est minime voire totalement inutile pour celui-ci.. mais ça fait joli des petites barres qui montent et qui descendent en rythme. On peut souligner l’effort de fournir une télécommande, même si le paramétrage de celle-ci reste tout sauf ergonomique si l’on souhaite faire davantage que monter le volume, muter, ou sélectionner sa source. La documentation sur celle-ci est d’ailleurs plus que succinte.

L’installation est simplissime. Reliée à un Mac, il n’y a rien à faire. Sous Windows WDM et ASIO un pilote est à installer. Il va de soi que dans les deux cas de figure l’interface est multi-client, c’est à dire que plusieurs logiciels peuvent être lancés en même temps et fonctionner sur le même pilote, sauf si l’un de ceux-ci réclame l’exclusivité, comme c’est le cas avec Audirvana par exemple. L’appareil est également utilisable en « standalone » sans ordinateur, relié à un lecteur CD. Pas d’entrée analogique disponible par contre, pour l’avoir il faut viser la grande soeur l’ADI-2 pro.

 

Présentation technique

Le DAC – Digital to Analog Converter

La section DAC est de haut niveau, une horloge très sophistiquée qui travaille en femtoseconde, avec réjection de jitter très pointue et le célèbre et très efficace steadyclock, qui permet de reclocker avec une précision supérieure à la nanoseconde n’importe quelle source numérique auxiliaire en PLL, s’affranchissant ainsi du besoin d’une horloge externe pour la synchronisation de plusieurs maillons numériques. Le DSD Direct est également disponible en natif (aucun control sur le niveau ou le DSP) et limité à la sortie ligne en niveau fixe et en DoP (DSD over PCM) si l’on souhaite l’affichage et le contrôle du volume et pouvoir écouter des DSD via son casque ou ses IEM. Ainsi le son peut également être routé sur la sortie numérique SPDIF (optique ou coaxiale) afin d’être enregistré par un logiciel annexe ou alimenter un autre DAC/amplicasque pourvu d’une entrée numérique du même type. Cette conversion DoP est tout à fait logique, car à l’heure actuelle on ne peut pas effectuer de traitement sonore numérique sur une source 1bit DSD sans passer par une conversion PCM. Néanmoins dans ce mode l’EQ reste inactive.

Les données constructeur sont assez impressionnantes, cela reste des données constructeur à prendre avec précaution et de toute façon dans des échelles tout à fait inaudibles. Ainsi le taux de distortion est proche du ridicule sur les sorties analogiques symétriques, autour de -110db soit 0.00032% à -1dbFS. Pour faire un rapide topo sur ces données.. dbFS kezako ?? il y a plusieurs unités de mesure qu’il est important de bien comprendre. Tout d’abord le plus commun le db SPL, c’est la quantité décibélique perçue à 1m. Le dbU est un rapport décibélique par volt, l’échelle dbU correspond à 0.7V environ. 0dbU = 100db SPL, donc tout ce qui est en dessous de 100 db SPL sera en valeur négative en dbU. Le dbU est une échelle utilisée en analogique. Le dbFS (db FullScale) lui est réservé au numérique. 0dbFS est la limite d’écrétage, tout ce qui est au dessus donnera un clip numérique de saturation. 0DbFS en symétrique correspond à +18 dbU soit un niveau décibélique SPL de 118 db, ce qui est énorme. On a donc un THD+N en sortie à -1dbFS autour de 0.00032%. Mon interface Merging professionnelle est donnée à 0.0004% à 0dbFS… autant dire que tout ça c’est très très bas et de toute façon bien plus bas que le meilleur des transducteurs, qui peine à être à 0.2% à 100db SPL. Le taux de diaphonie est aussi très bon évalué à -120db sur les sorties XLR là où ma Merging exceptionnelle dans ce registre est à -135db, -135db étant la quantité de signal d’un canal bavant sur l’autre pour une sinusoïde à 1khz à 0db sur un canal. La sortie casque n’est pas en reste, avec des taux légèrement plus élevés que la sortie ligne mais tout à fait remarquables. La puissance maximale fournit 22dbU (soit 10V) avec une charge de 100ohms, soit l’équivalent de 118db SPL de quoi voir venir avec la grande majorité des casques, sachant qu’une écoute forte au casque stationne autour de 90-95db SPL. L’impédance de sortie très basse permettra un couplage optimal avec tous les casques, même ceux à l’impédance chahutée. J’avoue ne pas avoir pris le temps de me pencher sur la sortie IEM, André@ajr en dira sûrement plus à ce sujet.

 

Les filtres numériques

La section DAC propose plusieurs filtres de sortie, les uns garantissant une linéarité fréquencielle parfaite (+-0.1 db de 0hz – 22khz) ainsi qu’une absence de repliement de spectre au détriment d’une réponse impulsionnelle moins parfaite (pre et post ringing), d’autres l’inverse. Le repliement de spectre c’est l’apparition de fréquences artificielles dues à l’échantillonnage des fréquences dont le double dépasse la fréquence d’échantillonnage. Par exemple jusqu’à 22.05 khz pour une fréquence d’échantillonnage à 44.1khz. Toutes les fréquences au-dessus de 22.05khz si elles ne sont pas filtrées donneront des fréquences parasites appelées repliement de spectre. Le compromis d’une conversion numérique analogique est de filtrer les fréquences au-delà de cette limite, considérées comme inaudibles par l’oreille humaine. Il y a le filtre sharp, dont la pente est très raide et qui conserve donc une linéarité fréquencielle parfaite mais altère la réponse impulsionnelle, le filtre slow dont la pente est plus douce qui conserve une bonne réponse impulsionnelle, mais génère du repliement car des fréquences au-delà de la limite des 22.05khz sont conservées. C’est là que l’intérêt de l’upsampling entre en jeu, car en augmentant la fréquence d’échantillonnage on peut supprimer le repliement dans le spectre audible tout en conservant la réponse impulsionnelle. Ces deux filtres fonctionnent en phase linéaire. L’ADI possède des filtres qui fonctionnent en IIR qui altèrent donc la phase mais suppriment de la latence, au détriment d’une altération de la réponse impulsionnelle plus marquée en post-ringing. Il y a le Short Delay (basse latence) Slow et le Short Delay Sharp. Puis également un choix NOS, non oversampling, qui n’applique pas de sur-échantillonnage conservant une réponse impulsionnelle quasi parfaite au détriment d’un aliasing (effet d’escalier) marqué.

À l’écoute mon choix s’est porté sur un filtre à phase linéaire Slow en upsampling à 88.2khz. En effet on bénéficie du meilleur des deux, bonne réponse impulsionnelle et rejet du repliement à des fréquences inaudibles grâce à l’upsampling ainsi qu’un filtrage anti-aliasing efficace sans augmenter la latence (la latence pour un usage domestique est sans grande importance, sauf si votre convertisseur sert lors de lecture video).

 

Le DSP – Digital Sound Processing

Une autre particularité de cet appareil et qui est déterminante à mes yeux, c’est la posibilité d’une EQ d’excellente qualité sur 5 bandes en mode double mono, c’est à dire que chaque canal peut être EQ indépendament. Il y a quelques limitations, comme par exemple l’impossibilité de travail avec des facteurs Q plus élevés que 5, ce qui limite les usages un peu extrèmes de l’EQ, mais qui dans 95% des cas grand public sont inutiles. Il faut se raisonner, on n’est pas là dans une EQ de mastering mais une EQ pour optimiser le rendu d’un transducteur.. à force de chercher la petite bête on trouve des défauts qui n’en sont pas. Bonne nouvelle, le firmware a été amélioré pour proposer une EQ 5 bandes même à haute fréquence d’échantillonnage (au dessus de 192khz, là où l’ancien firmware était limité à 3 bandes, ce qui pour le coup était limite.. par contre plus de possibilité de séparer l’EQ par canal, ni de faire fonctionner deux presets différents sur les deux sorties (casques et ligne) en simultané.

L’interface et l’ergonomie de l’EQ n’est pas totalement optimale, notamment pour la sauvegarde d’un nouveau preset sans écraser l’ancien qui n’est pas d’une logique très intuitive.. bref c’est améliorable, mais niveau perf, c’est du tout bon. La comparaison avec un EQ software professionnelle comme fabfilter est très très similaire, avec, il me semble, un peu plus de douceur dans le rendu des aigus sur le software et une meilleur conservation de l’image sonore.. mais c’est du subtil que je serais bien incapable de définir à l’aveugle. Pour info fabfilter coûte une centaine d’euros.

Une EQ simple à 3 bandes est également disponible, ainsi qu’une fonction loudness et une fonction très à la mode au casque le crossFeed qui simule un rendu enceinte au casque. Comme je l’ai souvent évoqué, pour moi ce procédé génère trop de problème de phase surtout dans le bas-médium. Néanmoins avec surprise j’ai trouvé que le niveau 1 de crossfeed, soit le plus bas donnait des résultats plutôt bons, voire même utilisable pour un grand sensible comme moi !

Une inversion de polarité est également disponible ainsi qu’un matriçage M/S, héritage de ses cousines professionnelles, l’usage dans un cadre domestique sera très réduit.. voire inexistant. On peut également calibrer un volume de référence.

 

Les possibilités de routage

Une petite faille dans l’interface c’est sur le papier l’impossibilité d’avoir en même temps le flux audio ligne et casque, l’un est coupé systématiquement au bénéfice de l’autre. L’argument de RME c’est que dans une configuration hifi on n’écoute jamais au casque et aux enceintes en même temps.. ce qui n’est pas faux ! Dans la pratique, j’ai réussi à conserver les deux flux en simultané, mais alors impossible de régler le niveau du casque qui reste bloqué à -18.5 db ce qui pour certains casques gourmands passe, mais pour d’autre pas… donc inutilisable, à moins que j’ai raté une marche..

Il y a donc trois réglages, mute line off (flux en simultané sur les deux sorties, mais avec impossibilité de régler le niveau du casque), toggle line/phones, qui permet de switcher de la sortie casque à la sortie ligne en appuyant sur le gros bouton central et Line vs Phone où le switch est automatique en débranchant le casque, on passe sur la sortie ligne, pratique mais dangereux.. car attention aux niveaux. Néanmoins RME a de manière intelligente mis une montée progressive du niveau lors du changement de source, qui permet de corriger les niveaux si on se rend compte tardivement que l’un est très élevé.

 

L’écoute

Bref après ce bavardage technique, force est de constater que cet appareil marche bien… formidablement bien même. La partie DAC est impossible à mettre en défaut, une image très construite, un grave maitrisé, une très grande transparence, l’apport de mon interface Merging se réduit à peau de chagrin.. en DAC stéréo je vois pas grand monde qui peut lui faire de l’ombre, on est au niveau des meilleurs, sur le papier et donc à l’écoute, car un DA reste selon moi une machine binaire, ni plus ni moins, qui se doit de conserver un signal le plus authentique possible. Pour faire le subtil, je dirais que le Merging conserve une capacité à imager en trois dimensions sans doute encore plus nette… mais c’est peut être parce que j’ai un peu les boules de voir la différence de prix entre les deux.. quoique le Merging c’est 8 canaux DA et 8 canaux AD.. donc ceci explique cela sans doute. A noter aussi que le Merging supporte mieux les très hauts niveaux sans accuser aucun tassement, là où peut-être la RME marque un peu le pas, mais sans doute parce que la sortie ligne symétrique de la RME est limitée à +19dbU là où la Merging monte jusqu’à +24 dbU.

La sortie casque asymétrique est de très haute volée, puissante, droite, précise, celle de mon interface Merging n’est clairement pas dans la même ligue. En comparaison directe avec mon BCL Lehmann, le Lehmann est plus coloré, par forcément désagréable d’ailleurs, l’aigu plus rond et doux, l’image plus large mais avec moins de profondeur, les graves un peu plus épais, sans doute dû à l’impédance de sortie qui est à 5 ohms, la puissance est légèrement supérieure pour le Lehmann en mode +10db. La RME se montre plus rigoureuse, droite, avec des graves plus secs et lisibles, un aigu plus détouré et précis. En performance brute c’est net, on est au-dessus. Sachant que cet absence de personnalité de la RME est personnalisable justement par son DSP et son EQ. Je rappelle que le Lehmann coûte 700 euros.. et que ce n’est qu’un ampli casque sans l’artillerie numérique de la RME. Il me semble que dans des niveaux de puissance de ce gabarit la symétrisation est inutile, sauf pour quelques rares casques. Il faudra dans ce cas se tourner vers l’ADI 2 Pro.

Face à mon ampli C3G/2A3 Halgorythme double mono, la bataille est plus délicate. Non pas que la RME soit ridicule, bien au contraire, mais l’Halgo est très peu coloré, juste cette fluidité que l’on trouve pour l’instant qu’au tube et qu’aucune EQ n’a pu pour l’instant me procurer. Je sais que c’est sans doute une vue de mon esprit, mais il faut bien faire avec. Avec l’Halgorythme on est dans un rendu exceptionnel sans compromis. Les graves sont encore plus impactants, l’image aussi construite en profondeur mais plus ouverte, niveau transparence, difficile à dire, mais les chiffres m’indiquent que la RME est plus rigoureuse, je suis les chiffres, mais à l’écoute c’est kif kif, disons que la micro information est aisément perceptible dans un cas comme dans l’autre, la THD très basse de la RME me confirme qu’elle est très transparente, chiffre qu’aucun montage tube ne peut approcher. Mais encore une fois, ces chiffres sont dans les deux cas bien en deça de ce que peut fournir le meilleur des transducteurs.. donc on va dire égalité balle au centre ! ;). On a clairement un héritage pro assumé de la part de RME qui n’est pas tombé dans le piège de faire un produit typé orienté hifi, non, seule l’ergonomie et le look ont basculé dans le monde du grand public, d’un point de vue performance on est toujours dans le monde pro. Une sorte de produit hybride. Du droit, du rigoureux qui n’est pas là pour compter fleurette. Les romantiques, sans moquerie aucune, chaque démarche est légitime, n’y trouveront sans doute pas leur compte.. quoique, sait-on jamais ?

 

Conclusion

Comprenons bien que je compare là des appareils de gamme tarifaire tout à fait différente et que le ratio prix performance est absolument exceptionnel en faveur de la RME. Je vous le dis, si vous voulez vous simplifier la vie, prenez cette interface RME et concentrez-vous sur le transducteur, choisissez le casque qui vous fait vibrer.. elle le tiendra dans 95% des cas et vous pourrez même corriger la petite coquetterie redondante qui vous chagrine, car avec l’ADI 2 DAC FS on peut le faire en un tour de main… elle est pas belle la vie ? Après, l’accès à un ampli hors catégorie est envisageable mais dans un second temps et pas du tout indispensable. C’est à mon sens l’avenir de la Hifi casquée, ouverte au plus grand nombre, il me semble, performance, prix juste, versatilité et compacité. Une belle leçon technique dans la plus pure tradition allemande. Chapeau bas RME.

Julien_cleriensis
HCFR – Octobre 2018

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au RME ADI-2 DAC FS : https://www.homecinema-fr.com/forum/amplificateurs-casques/rme-adi-2-pro-et-adi-2-dac-t30080506.html

 

 

 

 

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