Test HCFR : Lyngdorf MP-60, processeur 16 canaux

Test HCFR : Lyngdorf MP-60, processeur 16 canaux

CORRECTION acoustique ROOM PERFECT

Le procédé de correction acoustique Room Perfect n’est finalement pas récent puisque sa version finale a été implémentée au milieu des années 2000. Mr Peter Lyngdorf avait toujours eu dans l’optique de réaliser une correction acoustique qui soit efficiente quelle que soit la pièce d’écoute. Il s’est donc entouré d’une équipe d’ingénieurs talentueux, tel que Jan Abildgaard Pedersen. Après quelques années de gestation et des milliers de lignes de code, le système Room Perfect a vu le jour.

Dans les grandes lignes l’approche est la suivante:

  1. Prendre une mesure à la zone d’écoute principale (qui sera nommée Focus 1)
  2. En déduire un filtrage et les gains en fréquences à appliquer
  3. Prendre plusieurs mesures à des positions aléatoires dans la pièce
  4. Réaliser une moyenne de ces mesures aléatoires
  5. Pondérer et borner les gains appliqués à la position Focus1 à l’aide de cette moyenne
  6. Appliquer un filtrage résultant

Là où un système type Audyssey ou même Dirac va concentrer l’intégralité de ses mesures autour de la position principale d’écoute, le Room Perfect lui, veut « apprendre », à l’aide des mesures aléatoires, la réponse en fréquence globale de la pièce.

Par ailleurs, les recommandations concernant la mise en œuvre du Room Perfect sont de minimiser le traitement passif de la pièce, ce qui va à l’encontre des lieux communs. À ce titre, bien qu’ayant une salle dédiée, le traitement passif mis en place n’est pas dans l’excès. La pièce « vit » et possède de la réverbération nécessitant, quoi qu’il arrive, une correction active.

Le traitement passif mis en place ici se distingue par:

  • 2 x plafonds suspendus comprenant 21 dalles Eurocoustics Tonga
  • 12 x dalles EQ Acoustics ColourPanel 60 Black sur le tiers avant des rampants
  • 8 x panneaux DIY laine de roche (dont 4 positionnés derrière l’écran)
  • 2 x bass trap Advanced Acoustics Wedge

Place désormais aux mesures!

Première étape: relier le micro à l’entrée XLR du MP60.

 

Puis positionner le micro à la première mesure, qui se veut la place d’écoute principale, nommée Focus 1. L’orientation du micro sera face à la scène frontale à hauteur d’oreilles.

 

L’étape préalable au lancement du Room Perfect est le réglage de niveau de sortie du ou des subwoofers. Étape préliminaire que l’on rencontre aussi chez Audyssey ou Dirac. Ce réglage se fait dans le menu « Adjust Sub ». Sur la première calibration réalisée, il a été nécessaire de réhausser le gain de chaque sub de +2dB. Sur une seconde calibration réalisée quelques jours après le niveau de sortie du sub était bon sans toucher au gain. Cette différence pourrait s’expliquer par un placement légèrement différent du micro lors de la seconde calibration.

Le fait d’utiliser ici des subwoofers passifs sans filtrage ni gestion de volume en amont n’est en rien problématique à l’ajustement du niveau. Sur ce point le Room Perfect s’en accommode même bien mieux que ne le fait Audyssey XT32 qui peine toujours à trouver le bon niveau et génère de surcroit un léger souffle audible sur des sub non filtrés comme les miens. Donc premier bon point pour le Room Perfect!

Il faut ensuite rentrer les distances de chaque enceinte très précisément depuis la position principale d’écoute (Focus 1) . Voir écran ci-dessous.

 

Il ne reste plus qu’à lancer les mesures!

Ce qui surprend ce sont les tonalités envoyées dans les enceintes. Il ne s’agit pas de simple bruit rose ou d’une fréquence qui fluctue de 20Hz à 20kHz comme le propose Dirac, mais plutôt d’un groupe de fréquences bien précis, tantôt portées sur les basses fréquences, tantôt portées sur les hautes fréquences. Le son passe successivement d’une enceinte à une autre. Autant vous dire que dans une configuration en 9.2.4, il faut s’armer de patience… mais pour la bonne cause.

Une fois la position Focus 1 mesurée, place aux mesures des positions aléatoires dans la pièce. On profite de cette flexibilité pour incliner le micro et le positionner à des endroits insolites. À chaque mesure, l’interface nous indique le pourcentage de reconnaissance de la pièce. Dans mon cas, c’est au bout de la sixième mesure environ que 90% de la pièce est identifiée.

À partir de 90%, Room Perfect permet de sauvegarder le résultat de la correction. Toutefois, il est hautement recommandé de réaliser quelques mesures supplémentaires dans des positions plus complexes (plus proche des parois, du sol ou plafond par exemple). Ainsi, après 2 ou 3 mesures additionnelles, la pièce était reconnue à 96%. Résultat déjà suffisant pour une première écoute. Il est évident que plus il y aura de mesures, et meilleur sera le résultat final. Un total d’une douzaine de mesures aléatoires devrait permettre de s’approcher des 100%.

Là où la calibration Audyssey XT32 avec ses 8 points met environ 30min, le Room Perfect avec autant de mesures aura nécessité largement plus d’une heure.

Une fois la calibration du Room Perfect réalisée, il vous est possible de modifier les niveaux à votre guise pour chaque profil. Néanmoins les mesures, confortées par les écoutes, ont montré, dans mon contexte, que c’était inutile. Sur ce point, il fait également mieux que mon système Audyssey, pour lequel j’étais systématiquement obligé de retoucher manuellement au réglage de gain des 2 sorties subwoofer.

Sur la capture ci-dessous, le réglage de calibration Focus 1 a été renommé « Sweet Spot ». Comme pour la gestion des sources ou des « voicing » (que nous allons détailler plus loin) tout est personnalisable!

 

On peut ainsi réaliser d’autres mesures à d’autres positions d’écoutes (Focus 2, Focus 3 etc..), ce que nous avons fait en positionnant le micro sur un siège du second rang de la salle pour réaliser une calibration sur la mémoire Focus 2. Je reviendrai plus en détail sur le rendu à l’écoute.

Vous noterez également, sur la capture ci-dessus, la présence d’un onglet « Global ». Il correspond à un filtrage qui tient davantage compte de la pièce (donc de ces fameuses mesures aléatoires). Cette égalisation donnera donc moins de poids à la position principale Focus 1. Ce réglage se veut utile pour les salles ayant plusieurs positions d’écoute disparates. C’est le cas pour ma pièce avec ses deux rangées de sièges.

Suite à ces calibrations, l’application remote se met à jour et propose le choix de l’égalisation Room Perfect sur les différents Focus réalisés ainsi que le mode Global. Le mode Bypass (qui peut être masqué) correspond à la désactivation de la correction. Idéal pour comparer à la volée chaque EQ réalisée puisque le basculement prend moins de 2 secondes.

 

Cette gestion de type « profil » des différentes mémoires de correction acoustique est un véritable plus qui se distingue avantageusement de mon système Audyssey, qui lui, se focalise sur la position principale d’écoute.

 

Mesures, Vérification des CORRECTIONS du ROOM PERfect

Avant de passer au compte rendu d’écoute et pour contrôler la pertinence de la calibration du système Room Perfect, je me suis prêté à quelques mesures à l’aide du micro MiniDSP Umik-1 et du logiciel REW.

Mesure du canal central à la position d’écoute principale (Focus 1). Les bosses et creux sont bien atténués avec une légère pente descendante dans l’aigu. En résultera une écoute plus homogène et riche dans le grave. Ainsi qu’un son moins projeté et agressif.

  • Courbe verbe: Room Perfect désactivé (bypass)
  • Courbe rouge: Room Perfect Focus 1

 

Résultat similaire sur le canal avant gauche, toujours à la position d’écoute principale Focus 1.

  • Courbe jaune: Room Perfect désactivé (bypass)
  • Courbe bleu: Room Perfect Focus 1

 

La mesure des canaux avant gauche et droite, dans mon contexte, montre deux courbes quasi superposables! Même si la symétrie de la pièce aide, à l’écoute musicale en stéréo cela va se ressentir par un parfait équilibre tonal et une voix centrale fantôme bien imagée.

 

Les canaux surround sont bien égalisés (coupés à 60Hz comme les frontales), en témoigne ici la mesure des 2 enceintes surround side droite, vues par le processeur comme une seule et même enceinte.

  • Courbe verte: Room Perfect désactivé (bypass)
  • Courbe jaune: Room Perfect Focus 1

 

Le canal LFE n’est pas en reste. Dans mon contexte à la position principale d’écoute la linéarité du rendu est homogène.

  • Courbe rouge: Room Perfect désactivé (bypass)
  • Courbe verte: Room Perfect Focus 1

 

Bien évidemment la mesure du LFE sur la deuxième rangée de siège à la position focus 2 donnera un résultat plus chaotique si on reste sur le réglage Focus1.

  • Courbe vert clair: Room Perfect désactivé (bypass)
  • Courbe vert foncé: Room Perfect Focus 1

 

En revanche si on active la mémoire Focus2, là les mesures sont bien plus linéaires pour cette position d’écoute. Et il en sera de même pour les autres canaux.

  • Courbe vert: Room Perfect désactivé (bypass)
  • Courbe jaune: Room Perfect Focus 2

 

Enfin, si on compare les mesures entre les 3 modes: bypass, focus 1 et global, il s’avère que le mode global se situe à mi-chemin entre la correction focus 1 et l’absence de correction (bypass). Ce n’est pas illogique dans la mesure où le mode global se veut plus adapté à l’ensemble de la pièce et tient moins compte de la position d’écoute principale.

  • Courbe vert: Room Perfect désactivé (bypass)
  • Courbe bleu: Room Perfect Global
  • Courbe rouge: Room Perfect Focus 1

 

À la suite de ces mesures, il s’avère que le Room Perfect a bien travaillé, tant en terme d’EQ, qu’en terme de gestion des niveaux de chaque canal.

Par contre, il s’agit d’un système « plug and play ». Il ne vous est pas possible d’intervenir sur le filtrage réalisé et les courbes cibles. Idéal pour les personnes cherchant une solution simple de mise en œuvre, sans avoir besoin de mettre les mains dans le « cambouis », puisque concrètement, l’utilisateur doit juste au préalable:

  1. Saisir manuellement le crossover de chaque enceinte
  2. Ajuster le gain du ou des subwoofer à l’aide du menu « adjust sub level »
  3. Saisir manuellement les distances de chaque enceintes depuis les positions Focus 1, Focus 2 etc…
  4. Lancer la calibration pour chaque Focus souhaité

Toutefois Lyngdorf nous propose un outil additionnel bien venu, nommé Voicing, pour qui souhaite personnaliser la correction acoustique.

 

Egalisation PERSONNALISABLE (VOICING)

Dans l’hypothèse où le résultat type « boîte noire » du Room Perfect ne suffisait pas, le MP60 laisse la possibilité à l’utilisateur de personnaliser les courbes de réponse en construisant ses propres filtres. Une courbe peut ainsi être le résultat de la combinaison de 1 à 8 filtres paramétriques qui sera appliquée à l’ensemble des enceintes. Cette fonctionnalité porte le nom de « Voicing » et vient s’appliquer par dessus la correction Room Perfect.

D’office, plusieurs voicing sont pré-réglés dans l’appareil: Music, Music 2, Action etc… tous accessible d’une touche sur la télécommande.

 

Le mode « Neutral » indique qu’aucun « voicing » n’est activé.

MP60 - Voicing

 

Les réglages du contenu de chaque courbe est accessible dans les paramètres avancés:

 

Typiquement, le mode Music atténue légèrement le médium pour rendre les écoutes plus « douce ». Le mode Music 2 ajoute à cela une réduction des hautes fréquences.

Résultat à la mesure du Voicing Music 2:

 

Le mode cinema+action réduit les hautes fréquences et renforce les basses fréquences. Un mode que je ne recommande absolument pas sous peine de dénaturer le son, d’autant que le Room Perfect en amont est censé avoir bien réglé l’équilibre tonal.

 

Le résultat à la mesure prouve que ces filtres sont effectivement précis, mais à utiliser avec précaution. Dans le cas présent une augmentation de 6dB du grave n’est pas anodine.

 

Concrètement, je me suis paramétré un voicing nommé CinemaEQ qui, à l’image du réglage du même nom sur mon Marantz AV8805, atténue légèrement les hautes fréquences. Très pratique pour adoucir l’écoute à haut niveau sur une longue durée.

 

Ci-dessous le résultat à la mesure de ce voicing de test CinemaEQ.

 

Entre le résultat obtenu par le Room Perfect déjà très performant d’une part, et l’ajout de filtres « Voicing » d’autre part, j’estime que le MP60 est en mesure de satisfaire bon nombre de configurations. Ces deux réglages sont à mes yeux et surtout oreilles, les atouts phares de ce processeur!

Loin d’être une usine à gaz, cela reste complet et plug and play à la fois.

 

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au processeur Lyngdorf MP-60 : https://www.homecinema-fr.com/forum/son-audio-preamplificateurs-decodeurs-homecinema/lyngdorf-mp-60-proc-16-canaux-atmos-dts-x-pro-auro-t30102197.html

 

 

 

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