Test HCFR Recital Audio Define hefa, enceintes acoustiques

Test HCFR Recital Audio Define hefa, enceintes acoustiques

Compte-rendu d’Eric_dub

Or donc, ami hifiste, Hubert_Agno m’ayant convoqué à venir faire un petit essai des enceintes de la firme alsacienne basée à Mutzig: Recital Audio (http://www.recital-audio.com/fr/), j’ai évidemment obtempéré. D’abord parce que Hubert m’avait dit: “je ne dis rien, mais…” (tout est dans le “mais”), et ensuite parce que ça fait un long moment que je n’essaie plus d’enceintes, ni d’ailleurs ce qu’il y a autour. Je me suis dit qu’après tout, pourquoi pas, il y a pas de mal à se faire du bien, tout ça…

Les Define sont le second modèle de chez Recital Audio, après les Mutine et avant les Illumine, de petites colonnes (106cm de haut, moins de 40Kg), plus précisément 2 voies embarquant un tweeter de 2,6cm et un médium/grave de 16cm, là où les Mutine sont des 2 voies de format bibliothèque et les Illumine, des 2 voies ½ légèrement plus volumineuses.

Les spécifications annoncent clairement la couleur du bas rendement avec un 85dB pour 2,83V (et une impédance nominale de 8 Ohm.) – et pour en savoir plus, il vous suffit d’aller relire l’analyse très complète proposée par Hubert. Quoi qu’il en soit, il faudra un amplificateur capable de sortir de vrais watts (je dirais bien 2 fois 100 watts dans une pièce de taille moyenne, jusqu’à 35/40m2). La taille des colonnes les rendra, enfin, très faciles à loger.

Pour commencer, un peu d’orgue, tiré du coffret consacré par Michel Chapuis à L’Œuvre d’Orgue de Bach (c’était sorti je crois, il y a longtemps en 33t, et ça ressort régulièrement en coffret de 14 CD tout en étant disponible chez qobuz; le mien est sous le label Auvidis/Naïve): plus précisément, les plages 8 et 9 du CD2 du coffret 1, soit le Prélude en Sol Maj. (BWV568) et la Canzona en ré min. (BWV 588). Les différents jeux sont très distincts, avec un effet de localisation dû à la position des micros, qui s’éloigne, à mon avis, de la réalité, mais qui tient à l’enregistrement. C’est très clair, très chantant, très beau — et l’assise dans le grave sur la plage 9 est très réussie. Je pense qu’ici la limite dans le bas du spectre est bien plus du côté de la prise de son qu’ailleurs, car j’ai rarement entendu pareil rendu. C’est simple: on voit les enceintes et… on cherche le sub!

Pour suivre, un petit extrait de Dark Side Of The Moon, Money du Pink Floyd (là, j’ai emporté une version CD/SA-CD importée du Japon, mais il y en a un grand nombre). Je te fais pas un dessin sur le morceau, tu connais (forcément, et sinon, ben, le remède est facile). Les effets stéréo du début du morceau sont extrêmement prononcés, avec une image très fournie (c’est bien simple, on peut presque compter la monnaie). Les Recital sont des enceintes extrêmement précises et transparentes (un peu comme un casque, mais en plus encombrant, serais-je tenté de dire), avec une assise dans le grave, non seulement très belle, mais surtout très propre et très tendue (la basse de Waters est extrêmement lisible): tous les avantages d’une paire de biblio en termes de localisation, et tous les avantages d’une paire de colonnes pour l’ampleur et le volume. À ce moment-là de mon écoute, je me dis que ces enceintes m’en rappellent d’autres — mais sans arriver à me rappeler lesquelles (suspense, je sais: à deux balles, mais suspense).

Restons dans les vieilleries, mais moins vieilles, avec l’album de Dire Straits, Brothers In Arms, et le morceau Money For Nothing (la version 20° anniversaire sur CD/SA-CD, sortie en 2005 chez Mercury, de l’album de 1985). À écouter d’urgence avant que ça soit interdit par les modernes ligues de vertu qui passent leur temps à nous faire la morale. C’est bien simple, je n’ose même pas traduire les explicit lyrics: See the little faggot with the earring and the makeup, Yeah buddy that’s his own hair, That little faggot got his own jet airplane, That little faggot he’s a millionaire… Intéressant, car j’ai toujours trouvé que ce morceau pouvait avoir tendance à devenir agressif. Ben, pas là, au contraire, ça donne envie de monter le volume! Et puis, le morceau suivant: So Far Away – confirme, si besoin était, une très très belle assise dans le grave. Par là, je ne veux pas seulement dire que ça descende très bas, de manière étonnante pour des deux voies pourrait-on dire (il y a là une idée toute faite à réviser d’urgence!), mais surtout, que ça reste extrêmement bien modulé, très net et pas “noyé” dans l’ensemble du message.

Changeons de genre (et de disque), avec Altre Follie de Jordi Savall et l’ensemble Hesperion XXI, plage 1: Follas Criollas (ou “feuilles créoles”, si je ne m’abuse)… Superbe disque sorti chez AliaVox (AVSA9844) en 2005, dont la prise de son est (comme d’habitude avec ce label) exemplaire. Le résultat est superbe, avec une image stéréo d’une précision extrêmement élevée (je vais rester prudent et éviter de dire: “parfaite”). La localisation des instruments, en particulier les percussions, est telle qu’en fermant les yeux on a l’impression “d’y être”. Dans l’absolu, histoire de chipoter un peu, le médium est d’une transparence et d’une fluidité exceptionnelles, mais, peut-être, un peu “maigre”. Reste que je ne sais pas exactement si je me réfère à mes souvenirs de concerts, si je phantasme, ou si c’est justement ce qui est sur l’enregistrement, donc… Mais ce qui est tout à fait remarquable, c’est que les instruments sonnent “juste” (ce qui, dans mon expérience, n’est pas si facile qu’il y paraît). Et là, tiens (j’allais dire paf!), je retrouve le nom des enceintes qui m’échappait tout à l’heure: ça me fait penser aux Thiel 1.5, que j’ai eues jadis, et avec lesquelles j’avais passé de longues heures; la même précision, la même transparence, avec un grave plus facile, plus délié, un haut médium moins irritable que les Thiel et des demandes moins abusives en termes d’amplification – si tant est que je puisse me fier à ma mémoire…

Histoire de confirmer ces impressions, le morceau suivant a été tiré de l’album Musica Nova, du même Jordi Savall avec le même ensemble Hesperion XXI (disque sorti chez AliaVox, l’année passée): la plage 8, Lacrimae Pavan, (de John Dowland – un morceau pas spécialement gai, mais on n’est pas là pour rigoler). Voilà un disque que j’ai énormément écouté au casque, en alternant Sennheiser HD800 et Kennerton Odin: l’écoute proposée par les Define cumule la précision et la transparence du premier, et l’assise dans le grave du second – une écoute “full range”, sans coloration de type effet de masque ou soulignement. Et quand je dis qu’on voisine l’écoute au casque, avec évidemment une image que les casques ne peuvent proposer, je souligne: c’est-là une rareté à mon sens…

Et pour finir, de King Crimson en concert, un disque récent (ben oui, Agno a eu du mal à me croire, mais si: ils tournent encore), le Live In Vienna, sorti il y a un an, en 2018, tiré du deuxième CD (sur 3), le morceau: Easy Money. Je n’ai sans doute pas l’intégrale de ce groupe (sauf pour ce qui est des albums studio), mais j’en ai plus de 160 (et, un jour, si ça se trouve, j’aurais tout: on s’amuse comme on peut). Le morceau, il faut le dire, diffère notablement de sa première version (dans Larks’ Tongues In Aspic, de 1973); c’est une recréation, avec une forte influence free jazz (je trouve). Et puis, ce qui ne gâche rien, la prise de son est très bonne (on sent que Fripp, qui est, paraît-il, extrêmement exigeant, est passé par là). Et sur les effets stéréophoniques, et sur la bande passante et pour la localisation, et pour l’assise dans le grave et pour la guitare aussi incisive qu’inventive de Fripp, le tout sans une once d’agressivité, c’est une restitution très démonstrative, et même spectaculaire (sauf que là, on écoute). Énormément d’impact et de précision, du bas médium à l’aigu, mais sans agressivité — et une basse à la fois pleine de punch et de précision. Là encore, ça donne envie de monter le son tant c’est agréable (et de passer l’ensemble du coffret, mais là, je crois bien que l’ami Agno me flanquerait par la fenêtre).

Et voilà!

 

– Et après ?

– Après, ben je suis rentré chez moi: j’ai eu de la pluie, mais avec les essuie-glaces, ça s’est bien passé…

– Mais non! Je veux dire: après — t’étais sur le point de conclure, alors conclus: t’en penses quoi en fait?

– Ah oui, j’oubliais presque… Pour moi, c’est une paire d’enceintes de très très haut de gamme. Certes proposées à 1350€: ce qui reste un tarif raisonnable vu ce que je sais de l’état du marché (d’ailleurs, je n’ai jamais rien entendu de cette qualité dans ce type de tarif). Bas rendement certes, mais comme l’impédance n’est pas spécialement torturée et ne chute pas dramatiquement, un ampli de deux fois 100w, normal, bien construit et en bonne santé fera face à toutes les situations (et ça, ça peut se trouver facilement). On pourra les mettre en face de modèles deux fois, trois fois plus chers, voire plus, et elles tiendront (très) largement la route. Transparence, assise dans le grave, précision et finesse de restitution dans le médium/haut médium, tout y est. D’ailleurs, je serais pas si faignant (ou j’aurais gagné au loto), que je m’en offrirais une paire (avec 3 biblio pour compléter mon 5.1)… C’est une très belle découverte que ces enceintes alsaciennes. Ça va comme ça?

– Oui, ça va, ça va… 😀

 

Eric_dub
HCFR – Octobre 2019

 

– lien vers le sujet HCFR dédié aux enceintes Recital Audio Define hefa : https://www.homecinema-fr.com/forum/enceintes-haute-fidelite/alexaudio-define-nouvelle-enceinte-acoustique-francaise-t30026917.html

 

 

 

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