Test HCFR Sennheiser HD 660S2

Test HCFR Sennheiser HD 660S2

Compte-rendu d’éric_dub

 

Préambule

 

Pour qui sont ces Sennheiser qui sifflent sur nos têtes ?

Lorsqu’un casque de chez Sennheiser sort dans le commerce, on a toujours raison d’aller y regarder de plus près. Et ce n’est pas parce que j’ai commencé avec des AKG et connu une longue période de Sennheiser, avec quelques détours par chez Beyer, que je te le dis.

Avec quelques autres constructeurs bien connus, Sennheiser est l’un des fabricants de casques (mais aussi de micros, de sans fil, d’émetteurs et récepteurs multicanaux, etc.) qui, depuis des dizaines d’années a conquis une certaine réputation, et même une réputation certaine, dans le monde professionnel, dans celui des amateurs de home studio, sur scène — et même chez les amateurs de hifi. La sortie du modèle HD660S2 — après celle du 660S et celle du 560S dont il a beaucoup été question sur le forum casques de HCFR — ne peut donc susciter que la curiosité et l’intérêt.

Ce d’autant plus que ce modèle s’inscrit dans la lignée, ouverte il y a trente ans, en 1992, avec le HD-580 Précision. Rappelons que, dans les séries les plus connues de la firme allemande fondée au lendemain de la Seconde guerre mondiale — mais sans remonter jusqu’à l’ère jurassique — on peut distinguer plusieurs “types” de casques. Passons sur les HD424 qui ont pu égayer notre enfance ou notre adolescence dans les années 70 (ceux avec les mousses jaunes de 73-78) ou sur les HD320 de la fin des années 80 et du début des années 90 (première sortie en 88) pour les plus jeunes.

Une première série, illustrée à partir de 79 par le HD430, suivi par les HD520 I et II (85 & 94), 540 Reference I et II (86 et 94), 560 Ovation I et II (89 et 93) et 530 I et II (89 & 91) a comporté de nombreux modèles dont l’aspect général est assez proche de ceux de modèles très connus chez la firme concurrente AKG : oreillettes rondes, mousses et caches sombres et légers, arceau semi rigide avec réglage en hauteur (manuel), faible pression latérale et bande de soutien souple plus ou moins rembourrée. Ayant eu un 540-I, un 540-II et un Ovation II, je me souviens à la fois du caractère très plaisant de ces modèles : mais il restait les limites d’une chute rapide dans le grave (autour de 70-80Hz) et d’un extrême aigu tantôt en retrait tantôt un peu chahuté.

 

 

 

Une autre série s’est caractérisée par la forme “ovale” (de petite taille) des oreillettes, un arceau plus massif à pression plus forte avec mousse de soutien directement intégrée : les HD545 Reference sortis vers 92-94 et 565 Ovation du milieu des années 90 (que j’ai encore) en sont des illustrations — avec un couplages d’avantages et de limites analogues (ce qui n’empêche pas de pouvoir continuer à utiliser un 565 avec plaisir, comme jadis). De ce point de vue, la sortie plus récente du HD560S a représenté une bonne surprise au vu des performances fournies par ce modèle, qui passent loin devant les anciens modèles.

 

Autre encore a été la série caractérisée par le design extérieur des oreillettes — ovales aussi — mais plus larges, donc moins contraignantes, que les précédentes – d’un arceau très rigides à forte pression, avec des mousses “velours” : les deux HD580 Précision de 1992 et 1995, qui ont été suivi, en 1997, par le HD600 puis, en 2003, par le HD650 (lequel a connu une deuxième version plus récente). Les sorties, en 2019 chez Massdrop, d’un Sennheiser HD58X (dont les drivers et les performances diffèrent des modèles sortis 25 ans plus tôt) et d’un Sennheiser HD660S (en 2017, testé aux alentours de Noël de la même année par HCFR : https://www.homecinema-fr.com/test-hcfr-du-casque-sennheiser-hd660s/ ) paraissent s’inscrire dans cette lignée, au moins cosmétiquement.

 

Est-il bien utile que j’ajoute que j’ai les deux plus anciens et la version Massdrop HD58X ? Non ? Tant pis, c’est fait. Et il y a tout de même bien des différences : si le HD580 “originel” et le 600 étaient fort proches l’un de l’autre, avec une très belle linéarité dans le médium mais une chute dans le grave (peut-être plus prononcée sur le second que sur le premier : la bataille fit rage à cette époque) et une écoute globalement descendante dans l’aigu (là encore, les partisans de l’un et de l’autre modèle eurent bien des discussions), le HD650 (dans sa première version) présentait un peu plus d’extension dans le grave, mais avec une écoute plus descendante, moins de présence à partir dans l’aigu (à partir de 1/1,1kHz), ce qui pouvait faire préférer le HD600…

 

 

Les deux sorties successives des HD660S et HD660S2 représentent donc des choix à prendre en considération dans l’ensemble des modèles de haut de gamme — à tarifs “encore envisageables” — proposant une écoute au casque de bonne qualité en matière de reproduction musicale fidèle à domicile.

La question, de mon point de vue, est moins de savoir lequel des cinq protagonistes — je résume, car certains sautent des lignes et râlent quand il y a interro : HD600 (~400€ sur le site du constructeur), HD650 (~500€), HD660S (~500€), HD58X (~200€ chez Massdrop… quand il est disponible) et HD660S2 (~600€ chez Sennheiser) — lequel des cinq, donc, dis-je, siffle le plus parfaitement dans nos oreilles, que d’essayer de cerner les différences entre ces différents modèles.

 

Pour ma part, je tiens que la perfection n’est pas de ce monde, qu’un casque est toujours un système de reproduction qui propose un certain compromis entre des contraintes techniques, des performances plus ou moins réussies et… des goûts qui viennent ajouter leurs inflexions aussi nombreuses que bariolées, pour ne pas dire colorées…

Mais, il faut le dire, il s’agit dans tous les cas de casques de bonne qualité, sur le plan technique comme sur le plan de l’aspect et de l’usage, et qui sont proposés à des tarifs différents. Chacun devra, de toute façon, voir midi à sa porte et faire son choix pour lui-même.

 

 

Je me contenterai donc de faire quelques écoutes comparatives, bien sûr très dépendantes de mes propres goûts et d’un certain nombre de choix faits au fil des années (depuis longtemps), certes — mais pour essayer de donner quelques points de comparaison (Détail : j’ai utilisé un MacMini doté de “Pure Music+iTunes”, branché sur mon convertisseur Wyred4Sound DAC2, puis sur un préampli doté d’une sortie casque Audio-GD Phœnix — et oui, j’ai pris le temps de repérer les différents réglages de potentiomètres pour obtenir un niveau comparable).

 

 

les écoutes

À la recherche des disques d’antan

J’aime mieux te prévenir, je n’écoute que des vieux trucs (donc pas de musique de danse de jeunes ni de machins tellement nouveaux qu’on s’empresse de les oublier en attendant les suivants). Si tu n’aimes pas ça, tant pis pour toi, ou tant mieux : tu vas pouvoir sauter des lignes.

 

Alors, rien de mieux que de repêcher dans sa discothèque un bon vieux disque de Gainsbourg, pour réécouter Sorry Angel, deuxième morceau de l’album Love On The Beat sorti au tout début de l’année 84 en 33t et disponible en fichier sur qobuz.
Est-il vrai que notre Gaingain, jouant les Gainsbarre si provocateur (à en être détesté par une bonne partie de ses contemporains de l’époque), chante-là ce qu’il a avoué avoir été son premier chagrin d’amour lors de sa séparation avec Jane Birkin ? Va savoir — mais rappelle-toi tout de même que si l’amour physique est sans issue, rien n’est plus triste que l’amour sans amour : mais qui sans amour existe ? (Tu as bien sûr reconnu, ami mélomane, Je t’aime moi non plus de la regrettée année 69 et L’amour sans amour de 63). Après déjà bien des chansons d’amour, c’est évidemment plus Gaingain, le romantique, que Gainsbarre, le provocateur, qui nous susurre : “C’est moi qui t’ai suicidée, Mon amour, Je n’en valais pas la peine, Tu sais, Sans moi tu as décidé, Un beau jour, Décidé que tu t’en allais”.

Écouté avec le HD600, on a évidemment un grave qui manque un peu de présence, mais avec une très belle clarté sur la voix et un médium-aigu très présent, peut-être même un peu accentué sur les sifflantes (qui tiennent plus à la prise de son qu’à autre chose, pour le dire en passant). C’est en tout cas une belle restitution du “parler-chanter” que Gainsbourg a sinon inventé, du moins utilisé avec brio et promu au rang de style majeur.

Le HD650 (v1) donne certes un peu plus d’assise que son prédécesseur, ce qui est un plus pour profiter de la ligne de basse de ce morceau. Mais, sans que l’on puisse parler de “perte” de détails (ils y sont), l’équilibre général est différent dans l’aigu, avec un petite atténuation des sifflantes, une voix un peu plus distante : l’écoute est moins soulignée dans le haut, et donne l’impression d’une sorte de douceur (diront ceux qui aiment) ou d’aseptisation (diront ceux qui s’opposent aux précédents, vu qu’il faut bien disputer de tout).

Le HD660S2, de son côté, réalise en partie une sorte de “mi-chemin” : l’extension dans le grave est un avantage — et il est peut-être un peu plus évident qu’avec le 650 (?).
D’un autre côté, on trouve une parenté entre celui-ci et celui-là, dans la restitution toute en douceur dans le haut du spectre, mais sans être aussi prononcée qu’avec le 650. La voix reste présente, avec une impression de moindre proximité qu’avec le 600 certes, mais sans perte de détails. Certains (dont moi, je le reconnais) préfèreront la restitution du HD58X, un poil plus “ronde” dans le grave, mais plus nette et moins descendante dans le haut à celle du 660S2. Il n’empêche que, si l’on se passe l’album en entier avec ce dernier, sans faire de comparaison et sans pinailler, l’écoute est excellente et sans fatigue aucune à la clef. Gainsbourg aurait sans doute souligné le résultat d’un “pas dégueux !” approbatif.

 

 

Changeons de style et de registre, avec un quatuor à cordes contemporain (genre que j’affectionne avec excès, tu es prévenu : on se risque dans le bizarre) de John Adams intitulé John’s Book Of Alleged Dances, interprété par le quatuor Kronos et disponible dans un coffret sorti pour donner accès à 25 ans de carrière de cette formation en 1998 sous le titre 25 Years qui permet de découvrir John Adams, mais aussi Arvo Pärt, Ken Benshoof, Astor Piazzolla, Morton Feldman, Philip Glass, Osvaldo Golijov, Sofia Gubaidulina, Franghiz Ali-Zadeh, Henryk Górecki, Steve Reich, George Crum, Terry Riley, Alfred Schnittke, Peter Sculthorpe, P. Q. Phan et Kevin Volans (ce qui permet de découvrir une bonne partie des œuvres contemporaines pour quatuor à cordes).

 

Ce coffret se trouve encore en CD (en occasion sur des sites comme discogs), il est disponible en fichier (et pas la peine de me dire que je reprends sans arrêt la même pièce, la dernière fois, c’était par le Quatuor Attacca dans un disque de 2013 — rien à voir!).
Le Livre des Prétendues Danses de John est une pièce qui mérite le détour — prétendues, car, comme l’a déclaré John Adams, on n’en a pas encore inventé les mouvements (bien évidemment, des chorégraphes se sont empressés de le faire mentir) : en particulier les deux mouvements intitulés Judah to Ocean qui ouvrent et ferment une œuvre qui évoque l’une des lignes de tramway les plus connues de San Francisco (elle passe par Judah Street et relie Mission Bay à Ocean Beach : le fait-elle dans les environ 25 minutes de cette pièce ?) – ville de prédilection de John Adams.

Voilà une pièce légère et entraînante à laquelle mon HD58X rend bien justice, en me proposant une écoute à la fois précise, sans agressivité et qui restitue sans coloration trop manifeste pour être excessive tous les instruments des Kronos. Les 650, de son côté, donne cette même impression d’une scène sonore feutrée — voilée diront les critiques – sur des cordes qui semblent plus éloignées dans l’espace, sans pour autant que l’on puisse prétendre que des “informations” seraient effacées. Le HD600, de son côté, me plaît toujours autant sur ce type de musique, dans la mesure où son retrait dans le grave se fait logiquement moins sentir avec ce type de formation (la fondamentale la plus grave d’un violoncelle est au-dessus de 100Hz, l’effet est donc moindre) — et ce même si je sais par ailleurs qu’avec d’autres formations, qui jouent de façon plus brillante (les Arditti), certains froncent du museau (mais, pour les avoir entendus en concert, ledit museau se retrousserait autant s’il était en situation réelle).

Le 660S2 donne une belle assisse dans le grave (également constatée en écoutant ensuite le premier des Fratres d’Arvo Pärt proposé dans le second disque du coffret) et des cordes peut-être un peu en retrait, notamment celles du premier violon, ou qui donnent l’impression d’avoir reculé dans la salle lorsque qu’on va au concert. Mais il permet de profiter avec autant de plaisir de la pièce de John Adams (comme des autres : je n’ai pas tout réécouté, mais j’avoue que je me suis laissé aller, sur la fin de cette comparaison, à enchaîner deux ou trois autres pièces complètes).

Comme d’habitude quand on fait des comparaisons directes, après quelques secondes, l’audition accommode et on oublie complètement les différences, du moins lorsque le matériel ne présente aucun défaut manifeste : de sorte que certains pensent que ces comparaisons subjectives n’ont aucun sens (ce qui est tout aussi faux que de prétendre que ce serait l’alpha et l’oméga).

 

La fouille en règle des rayonnages à fichiers se poursuivant, je ressors deux vieilleries. L’album Interstellar Space, de John Coltrane, dont je vais écouter la deuxième partie intitulée Venus (Mars, la précède, Jupiter et Saturn la suivent, additionnées de Leo et Jupiter Variation dans la version longue. Et oui, c’est du free, mais je te vois déjà protester : estime-toi déjà heureux d’échapper à Mars. L’album a été enregistré en 67 mais n’est sorti qu’en 1974, on le trouve en fichiers et en version longue facilement. D’autre part, Sweet Home Alabama première plage du second album, sorti en 74 (et oui, je l’ai encore en 33t) de Lynyrd Skynyrd intitulé Second Helping pour faire contrepoint. Quoi de plus différent ? m’objecteras-tu : et alors, te répondrai-je !.

 

À l’écoute de Venus quand je passe du 650 au 58X, la comparaison me semble cruelle — pour le premier, qui donne une écoute trop en retrait, là où le second est plus net et propose un saxophone qui ne manque, à mon goût, ni d’éclat ni de brillant. Le 660S2 propose une écoute qui se situe plutôt dans la lignée du 650 que dans celle du 600 ou du 58X, mais dont l’équilibre me plaît un peu plus, d’une part parce que l’extension dans le grave est au rendez-vous et de l’autre, parce que sans être d’une précision chirurgicale, le registre aigu reste lisible et agréable.

C’est aussi très sensible avec du “gros qui tache” (je laisse de côté la controverse entre Neil Young et Ronnie Van Zant, chacun se fera sa propre opinion) comme celui du Blues Rock de ce groupe (originaire de Jacksonville, Floride) qu’un accident d’avion a quasi éliminé du paysage en 77. Là encore, avec le 600 et le 650, que je connais depuis longtemps, on est obligé de choisir entre un petit manque d’ampleur dans le grave, et un aigu/haut aigu plus lointain — entre les deux, depuis que je me le suis offert (car, je manquais de casques, par pure négligence, je dois bien le reconnaître), le 58X fournit une écoute qui n’atteint certes pas celles que j’obtiens avec mon HD800 (agno-tweaké) ou mon Hifiman HE6se, mais tient le milieu et joint les deux bouts.

Le HD660S2, de son côté, fournit une écoute différente dans l’équilibre proposé, mais qui me paraît convaincante en particulier sur un point : on peut monter le volume plus haut qu’avec le 600 ou le 58X sans fatigue d’écoute (comme m’en a convaincu l’écoute de l’album complet).

 

 

Mais comme je voulais malgré tout mieux cerner encore les différences, quoi de mieux qu’un ou deux petits enregistrements personnels (un Tascam DR-100mK2, une paire de micro Rode NT5 disposés en A/B à une distance choisie pour son résultat) ? Une seule chanson : Bécassine de Georges Brassens (que l’on trouve, comme chacun sait en plage 2 de Misogynie à part, le dixième album sorti en 69 — qui fait donc écho (il faut suivre !) à Je t’aime moi non plus.

 

 

Nymphéas

Mais trois enregistrements de cette chanson faites en une seule session, avec successivement ma Castelluccia “Nymphéas”, ma (précédente et première guitare) Castelluccia, qui est sa grand-mère “Ouïes en f” du début des années 60, et une troisième manouche de chez Gérôme. La première est montée avec des cordes Fisoma Silk and Steel en tirant 11/47 (vu que je ne suis pas masochiste je prends de l’extra light).
La plus ancienne a droit àOuïes en f des Galli “Gypsy GSB Silverplated” en 10/45. Cela pour dire que la première donne un son plus rond, plus “médium” et moins brillant (tout en restant un son de manouche), et que la seconde fait l’inverse, son hyper brillant et incisif.
Et quant à la troisième, une Gérôme de 89, elle est montée avec un jeu intermédiaire, des Optima “Hot Club Gypsyfire” en 10/45-XL, mais qui n’en sonne pas moins encore plus médium et basse que la Nymphéas. Je sais que si l’on écoute la prise “ouïe en f” avec un HD650, on a l’impression d’écouter la “Nymphéas” en plus terne encore qu’en réalité.
Bref, on entend clairement que ça fait redescendre les Galli vers les Optima montées sur la Gérôme (et ces dernières vers je ne sais même pas quoi : une guitare classique ?). En clair, le 650 “éteint” un peu les guitares et les cordes. Non pas qu’on manque de détails (tous les bruits éventuels y seront), mais tout se passe un peu comme si on avait égalisé à la baisse et la zone de clarté (vers 2-6Khz) et la zone d’aération (autour de 8kHz), ou encore comme si les micro étaient situés trop loin et qu’on avait plus, ou trop de message diffus et pas assez de son direct. Par comparaison le HD600 est plus neutre et à mon sens, le 58X fait office d’arbitre et de juge de paix (d’ailleurs, il me sert désormais pour le monitoring).

 

Avec le HD660S2, donc, la voix et le médium sont fort bien restitués, de même que les basses (j’entends bien la différence entre le Mi des Castelluccia et celui de la Gérôme, ainsi que les différences d’amplitudes dues aux écarts de volume de caisse et de diapason des trois modèles). Mais la principale différence avec cette écoute, ce n’est pas le manque de détails, ni même précisément d’aigus ou d’aération : ça manque d’un soupçon de clarté. Pas autant qu’avec le 650, car en écoutant la version la plus brillante et incisive (“ouïes en f”), je n’ai pas le sentiment d’écouter la version “Gérôme” toute en rondeur, mais ça tend tout de même vers ce que donne en réalité ma Castelluccia plus récente montée en Fisoma. Bref, il y a, à mon sens, un retrait dans la zone de clarté.

On aimera ou on n’aimera pas et c’est, du point de vue de l’écoute à domicile, une pure question de goût. Je dis cela parce qu’une manouche, c’est assez particulier : on passe la moitié de son temps à l’accorder, l’autre moitié à jouer faux — et avec dans les deux cas un son fait pour vriller avec le scintillement du cristal et le tranchant de l’acier. (La Favino de Brassens, pour le dire en passant, donnait à la fois un aigu clair et aérien, pour arpéger, et des basses rondes et puissantes, pour rythmer : c’est ce son-là que j’approche avec ma Nymphéas, même si j’aime aussi la bonne vieille “ouïe en f” pour arpéger). Mais évidemment, ce type de son, qui existe bel et bien dans la réalité, peut aussi faire froncer du museau. Quoi qu’il en soit, cela signifie aussi que l’écoute avec le HD660S2 offrira à la fois un registre grave satisfaisant, une belle linéarité et du détail dans l’aigu, et qu’elle ne sera jamais fatigante sur la durée.

 

 

Après avoir pris une pause bien méritée et laissé passer un peu de temps — j’ai refait une dernière petite comparaison, sur le morceau High Hopes, dernière plage du disque The Division Bell, album sorti en 94 par un Pink Floyd 3.0 (sans Syd Barrett, avec Gilmour et sans Roger Waters) que j’aime autant, pour ma part, que celui des années 70-76.

Je passe sur le HD600 qui, sur ce type de musique, manque d’assise dans le grave et se fait doubler par le HD650, au moins sur ce critère. J’avoue bien apprécier le compromis proposé par le HD58X. Même s’il y a des casques qui donneront un meilleur registre grave, d’autres qui seront plus linéaires dans le bas médium/médium, d’autres encore plus réussis dans le haut du spectre et l’aération générale, c’est un casque qui se fait oublier, ce qui n’est pas mal si l’on y songe.

 

Le HD660S2 donne un résultat plus linéaire du grave au médium/médium-aigu, avec ce petit côté doux dans le haut du spectre, mais qui ne fait pas obstacle — ni la voix de Gilmour, ni sa guitare n’en pâtissent — et qui s’oublie en quelques instants. On est juste un peu plus loin de la scène sans rien perdre de ce qui s’y passe. Reste que cela ne vaut qu’à la comparaison. Sur des écoutes de longue durée — et je ne m’en suis pas privé — on bénéficie d’un registre grave ample, d’une belle linéarité jusqu’au haut médium et d’un aigu fin ainsi que de beaucoup de détails.

 

 

 

Conclusion

 

Faut-il vraiment conclure ?

Ainsi que je t’en avais prévenu dès le début, mieux vaut ne pas trop compter sur Eric_dub pour conclure (façon Jean-Claude avec un “d” comme dans “Dub”). Je n’aime guère les jugements à la fois trop affirmatifs, trop unilatéraux et, au fond, trop orgueilleux en ce qu’ils prétendent dans la plupart des cas avoir découvert la huitième merveille du monde — laquelle est invariablement dépassée par la neuvième… Pour ma part, j’entends toujours plus un compromis qu’une merveille — mais certains compromis sont et restent excellents

Le nouveau HD660S2 est, de ce point de vue, un excellent casque, qui n’est pas des plus difficiles à amplifier et saura, de ce côté-là, se contenter du strict nécessaire (mon petit DAP, réglé sur gain haut, lui suffit autant qu’il suffit au HD600).

Il ne faut pas compter l’utiliser avec son smartphone en prenant le TGV (et qui songerait à pareille expérience de l’extrême ?), mais la première prise casque de son intégré, de son lecteur de CD ou de son ampli casque habituel lui suffira. Comme le HD600 sans sa coupure dans le bas, avec moins de rondeur dans le bas médium que le 650, il donnera une écoute précise et détaillée avec une extension dans le grave appréciable — à la condition de changer les mousses lorsque ce sera nécessaire — et un peu plus large que celle du 650.

C’est un casque qui pourra offrir durant de nombreuses heures et pendant de nombreuses années de quoi écouter de la musique de tout genre et de tout style sans frustration et sans se poser de question. Ce n’est pas un casque de monitoring, même si certains pourront l’utiliser à cette fin, et il n’est d’ailleurs pas annoncé comme tel, mais il saura satisfaire les amateurs de longues écoutes, qui misent sur une restitution toute de douceur et sans fatigue. Et qui se moquent pas mal du reste, me dis-tu : ils ont bien raison.

 

 

Eric_dub
HCFR – Mai 2023

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au sennheiser HD 660S2 : HTTPS://WWW.HOMECINEMA-FR.COM/FORUM/CASQUES-SEDENTAIRES/SENNHEISER-HD-660-S-HD-660-S2-TEST-HCFR-LIEN-EN-POST-1-T30083151.HTML

 

 

 

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