Test HCFR : Verum Audio Verum 1, casque audio

Test HCFR : Verum Audio Verum 1, casque audio


Commentaire d’Éric_dub : Verum Audio : en vérité, je vous le dis…

 

In Verum veritas ?

Commençons, une fois n’est pas coutume, par un mot en forme de conclusion. Le Verum est un casque de très haute qualité, et même plus, que l’on peut utiliser sans autre forme de procès, pour obtenir une écoute de très haut niveau. Son impédance est extrêmement basse peut éventuellement poser problème à certains amplificateurs sédentaires (qui ne sont très généralement pas faits pour des charges de ce genre), mais sa sensibilité très élevée garantit la possibilité de le connecter à n’importe quelle prise casque, ou presque. À son tarif, c’est exceptionnel.

Comparé (directement) avec mon Sennheiser HD800 (tweaké) et mon Hifiman HE6se, il m’a semblé donner plus de présence dans le médium et un petit retrait dans le haut médium (le bas aigu) – soit l’un des deux, soit les deux, soit que l’impression vienne de la comparaison avec deux casques que j’ai utilisés, de façon intensive et quasi exclusive, depuis plusieurs mois…

Bref, dans l’absolu, je préférerais un peu plus de présence dans le haut médium ou l’aigu, même si je suis le premier à reconnaître que je préfère, et de très loin ce type de petit retrait à un casque qui “sur-joue” dans ce registre, pour faire de l’épate et séduire l’oreille dans l’instant (à l’usage, je finis toujours par trouver ça “fatiguant”). La région qui va du grave aux alentours du médium (autour de 700/900Hz quand j’ai utilisé un vieux disque de test de la Revue du Son) m’a paru tout à fait linéaire. J’entends, en revanche, comme un léger “voile” sur la suite, un petit manque de définition, le HD800 et, surtout, le HE6se n’étant, de leur côté, pas avares en la matière.

D’autre part, l’image produite par le HE6se comme par le HD800 m’a parue un peu plus large, moins contrainte. Du coup, histoire de tripatouiller un peu de l’équaliseur, je n’y suis pas allé par quatre chemins, et j’ai ajouté jusqu’à 3db entre 1200 et 2500Hz (en réduisant d’autant le volume général) : cela réveille considérablement l’écoute, qui gagne, me semble-t-il, en vitalité et en naturel et place ce casque à égalité, ou presque, avec des modèles bien plus coûteux.

 

Nature, il est comment le Verum?

Mais revenons en arrière. Étant passé chez l’ami Agno pour lui emprunter le Verum, je l’ai d’abord branché sur mon premier système (un MacMini utilisant Audirvana, relié, via une interface Gustard U12, à un DAC 2 Wyred4Sound, qui alimente un Audio-GD Phœnix). À l’écoute de Meddle du Pink Floyd, dans sa version remasterisée de 2011, je découvre une très belle extension dans le grave (on peut, pour s’en rendre compte, faire répéter un passage durant environ 30 secondes, dans Echoes, autour de 7’ – et passer d’un casque à l’autre), peut-être un peu au-dessus de celle que propose mon Kennerton Odin, et un peu en deçà – par sa définition – de celle de mon HD6se, et bien meilleure que celle de mon HD800, et le médium ne présente aucun défaut ou coloration particulière à l’écoute, ce qui me fait penser que le rapport entre le tarif et la restitution est assez exceptionnel. Je trouve, dans l’absolu, peut-être une sorte de petit voile dans le haut médium ou le (bas) aigu, mais cela reste léger et l’impression n’est guère sensible que lorsque je procède à une comparaison directe avec les deux précédents casques.

Puis, je passe à l’écoute du dernier disque de Souchon: Âme Fifties. Cet album est, selon moi, un sans faute: dix moments de bonheur qui se succèdent, sans aucune faille, des mélodies, des arrangements et des paroles présentant à chaque fois ce mélange de rythme, de trouvailles dans la rime et de nostalgie propre à “La Souche” – ce qui nous le fait aimer depuis le début! On me dira, avec raison, qu’il est assez difficile de juger un casque avec un disque qui vient à peine de sortir et qu’on ne connaît au fond pas. Oui-da. Sauf que c’est aussi un bon “test” pour savoir si, oui ou non, c’est un casque qui laisse son utilisateur écouter de la musique, plutôt qu’un casque qui se rappelle sans arrêt – de manière plus ou moins désagréable – à celui-ci. Rien de tel ici: utilisé pour lui-même et sans chercher la petite bête en faisant des comparaisons qui isolent tel ou tel aspect, le Verum s’efface et permet d’écouter de la musique.

Alors, vu qu’il se fait tard, je termine ma petite session d’écoute par l’album Métamorphoses nocturnes, du titre du 1er quatuor de Ligeti, proposé par le Quatuor Béla, un quatuor extrêmement talentueux, fondé il y a une douzaine d’années, et qui, sans exclure les pièces classiques, propose un répertoire et une discographie résolument ouverts aux compositions contemporaines. Ici, donc, Ligeti, ses deux quatuors et une sonate, dans une interprétation à la fois fine et précise, elle-même servie, ce qui ne gâche rien, par une très bonne prise de son. Sans qu’il soit question de frustration à proprement parler, j’ai quand même l’impression d’un léger “voile” – par rapport à l’écoute à laquelle je me suis habituée, qui alterne le Sennheiser et le Hifiman, depuis un bon moment – et d’une image un peu moins large et moins développée…

Mais il faut savoir aller se coucher…

 

Faut-il vous l’assaisonner ?

Et donc, le lendemain, ne reculant devant aucun sacrifice, la maison – après avoir changé de système: désormais, le couple MacMini et Audirvana est relié à un DAC MSB Link III, via une interface Stello U3, le tout alimentant un ampli AudioValve RKV3 (impédanceur réglé sur 8 Ohms, car il n’y a pas plus bas) – décide d’activer Voxengo, petit logiciel activable sous Audirvana, qui permet de faire ses tentatives d’équalisation.

Il m’a fallu, je le reconnais, un certain temps et utiliser les très désagréables et horrificques “signaux” (beurk! quelle horreur!) de fréquences d’un vieux CD de la Revue du Son pour finir par arriver à un quelque chose, car je m’étais fait l’idée – fausse! – suivant laquelle ce casque proposait une écoute légèrement descendante. J’ai fini par me dire que c’était le haut médium ou l’aigu qui était un peu trop éteint, et j’ai décidé de rajouter du gain, à la louche, à partir de 1200Hz en remontant progressivement jusqu’à +3db vers les 2,5kHz. Ce qui est sans doute excessif et demanderait d’y revenir, soit pour diminuer ce gain, soit pour en restreindre l’usage à une zone plus précise.

Mais le changement est très net et très positif, car cela “réveille” réellement l’écoute proposer, en la tirant qualitativement très nettement vers le – très! – haut du panier, puisqu’il ne manque pas grand-chose pour avoir un quasi HE6se (lequel coûte tout de même cinq ou six fois plus cher): réécouter le premier quatuor de Ligeti m’en a convaincu.

De Jordi Savall, j’aime (étonnant, non?) beaucoup d’albums – raison pour laquelle je choisis, celui de 1998, La Folia, suivi de celui consacré, la même année, à Joan Cabanilles. Sur ces deux très beaux albums, dont les enregistrements ont été extrêmement soignés, la restitution offerte par le Verum (équalisé) aux instruments baroques, au premier rang desquels la viole savallienne, est de très haut niveau. L’ensemble me semble extrêmement linéaire, depuis le grave jusqu’au médium et, cette fois, avec une respiration et une aération peu commune. À la comparaison directe, je pense qu’on est à peu près au même niveau que mon Odin équalisé, et un peu en deçà de mon HE6se sans équalisation, lequel produit une image plus large et moins contrainte – ce qui, vu le tarif, n’est pas rien. Les différences portent plutôt sur l’image, un peu plus large me semble-t-il sur le Kennerton, et un peu plus large, mais surtout plus précise sur le Hifiman. Reste que le Verum ne démérite pas. Sur La Folia, plage 3, le duo viole/orgue est impressionnant de naturel et de véracité, à la fois fluide et très lisible. De même, la Corrente Italiena, plage 5 de l’album des Batalles, Tientos & Passacalles de Cabanilles, est offerte dans une écoute à la fois majestueuse, grâce à son ampleur (dans le grave) et sereine (aucune crispation dans le médium/haut médium) et avec des instruments à vent qui “respirent” parfaitement (haut médium et aigu).

Il faut de tout pour faire un monde (dit-on, mais ça dépend le monde de qui) et il en faut pour tous les goûts (mais surtout les miens). Du groupe Debout Sur Le ZincDSLZ pour les intimes, un album enregistré en concert il y a deux ans: 3 Jours Debout – une heure et demi bien agréable pour découvrir ce groupe, qui tourne déjà depuis un peu plus de 20 ans. Proche des Hurlements d’Léo et des Ogres de Barback, DSLZ propose des chansons aux textes, mélodies et arrangements extrêmement élaborés, tout en panachant un zest de nostalgie d’un rythme de fête. À mon goût, ses meilleurs albums sont justement les enregistrements publics. On a tout dit sur le “genre” de ces inclassables, qui sont un groupe de chansons de langue française, disons un enfant issu d’une nuit d’amour entre Malicorne, quand j’étais chez mon père (oui, je sais, ça ne rajeunit personne) et un Higelin qui avait foutu le boxon dans les seventies et nous était tombé du ciel dans les années 80. Une belle contrebasse bien présente, une section de cordes bien d’attaque et une ambiance qui se réchauffe peu à peu, comme toujours avec eux ; des voix pleines de légèreté, en même temps que de la profondeur quand il le faut. L’écoute proposée donne une impression de transparence et de vivacité très agréable pour un livre, c’est plein de présence et d’entrain – même si, lorsque je désactive l’équalisation, l’écoute est bien plus “calme”.

Et, pour finir – il n’est de meilleure compagnie qui ne se quitte, l’un des derniers disques de King Crimson en Live In Vienna, actuellement bradé dans certaines échoppes (qu’on se le dise). Non seulement le disque revisite le répertoire ancien et plus récent de ce groupe de rock progressif, qui m’accompagne depuis 1975, mais l’enregistrement est à mon sens tout à fait exceptionnel. Ainsi, avec le Verum, les percussions dans le morceau The Hell Hounds of Krim (CD1, plage 2) donnent à la fois beaucoup d’impact et de la subtilité – ce qui, mine de rien, peut passer inaperçu, avec pas mal de casques situés dans ce registre de prix (je ne donnerai pas de nom pour ne vexer personne, et moi le premier). La prise de son de ce triple album donne à la fois beaucoup de proximité et une image sonore pourvue de beaucoup d’ampleur. La reprise de VROOOM (plage 6 du CD1) permet de profiter d’une assise dans le grave à la fois très ample et très bien tenue, sans débordements ni flonflon, le tout avec une restitution à la fois incisive et dénuée de toute agressivité involontaire. Enfin, la reprise de Easy Money, plage 6 du CD2, qui commence comme au temps de ma jeunesse, mais enchaîne avec l’une de ces “improvisations” pas du tout improvisées et dont Fripp a le secret, emporte tout sur son passage: rien entre soi et la musique.

 

Conclusion :

J’ai dit, d’entrée de jeu, tout le bien que je pense de ce casque qui, à son tarif, tutoie sans complexe un grand nombre de grandes références actuelles et de tarifs nettement plus élevés sur le marché du casque.

En revanche, l’impédance basse peut le rendre tout de même un peu difficile, et je dois pousser un peu plus le volume sur mes amplis qu’avec mes casques habituels (je me demande d’ailleurs s’il n’y a pas là l’une des raisons de la matité entendue sur ce casque, plus prononcée sur mon transistor que sur mon tube, lequel propose des réglages peut-être plus adaptés) – exception faite évidemment des AKG K1000, Ergo AMT, et Hifiman HE6 qui, pour des raisons différentes, sont des partenaires beaucoup plus difficiles.

Reste que, s’agissant d’un ortho dont la charge est d’habitude très régulière, l’impédance de sortie de l’ampli sera sans doute moins déterminante que sa puissance, ce qui rendra le bon appareil sans doute plus facile à trouver à un coût normal.

Pouvoir se constituer un système de très haut de gamme sans contracter un crédit sur cinquante ans me semble ainsi l’un des avantages du Verum.

 

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au casque Verum 1 : https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-sedentaires/verum-audio-verum-1-t30095225.html

 

 

 

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