Test HCFR : Verum Audio Verum 1, casque audio

Test HCFR : Verum Audio Verum 1, casque audio

Compte-rendu d’André_ajr

 

Préambule :

Même si le récent allongement de la durée de disponibilité du VERUM 1, qui est passée de deux à quatre semaines, a fait que les exemplaires commandés en novembre et décembre, qui ont été livrés jusqu’au début du mois de février 2020, étaient encore de la version 2019, — le retard occasionné par le calendrier des publications des tests HCFR a eu le mérite de permettre que ce test puisse comporter la photo de la version 2020, qui vient de remplacer celle qui avait pu être commandée jusqu’à la fin de l’année dernière.

« Ancien » modèle 2019

Modèle 2020

 

Ce cliché de la version 2020 permet de constater que de significatives modifications esthétiques ont été apportées à l’arceau et aux grilles en métal des oreillettes, mais que le système de réglage de leur hauteur qui reste malheureusement identique, complique d’éventuelles utilisations à deux ou plusieurs personnes, puisqu’il ne coulisse toujours pas et qu’il faut, si nécessaire, dévisser, déplacer et revisser le curseur à chaque fois.

Pour le reste, cela paraît vraiment aller dans le bon sens et ces améliorations seront certainement appréciées, puisque nous connaissons l’importance de la vue et donc de la présentation d’un produit sur le résultat de l’évaluation de sa performance sonore ou gustative, parfois contredite par une autre réalisée les yeux bandés.

Ce qui conduit à estimer que les commentaires de ceux qui ont participé au test HCFR du VERUM 1, auraient pu être encore plus favorables, si celui-ci avait été réalisé avec la version 2020.

Je poursuivrai le mien en indiquant que mes écoutes ont été effectuées sur un ensemble de lecture REGA Jupiter, associé par liaison optique Toslink à un amplificateur RME ADI-2 DAC, à l’aide du CD, Hors-Série (n°51) 2020, de la revue Diapason, qui avait demandé à la fine fleur des preneurs de son de sélectionner, parmi leurs plus beaux, ceux qui permettraient d’évaluer une chaîne Haute-Fidélité.

Nous retrouverons donc des plages qui permettent d’évaluer des caractéristiques comme l’espace sonore, les timbres, l’équilibre et le naturel d’un enregistrement, ainsi que les graves, médiums, aigus, les transitoires, le spectre, le relief, la transparence, l’homogénéité, la clarté, la définition, la précision, la définition, l’acoustique.

A titre de comparaison, elles ont également été écoutées avec un casque FOCAL Utopia et un STAX SR-009 accompagné de son amplificateur SRM-727 II.

 

Plage 1–  ESPACE SONORE et TIMBRES.

BELLINI : Adelson e Salvini. Joyce DiDonato, choeur et orchestre de l’opéra de Lyon dirigés par Riccardo Minassi (Erato). 

  • Très belle ampleur de la reproduction sonore avec des instruments très bien séparés dans l’espace. La voix de la mezzo-soprano américaine est charnelle, et, ce qui dénote une très bonne maîtrise technique, de part et d’autre, reste excellente au cours des montées en puissance. Les timbres des instruments sont également très beaux dans un ensemble sonore lumineux et doux.
  • Hugues Deschaux: les cordes sont soyeuses, avec un beau grain: on perçoit l’archet sur la corde, violoncelle et contrebasses donnent une belle assise grave.

Plage 2 – EQUILIBRE, NATUREL.

SCHUBERT Franz  : Trio pour piano, violon et violoncelle n°2. Trio Les Esprits (Sony).

Le violon est reproduit en finesse avec une grande douceur dans un ensemble qui bénéficie d’une belle séparation instrumentale.

Hugues Deschaux: réalisé dans la célèbre salle de La Chaux-de-Fonds dont la chaleur et la douce lumière de son acoustique font un magnifique écrin pour la musique de chambre. Avec piano, celle-ci est difficile à enregistrer car piano et cordes sont si différents de par leur taille, leur puissance, leur façon de rayonner dans l’espace, que donner une unité sonore à la partition s’avère une gageure pour atteindre le juste équilibre tout en restant fidèle à la qualité du timbre, du toucher de chaque interprète. J’aime le naturel de cet enregistrement, le côté « palpable » du son.

 

Plages 3 & 4 –    GRAVES, TRANSITOIRES .

GOTTSCHAL : souvenirs de Porto Rico en deux versions enregistrées en l’église de Bon Secours à Paris avec le même piano Steinway D, par Simon Ghraichy (DG) & David Lively. La Musica.

  • Par rapport à l’UTOPIA et au SR-009, le son proposé par le VERUM nous situe plus en retrait et paraît donc plus doux. Il ne manque toutefois pas de détails et de précision et se révèle être puissant dans le grave. L’articulation générale est très bonne, la vélocité respectable et c’est quand même très bien dans l’ensemble.

François Eckert: j’ai eu l’opportunité d’enregistrer, à un an d’intervalle, ces deux versions au même endroit (l’église de Bon Secours à Paris), et sur un même piano Steinway. Pourtant, si on les compare, le résultat sonore est vraiment différent. Le tempo choisi par Simon Ghraichy est plus lent, ses graves sont denses et profonds. Chez David Lively, on perçoit un tempo plus rapide, un toucher extrêmement puissant et à la fois relâché. Même enregistré de façon différente, ils ont en commun une prise de son assez proche: un gros plan plutôt qu’un plan large. Si le système de reproduction n’est pas précis, les graves de Simon seront flous, voire baveux et, à contrario le toucher de David semblera beaucoup trop mou. Le piano est l’un des instruments qui produits le plus de transitoires, difficiles à capter et tout aussi difficiles à restituer.

 

Plage 5 – SPECTRE, RELIEF, TRANSPARENCE.

BACH J-S : Toccata et Fugue BWV 721 enregistré à Notre-Dame de Paris. Olivier Latry . La Dolce Volta.

  • Très bel orgue. Mieux que le Stax dans la présentation générale et le déploiement de la musique. Très bonne différenciation des registres, cependant, avec quelques sonorités un peu minces et pincées. Ce que l’on ne constate pas avec le FOCAL qui, timbres, ampleur, qualité et lisibilité du grave, met tout le monde d’accord.

François Eckert: enregistrer à Notre-Dame de Paris s’avère compliqué. L’orgue engoncé ne peut pas vraiment se développer. Comme il est très haut, on n’entend pas grand chose au sol. Pourtant, par son nombre de jeux, c’est l’un des instruments les plus puissants au monde. Le défi était de taille, mais la puissance de l’instrument est bel et bien restituée et un beau relief l’emporte.

 

Plage 6 –  DEFINITION, CLARTE, INTELLIBILITE.

MOZART W-A: messe en ut mineur (Kyrie). Bach Collegium Japan. Dir. Masaaki Suzuki. Bis.

  • Très belle ouverture, beaucoup de clarté (davantage parfois que l’UTOPIA). Belle transparence. Superbe voix de soprano. Intelligibilité au rendez-vous.

Hans Kipfer: j’ai voulu restituer aussi naturellement que possible la grande profondeur de la scène, les combinaisons de couleurs des instruments anciens et l’équilibre entre orchestre, soliste et choeur. Si le couple amplificateur/enceintes ne fait pas correctement son travail, on peut perdre cet équilibre si délicat qui donne à l’ensemble toute la luminosité des textures. Des voix moins définies diminueraient la compréhension du texte; des aigus moins ouverts deviendraient agressifs; des graves moins précis (orgue, contrebasses, timbales, voix) dégraderaient la dynamique et la tonicité de l’ensemble.

 

Plages 7 & 8. HOMOGENEITE, PRECISION.

J-S BACH : variations Goldberg (18 à 26) par le Trio Zimmermann. Bis

  • Avec un UTOPIA qui survole à nouveau le débat, un STAX à la belle musicalité assortie de très beaux timbres d’une extrême finesse, le V1 ne démérite vraiment pas, c’est finalement très beau. Car même si son aigu est moins aérien, il est compensé par une belle assise qui ne vient jamais masquer la perception du frottement des archets sur les cordes, qui offrent, cependant, un poil d’acidité et de rugosité ici ou là, absentes sur ses deux redoutables concurrents du moment.

Hans Kipfer: maintes fois gravées au clavecin, au piano et à l’orgue, le Trio Zimmermann propose un arrangement pour violon, alto et violoncelle des variations Goldberg. La première idée était d’enregistrer dans une acoustique de type musique de chambre, mais nous avons finalement opté pour une acoustique plutôt généreuse, celle de l’église du XIIe siècle de Mandelsloh en Allemagne, appropriée aux cordes. L’image sonore est précise et l’auditeur peut suivre aisément chacune des voix. Les trois Stradivarius mêlent harmonieusement leurs timbres. Le trio joue avec une vraie force de cohésion, si bien qu’après quelques instants, l’auditeur cesse d’entendre trois cordes distinctes, mais plutôt un seul corps sonore qui joue.

 

Plages 9,10 & 11 –  MEDIUMS, AIGUS, PHASE, LOCALISATION.

PATAVINO / LA FAGE. Doulce Mémoire; Denis Raisin Dadre. Alpha.

  • (9). Belle voix, moins de maîtrise que le Focal, légers effets sibilants, belle réverbération. (10) La précision du positionnement  est très bonne dans une très belle unité d’ensemble avec les légers effets sibilants déjà mentionnés, également présents sur le Stax. (11/ cohérence sonore) Finesse et détails des piano, violon et alto qui semblent avoir été captés de plus près.

11- COHERENCE SONORE.

PURCELL Henry. Music for a while. Adrien La Marca, Thomas Hoppe. La Dolce Volta.

Jean-Marc Laisné : chaque nouvelle prise de son est une page blanche en même temps qu’un défi. Pour exemple, ce duo enregistré à la salle philharmonique de Liège. La difficulté de la captation consiste à déterminer une disposition où le pianiste et l’alto pourront trouver une complicité. Quand dialogue il y a, il faut l’entendre ! Et pas seulement l’instrument devant le piano. Ce dernier doit exister dans tous ses registres sans être masqué. Il s’agit de déterminer le point où le son de l’alto sera soutenu jusqu’à la réponse du piano. La résonance de la salle tient en partie ce rôle, vient prolonger le son jusqu’à la note suivante et crée un lien entre les deux instruments.

 

Plages 12, 13 & 14 –  RELIEF, SPATIALISATION.

SAINT-SAENS Camille. Symphonie n°3 avec orgue (finale). Orchestre philharmonique royal de Liège. Olivier Latry (orgue), Pascal Rophé (direction). Cyprès.

  • Très bel orgue bien détaillé, tout comme l’ensemble des pupitres qui parviennent bien séparés les uns des autres dans une bonne articulation de l’ensemble, à l’exception des tutti qui arrivent avec une très légère confusion.

Aline Blondiau : cette symphonie enregistrée à la salle philharmonique de Liège est un bon test pour juger de la transparence. L’acoustique chaleureuse, ample et généreuse sera perçue comme telle. L’enregistrement fait la part belle aux plans sonores et à la profondeur de l’orchestre. Le grand orgue en fond de scène définit toute la largeur de la stéréo. La localisation précise des pupitres et instruments détermine un relief contrasté.

(13 & 14) BEETHOVEN Ludwig. Sonate pour violon n°3. Lorenzo Gatto. Sonate pour violon n°7. Julien Libeer. Alpha

Plages 15, 16 & 17 – ESPACE, RESPECT des TIMBRES (15 & 16).

El Cant de la Sibilla. Montserrat Figueras, La Capella Reial de Catalunya. Jordi Savall. Alia Vox.

Le VERUM 1 nous livre une très belle voix de Monserrat Figueras, bien présente, intelligible, sans effets sibilants. Légèrement en retrait, les instruments apparaissent bien positionnés, bien espacés avec un très beau choeur dont les voix sont bien différentiables. Il y a de la profondeur de champs et on perçoit bien le retour de la réverbération du lieu. Toutefois, cet ensemble de qualités n’est quand même pas à la hauteur de ce qu’offrent les FOCAL Utopia et Stax SR-009, aux timbres encore plus beaux (ceux des voix paraissent plus clairs sur le Stax, la cloche est plus mate sur V1, avec une perception inférieure des harmoniques et des transitoires), dont la précision est encore supérieure et qui proposent davantage de largeur (Stax) et de profondeur de champ.

 

AUTHENTICITE, TRANSPARENCE (17).

SCHUBERT Franz. Symphonie n°7. Concentus Musicus de Vienne. Stefan Gottfried. Aparté

17 – Bien qu’apportant une belle transparence à l’ensemble de la reproduction du Concentus Musicus de Vienne et une belle largeur stéréophonique, le V1 délivre un plan, un peu plus plat, qui manque de profondeur. Il ne manque véritablement pas de qualités, là où le Stax, bien qu’un peu trop clair, nous livre un message très bien articulé, avec davantage de profondeur de champ. Que le FOCAL Utopia, parce qu’il reproduit plus de détails instrumentaux, une scène plus profonde, une superbe transparence, une meilleure balance grave/médium/aigu, une très grande qualité des timbres et d’excellentes capacités dynamiques en faveur des transitoires qui donnent plus de vie et d’énergie à la musique: cela donne la meilleure sensation de se trouver proche de l’orchestre.

Nicolas Bartholomée : 15/16. Au début du Chant de la sibylle, le dialogue entre la chalemie (famille des anches) et la cloche établit d’emblée un espace aéré, le relief de l’image et l’extrême transparence des timbres. Les plans sonores sont précis, délimités, la voix soliste met en exergue la grande profondeur de scène… La meilleure prise de son est celle que l’on ne remarque pas, qui s’efface pour faire place à la musique.

17. Comment ne pas réussir un enregistrement dans une salle mythique (Musikverein de Vienne/une des plus belles acoustiques du monde) et avec un orchestre qui ne l’est pas moins ? Le résultat est à la hauteur de nos espérances: authenticité du timbre particulier des instruments d’époque; transparence permettant aux cordes en boyau de sonner au mieux de leurs possibilités; amplitude et profondeur de la scène sonore; relief marqué qui octroie beaucoup de précision aux différents pupitres; et surtout une émotion de chaque instant. Enregistrer en direct avec raccord après le concert constitue toujours un grand risque, rien ne doit transparaître au mixage. D’où ma grande fierté !

 

Conclusion :

Confronté à deux des casques qui font très certainement partie des plus réussis, toutes catégories confondues; — comparé à deux casques qui utilisent les technologies électrodynamique et électrostatique différentes de celle, planar-magnétique, employée par le VERUM 1; — affirmer que le casque « artisanal » ukrainien s’en est très largement tiré à son avantage et avec les honneurs ne comporte pratiquement aucun risque sur les aspects technique et sonore.

Résolution, justesse des instruments et des voix, capacités dynamiques sont au rendez-vous.

À ce prix, la qualité de fabrication ne peut vraiment pas être critiquée. Encore moins celle de la version 2020 à l’esthétique améliorée. Néanmoins, quelque peu hasardeuse, sinon risquée pour lui et sa clientèle, c’est d’ailleurs peut-être pour cela que son concepteur prend le risque d’une expédition dans des conditions d’emballage vraiment sommaires.

S’il reste quelques points à améliorer, comme la possibilité d’un réglage progressif et simplifié de la hauteur des oreillettes, parce qu’il permet d’accéder à une très haute qualité d’écoute de la musique, sans provoquer un important trou d’air dans les plus modestes tirelires audiophiles. Sans avoir à rougir de sa performance qui dépasse toutes les espérances au tarif de 349 dollars. Le VERUM 1 est un casque finalement très généreux.

 

André_ajr
HCFR – Mars 2020

 

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au casque Verum 1 : https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-sedentaires/verum-audio-verum-1-t30095225.html

 

 

 

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