Test HCFR vidéoprojecteur Sony VPL-VW890ES

Test HCFR vidéoprojecteur Sony VPL-VW890ES

Le HDR, logique et performance

 

 

 

Sony n’en est pas à ces débuts dans l’utilisation du HDR en vidéoprojection.
La marque nippone avait d’ailleurs été précurseur et proposait déjà un système fonctionnel sur la série VPL-VWx20. C’était il y a déjà 5 ans et depuis les choses ont nettement évoluées.

L’approche de Sony dans le domaine du HDR se base sur deux principes qui se complètent.

  • Utiliser une base de travail normalisée qui sera ajustée.
  • Proposer des outils d’amélioration dynamique.

De prime abord le principe semble simple mais ça serait en oublier les challenges du HDR en vidéoprojection.

Pour rappel, si les normes HDR10, Dolby Vision etc. sont parfaitement compatibles avec les téléviseurs et pour cause, ces technologies sont pensées pour les TV, nos projo se positionnent dans un univers technique très différent.
Tailles d’image sans comparaison, plage de dynamique différentes, pics lumineux différents, approche de la gestion colorimétrique différentes et j’en passe et des meilleures.
En gros, les vidéoprojecteurs sont relativement peu compatible avec le HDR si il devait s’appliquer nativement et suivant les prérogatives imposées par l’industrie audio visuelle.

Il faut donc adapter le HDR au mieux alors qu’aucune directive ni norme de conversion existe en vidéoprojection.

Pour y arriver il existe plusieurs type d’approches.
Chez la concurrence on trouve une sélection vaste de courbe de transfert de luminance adaptées au HDR (chez Epson par exemple).
Ou encore plusieurs options tenant compte d’une source spécifique qui effectuera le travail, la prise en compte des métadonnées qui indiquent quoi faire au niveau du tone mapping.
Ou encore une refonte totale la logique de l’image en HDR via un tone mapping dynamique (DTM) complexe, ce que JVC propose alors intégralement sur sa série DLA-Nx.

Sony décide de faire bande à part et se base sur un principe assez réfléchi.

En effet si on devait segmenter l’ensemble des films HDR10 on pourrait établir deux grandes familles.
J’exclus le Dolby Vision et le HDR10+, le VPL-VW890ES n’étant pas compatible, les lecteurs de Bluray UltraHD basculent alors automatiquement sur le contenu HDR10 « simple » présent sur des disques.
En HDR10 donc on peut identifier les films étalonnés dans un environnement de travail 4000 nits et les films dans un environnement 1000 nits. Cela ne veut pas dire que les films auront un mapping de pic lumineux pouvant atteindre ces scores, mais que le conteneur peut aller jusqu’à ce maxima.

Sony met à disposition deux modes HDR, le mode HDR10 qui conviendra aux films 4000 nits qui sera sélectionné automatiquement par défaut.

Ca tombe bien, car les films Sony Pictures Colombia sont inscrits dans un environnement HDR 4000 nits.
Si le mode HDR10 convient aux films 4000 nits, il peut aussi servir aux programmes étalonnés dans un environnement allant plus loin. Par exemple les vidéos tests à 10.000 nits du Bluray UltraHD Spears & Munsil UHD HDR Benchmark nécessitent ce mode.

Le mode HDR Reference est destiné aux films étalonnés dans un environnement 1000 nits ou si on souhaite utiliser toute la luminosité du vidéoprojecteur mais au détriment du clipping.
C’est à dire que la courbe ira aussi loin que le tone mapping 1000 nits au maximum de puissance lumineuse. Puis tout ce qui est au dessus sera affiché au maxima. Il n’y a donc pas nivellement de l’ensemble des valeurs.
Une option intéressante mais au détriment de la lisibilité des contenus principalement dans les zones éclairées. Sur les films étalonnés 1000 nits il n’y aura évidement pas de problèmes.

Comme les films ont des étalonnages différents, il faut pouvoir adapter avec précision et c’est à ce titre que les tone mappings interviennent.
Chez Sony il n’y a pas d’identification des métadonnées qui indiquent quoi faire au tone mapping des vidéoprojecteurs.
Il faut alors intervenir manuellement. Lorsque le VPL-VW890ES reçoit un signal HDR, le paramètre Contrast devient Contrast HDR. Il s’agit du réglage de tone mapping, un outil très important suivant les films.

Nos mesures de ce paramètre démontrent que l’intensité lumineuse de l’image entre 38 et le maximum n’est pas impactée.
En effet, nous sommes alors dans la plage d’ajustement du tone mapping. Sous 35 la luminosité du vidéoprojecteur va décroitre, ce qui est normal.

Au delà de Contrast HDR 37 le paramètre est un pur tone mapping sans incidence sur la luminosité du VPL-VW890ES.

Un film comme « Aquaman » démontre sur plusieurs plans, tout l’intérêt de cet ajustement.
Sur les plans 10.000 nits du Bluray Spears & Munsil UHD HDR Benchmark l’apport d’un bon nivellement est alors une évidence.
La fameuse scène des chevaux sous la neige peut devenir parfaitement détaillée à presque illisible. Ces exemples démontrent la difficulté du HDR mais aussi son apport même en vidéoprojection.

En tous cas, même si il faut ajuster l’image, le VPL-VW890ES est tout à fait capable d’afficher les tests les plus ardus de ce Bluray.

Aquaman paramètre Contrast HDR par défaut à 60. Le tone mapping est convenable, peu de clipping mais l’image devrait pouvoir gagner en détail.

Contrast HDR passé à 40, le tone mapping est alors parfait sur ce film dont le HDR10 est étalonné dans un espace de travail jusqu’à 4000 nits.

Contrast HDR à 70, un réglage médian pouvant satisfaire le visionnage des films HDR 1000 nits sans passer par un profile dédié sur une base HDR Reference. Malgré une hausse du clipping, le rendu visuel de Aquaman reste bon et tout à fait acceptable. Peut-être à pondérer avec un réglage de Brightness à 53.

Contraste HDR à 80, le clipping est en hausse et fait perd en détail dans les zones claires de l’image. Sur un autre film, les réglages Contrast HDR peuvent s’avérer différents.

Le Bluray Spears & Munsil UHD HDR Benchmark et sa scène des chevaux est un excellent test qui permet d’évaluer et de comprendre le fonctionnement du HDR du VPL-VW890ES (et des autres vidéoprojecteurs de la marque).

Commençons par le mode HDR10 sur cette vidéo paramétrée au maximum disponible, soit un espace d’étalonnage HDR à 10.000 nits.

Le paramètre Contrast HDR par défaut à 60 permet déjà d’obtenir une restitution correcte.

Contrast HDR à 40, l’image est plus lisible et arrive au rendu escompté.

Le réglage « médian » visant un profile HDR unique est mis à l’épreuve et malheureusement dans ce cas le rendu n’est pas totalement satisfaisant. Un seul profile HDR sur les vidéoprojecteurs Sony série VPL-VWx90ES, malgré les progrès, implique encore de faire des compromis.

Contrast HDR à 80, le clipping est trop important. Notez que si un fil est étalonné dans un espace de travail HDR moins élevé (10.000 nits est un extrême), Contrast HDR 80 pourra satisfaire. D’où l’hypothèse du point médian évalué à 70.

Si on utilise le mode HDR Reference voici ce que l’on obtient.

Etant donné la nature du mode HDR Reference, le réglage Contrast HDR par défaut à 60 montre déjà un important clipping. En effet ce mode est destiné aux films étalonnés 1000 nits.

Contrast HDR à 45 et moins, le mode HDR Reference devient fonctionnel sur cette vidéo. Cela confirme bien un ajustement du tone mapping asservi au mode HDR dont le rendu sera différent dans l’absolu et différent suivant l’étalonnage HDR des films.

Dans le cadre d’une optimisation HDR le paramètre de luminosité sera aussi très utile afin d’aider à déboucher éventuellement l’image.
Ce paramètre n’est pas spécifique au HDR et son action y est identique à un programme SDR.

Le dernier outil d’optimisation du HDR fait parti des nouveautés : le Dynamic HDR Enhancer.

Ce procédé est en fait une adaptation d’un contraste dynamique optimisé pour le HDR.
Issu des acquis du Contrast Enhancer, le Dynamic HDR Enhancer dispose d’une meilleure analyse de l’image et peut travailler plus précisément les zones claires opposées aux zones sombres.
Malgré tout l’action joue sur la globalité de l’image et bien que non linéaire, cet algorithme n’est pas un DTM alors qu’il s’en approche.
Et oui, rappelez vous, l’ensemble dépend aussi du Contrast HDR qui est un nivellement du tone mapping.

Dynamic HDR Enhancer OFF

Dynamic HDR Enhancer LOW

Dynamic HDR Enhancer MIDDLE

Dynamic HDR Enhancer HIGH

NOTA : Le gain en contraste perçu est progressif jusqu’au niveau MIDDLE et devient très prononcé sur le niveau HIGH. Le Dynamic HDR Enhancer joue parfaitement son rôle : rehausse de la luminosité des zones claires et amélioration des zones sombres. Sans être un DTM, cet outil d’amélioration de contraste en contexte HDR se révèle redoutable.

Ceci dit cet outil est vraiment très efficace et très peu intrusif dans la colorimétrie.

Si la mesure de l’EOTF démontre une action mesurable et visible, l’incidence sur la température de couleur est minimale et négligeable.
Les gains apportés étant très important, la dérive sur l’EOTF est normale dans ce cas et c’est d’ailleurs le but recherché, le peu de changements sur la colorimétrie est tout à fait acceptable, d’autant qu’il ne sera pas possible de s’en rendre compte à l’oeil.
A contrario l’effet sur le rehaussement de pic lumineux et l’accentuation de l’aspect démonstratif de l’image sera immédiat et sans ambiguïtés.

NOTA : La courbe des transferts de luminance du HDR est modifiée par le Dynamic HDR Enhancer. Ceci est normal et explique en parti le rendu visuel que cet outil permet d’obtenir. Notez que l’on ne peut pas corriger la courbe de HDR à partir de cet outil, même si la mesure tendrait à le faire penser. En effet la lecture des mires ne correspond pas à une image composée et complexe, là où le Dynamic HDR Enhancer agit. L’ajustement de la courbe se fait par la sélection HDR10 ou HDR Reference, puis par le nivellement du tone mapping via Contrast HDR et une pondération avec le paramètre Brightness.

 

Aux grandes questions, les réponses seront brèves.

Oui le VPL-VW890ES est un très bon vidéoprojecteur HDR.
Oui il est capable d’afficher tout type d’étalonnage, même les plus compliqués (moyennant un ajustement en conséquence).
Oui il y a de grands progrès depuis l’ancienne génération.
Oui on peut établir un profile HDR unique qui pourra satisfaire tout type de visionnage.
Néanmoins les plus perfectionnistes souhaiteront créer encore deux profiles HDR distincts et optimisés. Un pour le contexte HDR 4000 nits et un autre pour le contexte 1000 nits.

 

 

– Lien vers le sujet HCFR dédié au projecteur Sony VPL-VW890ES : HTTPS://WWW.HOMECINEMA-FR.COM/FORUM/PROJECTEURS-UHD-4K/2021-SONY-VPL-VW890ES-LASER-4K-VOIR-POST-1-T30114115.HTML

 

 

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