Test_CR utilisateurs HCFR : JVC DLA-N7 FW 3.52

Test_CR utilisateurs HCFR : JVC DLA-N7 FW 3.52

Compte-rendu utilisateur de Cyrille_ektor

 

 

Préambule 

Fin 2019, l’Association HCFR a eu l’opportunité de pouvoir tester le projecteur home-cinéma UltraHD/4K natif/HDR JVC N7 avec la fonction Frame Adapt HDR.

En avril 2021, le constructeur met à disposition de ses clients la version du firmware 3.52 qui permet à ses appareils N5/N7/NX9 d’aller encore plus loin dans la gestion du HDR si compliquée en vidéoprojection, en intégrant la fonction Theater Optimizer et d’autres raffinements dont nous allons voir les attraits.

Mais avant cela, pour les moins connaisseurs, nous allons revenir sur les prérequis nécessaires à la bonne compréhension de l’article.

 

 

Rappels préalables

Qu’est-ce qu’un contenu UHD HDR ?

Les contenus UHD HDR promettent des pics lumineux et une impression de noirs plus profonds, une colorimétrie plus large avec des dégradés de couleurs plus fins et une définition bien supérieure aux blu-rays classiques.

 

Quelles sont les limitations et pourquoi le HDR est-il si compliqué à reproduire par les projecteurs ?

Il faut avoir à l’esprit que cette norme a été pensée pour les téléviseurs.

L’espace de couleurs est élargi par rapport aux contenus classiques : on passe du BT709 au BT2020.

C’est une belle amélioration mais ce gamut reste encore assez éloigné de ce que l’œil humain peut percevoir dans la réalité. Quelques rares appareils équipés de sources lumineuses RVB sont capables de le couvrir mais la majorité peinent à arriver à 70%, ce qui s’avère suffisant en condition si le diffuseur est correctement étalonné. C’est toute l’importance du calibrage vidéo que nous allons aborder.

En matière de définition, les masters réalisés en post-production et les effets spéciaux sont encore réalisés en 2K. Ajouté à cela le fait que les appareils disposent de dalles ou matrices 4K/UHD depuis bien longtemps, au fil des générations, les processeurs vidéo se sont bien améliorés pour mettre à l’échelle 4K/UHD les contenus de définitions inférieures.

Ceci pour dire qu’une image d’un blu-ray UHD, comparativement à une image de définition inférieure qui serait mis à l’échelle en UHD/4K, ne saute généralement pas aux yeux, sauf en vidéo-projection où l’image peut atteindre plusieurs mètres.

Pour ce qui est de la reproduction du HDR, un projecteur projette par définition une image sur un écran ou une surface. Il n’y a pas de rétroéclairage (comme sur les LCD) et l’on ne peut pas éteindre les pixels qui composent l’image pour un noir infini (comme sur les OLED).

Donc pour un projecteur qui affiche de très grandes images, ce n’est pas simple d’avoir une source lumineuse assez puissante afin de reproduire des pics lumineux convaincants. Mais des solutions existent et JVC fait partie des constructeurs précurseurs dans ce domaine.

 

Quels sont les atouts de la vidéoprojection et comment se place le JVC N7 compte-tenu des contraintes ?

Le format de l’image projetée est adaptable à son environnement avec la possibilité de le projeter en 4/3, 16/9 ou 2.35 comme au cinéma pour une immersion totale, idéalement dans un environnement sombre.

C’est aussi l’absence de reflets d’une dalle de télévision.

On peut faire appel à des toiles techniques à gain positif pour pallier au manque de luminosité sur de grandes bases.

Le N7 est un projecteur placé au milieu de la gamme, doté d’une source lumineuse classique à lampe UHP de 265W, d’une puissance théorique pouvant aller jusqu’à 1900 lumens.

Plus la base image sera grande, plus la luminosité se réduira.

En terme de luminosité, certains téléviseurs sont capables d’atteindre 1000 nits ou plus sur de petites zones.

C’est clairement impossible en projection et ce serait même préjudiciable à nos yeux si nous disposions d’une telle puissance, compte tenu de la grande dimension de l’image.

On s’accorde à dire qu’en fonction des artifices utilisés, un minimum de 50 nits est requis avec idéalement une référence à 100 nits.

 

 

La mise à jour 3.52 de JVC

Les appareils livrés actuellement arrivent avec la version 3.51 (elle n’a pas été mise en ligne).

Je conseille de faire la mise à jour du firmware du projecteur avant de s’attaquer à l’autocalibrage pour bénéficier des derniers raffinements :

  • La fonction « Reflect To All » : une seule calibration suffit et tous les profils sont calibrés par interpolation.
  • Prise en compte du type d’écran, taille, gain au sein de la fonction « Theater Optimizer » avec 3 réglages de luminosité.
  • L’usure de la lampe dans le temps serait prise en compte (pas plus d’informations sur la mise en œuvre de cette fonctionnalité).

La version 3.52 peut être téléchargée ici :

https://www3.jvckenwood.com/english/download/dla-nx9_dla-nx7_dla-nx5_dla-n7_dla-n5_dla-n11_dla-n8_dla-n6_dla-rs3000_dla-rs2000_dla-rs1000/

Voici le process d’installation du firmware :

https://www.homecinema-fr.com/forum/ressources/file/196834

 

 

L’autocalibrage JVC 

Nicolas_DTSman explique le process à la fin de son article :

Test HCFR JVC DLA-N7, projecteur 4K

 

les prérequis :

– Utilisation d’une sonde DATACOLOR Spyder X (PRO ou ELITE, environ 150€) ou d’un spectrophotomètre X-RITE IPRO2 (environ 1500€).

Il existait également une astuce pour utiliser une sonde plus précise et pas beaucoup plus chère que la DATACOLOR, une X-RITE Display Pro3 mais je ne saurais dire si la nouvelle version est compatible.

En tout cas, ce n’est pas une solution soutenue par JVC donc si vous faites des bêtises, ce sera à vos risques et périls.

– Installer les pilotes de la sonde

– Relier la sonde à un ordinateur

– Relier le projecteur directement à la carte réseau de l’ordinateur ou au réseau local RJ45 de sa box

– Installer le logiciel JVC Projector Calibration Software 12 ver1.11

https://www3.jvckenwood.com/english/download/dla-nx9_dla-nx7_dla-nx5_dla-n7_dla-n5_dla-n11_dla-n8_dla-n6_dla-rs3000_dla-rs2000_dla-rs1000_calibrationsoft.html

 

 

Les explications :

https://www3.jvckenwood.com/english/download/file/JVC_PCS_manual12_en_v1_10.pdf

 

Conseils :
  • Lancez le logiciel JVC avec tous les droits (mode administrateur)
  • Faites fonctionner le projecteur 30 minutes pour qu’il soit stable en température
  • Réglez les convergences à minima à l’endroit où la sonde va prendre les mesures
  • Choisir le gamma qualité (33 points)

 

 

Mise en application

Pour l’exercice, nous allons utiliser le spectrophotomètre et mesurer exactement la même surface au milieu de l’écran, en dehors de l’ombre portée par la sonde et son trépied.

 

La reproduction des contenus BLURAY SDR (BT709, lampe bas, gamma 2.2, preset naturel, iris moins 4) :
JVC N7 en sortie de carton :

Gamut à 97,3 % , erreurs de luminance correctes sauf pour le bleu.

 

Le magenta, vert, jaunes sont corrects mais les autres couleurs doivent être rectifiées.

 

Comme on pouvait s’y attendre, le gamma nécessite des ajustements mais il est plat et proche de la cible visée à 2.2 (repère bleu à 2.22).

 

JVC fournit des projecteurs bien mieux réglés que par le passé.

 

JVC N7 après autocalibrage JVC :

La gamut est couvert à 100,9%, erreurs de luminance corrigées, le point blanc pourrait être un peu mieux placé en cible.

 

A part pour le magenta, le rouge et le cyan, je m’attendais à un peu mieux mais ce n’est pas trop mal.

 

Le gamma est bien rectifié, le rouge un peu bas sur toutes les nuances de gris (repère bleu à 2.2).

 

On peut dire que le processing JVC fait parfaitement le job pour recaler un gamma et un gamut.

 

 

JVC N7 après autocalibrage JVC ET calibrage d’un logiciel tiers

Magnifique !

 

Delta E (écarts de couleurs) : 0,6 pour les saturations, 0,7 pour le colorchecker (ensemble de teintes caractéristiques) et 0,6 pour les teintes de peaux.

 

 

La reproduction des contenus BLURAY UHD (BT2020, lampe basse, gamma 2.4 car DTM externe, preset user, filtre de couleurs engagé, iris 0) :
JVC N7 après autocalibrage JVC ET calibrage d’un logiciel tiers :

 

72 % du BT2020 couverts, quasi 100 % du P3, il reste 61 cd/m2 de luminosité sur écran blanc gain1 base 2,50 m.

Nota : le filtre fait gagner 7% d’espace couleurs pour 10% de perte de luminosité.

Le projecteur n’est pas capable de couvrir le BT2020 dans les hautes luminances de certaines couleurs, c’est tout à fait normal. C’est surtout le vert où ça décroche déjà à partir de 40% de saturation.

L’idée est d’obtenir les meilleurs résultats possibles sur la plus grande plage de couleurs.

DeltaE (écarts de couleurs) : 1,7 pour les saturations, 0,6 pour le colorchecker (ensemble de teintes caractéristiques au milieu du gamut) et 0,5 pour les teintes de peaux, encore mieux qu’en BT709 !

Superbe RGB :

 

 

Maintenant, passons à un JVC N5, après autocal JVC avec la sonde DATACOLOR SpyderX :

Nota : je n’ai pas réalisé cette autocal, une erreur de méthodologie est possible même si le process a été strictement respecté par l’utilisateur qui a suivi la notice JVC.

 

JVC N5 après autocalibrage JVC :

Comme je l’avais constaté sur le N5 de test HCFR autocalibré avec SpyderX, tout est décalé par rapport à la norme, des corrections sont à prévoir (à l’époque, j’avais utilisé cette sonde puis calibré avec un logiciel tiers et une X-RITE DisplayPro3 étalonnée avec sa matrice de correction), cf le test :

https://www.homecinema-fr.com/test-hcfr-jvc-dla-n5-frame-adapt-hdr-projecteur-4k/4/

Température de couleurs erronée, hors cible.

 

Le gamut est correctement ajusté (100%) mais les saturations sont décalées :

 

Les dérives des couleurs sont importantes (Delta E de 5) :

 

Le Colorchecker est très décalé surtout pour le bleu :

Le gamma est dans les choux :

J’ai pensé à une panne matérielle dans un premier temps mais il y a une explication rationnelle : éviter d’utiliser la fonction « Environment Setting » de l’application JVC avec cette sonde car cela modifie les réglages du menu gamma avec les résultats qui suivent.

 

 

...et revoilà ce même JVC N5 après une nouvelle autocal JVC avec le spectrophotomètre ET un calibrage manuel avec logiciel tiers :

Saturations quasi parfaites :

 

Ouf, le gamma à 2.2 est sauvé :

Un gamma bien réglé (courbe plate + équilibre des composantes RVB) ce sont des noirs débouchés, des zones sombres lisibles avec du relief et de la profondeur.

Si l’on ne voit rien dans les zones sombres d’un film, c’est que le réalisateur l’a voulu (exemple : TENET).

 

RVB :

 

Colorchecker :

 

Température de couleurs (prendre en compte courbe bleue) :

 

Pour les mesures du HDR BT2020, après autocalibration et calibrage manuel, sans filtre couleurs (il n’y en a pas dans le N5) : 95% du P3 et 67% du BT2020 c’est excellent !

Malheureusement, le logiciel de calibrage est ultra buggé dans ses rapports de calibrages donc pas de graphes…mais de mémoire, 1.1 pour delta E du Colorchecker et 0.8 sur les teintes de peaux.

 

 

L’autocalibrage avec option « Reflect to all » :

Après vérifications avec le spectrophotomètre, j’ai constaté que le travail de cette option fonctionne vraiment bien.

Il suffit de faire une autocal sur un preset et tous les autres sont ajustés automatiquement.

Cela signifie par exemple que tous les gammas seront réglés et droits.

D’un gamut à l’autre, la température des couleurs et la colorimétrie resteront dans une marge largement acceptable.

 

Bien sûr, on peut réaliser plusieurs autocal pour encore plus de précision, notamment si l’on utilise l’iris automatique (ce n’est pas mon cas, je n’aime pas le pompage ou la réduction de luminosité surtout sur un N7 où les noirs sont très sombres).

Nota : l’autocal ne fonctionne pas en mode « Frame Adapt HDR », il faut se mettre en mode HDR10.

 

 

Le DTM (Digital Tone Mapping) à la sauce JVC :

Sur une base d’écran de 2,5m, les 100 nits sont atteints en lampe haute donc le projecteur s’en sort très bien avec les contenus UHD HDR.

C’est simple, je n’ai pas réussi à le mettre en défaut dans le mode lumineux « moyen » du « Theater Optimizer ».

Sur les plus grandes bases, le mode « haut » permettra de booster encore un peu plus la dynamique de l’image.

Un DTM efficace, c’est l’assurance de reproduire correctement les contenus UHD HDR, quelle que soit la source. L’image n’est plus trop sombre, les blancs ne sont pas brûlés, sont nuancés avec du relief et les noirs bénéficient d’une belle richesse de nuances de gris sans être bouchés.

Cependant, en terme de pics lumineux, il ne faudra pas s’attendre au rendu des dernières TV.

 

 

Conclusion

JVC met gratuitement à disposition des utilisateurs un outil accessible, très puissant, capable de parfaitement recaler un gamma et un gamut, en tenant compte de l’environnement et de la toile avec une sonde peu chère.

Pour des résultats colorimétriques « parfaits », il faudra utiliser le spectrophotomètre ou réaliser un calibrage manuel externe avec une sonde plus performante.

D’ailleurs l’autocal JVC facilitera grandement le travail, avec des résultats époustouflants à la clé.

Avec ces projecteurs JVC 4K natifs, les contenus HDR sont correctement reproduits dans les zones claires et sombres de l’image grâce à la fonction « Theater Optimizer » et sans avoir besoin d’une source externe qui ferait le travail de DTM, ce qui n’est pas chose simple pour un projecteur limité par sa puissance lumineuse.

JVC met à jour et perfectionne ses appareils au fil du temps, c’est une attitude exemplaire qui est à saluer.

Que pourrions-nous espérer d’une future mise à jour ?
La prise en compte des métadonnées dynamiques du Dolby Vision ou du HDR10+ peut-être ?

 

Cyrille_ektor
HCFR – Août 2021

 

 

– lien vers le sujet HCFR dédié au videoprojecteur 4K JVC DLA-N7 : https://www.homecinema-fr.com/forum/projecteurs-uhd-4k/jvc-dla-n5-et-dla-n7-proj-4k-natifs-test-hcfr-post-1-t30089794.html

 

 

 

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