Visite HCFR : Pierre Paya Diffusion, le paradis du casque
Les écoutes des trois systèmes Hi-Fi présenté à l’inauguration du showroom P P Diffusion
A l’occasion de cette inauguration fort bien organisée, Pierre avait préparé trois séances d’écoutes optimisées afin de nous faire comprendre sa philosophie. C’est donc sans étonnement que nous avons été gratifié de démonstrations d’appareils que l’on ne voit pas tous les jours ou que nous ne connaissions pas.
La première écoute était consacrée à d’étonnantes enceintes bibliothèque en provenance d’Ukraine : les CONTRAST Monitor. A cette occasion Pierre en a profité pour mettre en oeuvre l’une des marques qu’il importe, les électroniques Serbes AURIS. Si les CONTRAST adoptent une parure sobre et très classique, les électroniques AURIS s’offrent une robe élégante alliant bois et cuire, un choix pour le moins inhabituel mais somptueusement classieux et agréable l’oeil.
L’écoute de ce système correspond assez à mes goûts personnels principalement en terme d’image sonore que j’aime généreuse et enveloppante. Il est certain que les 94 dB de sensibilité des Monitor permettent à l’AURIS FORTINO 6550 et ses 50 watts en push-pull de fonctionner sans effort, à noter que cet intégré dispose dans tous les cas d’une belle capacité en courant. Autre élément technique intéressant, le FORTINO 6550 dispose d’un étage d’entrée polarisé en classe A et de sorties en classe A/B. Cette topologie permet de s’affranchir de la forte consommation en courant d’une construction purement en classe A en profitant du gain d’efficience de la classe A/B sans perdre en performance. Cette technique permet donc de conserver d’excellent taux de distorsion, cela ajouté à la linéarité des performance électrique des tubes, vous pouvez vous assurer de belles séances d’écoute. Le DAC AURIS sera le D1D, il ne s’agit pas du plus gros DAC proposé par la marque, mais cette référence est déjà capable de forts belles choses en terme de précision, de décodage et d’équilibre tonal.
Ce premier système présenté par Pierre m’a fait une excellente impression, à commencer par une image sonore dévoilant une profondeur et une ouverture ample, très confortable à l’écoute. Le local de Pierre impose encore un positionnement bien précis pour y trouver le sweet spot. Placé au bon endroit, l’écoute des CONTRAST Monitor prend un bel envole, la scène sonore rempli alors la pièce, porte la musique à l’auditeur et confère ainsi une immersion remarquable. En terme de timbre, le mariage CONTRAST / AURIS témoigne d’une belle efficacité conservant tout le naturel des textures vocales et l’exactitude des instruments. La précision de la reproduction est également d’un très bon niveau. La performance de la dynamique n’est pas étrangère à ce constat, plus encore ce qui m’a le plus étonné est la franchise des attaques et la vélocité dont fait preuve cette association.
Une première écoute pour moi très réussie.
Le système suivant « tout AURIS » tablait sur une approche très différente des méthodes de conception d’une enceinte traditionnelle. Les AURIS POISON 3 se présentent comme de fines colonnes trois voies très compactes. Des enceintes assez complexe dans leur réalisation cumulent plusieurs principes qui vont induire une image sonore très différente de celle obtenue avec les CONTRAST Monitor.
Les POISON 3 utilise une haut parleur large bande en charge des haut médiums et des aigus. Le woofer se trouve sur le côté de l’enceinte, nous avons donc une enceinte droite et une enceinte gauche. Le positionnement aura alors un impacte déterminant et pourra se moduler suivant les caractéristiques de la pièce d’écoute. Le tweeter se trouve à l’arrière de l’enceinte et rayonne vers le sol vu que la POISON 3 n’est pas une colonne droite, mais inclinée vers le haut face à l’audience. Cette méthode permet de simuler la présence d’une enceinte plus haute et plus généreuse. la contrepartie est une image sonore plutôt directive et dépendante du placement des enceintes dans la pièce, puis de l’audience par rapport à l’enceinte. Le sweet spot est donc relativement étroit. Cette finalité est assez logique en définitive car la POISON 3 a été conçue pour fonctionner dans les petits espaces. Comme ces enceintes ont une sensibilité assez basse de 86 dB, Pierre sort l’artillerie lourde de chez AURIS, les blocs monophoniques FORTE 150 délivrant 100 watts RMS en classe A/AB. L’amplification est à nouveau en push-pull mais sur deux tubes KT150. Les partenaires de complément seront un préamplificateur AURIS PIANO et le DAC du haut de la gamme, le D2D .
L’écoute de ce système était également très performante mais démontrait des aspects très différents, les POISON 3 et les CONTRAST Monitor ne se place pas du tout sur les mêmes critères. Cela démontre aussi que si le local est primordial, le transducteur dans le local est un choix très important et déterminant. C’est à dire que malgré les imperfections de la pièce, ces défauts n’empêchent en aucun cas de distinguer deux paires d’enceintes fondamentalement différentes. Très clairement le pari d’AURIS est remporté, les POISON 3 sonne à s’y méprendre comme des colonnes plus généreuse et plus volumineuses. Les graves sont profond et tendu comme le ferait une enceinte d’un gabarit plus imposant. Alors que les CONTRAST Monitor limitaient la coloration des timbres, les POISON 3 quant à elle s’offre un certain parti pris qui n’est pas pour me déplaire avec un médium un tantinet flatteur apposant une certaine chaleur dans la reproduction des voix. C’est d’ailleurs étonnant car le haut parleur dédié à cette section du spectre pourrait laisser présager un rendu moins soyeux. Si on pouvait inspecter le filtre de la POISON 3 je pense que l’on pourrait observer une coupure très haute sur le woofer que je suspecte de reproduire les bas médium en plus des graves. L’image sonore est l’élément le plus intéressant de cette enceinte destinée aux petits espaces. La scène est placée très en avant, elle se perçoit presque derrière les enceintes et développe une écoute spatiale linéaire, comme un horizon partant d’une enceinte à l’autre. Nous n’avons pas d’effet bulle, et l’ampleur semble moins démonstrative avec un potentiel d’immersion en retrait. Cependant et cet finalité est la plus importante, la scène sonore se place de telle manière que l’on a l’impression de pièce plus grande. A mon humble avis, la directivité des POISON 3 vise essentiellement à optimiser le rendu sonore dans un petit espace.
J’ai trouvé cette écoute très intéressante, différente de la précédente, mais parfaitement logique quant aux objectifs poursuivis par la conception des POISON 3.
La dernière série d’écoute se déroula dans l’après midi afin de profiter d’un maximum de temps en continuité d’une succulente collation agrémentée de champagne et divers spécialités locales et d’autres moins locales. A ce propos je souhaite féliciter et remercier encore et encore et sans retenue, la charmante épouse de Pierre qui s’est chargée de nous préparer ce divin interlude gastronomique succulent et abondant. Le gourmand et gros mangeur que je suis fût aux anges ! Surtout que Pierre, armé d’une bouteille de sa boisson favorite a fait ce qu’il faut pour que nos gosiers ne soient jamais sec. J’avoue avoir, tout comme Pierre, un faible pour le nectar pétillant qui prend sa source à Reims.
Passé ce ravissement gustatif, nous étions remis d’aplomb pour attaquer le gros morceau de cette série d’écoute, les imposantes VIVA ALLEGRO sur une électronique VIVA SOLLISTA de 25 watts par canal ce qui est largement suffisant pour alimenter les belles italiennes et leur sensibilité de 97 dB. Les ALLEGRO sont d’aspect très traditionnel mais elle cache bien leur jeu car en réalité ces généreuses diva à rendement élevé profitent d’une conception partant de trois types de technologie de transducteurs différents. Le premier choix fait par VIVA est assez courant, il s’agit de l’usage d’un tweeter à ruban. Ceux qui ont déjà écouté ce type de haut parleur d’aigu savent qu’elles en sont les qualités intrinsèques. Dans le cas de l’ALLEGRO, ce tweeter est exploité dans sa propre caisse, il s’agit donc d’un tweeter déporté. Cette méthode permet d’optimiser deux facteurs primordiaux dans la conception d’une enceinte de cette classe. Premièrement, le volume de charge est parfaitement adapté au besoin du ruban et il sera plus facile d’élaborer les besoins en surface à proximité de celui-ci afin d’optimisé le rendu de l’image sonore. Deuxièmement, le tweeter peut facilement être déporté sur l’arrière de l’enceinte ce qui permet physiquement de corriger le déphasage temporel des aigus.
Pour rappel le son est une onde qui se propage dans l’air, chaque gamme de fréquence développe une longueur d’onde ou un transfert d’énergie. Suivant sa nature cette onde développe plus ou moins d’énergie et sa propagation sera plus ou moins rapide. Les aigus représentent les ondes les plus directives et aussi les plus rapide, ainsi le décalage du tweeter vers l’arrière rattrape la différence de temps d’arrivée de l’onde à l’auditeur. Les aigus étant plus rapide, il faut leur apposer un délais, le haut parleur est donc en retrait par rapport aux autres. Ce principe est exploité chez de nombreux constructeurs sérieux qui estiment que la performance de l’enceinte prône sur son esthétique. De toutes façons je trouve les ALLEGRO très belle.
L’autre parti pris est l’usage d’une chambre de compression à pavillon pour les médium. Un choix qui me semble très judicieux car c’est justement dans ce registre qu’une chambre de compression donne les meilleurs résultats. Si vous consulter les caractéristiques des enceintes équipées de chambre de compression sans tweeter, vous constaterez qu’en règle générale la bande passante ne monte pas très haut. A l’écoute le son est souvent très bon dans les médiums mais pinçant et criant dans le haut du spectre. L’ALLEGRO ne garde donc que le meilleur et va soumettre les hautes fréquences plus délicates à son tweeter à ruban.
Le dernier aspect technique majeur de cette enceinte réside dans son boomer, un haut parleur de grave de 38 cm et un évent à ras du sol tirant sur l’avant et occupant toute la largeur du bas de la caisse. Ce design permet à l’ALLEGRO de conserver un aspect harmonieux tout en garantissant une fuite de pression suffisamment généreuse pour que la gamelle de 38 puisse s’exprimer au mieux. VIVA équipe son ALLEGRO d’un unique jeu de bornier, un choix qui élimine la multi-amplification à moins que l’on puisse demander au constructeur d’apporter des modifications ? Dans tous les cas l’arrière de l’ALLEGRO est constituée d’un panneau occupant toute la surface, je pense que cet accès n’est pas sans raison. Dans l’état, le choix de VIVA est le bon. Tout d’abord les écoutes faites chez Pierre ont démontrées que deux fois 25 watts était largement suffisant, ensuite la multi-amplification passive est toujours hasardeuse quant aux gains réels que l’on obtient. Si il n’est pas possible de contourner le filtre passif de l’enceinte au profit d’une multi-amplification active il est préférable d’opter pour un amplificateur plus puissant.
Pierre nous a bel et bien réservé le meilleur pour la fin, merci à Giampietro Schembri de Viva Audio d’avoir fait le voyage depuis l’Italie pour nous apporter ses magnifiques enceintes. L’analyse de cette écoute ne va pas être très compliquée car le rendu est tout simplement somptueux et me réconcilie avec les systèmes à rendement élevé que je trouve souvent criard et trop projeté. L’association faite par Pierre et Gampietro nous prouve qu’il n’est pas toujours indispensable de donner beaucoup de watts à des enceintes, un des secrets est à mon avis un filtre efficace et simplifié au maximum afin de limiter les pertes en courant. L’autre secret est la juste exploitation des haut parleurs et pourtant un woofer de 38 demande du courant, mais ne confondons pas watt et réserve en courant (le plus important est la capacité à maintenir une bonne réserve en ampère malgré les fluctuations d’impédance de l’enceinte). Les critères principaux que je nommerai afin de caractériser cette écoute seront sans hésitation équilibre, naturel et amplitude de l’image sonore. Les ALLEGRO sont incontestablement d’excellentes enceintes capable de reproduire la musique avec un brio à la hauteur des attentes d’un matériel de ce niveau de gamme. D’une manière plus précise je note des graves profond et tendus à souhait capable d’ajouter un léger effet physique très plaisant et jubilatoire. Le contraire aurait été étonnant avec deux woofers de 38 cm et ce constat démontre surtout que l’amplificateur SOLLISTA est largement suffisant. La chambre de compression des médiums s’exprime de concert en continuité avec des aigus du tweeter à ruban sans dénoter le moindre déséquilibre tonal. Cette association est résolument efficace et permet d’insister sur la texture organique des voix, l’atout de la douceur des aigus reproduits par un tweeter à ruban bien conçu. L’homogénéité tonal des timbres renforce le naturel et confère aux transitions une fluidité exemplaire qui n’entache pas la franchise des attaques et conserve toute la force des impactes. Le rendu table sur une légère coloration qui brise la froideur du trop neutre, nous avons ici un système qui assure une parfaite précision tout en évitant la monotonie d’une reproduction trop analytique, ce qui ne serait pas un défaut en soi, mais cela ne correspond pas à mes attentes. Je préfère toujours un système ayant un certain parti pris s’exposant à certains risques qu’un système trop droit et linéaire. La scène sonore marque également un grand coup de maître. Les ALLEGRO délivrent une image sonore ample et enveloppante parfaitement cohérente avec une dominance sur la centralisation du point de focalisation. Les enceintes encadrent donc la scène sonore et se dévoile finalement peu directive car cette image sonore frise la reproduction parfaite et pourtant les deux belles étaient peu pincées sur l’axe central.
Vous vous en doutez, j’ai été plus que ravi par cette écoute. D’ailleurs la vidéo qui y est consacrée dure presque une heure, je me suis laissé emporté et j’en ai oublié le caméscope. Au montage je me suis dit que face à une tel richesse il serait intéressant de proposer la quasi intégralité de l’enregistrement afin de se rendre compte des qualités de ce système full Viva Audio (tant que possible avec les limites imposées par YouTube).
Un immense merci à Giampietro Schembri de VIVA AUDIO d’avoir rendu possible cette somptueuse écoute