» 17 Jan 2012 10:25
Tannhäuser, ça ne me fait plus vibrer comme autrefois.
Pour que ça le refasse, il faudrait l'écouter sur un autre système, pendant un autre concert et pour des raisons qui n'ont rien à voir avec la fidélité.
Une petite coquetterie dans un instrument, un son de violon différent, un enregistrement différent et ça pourrait le refaire.
Un retour à des émotions passées pourrait le refaire également, mais si je mets le disque, là , sur le moment, probable que ça ne me ferait rien et c'est, je pense, ce que tu décris
en faisant appel à ta mémoire de l'Opéra.
Ce qu'on perçoit à l'écoute d'un système hifi pendant un choix, chez un copain, n'a probablement rien à voir avec la fidélité.
Je me souviens déballer un appareil, le brancher, ressentir une émotion et pourtant... à la longue le même appareil devient insupportable et ne suscite plus
d'émotions tellement on est obnubilé par les défauts.
Pour ressentir des émotions, il faut que la musique le permette et/ou qu'un appareil travestisse (en bien ou en mal) un truc connu en autre chose.
Il faut être en mode découverte d'un matériel ou complètement passif, ce qui peut arriver avec un autoradio.
Ne pas confondre non plus l'émotion avec la satisfaction d'avoir réussi un bon mariage.
Par exemple quand tu changes le sens d'une prise, que d'un coup le truc fonctionne, ce n'est plus vraiment la musique que tu écoutes, mais son rendu à travers ton système de reproduction.
Comme dit plus haut ça peut-être une vraie émotion, mais bien souvent ce n'est que satisfaction.
Je pense paradoxalement que c'est une recherche que l'audiophile a. Quand il met inlassablement le même disque à la recherche du "truc" qui donnera le déclic d'appréciation.
On a tous quelques disques de références, qu'on écoute à chaque changement, dont on ne met pas forcément le morceau jusqu'au bout, parce qu'on sait exactement à quel moment on recherche
le rendu ou le pas rendu. Parfois ça provoque une émotion.
Tiens j'en donne un exemple : 1994 ou 1995, sortie de "division bell" de Pink Floyd. Loin d'être leur meilleur album, je me souviens de la piste "cluster one" comme débutant par un "rameur".
Ce disque je ne sais pas comment je l'avais écouté au début, ni sur quoi, mais je l'avais vite remisé. Hier je le ressors pour voir. Quelle ne fût pas ma surprise de découvrir que ce n'est pas du tout un rameur, mais autre chose, difficile à définir. Ca m'a fait quelque chose. J'ai tout de suite pris mon casque pour confirmer l'impression. Oui, vraiment ce n'est pas un rameur. Et cet espèce de vent solaire ou je ne sais quoi m'a provoqué
une émotion de 2 types : comparative//passé, subjective//rendu et une satisfaction de type objective//réalité de ce qu'il y a sur la piste (sans que ce soit démontrable). Et encore une fois, je n'aime pas ce disque...