C’est avec un plaisir non dissimulé que je me suis jeté sur cet article des pages magazine de Qobuz
Je m’attendais à une avalanche de contre-vérités et je n’ai pas été déçu.Rappelons en quelques lignes ce qu’est le DSD ! C’est une marque commerciale de Philips et Sony désignant une « modulation en densité d’impulsions » (PDM), c’est-à-dire une modulation utilisée pour représenter un signal analogique avec un signal binaire qui va pouvoir être facilement pressé sur un disque optique (le DVD des SACD) ou stocké dans un fichier informatique (.dsf ou .dff). Mais un signal binaire n’est pas un signal numérique, les valeurs d’amplitude du signal analogique ne sont pas codées dans des « mots » (de 16, 24 ou 32 bits) comme avec une modulation par impulsions codées (PCM). Il manque une étape : la décimation. La modulation par densité d’impulsions est obtenue par une « modulation delta sigma » permettant de coder des signaux analogiques en signaux binaires avec une fréquence d'échantillonnage très élevée. Bien qu’il s’agisse d’un signal binaire, on reste dans le domaine analogique. Les « DAC DSD » ne sont en fait que des démodulateurs analogiques composés uniquement de filtres analogiques passe-bas.
Rappelons également l’historique ! La PDM a été mise eu point dès le début des années 1950 en laboratoire mais n’a jamais été utilisée dans des applications audio grand public faute de supports bon marché permettant de la stocker. Il a fallu attendre le support DVD à la fin des années 1990 pour en faire un format commercial (SACD). La PCM n’a été mise au point qu’à la fin des années 1960 quand on a disposé de circuits électroniques de décimation. Elle a été la première modulation utilisée dans des applications audio grand public grâce à la taille réduite des données qui permettait de faire tenir un album sur un support CD.
Revenons à l’article de Qobuz ! Il a raison de dire : « Le DSD (Direct Stream Digital) correspond à un format audio présenté en haute résolution. » Effectivement, le DSD a été conçu avec une fréquence très élevée de 2,8 MHz qui correspondait à une résolution bien supérieure à celle du CD (16 bits, 44,1 KHz) et équivalente à celle du DVD-Audio (24 bits, 96 KHz), son grand rival de l’époque. Une fréquence de l’ordre de 1,5 MHz aurait suffi pour obtenir une résolution équivalente à celle du CD-Audio. L’article a également raison de souligner que les studios convertissent le DSD en DXD, un format PCM 24 bits à 384 KHz, mais il ne précise pas pourquoi alors que c’est tout simplement parce que le DSD n’est pas manipulable par un processeur puisqu’il est de nature analogique. Pourtant, cela n’empêche pas notre auteur de dire : « Le seul vrai défaut du DSD est de ne pas être plus reconnu en dehors des passionnés de Hi-Fi. » Je dirai plutôt que le DSD n’est reconnu que par les passionnés qui ne connaissent rien à la technologie. Les autres savent que leur fichier DSD ou leur SACD est simplement issu d’une conversion finale du PCM (DXD) en DSD et que cette conversion n’a plus aucun intérêt avec les DAC modernes qui disposent de circuits numériques de conversion très performants et n’ont donc pas besoin qu’on leur mâche le travail.
Heureusement pour nos vendeurs de musique enregistrée, le niveau d’éducation des audiophiles reste faible et le marketing reste un puissant vecteur de désinformation.
Créé le 07 Juin 2016 15:28
