preview
http://www.jvn.com/jeux/previews/previe ... ver-4.htmlEt quoi de mieux pour illustrer toute la démesure de Duke que de nous donner rendez-vous au Titty City de Las Vegas, club de striptease à l’ambiance très « dukienne». Un havre de paix où, naviguant entre nymphettes peu farouches et décolletés pigeonnants, nous avons pu déboiter du sanglier alien sur fond de répliques cultes. Une heure trente de Duke Nukem Forever –et quelques mojitos- plus tard, le constat s’impose. Malgré de vrais défauts et pour peu qu’on soit vraiment fan, l’attente en valait la peine.
« C’est l’heure de botter des culs et d’mâcher du chewing-gum. Et j’ai plus de chewing-gum »
Peinard. Vraiment peinard, le Duke ! Des années après avoir endigué une première invasion alien, le sieur Nukem profite de sa retraite tranquilou, une blondasse à gauche, une blondasse à droite, une bière au milieu. Blonde aussi, forcément. Vous l’avez compris, perché tout en haut de son casino de Las Vegas, Duke jouit de son statut de star et vit dans un monde taillé à sa démesure. L’argent coule à flots, les filles lui sautent dessus, les gamins l’idolâtrent. Une certaine idée du paradis, en plus crasse et plus clinquant. Hélas ! Après avoir embobiné le gouvernement, les vilains remettent le couvert et enlèvent toutes les bombes anatomiques de la planète. Une monumentale erreur qui va bien sûr pousser Duke à reprendre du service dans l’intérêt général.
Duke , homme à tout faire
La mise en bouche d’octobre nous avait distillé des passages de différents points de la campagne, cette première vraie preview nous a permis de parcourir la première heure et demi du jeu. On pourrait vous la raconter de bout en bout, mais à vrai dire, ce ne serait pas forcément passionnant à lire. Car là où un Killzone se nourrit de superlatifs pour transcrire le gigantisme de ses scènes, Duke Nukem Forever ne rentre pas dans la catégorie des blockbusters ultra-graphiques. Le titre mise davantage sur la diversité des phases de jeu. Le temps de la preview, nous avons par exemple du stopper la chute folle d’un ascenseur pour en sauver une affriolante passagère, abattre un vaisseau spatial à l’aide d’une tourelle de combat ou encore ramper dans des couloirs façon Alien avec des jumelles de vision nocturne (des JVN donc).
La partie la plus fun ? Une séquence où un Duke miniaturisé arpente les couloirs du casino au volant d’un buggy téléguidé. Entre deux grossièretés proférées d’une voix suraigüe, le blondin doit alors éviter de se faire écraser, franchir des murs de flammes, j’en passe et des meilleures. A certains passages, une porte fermée ou un obstacle empêchent de progresser davantage. Au joueur de sortir alors du véhicule et, lilliputien, de sautiller de fauteuil en table de poker pour déclencher l’interrupteur qui va bien et débloquer la voiturette. Des phases de plate-forme au milieu d’une séquence de course ? Vous avez bien compris. On le répète encore une fois, sous ses airs de FPS assez classique, Duke Nukem Forever multiplie les approches.
Bovin, vulgos et misogyne
Il y a une quinzaine d’années, Duke Nukem 3D faisait déjà figure de pionnier en matière d’interaction avec le décor. Rappelez-vous. Alors que les aliens n’étaient que de simples sprites, le joueur pouvait déjà faire un billard et se payer un striptease minute bien pixellisé. Dans Duke Forever, les actes d’incivilité sont toujours légion. On peut par exemple dessiner des insanités sur les murs, ramasser un étron dans les WC pour le balancer à la tête d’un ennemi, jouer -et gagner- aux machines à sous, et bien d‘autres. Mais ce qui change, c’est qu’un certain nombre de ces interactions vont maintenant servir à augmenter la taille de l’égo de Duke, autrement dit sa barre de vie. Ca parait bête à dire, mais le meilleur et a priori seul moyen de gagner en résistance est donc de lire des magazines pornos, de signer des autographes à des morveux, de soulever des poids, j’en passe et des meilleurs. Bref, d’être bovin, vulgos et misogyne à souhait. D’être Duke, dans toute sa splendeur. Une idée sympathique qui devrait pousser le joueur à partir à la découverte des environnements au lieu de simplement foncer vers l’objectif comme dans d’autres titres.
Une nuit au musée
La grande question est de savoir si on jouerait à Duke Nukem Forever s’il ne s’appelait pas Duke Nukem Forever. Et la réponse est évidemment non. Plus que pour son gameplay, au demeurant sympathique, le Duke cuvée 2011 s’apprécie pour tous les petits détails qui le relient à son illustre ancêtre. A commencer par l’humour adolescent qui émaille les niveaux. Une vitrine qui abrite un fusil à pompe porte par exemple la mention « Briser en cas d’invasion alien ». Plus loin, à la manière du Get a Life de GTA IV, le Bellagio de Las Vegas se voit subtilement renommé en Fellatio. Amusant. Pas classe pour deux sous, mais amusant. Et partout, des posters sexy et sexistes, des petites phrases écrites sur les murs, des trophées suggestifs. Il faut en avoir conscience, Duke Nukem Forever est un hymne au machisme, un mausolée dédié à la testostérone.
Cet aspect musée trouve d’ailleurs une mise en abîme intéressante et ce, dès le début du jeu. Le premier niveau impose en effet de traverser l’attraction vedette du casino, une exposition qui relate les exploits de Duke à travers les âges. Des captures d’écran de Duke Nukem I et II y sont présentées sous cadre. Le mythique rayon rétrécisseur de Duke 3D trône dans une vitrine. Exemples choisis parmi d’autres. De quoi faire verser une larme aux nostalgiques de la première heure. Ceux qui ont raté le train des années 90 risquent par contre de rester de marbre devant cette surenchère de références.
Oldies but goodies
Il fallait s’en douter, nos impressions restent globalement identiques à celles griffonnées l’automne dernier. Esthétiquement, Duke Forever subit les aléas de son développement et se montre tantôt agréable sans plus, tantôt dépassé. Certaines textures sont floues, quelques contours sont parfois carrés. Et l’ensemble de se hisser grosso modo au niveau d’un Prey, excellent shooter sorti en 2006. Des aspects comme la manière d'enchaîner les niveaux, l’arrivée abrupte de scripts ou le comportement basique des ennemis possèdent ce côté « vieillot » qui ne pourra que gêner les fans de shooters fluides et nerveux. Malgré ces maladresses, Duke Nukem Forever dégage un charme « 90's» incroyable et repose habilement sur des mécaniques qui cartonnent toujours autant. Un héros badass, le Duke. Juste impérial pour qui adhère au personnage. Mais aussi un gameplay violent et funky, avec son lot de situations cocasses et d’armes improbables. Et il y a cet humour, potache, vulgaire, omniprésent. Et tellement bon. Alors évidemment, Duke Nukem Forever ne parlera pas à tout le monde. Bien sûr, les joueurs qui veulent faire couiner leur carte graphique à cinq cents euros iront voir ailleurs. Mais en dépit de défauts techniques évidents, ce Duke Nukem là possède quelque chose qui manque à d’autres FPS à grand spectacle : une réelle interactivité avec l'univers qu'on veut nous faire gober, aussi utile qu’indispensable. On ne navigue pas dans un simple décor en carton-pâte.
Là où un Black Ops (au hasard) nous pousse à rester dans les sentiers battus, Duke Forever est une invitation à la nostalgie et à l’exploration. Un bar ? Tiens, essayons ce flipper. Une salle de muscu ? Ho oui ! Allons faire des haltères ! Des WC ? Et si on balançait une grenade dans ces toilettes occupées ? De ces détails aux phrases couillues du Duke, des mines laser à l'ambiance sexy/gore ultra revendiquée, Duke Nukem Forever applique les codes de son ancêtre, les respecte et en abuse. Véritable jeu-musée déjà culte, le titre de Gearbox rebutera sûrement autant qu’il séduira. Les vrais fans eux, risquent bien d’adorer.