Que penser de Meurtre par interim ? Il s'agit d'un giallo de bonne tenue, avec des scènes de nudité et d'autres sanglantes s'inscrivant dans les codes du genre. Lenzi dut faire des concessions au niveau du scénario à son financeur, l'incontournable Carlo Ponti qui ne voulait pas d'une oeuvre sulfureuse. Reste que Meurtre par interim est un thriller efficace, situé parmi les réussites relatives du genre. Il n'atteint pas la qualité ou la plénitude de par exemple de Spasmo (1974) ou du remarquable Le couteau de glace (1972) du même Lenzi, brillants exercice de style mais aussi porteurs d'idées sous-jacentes sur l'état de la société italienne de l'époque.
Meurtre par interim, c'est aussi une photographie magnifique de Alfio Contini (1927-2020) qui a réalisé les prises de vue de nombreux chefs d'œuvre du cinéma italien comme Zabriskie Point (Antonioni), La marche sur Rome ou Le fanfaron (Risi). Lenzi utilise habilement la photographie pour l'intégrer dans la dramaturgie. Bouquets de fleurs colorés au premier plan, devant une fenêtre, créent des effets déstabilisateurs. Ils suggèrent des comportements trop accueillants pour être honnêtes. Et puis Lenzi, avec le recul que l'on peut avoir aujourd'hui sur son oeuvre, c'est un grand maitre dans une figure insolite : l'entrée dans une résidence cossue, le franchissement d'un portail suivi par la traversée d'un jardin soigneusement entretenu (avec les fleurs citées plus haut). Une touche de poésie surgit de ces instants et nous plonge dans un autre univers, régit par ses propres règles.
