Le Dernier Samourai, Edward Zwick, Janvier 2003.
Le Capitaine Algren est un homme brisé, ancien soldat sous les ordres de Custer.
Trop de sang sur les mains, une vie à laquelle il n'accorde plus de sens ni de valeur. Il est utilisé par l'armée américaine pour aller prêter main-forte au nouveau pouvoir en place au Japon afin de mater la rebellion des anciens samouraï.
Il va y trouver, on s'en doute, bien plus qu'une guerre de plus à mener.
Après
Danse avec les Loups ou
Le Dernier des Mohicans, Edward Zwick (
Glory, c'était lui) fait un Mea Culpa cinglant de l'amérique tueuse d'indiens, en portant le message au pays du soleil levant.
Plutôt bien vu comme idée, qui permet en outre de rendre hommage aux traditions nipponnes: du temps des samouraï, disciplinés à des principes moraux très stricts, à la décadence actuelle fort bien illustrée dans
Lost in Translation (dégénerescence d'un peuple privé de racines et de repères), le sauvage (mais on s'en doutait) n'est pas celui qu'on croit.
Le scénario a beau être convenu (on n'est jamais surpris), la fin un peu larmoyante (on aurait pu écourter d'un quart d'heure) la réalisation ample de Zwick et la musique somptueuse de Hans Zimmer donnent à l'ensemble un panache et un souffle épiques dignes des plus grandes fresques.
Les scènes de combat sont magnifiques, les paysages également, mais c'est plus la description d'une société qui vit ses dernières heures qui est la plus poignantes.
Tom Cruise donne une intensité palpable à son personnage, depuis ses errances jusqu'à sa rédemption: il est excellent.
Un beau film au final, juste et droit, mais qui n'évite pas certains clichés. Zwick aurait pu un peu plus laisser choisir le spectateur.
Qu'importe. A l'heure où notre "société", rongée de l'intérieur par le pragmatisme nihiliste et où règnent l'individualisme et la cupidité comme seules lois, cette belle épopée faisant hommage à l'honneur, la discipline et la compassion sonne comme une cruelle piqure de rappel à l'essentiel aujourd'hui disparu.
