"Bienvenue au Stade de la Beaujoire.
Bienvenue à Nantes.
Bienvenue en Bretagne."
C'est par ces mots que le speaker a terminé son speech d'accueil au grand concert Celtica qui a embrassé la Beaujoire samedi 12 juin au soir.
S'en est suivi un hurlement et un tonnerre d'applaudissements de la part du public nantais qui, enfin, se reconnait officiellement breton.
Débutant à 21h00 par une heure de musique traditionnelle et pourtant inventive, le concert aura duré au total plus de 4 heures.
Bagadoù et cercles celtiques de Loire-Atlantique ont évolué pendant cette première heure avec grâce et minutie.
Le soleil se couchant lentement, les retardataires s'installant rapidement dans les gradins, c'est une heure de présentation de la Loire-Atlantique bretonne, telle que les nantais la connaissent encore assez mal. Une heure de reconnaissance et de gloire pour ces musiciens et danseurs qui se produisent pour la première fois devant autant de monde, plus de 38.000 spectateurs.
Un premier entracte d'une vingtaine de minute nous permet d'entendre quelques spots publicitaires des sponsors de ce concert : même le Conseil Général du Département termine son spot par une phrase clé : "nous vous souhaitons une bonne soirée en Bretagne"... C'est dire !
Puis la seconde partie du concert profite de la nuit qui tombe en jouant de mille lumières. Entrent en scène successivement le Bagad de Lann-Bihoue (toujours aussi admiré, ce sont les stars de la Bretagne, provoquant une ola générale et majestueuse lors de leur tour de stade), Susana Seivane (jeune galicienne charmeuse pleine de talent) à la cornemuse, Didier Squiban et son piano romantique, divers Bagadoù et Cercles de toute la Bretagne (trop pour se souvenir de tous les noms), des danseurs et danseuses irlandais, un choeur d'hommes de Pluvigner, l'ensemble des cuivres du Festival Interceltique de Lorient. Et pour terminer en beauté cette deuxième partie, celui pour qui tout le stade a vibré à l'unisson, Denez Prigent, maniant la langue bretonne dans des tempos extrèmement rapides, a cappella, seul pour emporter avec lui dans son délire moderno-breton les dizaines de milliers de spectateurs qui ont repris le refrain de sa Gwerz ar vezhinerien (complainte des goëmoniers). Impressionnant et émouvant à la fois. Qui osera encore dire que la Bretagne est tournée vers le passé après une telle démonstration ?
Deuxième entracte, vers minuit, afin de se dégourdir un peu les jambes, on déambule dans l'arrière-stade. Les tireuses à bière carburent plein pôt. Les spectateurs, souriants, heureux, arborent fièrement des t-shirts Gwenn-ha-Du ou de Tri Yann, des écharpes d'hermines et autres casquettes Celtica...
(marketing quand tu nous tiens ! ).
Arrive alors le troisième et dernier acte, ô combien émouvant ! Se succèdent cette fois André Le Meut (sonneur de bombarde, ce petit instrument si caractéristique), le Bagad de Locoal-Mendon, Gilles Servat, encore d'autres Bagadoù et pour finir les Tri Yann an Naoned, plus survoltés que jamais. Cette partie du spectacle, accueillant les plus revendicatifs de tous ces artistes, s'est voulue militante et l'appel lancé n'est pas resté sans écho. Quand Gilles Servat déclare, montrant du doigt l'alignement de banderoles Pays de la Loire qui cerne le haut du côté Est des Tribunes : "...après les changements dûs aux dernières élections, on verra peut-être enfin bientôt écrit ici : Bretagne, Bretagne, Bretagne...", c'est encore une fois un tonnerre d'applaudissements qui accueille cette déclaration aussi sincère. S'en suivent "Les Moulins de Guérande" ainsi que la "Blanche Hermine" qui, encore une fois déchaine la foule. Et quand les Tri Yann, au travers de leur porte-parole habituel Jean-Louis Jossic, décident de faire chanter le stade en le scindant en deux partie, ils déclarent : "...et vous, dans la tribune présidentielle, vu qu'on ne peut pas vous séparer en deux, on va vous mettre tout naturellement à gauche, car ici, on est à Nantes, en Bretagne...". C'est un canon général qui retentit de droite et de gauche du stade : "Hé Ho... Hé Ho..." Une immense chorale de 38.000 personnes suivant le groupe largement trentenaire et pourtant toujours en haut des affiches. Et pour conclure cette partie endiablée, après une "Jument de Mishao" déchainée, reviennent sur scène (et tout autour) les Bagadoù, Gilles Servat, Susana Servane, Didier Squiban, André Le Meut... pour saluer le public dans un final grandiose.
Il est 1h40 du matin, les gradins se rallument progressivement, les spectateurs encore sous le charme scandent en applaudissant le départ des Bagadoù. La voix-off reprend et, remerciant tous les spectateurs, leur propose un prochain rendez-vous, pour Celtica 2005. "Kenavo".
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