" Mes buts : créer un art qui brise les frontières entre les disciplines, un art qui, à son tour, devienne métaphore pour ouvrir la pensée, la perception, l'expérience. (...) Un art qui tende vers ces émotions pour lesquelles nous n'avons pas de mots, dont nous nous souvenons à peine ; un art qui certifie l'existence du monde émotif à une époque et dans une société qui cherchent systématiquement à l'éliminer ".
Meredith Monk
La femme cent-voix
par Guy Scarpetta
Au commencement était cette voix sans mesure: unique et multipliée, nasale et ventrale, gutturale, barbare et hyper-cultivée, américaine et tibétaine, babil, muezzin, comptines, vagues répétitives étalées, éclats d'orgasmes, mélopées. Tous les timbres rassemblés, condensés. Remous, spasmes, langues de feu, surgissant et se ramifiant entre un cri et un autre cri plus enfoui. Comme si le souffle disposait de ses corps, de ses volumes. Vocanalises.
L'espace suit. Frayage traversant des millénaires, des continents, accrochant au passage des rythmes, des danses, des images. La voix, elle, semble venir de partout. Théâtre de l'aprè-scoup: toute scène est "primitive".
http://www.meredithmonk.org