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Dimitri D. Chostakovitch, une discographie des symphonies

Message » 31 Oct 2010 12:38

Bonjour à toutes et à tous!

Le présent sujet à l'ambition de permettre aux amoureux de musique dite classique de référencer leurs coups de coeur sur les interprétations des symphonies de Dimitri Dimitrievitch Chostakovitch (l'orthographe de son nom est parfois transcrite du cyrillique à la manière anglo-saxone : Shostakovich).

Il a pour objet d'être une grande filière de discussion sur Chostakovitch, de constituer une base de donnée discographique à l'intention de ceux qui effectueraient une recherche sur les mots clefs:

Chostakovitch - Shostakovich
Symphonie - Symphonies
Interprétation - interprétations
Discographie
Intégrale


A partir de là, j'espère que ceux qui utiliseront cet outil seront prompts à ouvrir leurs propres discussions sur ces interpétations... ou d'autres sujets qui leur tiendraient à coeur!

Pour conserver une certaine unité de forme au sujet, n'hésitez pas à faire une édition ou un copier-coller du plan de ce message introductif.

Afin de conférer la plus grande utilité à ce sujet, n'y indiquez que les versions dont vous êtes le plus convaincu de la haute valeur artistique.

Merci, et bonne lecture à tous!


Symphonie n°1

Symphonie n°2 « À Octobre »

Symphonie n°3 « Le 1er mai »

Symphonie n°4

Symphonie n°5

Symphonie n°6

Symphonie n°7 « Léningrad »

Symphonie n°8

Symphonie n°9

Symphonie n°10

Symphonie n°11 « L'année 1905 »

Symphonie n°12 « L'année 1917 »

Symphonie n°13 « Babi Yar » (peut-être la plus difficile et la plus méconnue)

Symphonie n°14 (que Chostakovitch a dédicacée à Benjamin Britten)

Symphonie n°15

Et, pour faire bonne mesure :

La symphonie pour orchestre Katerina Ismaïlova, arrangement de la musique de l'opéra Lady McBeth du district de Mtsensk (1936) réhabilité après la Seconde Guerre mondiale sous le titre Katerina Ismaïlova. Cet arrangement a été réalisé par le compositeur Venyamin Basner selon un projet détaillé de son ami Chostakovitch, qui n'a pu le concrétiser.

La symphonie de chambre, la plus célèbre parmis les transcriptions pour orchestre d'un des quinze quatuors de Chostakovitch, transcription réalisée par Rudolf Barchaï.
Scytales
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Message » 11 Nov 2010 14:43

Symphonie n°12 « L'année 1917 »

Je vais lancer la filière en vous faisant part d'un coup de coeur sur une interprétation de la 12e symphonie.

La 12e, pour reprendre une expression souvent associée à la 11e symphonie, est une « musique de film sans film », une oeuvre qui évoque des images à l'esprit de l'auditeur.

Comme l'indique son nom, la 12e raconte en musique des événements de la révolution russe de 1917. Je crois d'ailleurs que cette musique est parfois employée comme... musique du film muet Octobre, de Sergueï M. Eisenstein, bien que cette symphonie soit de beaucoup postérieure à ce film. Elle prolonge en quelque sorte l'Histoire en musique entamée par la symphonie n°11, qui raconte la révolution de 1905.

La symphonie n°12 est souvent présentée comme une œuvre de propagande. Elle a effectivement été composée suite à une commande du régime soviétique après le très grand succès dans les pays de l'est de la symphonie n°11. Les mauvaises langues, pas forcément par manque de clairvoyance, soulignent volontiers que la 12e symphonie manque d'inspiration comparée à sa devancière, et certains interprètent même cela comme une expression voilée des opinions intimes de Chostakovitch à l'égard du régime politique de son pays. Il aurait considéré avec estime la grande révolution avortée de 1905, comme une tentative admirable de renverser le régime autocratique tsariste, mais aurait eu bien moins de considération pour la seconde révolution, qui n'a eu pour conséquence que de faire succéder à un régime autoritaire un autre régime autoritaire. Et Dieu sait que Chostakovitch en savait quelque chose, lui qui a raconté qu'après 1936, il avait toujours une petite valise d'effets personnels de prête au cas où on viendrait le chercher inopinément pour l'emmener au goulag...

Toujours est-il qu'on reproche en général à cette symphonie un manque d'idées musicales, son insistant caractère "pompier", et, bien sûr, son programme politique. Chostakovitch lui-même a déclaré un jour qu'il regrettait avoir composé certaines de ses œuvres. Il n'a pas dit lesquelles, mais les commentateurs pensent irrésistiblement à cette symphonie n°12. Symphonie peu appréciée qu'on présente immanquablement comme la plus faible de toutes les symphonies de son auteur.

Pourtant, je vous prie de trouver plus bas une illustration de ce que des musiciens engagés dans cette musique peuvent en tirer...

La 12e symphonie est basée sur un principe mono-thématique : c'est la même idée musicale, traitée de façon variée, qui constitue le fil directeur de l'œuvre. Ce principe n'est sans doute pas étranger au manque d'idée qu'on a pu lui reprocher. La symphonie se développe en quatre mouvements enchaînés sans pose intermédiaire (en langage musical, on dit que les mouvements s'enchaînent attaca). Les quatre mouvements portent des titres qui décrivent son programme musical : Le Petrograd révolutionnaire (Petrograd était nom de la ville de Saint-Petersbourg en 1917, ainsi « russisé » pour avoir une consonance moins germanique en cette période de guerre), Razliv (du nom d'un village proche du lac du même nom à proximité de Petrograd, lieu de la retraite clandestine de Lénine lorsqu'il a été pourchassé par les Mencheviks après la première phase de la révolution de 1917), Aurore (du nom du célèbre croiseur qui donna les premiers coups de canon lors de la prise du Palais d'Hiver, navire que l'on peut encore voir aujourd'hui à Saint-Petersbourg), et L'Aube de l'Humanité (tout un programme pour la révolution victorieuse...).

Bref, cette œuvre véhicule un message politique explicite, qui relève aujourd'hui d'une histoire ou en tout cas d'un traitement historique qui peuvent paraître surannés. Indépendamment de la valeur musicale intrinsèque de cette symphonie, il n'est donc pas facile d'aborder cette musique pour en tirer une expression artistique qui peut toucher le public d'aujourd'hui.

C'est pourtant dans cette œuvre que je veux vous faire part de mon coup de cœur pour l'orchestre de jeunes vénézuéliens Teresa Carreno.

Un petit mot sur eux, pour ceux qui ne connaîtraient pas cette aventure admirable de la musique au Venezuela. Il était une fois un homme, José Antonio Abreu, qui, pour arracher la jeunesse des classes pauvres de son pays à sa condition et aux influences de la pègre des quartiers, eut l'idée d'offrir aux enfants un instrument de musique et un enseignement pour leur permettre d'élever leur condition par la culture. C'est le Système, El-Systema, avec un "S" majuscule. L'enseignement musical, à la fois égalitaire et méritocratique, offre à chacun la possibilité d'y trouver sa place et l'opportunité d'intégrer un orchestre en vue pour les plus virtuoses parmi les jeunes du Système. L'orchestre de jeunes Teresa Carreno est l'un des ces orchestres. Aujourd'hui, plusieurs centaines de milliers d'enfants vénézuéliens seraient intégrés dans le Système. La réussite est telle que Sir Simon Rattle, le directeur musical de l'orchestre philharmonique de Berlin, l'une des formations symphoniques les plus prestigieuses au monde, a pu déclarer que : « L'avenir de la musique classique est au Venezuela. »

Écoutez par vous-même le cœur que ces enfants mettent à l'ouvrage dans une interprétation stupéfiante de la 12e symphonie de Chostakovitch. Alors, bien sûr, on peut trouver par moment que les phrasés sont un peu mécaniques ou que l'orchestre n'est pas très beau. Mais l'âpreté du son n'est pas incongrue dans la musique tourmentée et expressive de Chostakovich.

Au-delà de ce qui est perfectible, laissez-vous porter par l'extraordinaire engagement de chacun de ces jeunes dans cette musique. Un engagement que bien peu d'orchestres de ma connaissance y ont jamais mis.

L'extrait que je vous propose est l'intégralité du 3e mouvement, Aurore. Il est très court : 4 mn. C'est le mouvement rapide, qui trouve une place très classique dans le développement de la symphonie. Chostakovich est coutumier des mouvements rapides ultra-courts (et explosifs : Cf. la symphonie n°10). Il est construit en trois parties. Une première partie pianissimo, notamment par les cordes jouées en pizzicato (cordes pincées et non frottées), qui installe la tension de la préparation d'avant le combat, une seconde partie crescendo faite d'amples phrases qui évoquent l'apparition majestueuse du croiseur, et une dernière partie qui décrit en musique le tumulte du combat, dominé par les coups des canons du navire de guerre.

Regardez et écoutez ces jeunes jouer ce mouvement et souvenez-vous qu'ils ont, quoi?, 14-19 ans. Rarement la sauvagerie mais aussi l'exaltation de cette époque troublée n'ont été transcrites en musique avec une telle puissance expressive !

Baguette : Maestro Gustavo Dudamel. Lui aussi issu du Système. La vingtaine et il a déjà dirigé Berlin !

La vidéo proposée est issue de la page Youtube de l'Orchestre de Jeunes Teresa Carreno, El Systema : http://www.youtube.com/user/SinfonicaJuvenilTC

http://www.youtube.com/watch?v=l8bwzRF9 ... re=related

N'hésitez pas à écouter les autres mouvements de cette interprétation. Le dernier mouvement vaut son pesant de cacahouètes !
Scytales
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Message » 12 Nov 2010 0:08

Super fil !

J'aime le symphonique mais je n'ai pas encore abordé l'univers de Chosta ! Je vais prendre des notes. :D

(je n'ai que la 5 chez moi, j'aime bcp, mais il parait que c'est la plus accessible) :oops:
Mahler
 
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Message » 12 Nov 2010 16:25

Bonjour,

Je signale aux amateurs lisant ce fil, l'existence du documentaire "Chostakovitch contre Staline — Les symphonies de guerre" dont vous trouverez un résumé ici, ainsi que de larges extraits ici, et qui aide à mieux comprendre la musique de Chostakovitch dans son époque et l'ambiguïté de ses relations avec Staline.
syber
 
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Message » 13 Nov 2010 12:37

Hello,

grand fan de Dimitri :mdr: , que je qualifierais volontiers de Beethoven du XXème siècle!!

en matière d'intégrale, celle de Haitink chez DECCA est tout simplement extraordinaire (tantôt avec Londres, tantôt avec le sublimissime Concergebow d'Amsterdam), et souvent avec des prises de son superlatives (bon on est chez DECCA :D ce n'est qu'une demi-surprise)

pour les amateurs de SACD d'exception et donc de Dimitri, je vous conseille sans aucune réserve :

celui des symphonies 1 & 15, direction de Giergiev, orchestre du Mariinsky, le tout sous le label de cet orchestre : je vous garantie une des plus belles leçons discographique d'orchestre et de prise de son d'orchestre........ montez le son, montez....... si vôtre système suit :o :o :D :D

celui chez Pentatone, vous avez aussi un superbe volet d'une intégrale en cours (avec des chefs différents, mais le même orchestre) avec au programme les 5 & 9èmes symphonies, interprétées par le Russian National Orchestra, direction Yakov Kreisberg..... et la aussi feu d'artifice artistique et technique avec un SACD de très haute voltige

celui chez Pentatone, même orchestre que le précédant, Vladimir Jurowsky à la baguette, pour la sublime 1ère (et oui, un pure chef d'oeuvre dès la première symphonie :o 8) et la 6ème, coté technique c'est encore une fois le sans faute

Voilà, je met ma main à couper sur ces références.......
sur un plateau vous avez des prises de sons exceptionnelles, des orchestres superlatifs sur ce répertoire, des chefs au top, pour des oeuvres EXTRA ordinaires!!!
BRUNOTILUS
 
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Message » 10 Jan 2011 23:51

la suite ? :D
Mahler
 
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Message » 15 Jan 2011 0:36

Mahler a écrit:la suite ? :D


T'en veux encore toub? :mdr:
Ne me prends pas au mot, je suis sérieusement équipé :mdr: :mdr: ........ en symphonies de Dimitri :wink:
BRUNOTILUS
 
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Message » 15 Jan 2011 23:27

Même si la prise de son est plutôt, disons, moyenne, je trouve que les versions de Mravinsky sont indispensables. En particulier 5, 8 & 10. La 10eme est hallucinante.
SYNKROTRO
 
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Message » 16 Jan 2011 12:28

SYNKROTRO a écrit:Même si la prise de son est plutôt, disons, moyenne, je trouve que les versions de Mravinsky sont indispensables. En particulier 5, 8 & 10. La 10eme est hallucinante.


C'est sur que Mravinsky sur ce répertoire c'est minimum excellent!!
Alors, quand il atteint ses sommets, c'est tout simplement :o :o

reste la réserve technique sur les enregistrements, rarement à la hauteur des interprétations!!
BRUNOTILUS
 
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