Outre la présentation des HP chargés de reproduire le médium et l'aigu, ce chapitre vous montrera comment les notions développées la fois dernière ont été mises en œuvre. Il s'attachera aussi à expliquer comment j'ai pu m'assurer qu'un ensemble, apparemment, aussi disparate que celui formé par Anticonforme, offre une image sonore cohérente et tridimensionnelle.
Le bas-médium est confié à un 20 cm Focal de référence Audium 8. Il n'est plus fabriqué depuis bien longtemps et associe un rendement de 100 dB/W/m à une linéarité exceptionnelle entre 300 Hz et environ 4 KHz.
Sur cette photo, vous serez sans doute frappé par la disposition particulière du HP, lequel est pointé vers le plafond. C'est tout simplement la suite logique des concepts théoriques que vous avez découverts dans mon précédent opuscule. Que l'auditeur soit placé au point d'écoute idéal (l'assise centrale de mon divan à trois places) ou à une des places latérales, il se trouve, par rapport au HP, dans un angle d'hors axe constant. De plus, cet angle est très proche de celui qui correspond à la courbe R décrite dans la théorie. Cette technique est, selon moi, la plus simple et la plus efficace pour, au départ d'un HP conventionnel, éviter un divorce entre l'équilibre spectral de l'onde directe et celui du champ réverbéré (phénomène inévitable dès que le HP est pointé en direction de l'auditeur). Les pavillons, beaucoup plus onéreux et dont la mise en œuvre peut se révéler complexe, permettent, eux aussi, de rencontrer cet objectif. C'est même, peut-être davantage qu'une question de rendement, l'un des secrets de leurs performances subjectives.
La fréquence de raccord avec le tweeter est fixée à 1800 Hz ce qui garantit que l'usage de l'Audiom 8 est limité à la zone dans laquelle sa directivité est strictement contrôlée. Le fonctionnement en dipôle, accroît légèrement le rendement en évitant de perdre l'énergie rayonnée par la face arrière. Même si, de par mon expérience, j'ose affirmer qu'une bonne 3D peut-être obtenue sans recourir au dipôle, les aptitudes tridimensionnelle du système ne s'en trouvent certainement pas défavorisées.
Pour ce qui concerne le choix de la fréquence de coupure basse, bien qu'il soit possible de faire descendre le Focal beaucoup plus bas, j'ai choisi de faire monter le 25 cm JBL aussi haut que le permet sa linéarité, soit 600Hz. Mon objectif est de bénéficier, au maximum, des aptitudes dynamiques supérieures d'un HP de plus grand diamètre ainsi que du rendement de 106 dB de ce dernier.
Le tweeter est l'Audaphon Neo Pro 5i.
Il s'agit d'un remarquable tweeter à ruban dont vous trouverez le descriptif technique ici :
http://www.lautsprechershop.de/pdf/auda ... _5i_en.pdfJe ne connais aucun autre tweeter qui présente des performances de même nature sur un spectre aussi large. Ceux qui permettent de descendre aussi bas en s'appuyant sur un filtrage passif offrent des performances hors axe beaucoup moindres au-delà de 10KHz. L'énergie rayonnée dans l'extrême aigu est, alors, beaucoup plus faible.(tweeter plus directif, voir l'épisode précédent…)
J'ajouterai que la forme de fine colonne indépendante qui lui sert de support a été définie par le désir d'exploiter, jusqu'au bout, l'extraordinaire capacité de dispersion spectrale permise par son ruban. La possibilité de déplacer librement la colonne permet d'ajuster au mieux la phase et le temps de propagation de groupe.
Vous trouverez, ci-dessous, la courbe de réponse du tweeter, sans égalisation, mesurée au point d'écoute. Le filtrage est passif et du deuxième ordre.
La remontée du niveau aux alentours de 10 KHz demande un commentaire. Il est essentiel de savoir qu'elle n'est pas due au local mais qu'il s'agit d'une caractéristique propre au tweeter. On la retrouve, d'ailleurs, telle qu'elle, dans les publications du constructeur. Il s'agit d'un trait typique des tweeters à ruban. Heureusement, cette caractéristique ne s'accompagne d'aucun autre inconvénient tels qu'un accident de phase ou une remontée de la distorsion. Une égalisation est nécessaire mais elle est sans inconvénients. Ce sont, ici, tant l'onde directe que le champ réverbéré qui reçoivent une correction adéquate et il n'en résulte aucune contradiction entre ces deux types d'information.
Voici le résultat après cette unique égalisation.
Je rappelle que, comme toutes autres, cette courbe est obtenue au point d'écoute. L'étude de positionnement et la maîtrise des notions de dispersion spatiale et de directivité des HP ont permis que celle-ci soit pratiquement superposable à celle obtenue à proximité des HP (champ direct) dans l'axe de l'écoute. Aucune autre égalisation que celle mentionnée ci-dessus n'est nécessaire pour tout l'ensemble du médium aigu et la dichotomie entre l'onde directe et le champ réverbéré est, ici, absente.
La recherche de la meilleure linéarité possible au point d'écoute n'aboutirait, cependant, qu'à un ensemble sans intérêt si la cohérence spatiale et le respect des règles permettant d'obtenir une image sonore tridimensionnelle correctement focalisée étaient passées au second plan. Pour atteindre cet objectif, l'expérience m'a appris que le respect de plusieurs impératifs est indispensable. Ce sont, entre autres, les suivants :
- positionner les HP de médium et d'aigu de manière à obtenir un triangle stéréophonique cohérent ;
- placer ces mêmes HP à une distance optimale du mur de soutien (celui qui se trouve derrière les HP) pour garantir un parfait étagement des plans sonore en profondeur. (Ma distance fétiche, issue de nombreuses expérimentations, se situe aux alentours de 1.40 m mais, ici, pour une question de linéarité, j'ai du passé à 1.70m. C'est la raison de choix du dipôle) ;
- obtenir une mise en phase des HP et un respect des temps de propagation de groupe optimisés (L'alignement des pieds d'impulsions est obtenu uniquement par des déplacements physiques des HP).
Ce ne fut pas sans mal ni arrachage de cheveux mais j'ose affirmer que, pour le respect de chacun de ces impératifs, je puis déclarer : mission accomplie.
Le positionnement excentré des voies graves suscitera, certainement, des commentaires dubitatifs quant à la cohérence de l'image sonore.
Je ne me suis permis une telle audace qu'en m'appuyant tant sur les lois de la psycho-acoustique que sur de nombreuses expérimentations pratiques. Il est bien connu que la faible aptitude de notre système auditif à localiser la provenance de l'extrême grave est tel qu'il est possible de recourir à un subwoofer unique sans pénaliser la stéréophonie. Le pouvoir de localisation croît avec la fréquence mais, contrairement à une opinion fort répandue, il n'y a, en la matière, aucun basculement brutal vers 100 ou 120 Hz. Pour celui qui a pris conscience du caractère progressif de notre aptitude à localiser les fréquences et qui sait exploiter, à bon escient, nos faiblesses perceptives, point n'est besoin de disposer de reproducteur du style "dual concentric" pour obtenir une image sonore cohérente.
Je termine la partie consacrée aux HP en vous montrant la courbe de réponse globale du système au point d'écoute.
Obtenir une courbe d'une linéarité plus spectaculaire n'aurait posé aucun problème mais celle-ci est le résultat de le mise au point subjective. Je reviendrai plus tard sur ce sujet.
Cordialement,
Paul