Franchement, je ne vous comprends pas trop sur ce coup là :
Voir un film en général, voir ce film là en ce qui concerne ce topic, ce n'est pas comme assister à une conférence sur la quantique et avoir compris ou non ce qu'y s'y dit.
C'est un film sur l'espérance, qui fait appel aux émotions, à la faculté d'imaginer, rêver, s'inquiéter et dont le propos -finalement assez politique- raisonne bien au-delà de la science.
N'est pas stupide celui dont la sensibilité résonne avec les images de ce film.
Pourtant, si vous méprisez ce genre de "résonnance" et vous attachez au raisonnement comme seul miroir possible de vos projections (ce que je respecte), alors effectivement, comme l'écris laloula, vous n'avez pas vu "où Nolan a voulu aller".
Je ne vous critique pas non plus sur ce point : les idées libertariennes sont inconnues en France, ce qui fait que même si elles sont exposées de manière évidente, le spectateur a le sentiment de tomber sur une démontration débouchant sur un non-sens.
L'idée générale, déjà exposée plus haut, est que les gouvernements centralisés et autoritaires, même -et surtout- organisés "rationnellement" et "pour le bien général" d'une manière pyramidale, qui vous dit ce qu'il est bien de faire, penser, étudier, ce que vous devrez réaliser lors de votre vie, ne mènent en réalité l'humanité qu'à sa ruine.
Pourquoi ? Car au fond, viscéralement, les grands adeptes de théories rationelles qui pensent pouvoir décider de l'ordre du monde et de la place de chacun en son sein pèchent par une perversité arrogante et se servent des arguments de leur raison pour cacher un égo monstrueux -dans le sens de "perverti".
Le personnage de Mat Damon est assez clair à ce sujet : "le meilleur de tous" et pourtant le pire de tous.
Le pire étant qu'il était jusqu'au bout convaincu de ce qui est bien et juste alors qu'en définitive, soumis à l'épreuve, il se révèle tel qu'il est : un être qui ne peut pas résonner/raisonner au-delà du seul horizon de sa seule survie, alors même qu'il se croyait capable de se sacrifier pour "l'avenir de l'humanité".
Selon les concepts libertariens on ne se sacrifie pas pour des abstractions telles que "l'avenir de l'humanité", sauf à être abusé par un autre ou s'abuser soi-même.
On souffre, travaille, se sacrifie
réellement pour ses proches, des êtres
réels que l'on aime et avec qui on a tissé des liens et relations
réelles, bref avec lesquels on résonne plus encore que l'on ne raisonne.
Avec ce film, on peut de même raisonner et/ou résonner.
Et je comprends que l'on puisse rationellement refuser le propos de Nolan -ou des libertariens- tout comme je comprends que l'on puisse ne pas entrer en résonnance avec ce film et s'ennuyer du début jusqu'à la fin.
Mais pas que l'on fasse passer ceux qui ont aimé ce film pour des crétins