Test HCFR Earsonics S-EM6 v2, écouteurs intra-auriculaires

Test HCFR Earsonics S-EM6 v2, écouteurs intra-auriculaires

Compte-rendu d’André_ajr

 

Puisque toutes les opérations de fabrication des S-EM6 V2 sont réalisées manuellement dans l’usine Earsonics de Castries, proche de Montpellier, avec des pièces en provenance de partenaires locaux. Il est à noter que les S-EM6 V2 font partie des très rares casques et écouteurs qui peuvent véritablement se prévaloir d’être totalement fabriqués manuellement et en France. Ce à quoi il ne semble pas négligeable d’ajouter que cette très rare particularité offre un grand nombre d’avantages s’il y avait nécessité de remettre en état un produit de ce genre et de ce prix dans l’avenir.

Après cette rapide présentation, nous allons maintenant tenter de savoir si le fabricant Héraultais a atteint le but qu’il s’était fixé en soumettant les S-EM6 V2 à nos écoutes habituelles.

Avant toute chose, je tiens à signaler que j’ai eu la première version des Velvet et que j’avais pu essayer très longuement les S-EM9 par deux fois. La première en 2016 et la suivante en 2017 afin de vérifier si le léger problème d’étanchéité qui m’avait fait renoncer une première fois à ces Earsonics pouvait être résolu par les nouveaux embouts apparus au tout début de l’année 2017.

Ce ne fut malheureusement pas le cas et comme je pensais que la dimension et le poids de ces très bons IEM n’étaient pas étrangers au résultat que j’avais obtenu. En particulier parce qu’ils devaient provoquer un effet de ballant préjudiciable au bon maintien des tips dans les conduits auditifs lors de mes séances pédestres. J’avais envisagé de m’équiper des EM10 afin de contourner définitivement cette difficulté, puisque la numérisation de mes empreintes auditives était déjà chez Earsonics.

Cependant, comme l’essentiel de mon utilisation s’effectue en mode dynamique durant mes balades quotidiennes qui comportent des passages sur des parcours escarpés, l’usage d’IEM sur-mesure n’est pas très adapté à ces circonstances, car la matière dont ils sont constitués n’est pas aussi souple que celle d’embouts en silicone ou en mousse de forme qui s’accordera beaucoup mieux des variations des parois des conduits auditifs provoquées par cette activité.

Les S-EM9 éliminés pour les raisons évoquées, les ES5 ayant présenté des problèmes du même ordre puisque je n’avais vraiment pu les essayer qu’avec des embouts de fortune à ma disposition. Il ne restait donc plus que les S-EM6 V2 qui paraissaient présenter plusieurs avantages sur les trois autres. Déjà, leur taille puisque celle-ci est beaucoup plus réduite que celle des S-EM9 et qu’ils sont encore plus petits que les ES5. Puis, leur conception à l’intention du monde audiophile en recherche de neutralité, d’équilibre et de justesse dans la reproduction des instruments et des voix ne pouvait que retenir mon attention.

Ce sont donc pour toutes ces raisons et dans ces conditions que sont arrivés les Earsonics S-EM6 V2.

Nulle surprise au déballage puisque l’ensemble est quasiment identique à ce que l’on trouve dans les boîtes des autres Earsonics de cette gamme. Les traditionnels embouts en silicone de deux formes et de tailles différentes, ainsi que ceux en mousse. Les tout aussi traditionnels et pratiques petits outils de nettoyage des tips et des oreilles, accompagnés de l’adaptateur 6,35mm.

Préinstallé, le même câble avec jack 3,5mm est toujours fidèle au poste. Toutefois, vu le succès et la présence de plus en plus courante de la sortie « balanced » 2,5mm sur les DAP, un second câble compatible TRRS serait très certainement apprécié par ceux qui utilisent ce type de liaison.

Quant aux écouteurs eux-mêmes, leurs faibles dimensions laisseraient plutôt penser qu’ils ne comportent que deux ou trois transducteurs alors qu’il y a six drivers à armature équilibrée à l’intérieur de chaque écouteur.

Très belle qualité de fabrication, compacité et excellente réputation des IEM de la marque française, il ne nous reste plus qu’à découvrir ce que réservent les Earsonics S-EM6 V2 à l’écoute.

Toutefois, avant de passer à cette étape cruciale, il me semble tout aussi important de rappeler que tous les IEM universels, sont-ils les plus prestigieux et performants, paraissent devoir être confrontés à des incompatibilités,  plus ou moins importantes et nombreuses, entre embouts et conduits auditifs et qu’il sera parfois nécessaire de partir à la recherche d’autres embouts dont forme et matière permettront d’obtenir une meilleure étanchéité (et de meilleures performances) que ceux qui sont livrés par les fabricants.

Dans mon cas, il ne me reste qu’à collectionner les embouts en silicone, car, mon oreille de droite est souvent un peu difficile à étanchéifier et parce que je n’apprécie que modérément le résultat sonore offert par les tips de différentes formes et qualités de mousse.

A ce propos, et contrairement aux ES5 qui m’avaient donné du fil à retordre sur ce point, les tips d’origine en silicone ont très bien convenu.

Etapes du test :

1 – Première écoute des S-EM6 V2 en situation statique et dynamique avec leur câble d’origine sur la sortie 3,5mm d’un DAP Astell & Kern AK70 de fichiers de tests représentatifs des genres musicaux différents que sont le classique, le jazz, le rock, ainsi que de musiques en provenance des différents continents et courants artistiques.

2 – Autre écoute sur la sortie symétrique balanced du Astell & Kern AK70 une fois les Earsonics S-EM6-2 équipés d’un câble DM audio en fil de Litz (175 brins) avec mini-jack 2,5mm.

3 – Ecoute des CD sélectionnés sur un ensemble Stax SRM-727 II/SR-009 afin de reformater les oreilles avant la quatrième étape.

4 –  Ecoute comparative des mêmes CD sur la sortie IEM (3,5mm/0,1 ohm) d’un amplificateur/dac RME ADI-2 DAC et une autre chaîne Hifi Rega (Planet/Mira2) disposant d’un amplificateur de casque Creek OBH11, avec les casques et IEM nomades suivants: Focal Spirit Professional, Sennheiser Momentum M2 circum-aural, AKG K3003i, AKG N40 et le ou les casques de test éventuellement en cours à disposition. Tels les Fostex T60RP et Denon D7200 en cette occasion.

Première écoute.

La neutralité, l’équilibre, la transparence et la vivacité d’exécution saisissent l’oreille dès la première écoute. Avec un petit manque de grave qui dénote que les tips ne sont pas parfaitement positionnés. La situation s’améliore une fois ceux-ci mieux en place. Les premières impressions sont très favorables, le plaisir est au rendez-vous en mode statique bien que les S-EM6-2 laissent entendre qu’ils ont la capacité d’aller encore plus loin sur le chemin de la performance. Le violon s’en tire bien, mais le piano est un peu sec. Une fois le mélomane en marche et bien que la sensation soit progressive, les performances descendent quelques degrés en cours de parcours, notamment, lorsqu’il les franchit trois par trois grâce à une musique bien rythmée.

D’emblée, je dirais que les S-EM6 V2 ont un caractère moins affirmé que les ES5, et pour employer un anglicisme  à la mode: qu’ils sont moins fun que le modèle qui chapeaute la gamme ES (ES2/ES3/ES5). Ils offrent toutefois un équilibre très linéaire, davantage de finesse et même du raffinement. Quel étonnant chemin parcouru depuis mes Velvet V1 !

La deuxième étape avec le superbe câble DM audio ( fil de Litz 175 brins et jack 2,5mm) branché sur la sortie balanced du AK70 surprend lorsque c’est la première fois qu’on en fait usage avec du matériel de ce niveau (la toute première avait cependant eu lieu avec des FiiO FH1 et leur câble balanced). Le son offre davantage de matière, le piano gagne beaucoup en ampleur, de l’épaisseur dans le grave, les voix sont plus charnelles. L’aigu se fait toutefois trop discret à mon goût, parce que je retrouve plus difficilement la clarté et la vivacité des violons que j’entends lorsque je suis placé aux tout premiers rangs de concerts de trios ou de quatuors à cordes avec ou sans piano. Cela se confirme lorsque j’écoute le Notturno D.897 de Schubert du talentueux trio Wanderer qui avait joué cet opus au cours du concert auquel j’avais assisté à la fin de l’année dernière. C’est encore plus flagrant lorsque l’on écoute les clochettes du CD Percussion XX de Jonathan Faralli/S. Sciarinno (label Arts 47558-2) en passant du AK70 au RME ADI-2 DAC.

Les différences entendues ne pouvant être qualifiées d’indicibles ou d’aléatoires, puisque constatées à chaque fois au cours de trois tests croisés. Il y aura donc à choisir entre le son paraissant mieux soutenir le grave du câble DM audio et celui, beaucoup mieux équilibré, clair, du câble d’origine qui fait la part belle aux excellents aigus de ces S-EM6 V2, dont il serait vraiment dommage de se priver. En ce qui me concerne, si je venais à m’en servir sur la sortie IEM du RME ADI-2 DAC, via Qobuz par exemple, je donnerai la priorité au câble d’origine. Cependant, en raison de son grand confort d’usage, si les écoutes envisagées auront moins à souffrir de sa mise en retrait du haut du spectre sonore, très préjudiciable envers certains instruments et à l’encontre de l’équilibre général de la reproduction des fréquences, le câble DM Audio avec mini-jack 2,5mm pourrait venir le remplacer, lorsque j’utiliserai les S-EM6 V2 sur la sortie balanced du DAP Astell & Kern AK70.

En tout cas, les performances des Earsonics S-EM6-2 s’approchent bien plus de ce que j’entends en concert qu’avec tous les IEM que j’ai pu entendre jusque là. Ainsi que certains casques à arceau. Les AKG K3003i qui se défendent pourtant encore bien et auxquels il reste encore l’avantage d’être mieux adaptés à une utilisation en mouvement, ne peuvent que s’incliner devant meilleurs qu’eux, lorsque les conditions permettent de percevoir tout ce qui fait la richesse et le plaisir d’écouter de la musique.

En prenant le concert comme référence, le son des Earsonics S-EM6-2 ressemble davantage à ce qui sort d’un Stax SR-009 qu’à celui d’un Denon D7200, qui est pourtant le casque que je verrais bien venir agrémenter mes futures balades pédestres hivernales, tellement il m’a plu.

Après avoir écouté un très grand nombre des extraits de musique que je connais très bien pour les pratiquer souvent lors des tests HCFR, je suis revenu au CD Diapason – quinze prises de son de rêve – qui comporte d’excellents enregistrements de musique ancienne, d’orgue, de clavecin, piano, violon, opéra et orchestre symphonique. Ainsi qu’à quelques pistes admirables de CD de labels comme BNL, Passavant, Arts.

  •  Santa Cruz (Jacaras/Astrée-Auvidis E 8 575). Cet extrait a la particularité de voir intervenir des castagnettes, petites coques de bois que j’avais souvent eu l’occasion d’entendre lorsqu’un ballet classique espagnol venait se produire, pendant plus d’un mois, dans la partie artistique de l’établissement où je venais de commencer une carrière professionnelle. Matière, sonorité, harmoniques, les S-EM6-2 les proposent telles qu’elles se sont enregistrées dans ma mémoire lorsque je pouvais en entendre plusieurs paires de près, tandis qu’elles semblent parfois provenir de castagnettes en plastique (si c’est le cas, cela signifie que les embouts des S-EM6-2 ne sont pas de la bonne taille ou qu’ils sont mal mis).
  • De Cabezón. Tiento IX par Georges Lartigau (Virgin 545 239-2). Un orgue riche aux basses bien présentes, bien détaillées dont l’enregistrement et la reproduction des S-EM6-2 permettent de ne rien manquer.
  • Chant grégorien : Antienne « Gentem Francorum » par Hervé Lamy, le chœur grégorien de Paris et la Maîtrise du conservatoire de Toulouse (Jade) . Là, la reproduction de l’ensemble et plus particulièrement de l’espace sonore dont les réverbérations et échos offrant des délais de plusieurs secondes dont on perçoit très bien les nuances avant l’extinction totale, oblige au respect envers l’œuvre, l’interprétation, la qualité de l’enregistrement et la technique Earsonics pour les S-EM6 V2. Absolument superbe.
  • Frescobaldi. Toccata settimana. Pierre Hantaï clavecin (Astrée-Auvidis E 8 585). Excellent clavecin qui n’a pas la maigreur et cet excès de brillance trop souvent entendus. Il y a un foisonnement de détails dont aucun n’échappe aux S-EM6 à nouveau.
  • Mozart. La Flûte enchantée. The English Baroque Soloist. John Eliot Gardiner (Archiv 449 166-2). Un très beau Papageno dont les tours ne devraient pas tarder à attirer Papagena. Il ne pourra en tout cas pas se plaindre des S-EM6-2 s’il n’y parvenait pas, parce que ces Earsonics auront fait le maximum de ce dont sont capables des écouteurs pour donner de la vérité à sa voix et de la séduction à sa flûte de pan à 227 ans de distance.
  • Schubert. Sonate pour piano D 784. Abdel Rhaman El Bacha. Forlane UCD 16 756.
  • Beethoven. Sonate pour piano n°30 par Alfred Brendel (Philips). Avec des différences dans sa captation, mais une belle reproduction générale dans l’ensemble, ces deux enregistrements de piano sonnent avec naturel tout comme celui de la sonate n°32 opus 111 du même compositeur par Olivier Gardon (BNL 112 911) dont le premier mouvement « maestoso » permet aux S-EM6 de faire la démonstration de la qualité de leur grave. Puissance, vibrations, ce ne peut évidemment pas être comme au concert puisque le piano est un instrument très difficile à mettre en conserve. Mais, c’est véritablement pas mal quand même et l’on doit louer la franchise et la netteté du discours pianistique de ces Earsonics alors que certains donnent souvent dans l’emphase, le flou qui conduisent au déficit d’éloquence. Les dernières notes du Prélude – Les collines d’Anacapri – de Claude Debussy interprété par Philippe Bianconi (La dolce volta) est le meilleur exemple que j’invite à entendre à ceux qui connaissent bien le piano.
  • Offenbach. Les contes d’Hoffmann. Catherine Dubosc, José Van Dam, Roberto Alagna. Dir. Kent Nagano (Erato). Cet extrait permet de très bien différencier le positionnement des chanteurs sur la scène ainsi que la qualité de la reproduction de leur voix. Les S-EM6-2 se jouent de ce genre d’épreuve dans les deux cas.
  • Dvorak. Pièces romantiques op.75. Gil et Orli Shaham (DG).  Aucune crainte à avoir lorsqu’on lance ce genre d’œuvre, puisque l’aigu est une des cartes maîtresses de ces écouteurs. Le violon est mélodieux, nuancé, sans aucune sonorité désagréable. Le plus beau que j’ai entendu chez Earsonics avec celui des S-EM9 bien que mon souvenir date un peu.
  • Mahler. Lieder eines fahrenden Gesellen. Anne-Sofie von Otter. Dir Eliot Gardiner (DG). L’introduction orchestrale est puissante, nette et franche, la voix de la mezzo-soprano suédoise tout autant avec ce timbre qui la rend immédiatement reconnaissable. Qualités que l’on retrouve dans l’extrait orchestral suivant de la symphonie n°5 de Bruckner interprétée par l’orchestre philharmonique de Berlin dirigé par Günter Wand (RCA).
  • Wieniawski. Scherzo-Tarentelle op.16 par David Galoustov (Lyrinx 207). Cette œuvre pour violon et piano est reproduite avec beaucoup de naturel, une spatialisation réaliste et un très bon respect des timbres de ces deux instruments.
  •  J-S Bach. Concerto BWV 972 par Anne Robert (BNL). Très naturelle prise de son qui met en valeur la superbe acoustique du lieu d’enregistrement, avec un auditeur à la bonne place par rapport à l’instrument.
  • Frédéric Hartmann. Terre, œuvre vivante (EMA 9513). Musique contemporaine, improvisation, bruits acoustiques retravaillés, qualité sonore exceptionnelle, percussions. Alors là, les S-EM6-2 se régalent puisque leur vitesse d’exécution leur permet de faire face à ces redoutables transitoires. Ceux qui ont déjà effectué un examen du champ visuel me comprendront si j’indique que cet extrait m’a fait penser à l’exercice qui consiste à cliquer lorsque les petites étoiles surgissent de toutes parts à l’écran afin de vérifier la vue. Avec les S-EM6-2 c’est pareil, ça surgit de toutes parts, sauf que c’est cette fois dans les oreilles et qu’il n’y a pas de clic dans la boîte de ces excellents IEM pour permettre d’évaluer le score.
  • Marina Vlady. Berceuse cosaque (Chant du Monde HM LDX). Ceux qui ont souvent entendu la douce voix de l’actrice la trouveront parfaitement reconstituée avec toutes ses nuances par les S-EM6 sur ce transfert d’un enregistrement analogique. Ce qui ne fut pourtant pas exactement le cas avec le casque Denon D7200 malgré ses grandes qualités par exemple.
  • Percussion XX de Jonathan Faralli (label Arts). Pièces de Hans Werner Henze, Yoshihisa Taïra, Reginald Smith Brindle, Elliott Carter, John Cage, Kerlheinz Stockhausen, Salvatore Sciarrino et Eric Tanguy. A utiliser avec précaution parce le signal de ces enregistrements n’a subi aucune compression ou égalisation. Il a été capté à l’aide d’un microphone principal Neumann MI49 tube complété de U87 Ai, avec un traitement 24 bits/96 kHz et enregistrement direct sur disque dur. Sa plage dynamique est égale ou supérieure à 60 db. Clochettes, déjà utilisées pour évaluer la qualité de l’aigu et les polyphonies rythmiques des percussions qui explorent les deux extrémités du spectre sonore de manière spectaculaire, avec une dynamique et des impacts sonores qui peuvent faire trembler certains boomers et effrayer quelques imprudentes oreilles, ne font ni frémir ni faiblir les S-EM6 V2.
  • Kan’Nida. Evariste Sidyed’Ion Konsyans (Indigo LBLC 2566). Encore des percussions, mais chargées du soleil et des rythmes de la Guadeloupe. Les frappes sur les peaux sont sèches, rapides, parfaitement différenciées.

Puis, selon l’adage qui affirme que ce qui restitue brillamment la musique classique peut faire ensuite face à toutes les autres et comme il n’y a pas que la musique dite savante dans la vie. D’autant qu’il m’arrivait d’assister à de superbes concerts de Jazz  à Cimiez (Nice) et encore dans la pinède de Juan-les-Pins il n’y a pas si longtemps. Je ne me suis donc pas privé de quelques gourmandises jazzistiques constituées des extraits suivants:

  • Michel Petruccianni/Stéphane Grappelli : sweet Georgia Brown. Ce morceau extrait du CD – Flamingo – permet de bien évaluer le respect des timbres du violon et du piano, ainsi que l’impact de la batterie. Un manque de grave rendra le piano beaucoup trop sec et en dénaturera les timbres, il contribuera également à amincir le violon qui ressemblera davantage au bruit d’une scie circulaire qu’à celui que l’on entend à partir d’une bonne place d’un concert de jazz. L’impact de la batterie sera également trop sec et pauvre en nuances. Or, rien de tel avec les S-EM6-2 qui donnent l’impression d’être près de la scène et d’entendre les vrais instruments.
  • Bill Evans trio : At the Montreux Jazz Festival (Verve). Présentation et One for Helen. J’utilise cette introduction et cet extrait parce qu’ils permettent une bonne évaluation de la reproduction de la voix du présentateur qui annonce le concert, celle des applaudissements des spectateurs, puis du piano de la contrebasse et des drums bien évidemment. Là, rien à dire, l’on se croirait vraiment dans la salle puisque voix, applaudissements et instruments offrent un vrai sentiment de vérité.
  • Stan Getz- Joao Gilberto : the girl from Ipanema (Verve). Les S-EM6-2 sont à la hauteur de ce mythe qu’ils restituent avec beaucoup de justesse et une belle séparation des instruments et de la voix.
  • Sarah Vaughan : live at Laren jazz festival 1975 (Fondamenta). Quelle voix, quelle restauration de l’enregistrement en direct ! J’écoute ce CD ou les fichiers flac 16bits/44,1 que j’en ai tirés sans aucune lassitude et avec un plaisir tout aussi grand avec les Earsonics S-EM6-2 qui reproduisent parfaitement les nuances et les subtilités de cette illustrissime voix d’une des plus grandes chanteuses de jazz . Si ce n’est la plus grande parmi Ella Fitzgerald, Billie Holiday et Nina Simone souvent nommées avec elle. Puisque Sassy dont la voix couvrait trois octaves et demie n’était-elle pas surnommée – the divine – ?
  • Here at Last/Akitishi Igarashi : thought about you (Cisco music). Un excellent enregistrement japonais de 1997 sur CD gold qui met les oreilles de l’auditeur, encore une fois, très près de la scène et d’un souffle de saxophone en ultra haute définition.
  • Ray sings, Basie swings (Universal). D’où l’on est, on profite de la profondeur de la scène ainsi que de sa belle largeur dans laquelle l’orchestre est très bien déployé (piano, drums, bass, guitar, flute, organ + cinq saxophones + quelques invités). La voix de Ray Charles, très belle, très bien intégrée pourra paraître un peu lointaine à ceux qui ont eu l’habitude de l’entendre de plus près. Surtout lorsqu’il chante – How long has this been going on ? -, I can’t stop loving you, Come live with me et qu’il conclue par Georgia on my mind. Quant aux Raelettes, on perçoit distinctement les différences de leurs timbres de voix. Un excellent disque dont on ne peut que partager l’avis de Quincy Jones lorsqu’il déclare qu’il est fait pour l’éternité.
  • Jazz at the Pawnshop vol.1 (Proprius PRCD 7778). Encore un excellent enregistrement qui permet de compter le nombre des spectateurs qui applaudissent. On entend également une superbe clarinette, notamment lorsqu’elle joue dans le grave, un vibraphone et un saxo de belle qualité, ainsi que très bien les harmoniques des balais/cymbales.

Puis, de ceux-ci dans d’autres registres.

  • Blue Coast Collection : The E.S.E sessions. C’est le genre d’enregistrement avec lesquels les S-EM6-2 se complaisent et avec lesquels ils réjouissent les oreilles. Toutes les pistes sont très belles et on distingue très bien les sonorités qui caractérisent les guitares avec cordes en nylon des autres.
  • Massive Attack: five men army. En dehors du fait que cela permet de vérifier la qualité du grave, un moment de nostalgie puisque ce fut un des tout premiers groupes que j’avais entendus au cours de la  session de 2005 des – Plages électroniques – qui avait inauguré ce festival de musique qui se déroulera du 10 au 12 août cette année avec la participation de quarante artistes.
  • Snow Patrol (Polydor): chasing cars. Du rock mélodieux qui permet de faire encore circuler cette musique dans des artères un peu anciennes en leur permettant de retrouver un semblant de jeunesse sans leur faire courir de risque.
  • Eric Bibb : friends (Dixiefrog music). S’ils ont un penchant vers le grave, ce qui est malheureusement devenu courant, la voix d’Eric Bibb est souvent trop grasse avec un grand nombre de casques. Mais, ce n’est pas du tout le cas ici, ce qui permet d’en saisir toutes les inflexions et tous les détails.
  • Jacques Brel (Barclay): Jojo, les marquises (Barclay). On peut dire la même chose pour la voix de Jacques Brel entendue au cours de deux récitals et très récemment avec grand plaisir grâce au AKG N90Q Quincy Jones . Un plaisir presque aussi bien renouvelé avec ces nouveaux Earsonics, ce qui n’est pas une mince performance.
  • Mieko Miyazaki/Suizan Lagrost (label Felmay): Comme il se trouve que j’aime beaucoup le son du koto et celle qui en joue avec un si grand talent, l’écoute de ce CD renouvelle le plaisir de l’entendre et permet de constater que les S-EM6 reproduisent à nouveau toutes les nuances, ainsi que les plus infimes subtilités du souffle de la flûte de cette musique de chambre japonaise.
  • Ballaké Sissoko & Vincent Segal : Musique de nuit (nommé aux Victoires de la musique 2016). Avec le Kora, instrument africain qui ressemble assez au koto et un violoncelle dans la nuit Bamako, dont il est possible de parfaitement distinguer les bruits de circulation en arrière-plan avec cet excellent enregistrement qui avait fait écrire au journal Libération que « ce duo violoncelle et kora décroche les étoiles » du ciel évoqué par le Financial Times: sparking like a sky full of stars.
  • Nathalie Merchant (Nonesuch records): the peppery man. Trois voix d’hommes bien graves et celle de Natalie Merchant. Toutes les quatre sont très bien situées dans l’espace sans aucune confusion. Etant captées de très près, on n’en perd aucun des détails et des nuances.

Toutes ces très nombreuses écoutes confirment les premières impressions d’équilibre, de neutralité, de transparence obtenues avec les S-EM6 V2. Caractères propres à s’épanouir encore davantage avec des sources de très grande qualité. C’est ainsi que l’écoute alternée de l’amplificateur Creek OBH11 et du RME ADI-2 DAC avec ces Earsonics, a permis de montrer les limites du premier qui rend un son beaucoup moins précis assorti d’une légère coloration par rapport à l’amplificateur/dac fabriqué par la marque allemande, dont on ne trouve généralement les produits que dans les boutiques fréquentées par ceux qui pratiquent la musique sur scène et en studio.

Elles démontrent que les S-EM6-2 restituent la musique avec beaucoup de naturel. Qu’ils sont analytiques dans le bon sens du terme, sans jamais se départir de musicalité. Sensibles à la qualité des enregistrements comme ils le sont de la source. La scène sonore est large, profonde avec de très beaux étagements (ex: réverbération d’enregistrements de chants religieux). Ils ne manquent pas d’énergie ni de rythme et encore moins de graves.

Bien que plus attaché à l’équilibre de l’ensemble des fréquences, plutôt qu’à les disséquer, je dirai que le grave des S-EM6-2 est mieux intégré que celui, plus fun, des ES5. Qu’il n’intervient pas de façon  systématiquement uniforme, et jamais mal à propos comme c’est malheureusement parfois le cas.

Le médium est articulé, plein, richement pourvu en détails, sans effets sibilants dans la partie supérieure de ces fréquences médianes qui constituent l’essentiel de ce que l’on entend.

L’aigu. Quel aigu ! Soyeux, cristallin, détaillé, nuancé, plutôt juste en comparaison de ce que j’entends en concert, il matérialise bien les instruments (on n’entend pas seulement que les cordes d’un violon). A vérifier, mais ne seraient-ils pas encore plus beaux que ceux des S-EM9 ? En tout cas, j’ai très souvent écouté des oeuvres de violon pendant mes balades et particulièrement le CD d’Alina Pogostkina accompagné du Sinfonieta Riga dirigé par Juha Kangas.

L’ensemble est transparent, les voix et les instruments sont reproduits avec beaucoup de netteté, mais sans que celle-ci ne paraisse trop saillante et que les instruments n’en deviennent artificiels.

Si une analyse de ce commentaire offrait l’occasion de certainement constater que quelques termes reviennent très régulièrement, comme détails, nuances, équilibre, transparence, articulation, justesse, largeur, profondeur, naturel, netteté. C’est parce que ce sont ceux qui permettent de caractériser le mieux les S-EM6-2 et de mettre en évidence les principales qualités de ces IEM Earsonics.

Quant à la beauté, celle-ci étant affaire de goût, nous laisserons au lecteur le soin d’en décider.

Enfin, les Earsonics S-EM6-2 parvenus au terme de ce test effectué à partir des extraits musicaux utilisés habituellement pour cet exercice. Ainsi qu’à partir d’écoutes de plus longue durée effectuées simplement par plaisir. Une dernière épreuve leur a été infligée afin de leur permettre de nous montrer le niveau de leur savoir-faire. Il s’agit ni plus ni moins que du 1er mouvement du légendaire poème symphonique de Richard Strauss – ainsi parlait Zarathoustra -, interprété par l’orchestre symphonique de Chicago dirigé par Fritz Reiner (RCA Victor/SACD Living Stéréo 1954). Chef d’orchestre dont il faut rappeler que ses disques straussiens sont considérés comme des modèles par leur rigueur et leur style, ample, mais sans boursoufflures.

Tout le monde a certainement entendu les premières mesures de cette œuvre très célèbre qui a souvent été utilisée par le cinéma et la publicité. Il est néanmoins toujours intéressant de l’entendre à nouveau lorsque l’on souhaite évaluer la qualité du grave, son impact, son ampleur, sa netteté, le respect du positionnement des pupitres sur scène, ainsi que le timbre des instruments d’un orchestre symphonique.

L’écoute confirme la réputation de ces très beaux enregistrements puisque les timbales jouent de leur place, d’apprécier la profondeur de la scène. Quant à l’ensemble de l’orchestre, il est largement déployé dans la latéralité, ce qui permet aux instruments de ne pas jouer les uns sur les autres, avec une belle véracité de leurs timbres. Cela permet également de très bien distinguer la position de chaque section instrumentale, comme celle des trompettes parmi les cuivres par exemple.

Ce sera donc cette ultime totale réussite qui permettra de conclure sur un mode imagé.

Conclusion.

Les Earsonics S-EM6 V2 sont comme de l’eau pure et claire qui sort d’une source de montagne. Ils ne contiennent pas les sédiments qui viendront ensuite la troubler pendant son périple en aval. L’enrichir, estimeront certains autres qui souhaiteront remplacer sa limpidité, sa fraîcheur, son authenticité, par une autre plus chaude, voire bouillonnante. Il y en a même qui lui ajouteront du sirop avec le résultat que l’on connaît à l’écoute de certains casques et même de l’alcool afin d’obtenir des sensations encore plus fortes. Une nouvelle fois, une affaire de goût.

Aussi, les mélomanes qui préfèreront apaiser leur soif de musique par celle recueillie au plus près de la source du concert et d’enregistrements de grande qualité, ne pourront qu’être comblés de leur partenariat musical avec les S-EM6 V2. Ils auront l’assurance d’avoir fait un très bon investissement, puisque ce qui est très bon aujourd’hui ne peut que l’être, forcément, encore demain. Enfin, comme les IEM Earsonics rajoutent la rare tranquillité d’un SAV hors pair sur le territoire français, ils pourront se plonger sans retenue et en toute confiance dans leurs ondes musicales favorites.

 

André_ajr
HCFR – Juin 2018

 

– lien vers le sujet HCFR dédié aux écouteurs earsonics S-EM6 V2 : https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-haute-fidelite/earsonics-iem-made-in-france-t30059158-180.html

 

 

 

 

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