Test HCFR : Erdre Audio EA502, intras

Test HCFR : Erdre Audio EA502, intras

COMPTE-RENDU de:  André_ajr

 

Bien que les écouteurs ERDRE Audio aient pu bénéficier de la présence et du concours de l’excellent amplificateur/DAC Hybride COCKTAIL Audio HA500H qui avait été mis à la disposition de l’Association des membres HCFR pour que vous en soit proposé un test, les EA 502 n’ont pas échappé à la règle de devoir commencer par trouver les embouts qui leur permettront de tenir leurs promesses. Parce que même le recours à la préamplification à tubes d’un amplificateur hybride pour casque de cette valeur ne pourra pas compenser la perte des éléments sonores qui surviendra inévitablement si l’étanchéité est imparfaite.

C’est donc parmi ceux qui sont fournis par le fabricant nantais que j’ai recherché les embouts qui pourraient répondre à cette condition impérative.

 Après avoir essayé tout ce qui est à la taille de mes conduits auditifs, c’est avec la paire à doubles ailettes (biflange) en silicone noir que j’ai commencé les écoutes.  Comme très souvent, à partir des extraits musicaux que j’utilise régulièrement au cours des tests HCFR, puisque s’ils ont l’inconvénient de ne pas proposer de nouvelles découvertes musicales à ceux qui nous font l’honneur de nous lire, ils ont le grand avantage de mettre immédiatement en lumière l’essentiel de ce qui doit être retenu.

Néanmoins, n’étant pas totalement satisfait du résultat obtenu en plusieurs circonstances, je suis parti puiser dans ma réserve personnelle d’embouts de diverses origines, dont les très connus Spinfit, ainsi que dans ceux des IEM qui partagent mes balades quotidiennes ou qui servent essentiellement en mode sédentaire.

Et, c’est là que l’affaire se corse, comme dirait mon vieil ami Tino qui passe à nouveau son été dans son village natal de l’île de Beauté. Parce que l’enquête rapidement menée, il s’est avéré que les ERDRE Audio 502 sont extrêmement sensibles à tout changement de nature ou de forme desdits embouts et qu’ils peuvent se comporter comme de vrais petits caméléons sonores.

Ce qui n’est pas fondamentalement anormal, parce qu’il est simple de comprendre que leur forme, une position différente sur la canule des écouteurs, leur longueur qui positionnera la sortie du son à des endroits différents du conduit auditif, auront une influence déterminante.

En outre, si AKG fut probablement le premier fabricant à proposer trois filtres acoustiques interchangeables  avec ses écouteurs haut de gamme K3003 en 2011, sous les désignations bass boost, high boost et reference sound, des fabricants lui ont ensuite emboîté le pas, ou équipent désormais leurs produits d’embouts qui poursuivent le même objectif de favoriser le grave, l’aigu ou l’équilibre des fréquences, par un moyen peut-être plus économique, simple et rapide à mettre en oeuvre.

Leurs particularités sont immédiatement identifiables, puisque ceux censés favoriser le grave, l’énergie, l’ouverture de la scène, sont généralement plus courts, d’un diamètre d’ouverture interne plus important que ceux qui entrent davantage dans l’oreille. Dont le diamètre du trou par lequel transite l’émission sonore est plus réduit dans le but d’offrir une écoute plus équilibrée et fine. Caractéristique qui provoque la conséquence de ne pouvoir utiliser qu’une plus faible partie de la cavité du conduit auditif comme charge acoustique.

Tout cela pour indiquer que l’utilisation d’écouteurs universels peut parfois être spontanée, en particulier lorsqu’une dotation pléthorique d’embouts la facilite en augmentant les probabilités de succès. Mais, qu’elle peut également n’être pas aussi simple que ce que l’on peut l’imaginer si l’on doit aller puiser dans ceux du commerce. Car, elle requiert un peu d’expérience pour identifier ceux qui devraient être morphologiquement et musicalement compatibles. La première condition étant impérative et la seconde davantage affaire de goût personnel.

Sur le seul critère d’avoir la meilleure étanchéité possible, j’ai sélectionné quelques embouts en silicone et en mousse et comme les résultats sonores pouvaient être différents, j’ai finalement opté pour les embouts en silicone bi-flanges Erdre Audio et une autre paire d’origine FiiO nouvellement arrivée avec des IEM dont il sera question plus loin.

 

En dehors de ceux en mousse qui assurent une bonne isolation, mais dont je n’ai jamais vraiment apprécié le résultat sonore, quelles qu’en soient les versions disponibles chez Comply ou d’autres fabricants. Parmi ceux d’origine, les embouts ERDRE Audio doubles  ailettes en silicone ont été ceux qui m’ont apporté la meilleure étanchéité. Pas parfaite, mais suffisante pour confirmer les indications de ce tableau qui représente bien ce que j’ai entendu.

L’équilibre général pouvait me paraître très correct, bien que j’eusse parfois souhaité moins de sécheresse et que la main gauche du pianiste appuie un peu plus fort sur les touches  du grave pour apporter plus d’ampleur et de profondeur à l’instrument dans ce registre.

Néanmoins, le résultat ainsi obtenu permet de faire ressortir une grande richesse de la partie médiane des fréquences, les fins détails de l’aigu, sans qu’il ne paraisse en retrait. Lorsque l’enregistrement est à l’unisson, la scène sonore est très bien agencée dans les trois dimensions, comme l’ont montré, avec naturel, plusieurs extraits d’opéra, et plus spectaculairement d’autres de musique électronique.

Quant aux embouts d’emprunt, avec lesquels l’étanchéité est quasiment parfaite, censés favoriser le grave selon leur fabricant chinois, ils n’ont, non seulement, pas failli à cette mission, puisque Philippe Bianconi répond au souhait précédemment exprimé dans les Préludes pour piano de Claude Debussy, mais ils m’ont offert une expérience jamais rencontrée jusqu’alors, tellement ils ont — radicalement — transformé la prestation des EA502.

Du grave en veux-tu en voilà, une immense scène sonore, une grande énergie, de l’impact et du rythme. Une écoute propre à satisfaire ceux qui écoutent les groupes davantage apparentés au rock qu’au jazz ou à la musique classique.

Cependant, la sensation d’atténuation de l’aigu est devenue plus conforme à ce qu’indique le tableau du dessus.

En tout cas, même si cela a un prix, puisque le violon peut alors sonner comme un alto, que la voix de Cécilia Bartoli s’épaissit dans le Stabat Mater d’Agostino Steffani (Decca), ce simple changement d’embouts a fait basculer ces ERDRE Audio dans le monde des festivals qui seront malheureusement annulés ou qui pourront difficilement  avoir lieu cet été dans les conditions imposées par les circonstances.

Dommage pour les Vieilles Charrues 2020, le Hellfest et les autres organisations, dont les anciennes éditions pourront toutefois être réécoutées avec plaisir avec les EA502 dans les oreilles. Festivals qui nous donnent déjà rendez-vous en 2021, du 18 au 20 juin à Clisson, et du 15, avec Céline Dion, au 18 juillet à Carhaix-Plouguer.

Aussi, un gros trait de MOTORHEAD (Doctor Rock ?), un autre de SCORPIONS (Wind of Change ?) avalé d’un coup. Avant d’écarquiller les yeux avec SNOW PATROL et d’être resservi d’un pur jus écossais par la chanteuse, compositrice, guitariste, Amy MacDonnald, dont la voix de contralto peut surprendre, puisque cette tessiture de voix féminine est assez rare, y compris chez les chanteuses lyriques.

Puis, pourquoi ne pas aller se plonger dans le Magma bouillonnant des Français de GOJIRA, et renouveler le genre en compagnie des violoncelles et de la batterie du quatuor finlandais Apocalyptica? Ce qui offre l’occasion d’être plus conciliants envers la justesse des timbres des instruments acoustiques, que lorsque nous écoutons une interprétation de musique chambre.

Et, puisque les ERDRE Audio nous viennent de Bretagne, dans le rock celtique avec le bagad de DIGRESK qui, sans ambages, promet d’enfoncer le clou là où ça fait du bien.

Bien-être bien réel, auquel participent les IEM bretons EA502 qui, une fois équipés des embouts tiers déjà cités, ne regimbent jamais lorsqu’il faut s’aventurer dans le domaine de la puissance, de la dynamique et nous inviter sur la scène.

Puisque nous sommes en été et privés de spectacles, les ERDRE Audio EA502 nous ont offert une belle tournée de récentes découvertes. Celle des Australiens DOPE LEMON et celles des danois EFTERKLANG et hollandais EPICA. Dont la chanteuse, mezzo-soprano, Simone Simons, fera certainement apprécier le métal symphonique aux plus réfractaires. Notamment, leur Unchain Utopia, qui permet de se souvenir que l’un des meilleurs et des plus beaux casques est fabriqué dans une autre des très belles régions de la France par FOCAL.

Cependant, lorsqu’il chante Nacht und Träume de Franz Schubert, les EA502 donnent plus de coffre que d’habitude au contre-ténor David Daniels lorsqu’ils sont équipés de la sorte. Quant au violon de Renaud Capuçon, nimbé d’un clair-obscur reposant qui peut plaire, il médite avec plus de gravité dans le tube planétaire, Thaïs, de Jules Massenet.

Dans le deuxième mouvement de la quatrième symphonie de Gustav Mahler, les pizzicati des violons de l’orchestre du Concertgebow d’Amsterdam sont moins vifs qu’ils ne le sont avec les embouts ERDRE à doubles ailettes, mais la base orchestrale est  immédiatement plus solide.

Néanmoins, un retour aux embouts doubles ailettes permet de retrouver un équilibre des fréquences teinté de cette clarté que l’on peut préférer avec la musique acoustique. Ce dont ne s’est pas plainte Sara K parce son timbre de voix ressemble alors davantage à celui que l’on a pu entendre avec les casques sédentaires haut de gamme, notamment électrostatiques.

Il convient donc de souligner la grande sensibilité des EA502 aux équipements audio et accessoires. Justement, rayon accessoires, il faut ajouter que le câble qui nous a été envoyé, OCC 8 torsadé norme 6N (4 conducteurs par voie), est de très bonne facture. Souple, torsadé, sans aucun emmêlement ou effet microphonique lié aux frottements, il est protégé aux endroits sensibles à l’usure. Il s’agit d’un excellent et très beau câble qui assure des connexions bien franches.

Comme tous les écouteurs performants, les ERDRE ne dérogent pas à la règle qui permet de constater que la qualité du son augmente lorsqu’ils sont accouplés à une source d’une qualité supérieure à la précédente. Cela a donc été le cas en passant d’un Smartphone Samsung Galaxy, aux Shanling M0, Astell&Kern AK70, puis au système Hifi avec platine CD REGA Jupiter et amplificateurs/DAC RME ADI-2 DAC ou Cocktail audio HA500H hybride.

À l’exception du Smartphone qui doit mobiliser le dernier quart des ressources de son amplification, le bon rendement des EA502 permet de rester très largement en deçà du maximum disponible sur toutes les autres sources nomades.

Enfin, au jeu des comparaisons qui va clore ce test d’écouteurs, J’ai trouvé que le rendu sonore des ERDRE Audio EA502 était très largement meilleur que celui des nouveaux FiiO FH1S qui viennent de remplacer les FH1 que je plaçais parmi les meilleurs de leur catégorie de prix à l’époque — avant qu’ils ne soient déboulonnés par les ERDRE D201G en décembre 2017 (test HCFR), à leur tour écartés par les ERDRE Audio D202 en 2018 (test HCFR).

Grave, bas-medium, médium, le son des EA502 est chargé de plus de détails que celui des AKG N40 (hybrides deux voies) qui offrent des sonorités naturelles malgré une légère sensation de sécheresse dans le haut-médium et un aigu qui peut se teinter d’acidité là où les EA502 restent doux, sans les quelques effets sibilants qui peuvent survenir sur les écouteurs autrichiens.

Dans un style d’écoute différent, ces ERDRE peuvent venir concurrencer les AKG K3003i (hybrides 3 voies/3 transducteurs) avec lesquels la qualité du son franchit immédiatement deux paliers, et dont les tips permettent d’illustrer, une nouvelle fois, leur influence  sur le résultat sonore. Car, ce qui a été flagrant au cours de l’écoute de l’hommage de Jacques Brel à Jojo lorsqu’ils ont été installés sur les ERDRE, les embouts en silicone transparent des K3003i ont modifié l’image de la scène en déplaçant sa voix du front à l’arrière de la tête.

Quant aux EARSONICS S-EM6 V2 (6 transducteurs à armature équilibrée/3 voies), parfois également associés à des embouts tiers, leur réponse en fréquences est plus linéaire, les détails montrent une plus grande finesse. Leur neutralité peut être perçue comme la résultante d’un caractère égal en toutes circonstances, mais un peu froid.

Sentiment que les EA502 ne provoquent jamais lorsqu’ils sont équipés des embouts adéquats.

Enfin, étant donné ce que j’ai entendu à l’écoute des TRN audio X-6 que j’avais fait venir pour vérifier la qualité de ce qui est proposé à un rythme tellement rapide en Chine — X-6, pourtant équipés de six (6) transducteurs à armature équilibrée par écouteur: s’il convient de vraiment les oublier sur le plan sonore, tant c’est creux, artificiel, désordonné, ils présentent l’avantage de nous mettre véritablement la preuve dans les oreilles qu’il ne suffit pas d’une belle fiche technique et publicitaire, d’une accumulation de transducteurs, pour parvenir à faire de la belle musique. Parce que si ce salmigondis sonore n’est pas très onéreux, il n’a vraiment pas la cohérence et la saveur des coques noires bretonnes EA502 qui additionnent pourtant moins de drivers.

Conclusion

Réel plaisir, parce que belle performance des écouteurs ERDRE Audio EA502 à l’écoute des groupes de musiciens et artistes cités avec les embouts empruntés qui ont assuré une isolation quasiment parfaite.

Ce qui n’est ni nouveau, ni une surprise, la première étape doit donc consister à obtenir une très bonne étanchéité. J’ai d’ailleurs occasionnellement recours à des embouts tiers avec mes EARSONICS S-EM6 V2 et j’avais également dû employer une solution similaire lors de ma participation au test HCFR des excellents MEZE Rai Penta réalisé par Jeff_jacko.

Car, comme nous avons pu le voir, si les ERDRE audio EA502 ne manquent pas de potentiel et de qualités, il faudra parfois prendre le temps d’aller les débusquer. Ce que je suis parfaitement parvenu à faire avec des embouts d’emprunt pour écouter les musiques de la deuxième partie du XXe siècle. Mais, pas totalement avec eux à l’écoute des musiques seulement produites par des instruments acoustiques qui se sont mieux accordées avec les tips à doubles ailettes d’origine.

Un très haut niveau de détail et de présence dans le médium, une très belle image sonore en 3D. Un très bon grave avec des embouts adéquats, un aigu précis, lumineux, mais jamais fatiguant dans des conditions identiques.

Ce qui permet de conclure par le sous-titre qui lance ce test HCFR d’écouteurs de la marque nantaise: ERDRE Audio, une gamme et un son qui s’étoffent.

 

André_ajr
HCFR – Juillet 2020

 

– lien vers le sujet HCFR dédié aux produits Erdre Audio : https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-haute-fidelite/erdre-audio-iem-de-france-tests-hcfr-post-1-t30082272.html

 

 

 

Partager :