» 10 Nov 2006 22:09
Bonsoir, le CR comme convenu de cet après midi champêtre
C’est un coin de Bourgogne où coule une rivière. Une destination verdoyante et « bovine », improbable et curieuse avec ses châteaux, son étang, son village médiéval et quelques fermes à flanc de colline. On s’attend à voir apparaître à tout instant des hommes en costumes d’époque arbalètes à la main, des cavaliers en armures le glaive menaçant et dans un rai de lumière Jeanne d’Arc…
J’arrive à « La grande Chaume », quelqu’un cogne au carreau de mon véhicule: « vous êtes monsieur B…. » me demande t il avec un accent anglais d’une douceur inattendue. Nous ne referons pas une hypothétique guerre de cent ans aujourd’hui, je suis soulagé.
J’ai retiré mes boules « Quiès ». A chacun ses manies mais c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour lutter contre les pollutions sonores d’un long voyage en voiture avant une écoute.
C’est donc ici que se niche NC Audio, importateur des marques Audionet, Audio Physic, Leben et EAR sans que cela soit exhaustif (merci à Alain Choukroun pour avoir organisé cette « improvisade »).
Nous sommes très loin du tumulte citadin, des clichés véhiculés de ci de là sur une haute fidélité pédante, froide et méprisante. J’ai face à moi une personne d’une douceur et d’une gentillesse confondante (et tout cela n’est pas qu’une affaire de commerce, nous connaissons tous des commerçants peu « sympathiques »).
Ici tout est simple et sain. Le calme absolu, le calme avant la tempête.
Quoi de mieux pour une écoute « exceptionnelle »…
Après un café servi en compagnie de Madame, Neil Clowes (le « maître de cérémonie ») m’accompagne sous les toits de cette grande ferme « bourguignone ». L’ « auditorium » a été préparé avec une grande minutie et passion.
Il y a dans le coin gauche sur un meuble « Pagode » de Finite Elemente, de haut en bas, le lecteur Audionet, puis son alimentation EPS, le préampli EAR 912, et pour finir le bloc stéréo EAR 890. L’électronique n’est pas démentiellement démesurée, pas d’esbroufe en ce lieu. Ce qui me garantit à priori un meilleur rendu avec mon système (en particulier avec les blocs Ear 509). Les enceintes Audio Physic Caldera sont en avant de 2m et dans le coin droit attend patiemment le Sub Minos (non actif pour le début de l’écoute).
La pièce fait dans les 30m2.
Je prends place face à la scène, le spectacle peut commencer.
Après 2 disques passés par mon hôte, je sors mon « artillerie ».
Première salve
1. Regina Spektor « Oedipus »
2. Antony and the Johnson’s « Hopes there’s someone »
3. Noir Désir “Bouquet de nerfs”
4. Cd test n°4 Prestige Audio « Blues-Rock »
Premières impressions :
Une scène sonore majestueuse, un raffinement extrême, une écoute tout de suite évidente. Evidente car on n’a pas envie de chercher où se trouve le grave, comment se comporte l’aigu etc etc etc.
L’ensemble est d’une grande homogénéité, et les timbres sont somptueux. Petite remarque en passant, à ce niveau d’excellence, la qualité d’enregistrement des CD devient un élément dont il faut vraiment tenir compte (j’y reviendrai plus tard). Le Regina Spektor me déçoit un peu, je ne retrouve pas les sensations rencontrées sur les Avant Garde Duo Omega quelques semaines auparavant. Les claquements de langue, le contact charnel avec le piano, les coups, les martèlements, les heurts sont moins présents. Je ne suis plus dans un cabaret sauvage et crade, mais dans le salon d’un hôtel de luxe.
Antony and the Johnson’s est lui bouleversant, chaque musicien est à sa place, les instruments se répondent, se frôlent, une vraie poésie musicale.
Enfin Noir Désir et mon morceau « fétiche », ce bouquet de nerfs que je m’offre à chaque fois. C’est violent, tendu comme je l’aime, la guitare vous déchire la peau, vous parcourt le corps, et la voix de Bertrand Cantat finit d’arracher les derniers frissons. Je repense encore aux Avant-garde (l’émotion y était encore plus grande).
Nous enchaînons avec le morceau n°16, du CD test Prestige Audio, enregistré au studio Passavent, je crois. Ce morceau « guitare, batterie » m’avait littéralement retourné la dernière fois sur les Avant-garde. Deux écoutes pour ce morceau avec et sans le caisson Minos (nous le laisserons dès ce moment pour la suite) qui est réglé à 30hz. Il y a immédiatement plus d’ampleur et de définition dans le grave mais aussi dans le reste de la bande passante. Le pied de la batterie est vertigineux de tension, précis comme je ne pouvais imaginer l’entendre un jour.
Les disques s’enchainent.
5. Wim Mertens « Divided loyalties » Eb clarinet, Bes Clarinet, bass clarinet et contrabass clarinet, un morceau tueur de système. Ici de la grandeur.
6. Ella Fitzgerald « Take Love Easy » sur XRCD JVC: du miel, je sens Neil ému.
7. Gian Maria Testa : « per accompagnarti » un enregistrement hors norme, qui embrase l’espace, un révélateur de système.
8. Autechre « Acroyear2 » : l’électro la plus radicale fonctionne à merveille ici.
9. Radiohead « 2+2=5 » : un enregistrement déplorable, indigne, infâme. Je brûlerais presque mes « idoles ».
10. Karry Bremnes : trop évident 10 secondes d’écoute
11. BLUR « Jets » : phénoménal, un corps, une assise minérale, un enregistrement magnifique
12. Regina Spektor « Consequence of sounds » : pour finir en beauté, sur un titre sans équivoque.
Au final sans doute l’écoute la plus aboutie de mon parcours et une question existentielle en forme de ritournelle, lancinante…
Avant Garde Duo Omega, Vs Audio Physic Caldera. Deux styles de vie, deux approches différentes de la haute fidélité. Ce serait comme choisir entre Marilyn Monroe et Lauren Bacall. C’est cette pluralité, cette dualité qui fait que j’aime la haute fidélité, que j’aime toujours la musique et la manière dont on me la donne à entendre. Parcequ’il n’y a jamais 2 concerts identiques, il n’y a jamais 2 écoutes semblables (y compris avec le même système en un même lieu). L’inconstance, l’aléatoire érigé en principe dans un domaine ultra technique avec ces mesures, ces indices, ces pourcentages. J’aime l’imparfait, l’imprévu car il me donnent envie de goûter la vie avec toujours plus de passion…
A plus tard