irwinwayfair2 a écrit:Tu as raison de citer Frank Borzage, L'heure suprême est un des meilleurs films du muet et du cinéma tout court, à mon avis. Je ne suis pas globalement fan du muet toutefois et de ses mélodrame appuyés, à quelques exceptions. J'ai souffert face à certains muets de Eric von Stroheim. Pour cette raison, je n'ai pas vu les autres films de Borzage que tu cites (on pourrait ajouter Liliom (1930)), et d'ailleurs quelques films soviétiques de la période du muet aussi très réputés. Sans doute ce qui reste à creuser par mes soins... Il faut toujours être à l'écoute des avis des autres, et aller de l'avant...
irwinwayfair2 a écrit:Je viens de voir Lucky Star qui est à mon sens un très bon film, mais sans plus, comme Liliom... Ma hiérarchie précédente (page 126 de ce fil) reste donc inchangée.
La thématique étant proche, je ne pensais pas prendre un grand risque en pensant que si tu avais aimé L'heure suprême, les deux autres films de la trilogie : Lucky Star et Street Angel, pouvaient également te plaire. C'est peut-être le rendu artistique de type conte de fée, on a l'impression de se pencher sur une boule à neige et voir prendre vie sous nos yeux une fable, en cela je le rapproche de La nuit du chasseur de Laughton. Street Angel n'a pas cet effet et est plus proche du rendu de L'heure suprême et puis voir Janet Gaynor en tutu, c'est déjà d'une grande poésie, so cute

On parle de trilogie parce que ces trois films se suivent dans la carrière de Borzage (1927, 1928, 1929) et parce que les rôles principaux sont confiés au même couple à l'écran, Janet Gaynor et Charles Farrell. C'est d'ailleurs le couple à l'écran qui a sans doute tourné le plus de chefs d'œuvres, la trilogie donc et juste avant ils étaient également celui de Murnau dans L'aurore.
Je ne suis pas régulièrement l'actualité des éditions, Carlotta films avait sortie une édition bluray de cette trilogie et en individuel. J'avais raté cette sortie et ces petites boites d'édition s'adressant à une niche cinéphile, le nombre d'exemplaire est limité en fonction de la clientèle qu'ils peuvent toucher. Ensuite ils ne relancent pas en production lorsqu'ils ont vendu leur stock, le gros du cœur de cible a déjà été touché, résultat j'ai pu trouver en neuf à prix acceptable Lucky Star, les autres sont en possession de gens qui savent qu'ils peuvent spéculer dessus
par exemple pour Street Angel
https://www.chasse-aux-livres.fr/prix/B ... reloaded=1
Liliom n'est pas inintéressant, mais si classer les trois films précités est un exercice vain à un tel niveau de qualité, Liliom est un cran en dessous. La carrière de Borzage a été déclinante avec l'évolution commerciale du cinéma, bonne pâte il s'est mis a faire ce qui était demandé. Dans sa période parlante, il y a en 1940 : La Tempête qui tue (The Mortal Storm), ce n'est pas du snobisme mais certains titres passent mieux je trouve en anglais
Eric von Stroheim à l'image de ses rôles en tant qu'acteur, ce n'est pas le plus abordable
Pour te conseiller un autre film muet, Le vent de Victor Sjöström, Chef d'œuvre !
D'ailleurs si l'on peut me reprocher une vénération excessive pour certains grands réalisateurs d'avant le parlant, ceux que l'on voudrait me voir placer dans une liste contemporaine, ils connaissent très bien les vieux puisqu'ils les copient. Kubrick connaît le cinéma de Victor Sjöström, la scène de la hache perçant la porte dans Shining, les plans sont piqués à La Lettre écarlate du même réalisateur. Et Le vent est d'une thématique proche, on remplacera l'isolement de la neige, par la tempête de sable, le personnage de Nicholson dans son évolution psychologique proche de celui de Lillian Gish, l'autre plus célèbre actrice féminine du muet avec Janet Gaynor.
James Cameron également doit bien connaître, la scène la plus emblématique artistiquement du film Titanic avec les deux amants à la proue du navire ressemble fortement à un plan également puissant de Victor Sjöström dans The wind :
https://x.com/i/status/1362772426891780102

Ok il n'y a pas de bateau dans The wind, mais ils sont à la porte de la ferme fixant un horizon lointain dans une posture identique et le vent contre eux...
Mister Cameron, nous z avons les moyens de vous faire parler



