j'ai adoré l'évocation de la folie des War Boys, leur drogue qui leur chrome la gueule, les tambours de guerre, le guitariste taré monté sur élastiques, ce fanatisme de zélotes qui remplit leur existence jusqu'au sacrifice final en hurlant "Witnnnnnneeeesssssssss"... sérieusement il manquait plus qu'un simulacre de téléphone portable pour se faire un selficide et on était bons...
Franchement, les War Boys et leurs véhicules m'ont même rappellé les Orks dans l'univers de Wharammer 40 000
Bref le début du film m'a vraiment mis en transe
Jusque là, à mes yeux émerveillés par la représentation de tant d'idiotie chronique caricaturant à l'extrème l'imbécilité crasse de notre temps, tout va trèèèèès bien.
Mais cela ne va pas durer...
Reprenons.
Ces abrutis de War Boys s'en prennent à un Max encore plus Mad et polytraumatisé que d'habitude ( ce qui est logique : trainer sa solitude dans un désert sans avenir et un passé qui se rappelle sans cesse à nous est plus que pertubant).
Max essaye de s'échapper, se fait rechoper, finit en perfusion vivante (ça s'appelle un Globulard) attaché à une bagnole. L'idée est idiote, débile au dernier degrès mais on aura compris que les War Boys sont complètement cintrés -j'adore.
Lorsque se déroulent ces évênements, une nana et d'autres un peu moins tarées que les locaux veulent fuir cette bande de fous, ok, là je me dis que l'on va avoir de la bonne course poursuite, que cela va péter dans tous les sens.
Et effectivement pendant quelques temps ça sent bon le mad max 2 avec des images sublimes et du War Boys qui se fait allumer par un autre gang de tarés mais ensuite...ensuite...
Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire what the fuckesque ?????
L'univers de Mad Max, à mes yeux, c'est « the road » en sévèrement burné, sauf que la nature est déjà crevée depuis longtemps. Et le héro est un flic presque aussi fondu que les fous qu'il poursuit, presque aussi fou, non seulement parce qu'il conduit lui aussi comme un dingue mais parce que son application de la loi et de la justice consiste à arretter -mais seulement dans le sens « stopper leurs véhicules »- les timbrés de la route avant de les buter pour éviter qu'ils fassent d'autres victimes.
Etre le juge, juré et exécuteur, même pas d'une civilisation ou d'un état mais de ceux qui ont tué sa femme...encore et encore...une justice de fou.
Une licence venue à l'esprit de son auteur en constatant qu'en Australie, lorsque le pays a été coupé du robinet à pétrole Ricain, les gens sont devenus fous et violents, rien que pour obtenir leur précieux carburant (les Australiens ont été les seuls, sur la planète, à avoir eu les bollocks nécessaires pour hasarder un "non" lorsque les US ont affirmé "dorénavant la monnaie mondiale, notre $, n'est plus convertible en or, prenez notre petroPQ et soyez heureux).
Enfin bon revenons au film :
Qu'est-ce que vient faire cette fichue touche d'espérance bien appuyée dans un univers censé être foutu d'avance ?
Même les War Boys ne sont plus les archi connards ultra-violents dénués d'empathie, irrécupérables violeurs et assassins, juste bon à légitimer le plaisir sadique de leur exécution, mais deviennent de pauvres petits ch'ti mimis pauvres petits garçons manipulés par un gros méchant vilain tout plein qui les manipule façon gourou.
Et comble du délire, des femmes utlisées comme des objets et des reproductrices, toutes ch'ti mimi elles aussi, dénuées, mais alors totalement dénuées de haine ou de ressentiment pour leurs tortionnaires.
Là du coup, je perds totalement le plaisir sadique qui est le mien lorsque je vois des enfoirés ultra-violents censés être irrécupérables se faire dézinguer, parce que bon l'empathie je connais, on me présente les war boys comme des enfants soldats manipulés et victimes, je marche et je compatis.
De plus, mon sentiment d'incrédulité s'éveille en voyant les nymphètes superwomen se sortir sans trauma ni crainte ni haine d'une situation d'enfermement absolue.
J'ai bien vu et compris ce que vous avez tous vu et compris, sauf qu'en ce qui me concerne, je n'étais pas venu voir ça, j'étais venu voir un Mad Max !
Le fait est que de surcroit, je ne marche pas une seconde devant ce genre de messages.
«La femme est l'avenir de l'homme » façon Gandhi, non je n'y crois pas du tout.
Sérieusement, une société matriarcale, pas besoin d'imaginer ce que ça pourrait donner puisqu'on le sait déjà : il s'agissait de l'organisation des sociétés néolithiques.
La culture, le savoir, la connaissance, la démocratie...tout ceci a été inventé par des sociétés patriarcales, les Grecs notamment, lesquels étaient de légendaires phallocrates jusqu'à l'homosexualité et la péderastie.
Il a fallu des millénaires pour que la civilisation émerge du matriarcat originel.
Là, nous présenter la figure du patriarcat sous la caricaturale du père abusif tortionnaire et manipulateur, emprisonant les reproductrices, inventant le mensonge d'un paradis futur (tel celui des civilisations du livre), emprisonnant ses enfants dans une adoration totale...bon soyons sincères, je trouve cela fun, marrant, franchement drole et bien fait...vraiment bien fait. Leur religion de la bagnole, du volant, évoquent la prise de pouvoir originelle sur le soleil. Se chromer la tronche, prendre les autres fidèles de la secte en témoin de son martyre...non sérieusement c'est vraiment bien pensé et marrant.
Mais alors opposer à ce patriarcat dénaturé des nymphettes qui proposent un avenir fait de plantation, d'amour et d'eau fraiche, l'espoir d'un retour à la nature assassinée par les hommes où même un type bien comme Max n'aurait pas sa place non là pour moi ça coince.
Cela correspond bien à une symbolique reposant sur quelque chose, l'espoir d'un renouveau et un retour au féminin après l'échec patent de l'homme et du principe masculin.
Disons que sur ce point, je ne marche pas.
Voir la bêtise crasse et morbide des hommes finissant de se massacrer sur les dernières routes de la planête, Max buter les pires d'entre eux et sauver ceux qui restent à sauver -pour un temps- pour moi ça va.
Mais cette fable qui m'ôte le plaisir direct du carnage en allant jusqu'à me faire compatir vis à vis de ces pauvres ch'ti War Boys sans me faire croire à son propos finalement exagérément optimiste là non...