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Films (débats, critiques), personnalités (acteurs, réalisateurs), prochaines sorties, les salles, la presse spécialisée...
Tar - Un film de Todd Field avec Cate Blanchett
Vu le week-end dernier ce long film, ou Cate Blanchett est tout simplement époustouflante et écrase toute concurrence d'assez loin, oeuvre sur grandeur et décadence d'une chef d'orchestre star et mégalo à l'poque des réseaux sociaux et de #metoo.
Bref, on ne voit qu'elle du début à la fin, sa performance est e-xcpet-ion-nelle !! L'intrigue oscille entre le drame psychologique à l'européenne et le "rise and fall" anglo-saxon façon Citizen Kane, avec un scénario orignal, des détails méticuleux qui ont chacun leur importance, une intrigue qui laisse de la place à l'analyse par le spectateur (la scène de la masterclass).
Sans doute quelques longueurs et des obsessions qui pourront irriter le spectateur. Je ne connaissais pas Todd Field, on se reportera à sa fiche wikipedia pour en savoir plus. Film très intéressant !
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"Je déteste deux choses: l'analyse et le pouvoir" - Sviatoslav Richter.
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autrichon gris - Modérateur Œuvres & Multimédia
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- Localisation: Strasbourg
vu également hier !!
Abus de pouvoir et retour de manivelle
superbe film , performance d'actrice effectivement.
Seul bémol , les obligations "wokes" pour les oscars
Je ne l'ai pas vu mégalo mais justement hyper performante, limite génie ... ce qui va définir son attitude vis à vis de ses pairs
Abus de pouvoir et retour de manivelle

superbe film , performance d'actrice effectivement.
Seul bémol , les obligations "wokes" pour les oscars

Je ne l'ai pas vu mégalo mais justement hyper performante, limite génie ... ce qui va définir son attitude vis à vis de ses pairs

- rann
- Messages: 7127
- Inscription Forum: 10 Juil 2009 16:58
rann a écrit:vu également hier !!
Abus de pouvoir et retour de manivelle![]()
superbe film , performance d'actrice effectivement.
Seul bémol , les obligations "wokes" pour les oscars![]()
Je ne l'ai pas vu mégalo mais justement hyper performante, limite génie ... ce qui va définir son attitude vis à vis de ses pairs
Quelque part, à mon avis, la limite entre génie, abus de pouvoir et mégalo est ténue... La séquence ou l'on découvre d'ou elle vient est révélatrice.
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autrichon gris - Modérateur Œuvres & Multimédia
- Messages: 9205
- Inscription Forum: 21 Oct 2009 14:18
- Localisation: Strasbourg
Vu ce week-end également, je n'ai pas trop accroché
Je vous rejoins sur la performance d'actrice, rien a dire elle porte réellement le film
En revanche le scénario, le rythme pourtant un thème important pour ce genre de film et les thèmes traités (LGBT, #metoo, réseaux sociaux) n'ont pas réussi à me captiver, malgré une scène que j'ai beaucoup aimé lorsqu'elle donne son cours
En revanche les stigmates des professionnels de la musique classique et des orchestres sont plutôt bien rendus mais pour les non initiés ils passeront globalement à côté de ces références
Je vous rejoins sur la performance d'actrice, rien a dire elle porte réellement le film
En revanche le scénario, le rythme pourtant un thème important pour ce genre de film et les thèmes traités (LGBT, #metoo, réseaux sociaux) n'ont pas réussi à me captiver, malgré une scène que j'ai beaucoup aimé lorsqu'elle donne son cours
En revanche les stigmates des professionnels de la musique classique et des orchestres sont plutôt bien rendus mais pour les non initiés ils passeront globalement à côté de ces références
- Tazz24
- Messages: 670
- Inscription Forum: 13 Juin 2003 14:41
- Localisation: 78
Sur le papier, ça avait tout pour être ma came, mais la durée surprenante du film (2h38) me laissait perplexe. Sans surprise (pour moi), rien ne la justifie sauf l'idée de projeter l'idée que Tar est Un Grand Film Important qui a des Choses A Dire.
En pratique, le résultat à l'écran est moins intéressant que les discussions que le film peut générer. Non pas que j'aurais des facilités à dire du film qu'il est mauvais, vu qu'il est a minima plastiquement très maitrisé et pourvu d'un excellent casting, mais dont j'ai bien du mal à me positionner sur s'il dit des choses très spécifiques ou au contraire est juste surtout ficelé d'un point de vue occidental très bien loti.
En effet, Tar, c'est quand même l'histoire d'une personne assez foireuse, manipulatrice, opportuniste, dont la réputation professionnelle semble être passée en auto-alimentation, et qui finit simplement par se faire rattraper par la brigade du karma. En un sens : ok, super, mais 2h40 là-dessus, vraiment ? Or, justement : le film n'a effectivement pas forcément beaucoup plus à offrir que ça, et ce ne sont pas les revers de mains "tout est du point de vue de Tar, et il faut faire la différence entre ce que le film dit et ce que le personnage pense" qui changent le contenu à l'écran, càd, par ex, que quand bien même on pourra voir dans les échanges avec les élèves un discours sur la cancel culture et ces jeunes pétris de bonne morale et d'idées préconçues, ça reste aussi et surtout une vision ultra verticale des choses avec ce vieux briscard qui connait le monde face à des petits naïfs qui découvrent le monde.
Le film est truffé de ces choses là, et à la longue, donne vraiment l'impression d'un parpaing bien trop lourd et long, qui se veut Profond Et Important, mais qui semble surtout constamment très maladroit.
(je passerai outre la lecture alternative de tout le dernier tiers du film, à la fois intéressante mais aussi paraissant totalement facepalmesque, tant au final le film ne s'en sert jamais vraiment, et illustre à nouveau le fait que ce qui est à l'écran est moins intéressant que ce qu'on lit ensuite)
En pratique, le résultat à l'écran est moins intéressant que les discussions que le film peut générer. Non pas que j'aurais des facilités à dire du film qu'il est mauvais, vu qu'il est a minima plastiquement très maitrisé et pourvu d'un excellent casting, mais dont j'ai bien du mal à me positionner sur s'il dit des choses très spécifiques ou au contraire est juste surtout ficelé d'un point de vue occidental très bien loti.
En effet, Tar, c'est quand même l'histoire d'une personne assez foireuse, manipulatrice, opportuniste, dont la réputation professionnelle semble être passée en auto-alimentation, et qui finit simplement par se faire rattraper par la brigade du karma. En un sens : ok, super, mais 2h40 là-dessus, vraiment ? Or, justement : le film n'a effectivement pas forcément beaucoup plus à offrir que ça, et ce ne sont pas les revers de mains "tout est du point de vue de Tar, et il faut faire la différence entre ce que le film dit et ce que le personnage pense" qui changent le contenu à l'écran, càd, par ex, que quand bien même on pourra voir dans les échanges avec les élèves un discours sur la cancel culture et ces jeunes pétris de bonne morale et d'idées préconçues, ça reste aussi et surtout une vision ultra verticale des choses avec ce vieux briscard qui connait le monde face à des petits naïfs qui découvrent le monde.
Le film est truffé de ces choses là, et à la longue, donne vraiment l'impression d'un parpaing bien trop lourd et long, qui se veut Profond Et Important, mais qui semble surtout constamment très maladroit.
(je passerai outre la lecture alternative de tout le dernier tiers du film, à la fois intéressante mais aussi paraissant totalement facepalmesque, tant au final le film ne s'en sert jamais vraiment, et illustre à nouveau le fait que ce qui est à l'écran est moins intéressant que ce qu'on lit ensuite)
- tenia54
- Messages: 6649
- Inscription Forum: 22 Nov 2010 22:40
En tout cas, raté pour les Oscars... 

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"Je déteste deux choses: l'analyse et le pouvoir" - Sviatoslav Richter.
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autrichon gris - Modérateur Œuvres & Multimédia
- Messages: 9205
- Inscription Forum: 21 Oct 2009 14:18
- Localisation: Strasbourg
autrichon gris a écrit:En tout cas, raté pour les Oscars...
En revanche j'ai pas très bien compris l'oscar du meilleur film !!
C'est parce qu'il cochait toutes les cases "woke" ?
Je ne souhaite pas ouvrir un sujet sur ce film , j'ai absolument rien compris au synopsis



- rann
- Messages: 7127
- Inscription Forum: 10 Juil 2009 16:58
Le film est tout sauf je ne sais trop quoi qui ne veut rien dire, là.
(Et il n'en méritait pas tant non plus mais bref).
(Et il n'en méritait pas tant non plus mais bref).
- tenia54
- Messages: 6649
- Inscription Forum: 22 Nov 2010 22:40
tenia54 a écrit:Le film est tout sauf je ne sais trop quoi qui ne veut rien dire, là.
(Et il n'en méritait pas tant non plus mais bref).
C'est clair
- rann
- Messages: 7127
- Inscription Forum: 10 Juil 2009 16:58
Vu hier après-midi.
J'ai beaucoup aimé, même si les multiples degrés de lecture et surtout les frontières (volontairement ?) floues entre le réel de Tar et son imaginaire chancelant n'aident pas forcément à garder le cap dans la compréhension.
Une chose est absolument sûre, et je plussoie avec les avis précédemment émis : s'il fallait encore le prouver, Cate Blanchett confirme avec ce rôle qu'elle fait partie des plus grandes actrices actuelles. Sa prestation est totalement "hors-concours" tellement elle est habitée par son personnage . D'ailleurs, Todd Field était tellement convaincu que le rôle de Tar ne pouvait être interprété que par Cate Blanchett, qu'il a déclaré que si l'actrice avait refusé le rôle, le film ne se serait pas fait.
Les seconds rôles sont également étonnants de justesse dans leurs réactions face à cette femme mégalomane, au sommet de son art mais furieusement instable dans sa tête.
Je suis assez d'accord sur la remarque de Tenia concernant la longueur du film. Une bonne vingtaine de minutes en moins n'aurait sans doute pas posé de problème quant à la lisibilité du film. Cependant, il y a comme une analogie avec les accents et le phrasé utilisés en musique dans le déroulé de plusieurs scènes : certaines se terminent sur un long sostenuto interrogatif, d'autres s'apparentent à un staccato tranchant, tandis que d'autres encore évoquent des passages fortissimo dignes d'un orchestre en pleine tempête.
Quant aux aspects "woke" évoqués par rann, et même si je fais partie de ces personnes pour qui la bienséance actuelle envers tout et n'importe quoi à "obligatoirement" insérer dans chaque film/série/bouquin commence sérieusement à me sortir par les yeux, je dois avouer que dans ce film, cela ne m'a pas gêné plus que cela, car l'orientation sexuelle de Tar, clairement exposée, ne m'apparait pas comme une "case woke à cocher" mais comme un état de fait qui ne change au fond rien dans le déroulé de l'histoire.
La scène de la masterclass avec son étudiant est d'ailleurs assez jubilatoire car ledit étudiant, persuadé que son illustre professeur -faisant partie tout comme lui d'une "minorité"- sera quelquepart de son côté, prend au final une leçon cinglante : la vraie passion pour un art se place bien au-dessus des petites certitudes personnelles relayées par les réseaux sociaux ou les mouvements wokistes justement.
Au final un film certes long, complexe, mais porté par une Cate Blanchett tout simplement exceptionnelle, et qu'il conviendra je pense, de revoir, ne serait-ce que pour accéder à ses différents niveaux de lecture.
J'ai beaucoup aimé, même si les multiples degrés de lecture et surtout les frontières (volontairement ?) floues entre le réel de Tar et son imaginaire chancelant n'aident pas forcément à garder le cap dans la compréhension.
Une chose est absolument sûre, et je plussoie avec les avis précédemment émis : s'il fallait encore le prouver, Cate Blanchett confirme avec ce rôle qu'elle fait partie des plus grandes actrices actuelles. Sa prestation est totalement "hors-concours" tellement elle est habitée par son personnage . D'ailleurs, Todd Field était tellement convaincu que le rôle de Tar ne pouvait être interprété que par Cate Blanchett, qu'il a déclaré que si l'actrice avait refusé le rôle, le film ne se serait pas fait.
Les seconds rôles sont également étonnants de justesse dans leurs réactions face à cette femme mégalomane, au sommet de son art mais furieusement instable dans sa tête.
Je suis assez d'accord sur la remarque de Tenia concernant la longueur du film. Une bonne vingtaine de minutes en moins n'aurait sans doute pas posé de problème quant à la lisibilité du film. Cependant, il y a comme une analogie avec les accents et le phrasé utilisés en musique dans le déroulé de plusieurs scènes : certaines se terminent sur un long sostenuto interrogatif, d'autres s'apparentent à un staccato tranchant, tandis que d'autres encore évoquent des passages fortissimo dignes d'un orchestre en pleine tempête.
Quant aux aspects "woke" évoqués par rann, et même si je fais partie de ces personnes pour qui la bienséance actuelle envers tout et n'importe quoi à "obligatoirement" insérer dans chaque film/série/bouquin commence sérieusement à me sortir par les yeux, je dois avouer que dans ce film, cela ne m'a pas gêné plus que cela, car l'orientation sexuelle de Tar, clairement exposée, ne m'apparait pas comme une "case woke à cocher" mais comme un état de fait qui ne change au fond rien dans le déroulé de l'histoire.
La scène de la masterclass avec son étudiant est d'ailleurs assez jubilatoire car ledit étudiant, persuadé que son illustre professeur -faisant partie tout comme lui d'une "minorité"- sera quelquepart de son côté, prend au final une leçon cinglante : la vraie passion pour un art se place bien au-dessus des petites certitudes personnelles relayées par les réseaux sociaux ou les mouvements wokistes justement.
Au final un film certes long, complexe, mais porté par une Cate Blanchett tout simplement exceptionnelle, et qu'il conviendra je pense, de revoir, ne serait-ce que pour accéder à ses différents niveaux de lecture.
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Le matériel évolue....la musique reste.
- Scudabear
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- Messages: 4516
- Inscription Forum: 10 Mar 2009 21:11
Scudabear a écrit: la vraie passion pour un art se place bien au-dessus des petites certitudes personnelles relayées par les réseaux sociaux ou les mouvements wokistes justement.
En pratique, c'est tout de même la mise en scène (y compris au sein du film) du melon de Tar, qui se positionne comme la vieille briscarde expérimentée qui SAIT face à ceux qui ont le malheur d'avoir encore un certain idéalisme mais forcément dispensable puisqu'uniquement théorique. En gros, même les profs discutables restent les sachants, et même les élèves les plus positivistes restent vus qu'au prisme de leur inexpérience.
Tout ça pour quoi ? Au final, ce que le film raconte, c'est pourtant bien la chute méritée et justifiée de Tar.
La vraie passion ne légitime donc rien, l'art n'exonère de rien.
- tenia54
- Messages: 6649
- Inscription Forum: 22 Nov 2010 22:40
Dans le cas précis de cette scène, je pense que l'idéalisme de ce jeune élève n'est pas forcément dispensable, mais disons qu'il ne pèse pas lourd face aux arguments imparables et presque "violents" avancés petit à petit par Lydia Tar.
Arguments qui se basent en partie sur l'implication profonde et la passion nécessaire envers la musique et les oeuvres -et non les compositeurs- (on en revient finalement à ce débat qui revient de plus en plus en ce moment : séparer l'homme de l'artiste).
Sur ce point, je suis plutôt en désaccord avec toi : je pense que la passion et l'Art peuvent mener à des comportements certes excessifs, voire même immoraux mais ils font justement partie de cette "apnée passionesque".
Quant au fait que Tar soit une mégalomane absolue, doublée d'une manipulatrice perverse, et que sa chute est inévitable -et méritée, comme tu le soulignes-, aucun doute là-dessus.
Mais je trouve assez intéressante la manière dont est posé le personnage de Tar au début du film : ses comportements excessifs, odieux, manipulateurs, autoritaires, aussi bien dans son entourage professionnel que dans son cercle intime sont autant de signes avant-coureurs qui nous font forcément penser que le casse-gueule général est attendu et mérité.
Je ne dirais pas que je me suis délecté des côtés abjects de son personnage...mais presque
Arguments qui se basent en partie sur l'implication profonde et la passion nécessaire envers la musique et les oeuvres -et non les compositeurs- (on en revient finalement à ce débat qui revient de plus en plus en ce moment : séparer l'homme de l'artiste).
Sur ce point, je suis plutôt en désaccord avec toi : je pense que la passion et l'Art peuvent mener à des comportements certes excessifs, voire même immoraux mais ils font justement partie de cette "apnée passionesque".
Quant au fait que Tar soit une mégalomane absolue, doublée d'une manipulatrice perverse, et que sa chute est inévitable -et méritée, comme tu le soulignes-, aucun doute là-dessus.
Mais je trouve assez intéressante la manière dont est posé le personnage de Tar au début du film : ses comportements excessifs, odieux, manipulateurs, autoritaires, aussi bien dans son entourage professionnel que dans son cercle intime sont autant de signes avant-coureurs qui nous font forcément penser que le casse-gueule général est attendu et mérité.
Je ne dirais pas que je me suis délecté des côtés abjects de son personnage...mais presque

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- Scudabear
- Modérateur Œuvres & Multimédia
- Messages: 4516
- Inscription Forum: 10 Mar 2009 21:11
Scudabear a écrit:Sur ce point, je suis plutôt en désaccord avec toi : je pense que la passion et l'Art peuvent mener à des comportements certes excessifs, voire même immoraux mais ils font justement partie de cette "apnée passionesque".
Je comprends le point de vue, mais ce n'est pas tant que je ne suis pas forcément d'accord avec cela (du moins : oui, ça peut mener à des comportements excessifs, mais non, ce n'est pas inévitable pour autant), mais plutôt que le film me semble, justement, dire que Tar a tort de penser que cela justifie tout, à commencer par sa condescendance, et que ses élèves n'ont pas forcément tort d'avoir ces idéaux.
Ce que la scène montre, c'est une prof en mode complètement vertical et à sens unique, et ce que le film, pour moi, raconte, c'est que ce n'est pas forcément une bonne chose, car les élèves même inexpérimentés ne sont pas forcément à balayer d'un revers de la main, et les personnes même aussi panthéonisées que Tar n'ont pas forcément non plus la science infuse.
Et au final, on ne sait pas ce qu'il advient de ces élèves, mais on sait ce qu'il advient Tar, et on ne peut pas vraiment dire qu'elle sorte grandie.
- tenia54
- Messages: 6649
- Inscription Forum: 22 Nov 2010 22:40
Il n'est pas question à mon sens dans ce film de savoir qui en sort grandi, aucune chute n'est méritée en soi, même si elle a lieu, sauf si le spectateur se met lui-même à juger à l'emporte-pièce et se positionne à sens unique (justement) dans un camp : ce que fait l'élève dans cette scène de la Julliard School.
Contrairement à ce qui est ressorti de la polémique créée aux US à propos de ce film, en partie suite aux propos de la cheffe Marin Alsop, le film s'empare au contraire avec intelligence de certains sujets sociétaux de notre époque par une approche dialectique de la notion d'emprise, de manipulation et de pouvoir. Le film propose de dépasser avec pertinence le conflit d'une société contemporaine qui serait divisée entre le progressisme de la cancel culture et le conservatisme : vision avant tout médiatique d'une société occidentale du Spectacle. L'aporie arrive quand le spectateur entre en conflit à la fois avec les excès du personnage de Tár, comme avec les excès de ce qu'on lui oppose, là encore, par exemple, dans cette scène de masterclass à la Julliard school.
Pour parler des aspects cinématographiques : la réalisation se donne vraiment les moyens pour avancer dans son projet artistique. La direction et le jeu d'acteur évidement, la photo et les cadres qui racontent l'intimité et la psychologie du personnage, le montage et le travail minutieux sur le rythme de plus en plus elliptique du film pour illustrer la chute de Tár qui en perd son "tempo", les ambiances et les textures sonores mixées en arrière-plan et qui semblent plonger de plus en plus Tár dans un rêve éveillé, symptôme d'un détachement progressif au réel, sont tous au service de ce qui se raconte dans le film, qui devient une vraie experience cinématographique et qui sait justifier son médium pour la valeur artistique qu'il ajoute au propos. Cela nous change des films de plus en plus nombreux qui ne font que "dire" une histoire.
Todd Field, en tant qu'acteur, avait joué dans Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick, on pense forcément à ce dernier quant à cette manière totale de faire du cinéma.
Pour moi clairement un des meilleurs films de cette dernière année.
Contrairement à ce qui est ressorti de la polémique créée aux US à propos de ce film, en partie suite aux propos de la cheffe Marin Alsop, le film s'empare au contraire avec intelligence de certains sujets sociétaux de notre époque par une approche dialectique de la notion d'emprise, de manipulation et de pouvoir. Le film propose de dépasser avec pertinence le conflit d'une société contemporaine qui serait divisée entre le progressisme de la cancel culture et le conservatisme : vision avant tout médiatique d'une société occidentale du Spectacle. L'aporie arrive quand le spectateur entre en conflit à la fois avec les excès du personnage de Tár, comme avec les excès de ce qu'on lui oppose, là encore, par exemple, dans cette scène de masterclass à la Julliard school.
Pour parler des aspects cinématographiques : la réalisation se donne vraiment les moyens pour avancer dans son projet artistique. La direction et le jeu d'acteur évidement, la photo et les cadres qui racontent l'intimité et la psychologie du personnage, le montage et le travail minutieux sur le rythme de plus en plus elliptique du film pour illustrer la chute de Tár qui en perd son "tempo", les ambiances et les textures sonores mixées en arrière-plan et qui semblent plonger de plus en plus Tár dans un rêve éveillé, symptôme d'un détachement progressif au réel, sont tous au service de ce qui se raconte dans le film, qui devient une vraie experience cinématographique et qui sait justifier son médium pour la valeur artistique qu'il ajoute au propos. Cela nous change des films de plus en plus nombreux qui ne font que "dire" une histoire.
Todd Field, en tant qu'acteur, avait joué dans Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick, on pense forcément à ce dernier quant à cette manière totale de faire du cinéma.
Pour moi clairement un des meilleurs films de cette dernière année.
- Charlym
- Messages: 5
- Inscription Forum: 18 Sep 2022 12:42
tenia54 a écrit:Ce que la scène montre, c'est une prof en mode complètement vertical et à sens unique, et ce que le film, pour moi, raconte, c'est que ce n'est pas forcément une bonne chose, car les élèves même inexpérimentés ne sont pas forcément à balayer d'un revers de la main, et les personnes même aussi panthéonisées que Tar n'ont pas forcément non plus la science infuse.
Et au final, on ne sait pas ce qu'il advient de ces élèves, mais on sait ce qu'il advient Tar, et on ne peut pas vraiment dire qu'elle sorte grandie.
Ta remarque sur la "verticalité" de sa méthode d'enseignement est intéressante car au fond, même si cette méthode est pour le moins unidirectionnelle et contestable, elle est parfaitement en phase avec les autres aspects de sa personnalité , à commencer justement par son métier : pour reprendre une réplique d'un célèbre comique français, dans un non moins célèbre film populaire français

Et cette verticalité de comportement se retrouve également dans ses relations avec son entourage. Parfois de manière extrêmement directe, parfois de manière sournoise, parfois de manière très calculatrice (voire même sadique -comme avec cet élève de la Julliard School- qui au contraire est, à mon avis, loin d'être un "revers de la main" tant elle le met lentement au dos du mur).
Charlym a écrit:Contrairement à ce qui est ressorti de la polémique créée aux US à propos de ce film, en partie suite aux propos de la cheffe Marin Alsop, le film s'empare au contraire avec intelligence de certains sujets sociétaux de notre époque par une approche dialectique de la notion d'emprise, de manipulation et de pouvoir. Le film propose de dépasser avec pertinence le conflit d'une société contemporaine qui serait divisée entre le progressisme de la cancel culture et le conservatisme : vision avant tout médiatique d'une société occidentale du Spectacle. L'aporie arrive quand le spectateur entre en conflit à la fois avec les excès du personnage de Tár, comme avec les excès de ce qu'on lui oppose, là encore, par exemple, dans cette scène de masterclass à la Julliard school.
Point de vue très intéressant et très "avancé" là aussi


Maintenant que tu le soulignes, effectivement la personnalité de Tar est somme toute un mélange complexe de 2 courants diamétralement opposés représentés dans notre société actuelle (progressisme et traditionalisme). Est-ce ce mélange complexe et difficilement miscible qui est à l'origine des ses errements et de sa chute ? C'est bien possible.
En tout cas, vos positions et ressentis sur ce film sont extrêmement intéressants et même "enrichissants"

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- Scudabear
- Modérateur Œuvres & Multimédia
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- Inscription Forum: 10 Mar 2009 21:11
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