kepassa a écrit:En toute humilité parce que je cherche aussi à comprendre, je crois que vous faites un vrai contre-sens. Ripley n'a pas de désir de maternité ou l'envie d'être mère à travers son combat contre l'Alien. Dans le 1, elle est le symbole de la sélection naturelle dans une lutte à mort avec un ennemi, un corps étranger dominant et dévastateur. Elle représente in fine la domination matriarcale dans le vaisseau qui est représentatif de l'espèce humaine dans ses forces et faiblesses.
Alien repose à fond sur une symbolique du viol masculin et la peur qu'il suscite : le type dans son scaphandre qui se fait pénétrer par la bouche, puis qui se fait entièrement défoncer. Ça n'était peut-être pas prémédité par les auteurs, mais vu tout le tralala sexuel des créatures de Giger, ça incitait à l'association. En tout cas, ça n'est pas étonnant que ça soit une femme qui survive à la fin.
Sur pas mal d'aspects, Alien est en fait l'anti-Exorciste (un film qui repose sur la peur du passage d'une fille à la puberté).
Dans le 2, elle se sent investi d'une mission décisive: supprimer la menace Aliens réactivée par une multinationale qui cherche à tout prix à développer les retombées scientifiques qu'offrirait la maitrise génétique de cette espèce. Newt est le dernier pont qui la relie aux hommes, elle est l'espoir d'une nouvelle génération. Elle n'est pas la fille de Ripley mais sa partenaire de survie.
Newt est clairement sa fille de substitution, ce qui, en dehors de la présence des créatures, rend sa cause personnelle. Dans la version longue, il y a la scène où Ripley apprend la mort de sa fille à 50 ou 60 ans pendant qu'elle était en hibernation. L'intérêt de tout ça, c'est que ça permet aussi de mettre sur le même plan les deux mères protectrices, Ripley et la reine, pour le duel final.
James Cameron a de toute façon pour habitude de privilégier dans ses films les personnages féminins, et d'en faire à leur façon les vraies héroïnes du film. On a ça dans Terminator, True Lies, Titanic ou Abyss. C'est dans Avatar qu'il se sent stupidement obligé de montrer le héros balèze à la fin qui commande aux armées et qui abat la moitié des mercenaires par ses ordres d'offensive.
Dans le 3, après la mort de Newt et coincée dans une prison sidérale, Ripley a toutes les raisons de la terre de perdre l'espoir en un hypothétique retour à une vie normale. Que lui reste-t-il d'humain au fond d'elle-même pour garder l'envie de se battre pour survivre ? Elle ne se comporte pas en mère mais en bon soldat conscient de ses responsabilités qui doit aller jusqu'à son propre sacrifice pour accomplir sa mission (c'est le fameux dernier plan du film). La maternité n'est pas l'ultime salut de Ripley. Non, son dernier salut, elle l'obtient en franchissant littéralement les portes de l'enfer comme un soldat Kamikaze.
Fincher n'a pas forcément le même point de vue que Cameron, qui n'a pas forcément le même point de vue que Scott. Il ne faut pas oublier que chacun a fait une lecture d'un scénario à chaque fois écrit par des petites mains différentes (ou pas même écrit dans le cas d'Alien3), et qu'il tire donc le résultat vers des thématiques propres.
D'ailleurs, si Jeunet a été engagé pour le 4, c'était en partie parce qu'il avait un bon sens visuel, en partie parce qu'on voulait qu'il soit plus docile que Fincher et qu'il livre un film conforme aux demandes du studio. À ce stade, les thèmes sont devenus lourdauds, les traits appuyés et un peu porte-nawak. C'est bien dans Resurrection que la relation entre Ripley, hybride ressuscitée, et l'androïde jouée par Winona Ryder, les deux personnages mis à l'écart par les autres, prennent une forte teinte saphique ?