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Don Juan de Mozart
AprĂšs avoir donnĂ© mon avis sur deux Ćuvres de Rameau, un avis assez critique, il est vrai, pour la production des PALADINS du ThĂ©Ăątre du Chatelet et un avis avec beaucoup plus de satisfaction pour la production nĂ©erlandaise de CASTOR ET POLLUX, je vous propose cette fois de me suivre dans un opĂ©ra que je considĂšre comme un des plus grands chef-dâĆuvre de la musique, le DON JUAN de Mozart sur un livret de Da Ponte. On ne soulignera jamais assez le talent, et mĂȘme le gĂ©nie, du librettiste Lorenzo Da Ponte Ă qui lâon doit un livret avec une progression dramatique sans faille et une vision des Ă©vĂ©nements scĂ©niques hors du commun. On pourrait de ce point de vue le comparer Ă MoliĂšre.
JâespĂšre pouvoir vous communiquer ne serait-ce quâune petite partie de mon admiration pour cet opĂ©ra dans la splendide production, bien que parfois en dehors des sentiers battus de la tradition thĂ©Ăątrale, du ROYAL OPERA HOUSE Ă©ditĂ© en 2014 en BLU RAY par OPUS ARTE avec le chĆur et lâorchestre de la maison sous la direction de Nicola Luisoti dans une mise-en-scĂšne de Kasper Holten.
https://imagizer.imageshack.com/v2/800x ... 6iCpzE.jpg
Don Juan est un personnage mythique dont chacun connaĂźt la rĂ©putation et dont le nom est devenu un lieu commun pour qualifier les grands sĂ©ducteurs sans scrupule. Câest un homme qui Ă©prouve un plaisir insatiable dans la conquĂȘte obsessionnelle de toutes les femmes plutĂŽt que dans la possession passionnĂ©e dâune seule. Câest ce que nous relate le livret de DA Ponte qui est de ce point de vue assez extraordinaire car, si gĂ©nĂ©ralement le ressort du drame, câest lâamour, câest presque toujours un amour au singulier, un amour dâautant plus immense quâil est contrariĂ© par le destin (Tosca, Lohengrin, le TrouvĂšre, Didon, OrphĂ©e, Tristan etcâŠ). Ici, point de passion partagĂ©e jusquâĂ la mort; au contraire, le destin de ce grand sĂ©ducteur Ă qui la nature a donnĂ© toutes les armes de la sĂ©duction, nâest conduit que par lui-mĂȘme, par son feu dĂ©vorant de conquĂ©rir jusquâau dĂ©nouement, un dĂ©nouement qui se voulait moralisateur, la mort du mĂ©chant.
On connaĂźt le nombre des victimes fĂ©minines de Don Juan. Câest le valet Leporello qui en bon serviteur a tenu lâinventaire de ses conquĂȘtes. Il en a recensĂ© 1.003 rien quâen Espagne. LâopĂ©ra se contente de nous en prĂ©senter trois. Il y a dâabord Dona Anna qui crie vengeance aprĂšs la mort de son pĂšre, le commandeur qui avait voulu laver lâhonneur de sa fille et que Don Juan a tuĂ© en duel. Il y a ensuite Dona Elvira, lâĂ©pouse dĂ©laissĂ©e qui crie son dĂ©sarroi et sa colĂšre mais aussi alternativement son amour. Enfin Zerlina, la jeune mariĂ©e dont Don Juan interrompit la noce pour essayer de la sĂ©duire aprĂšs avoir Ă©cartĂ© le mariĂ© avec lâautoritĂ© sans rĂ©plique du grand seigneur.
Toutes ces femmes poursuivent leur sĂ©ducteur tout au long des deux actes de lâopĂ©ra dans un mĂ©lange de haine, de violence, dâamour, de dĂ©termination meurtriĂšre, avec le pĂąle concours de Don Octavio, le soupirant esseulĂ© de Dona Anna, et celui plus rustique de Masetto, le futur mari de Zerlina. Mais ce sera la statue du commandeur qui viendra depuis lâĂ©ternitĂ© tendre la main au sĂ©ducteur de sa fille pour lâemmener en enfer. Une scĂšne des plus fameuses du monde de lâopĂ©ra.
Câest du moins ainsi que la tradition mozartienne nous reprĂ©sente Don Juan mais la production du ROYAL OPERA HOUSE a pris quelques libertĂ©s avec cette tradition en prĂ©sentant dâune façon originale lâaction dramatique et la psychologie de certains personnages.
Mariusz KwieciĂšn campe magistralement le personnage-titre.
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Nous avons devant nous un chanteur qui conduit sa partie avec une autoritĂ© magnifique. Et si curieusement, Mozart ne lui a rĂ©servĂ© que peu dâairs comme faire-valoir de sa virtuositĂ© vocale mais quelques trĂšs belles interventions comme la fameuse scĂšne oĂč il compte fleurette Ă la jeune paysanne Zerlina, (un chef dâĆuvre de sĂ©duction musicale),
https://imagizer.imageshack.com/img923/2497/hsyvTt.jpg
Il donne Ă son personnage une prĂ©sence de tous les instants et un abattement hors du commun, une fougue impĂ©tueuse, endiablĂ©e, qui est le nerf de lâaction. De ce point de vue, Mariusz KwieciĂšn est un vrai phĂ©nomĂšne ; Il est omniprĂ©sent dans tout lâopĂ©ra ; il occupe la scĂšne de bout-en-bout en rĂ©pandant Ă gorge dĂ©ployĂ©e sa morgue libertaire de grand seigneur dĂ©pravĂ©. Bravo ! Mais nous verrons que la production lâa moralement un peu Ă©pargnĂ© en le faisant moins mauvais que la tradition le montre.
Le valet Leporello est chanté par Alex Esposito.
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Le serviteur est Ă lâimage de son maĂźtre. Il le suit comme son ombre. Il lâaccompagne de sa personne mais aussi de sa voix. On a dit de lui quâil Ă©tait le double populaire de Don Juan, celui qui rĂ©agit avec un certain bon sens plĂ©bĂ©ien aux extravagances de son maitre, mais qui a aussi le bon sens dâoublier devant une bourse bien garnie les remords quâil manifeste de temps en temps de servir un aussi mĂ©chant seigneur. Alex Esposito donne Ă son personnage exactement ce que lâon attend de lui, celui dâun valet de comĂ©die. Son jeu de scĂšne est chargĂ© Ă souhait dâattitudes et de mimiques qui incarnent le cotĂ© comĂ©die de lâĆuvre et justifie le titre dâ« opera buffa » donnĂ© par Mozart Ă son ouvrage. Le valet et le maĂźtre ont dâailleurs lâun et lâautre un timbre de voix assez semblable et ils forment musicalement une paire indissociable qui fonctionne on ne peut mieux. Donc Bravo aussi.
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Dona Elvira, lâĂ©pouse dĂ©laissĂ©e incarnĂ©e VĂ©ronique Gens.
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Elle est la seule Ă qui Da Ponte prĂȘte des sentiments sincĂšres pour lâhomme quâelle aime, quâelle aime pour sâĂȘtre donnĂ©e dĂ©finitivement Ă lui mais quâelle dĂ©teste parce quâil lâa abandonnĂ©e. Cette ambivalence dans les sentiments, qui donne au personnage toute sa dimension humaine, est parfaitement incarnĂ©e sur scĂšne par VĂ©ronique Gens. Sa voix chaleureuse et dramatique revĂȘt tantĂŽt les accents de la haine et tantĂŽt ceux de la tendresse comme le texte le lui impose et comme la couleur de la musique lâexprime en suivant les mĂ©andres du texte. Bravo aussi.
https://imagizer.imageshack.com/v2/800x ... 7Mhokc.jpg
Elisabeth Watts est une Zerlina en robe de mariĂ©e moins naĂŻve quâavisĂ©e. Elle sait comment berner Mazetto, son futur Ă©poux, pour se faire pardonner ses privautĂ©s avec le cavalieri, ; Elle le plaint, elle panse ses plaies physiques et dâorgueil avec les gestes et les caresses qui rĂ©vĂšlent la main dâune femme accomplie plutĂŽt que celle dâune pucelle effarouchĂ©e. Le timbre de voix de Mme Watts Ă©voque bien celui dâune jeune premiĂšre mais son physique et son jeu nâont pas la spontanĂ©itĂ© pleine de friponneries innocentes de lâinoubliable dâIrmgard Seefried dans le mĂȘme rĂŽle (mais câest un souvenir dâil y a bien longtemps).
Le metteur-en-scĂšne a dâailleurs finalement coupĂ© le cou Ă ce qui pouvait lui rester de son ingĂ©nuitĂ© initiale, en lui faisant ouvrir le final du premier acte par un appel retentissant au secours alors quâon la voit ouvrir impudiquement ses vĂȘtements. Cette petite vipĂšre essaye de simuler des violences que Don Juan lui aurait fait subir et se venger ainsi de ses belles promesses en le livrant Ă la vindicte publique et se rabibocher une vertu.
https://imagizer.imageshack.com/v2/800x ... Gp59HT.jpg
Bravo quand mĂȘme pour la prestation de Mme Watts, mĂȘme si on lui a donnĂ© Ă jouer un personnage qui nâest pas tout-Ă -fait celui imaginĂ© par Da Ponte.
Au tĂ©nor Antonio Poli revient la tĂąche difficile dâincarner Don Octavio, lâamoureux fervent de Dona Anna qui est fort peu payĂ© de retour.
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Mozart a rĂ©servĂ© Ă son personnage des airs dâune magnifique tendresse, parmi les plus beaux de la partition, mais la voix de tĂ©nor lĂ©ger pour lesquels ils ont Ă©tĂ© Ă©crits et la situation de pĂąle soupirant auprĂšs dâune femme des plus indomptables, comme sa rivalitĂ© avec le trĂšs viril Don Juan, confĂšrent au personnage une fragilitĂ© native de femmelette qui passe difficilement la rampe malgrĂ© la trĂšs grande beautĂ© de la musique. Il faut dire que Poli est meilleur chanteur quâacteur. Je lâai Ă©coutĂ© donc pour la qualitĂ© de son chant plus que je ne lâai regardĂ©.
Enfin il y a Donna Anna, ici Malin Byström, et son pĂšre, le commandeur, Alexander Tsymbalyuk. Jâai rĂ©servĂ© ces personnages pour la fin de ma galerie de portrait car sur eux repose une conception dramatique qui veut faire entrer dans la modernitĂ© cette production du Don Giovanni, un opĂ©ra vieux de plus de deux siĂšcles Ă la tradition pĂ©renne bien Ă©tablie.
Depuis toujours, le viol de Dona Anna est Ă lâorigine du drame car ce viol et la mort du Commandeur qui sâen est suivie demandent la punition exemplaire de leur auteur et cristallise lâaction vengeresse de tous les personnages imaginĂ©s par Da Ponte. Depuis toujours cette action vengeresse se dĂ©nouera par la fameuse scĂšne de la mort du hĂ©ros oĂč apparaĂźt lâimposante statue du commandeur. Avec une formidable voix dâoutre-tombe, la statue invite Don Juan Ă lui prendre la main; une poignĂ©e de main que celui-ci a le courage dâaccepter, malgrĂ© les exhortations terrifiĂ©es de son valet, et qui lâenvahit dâune froideur lĂ©tale pendant que les chĆurs lâaccompagnent vers lâenfer. Il disparait dans les flammes en poussant un cri dĂ©chirant. Je puis tĂ©moigner pour lâavoir vue reprĂ©sentĂ©e par lâOpĂ©ra de Vienne que cette scĂšne est dâune saisissante efficacitĂ©. Je me souviens dâavoir tressailli, tout averti que jâĂ©tais, lorsque la statue est apparue dans le fond de la scĂšne sur trois coups de semonce donnĂ©s par lâorchestre et dâun vent froid venu comme elle de lâau-delĂ . Le dĂ©nouement du drame est donc la mort de Don Juan. Cette mort est le pendant moral du viol qui ouvre lâopĂ©ra.
Or, les rĂ©alisateurs de cette production ont bouleversĂ© la conception fondamentale de lâoeuvre. Donna Anna nâest plus la femme abusĂ©e mais la maĂźtresse consentante dâune nuit dâamour. La premiĂšre scĂšne qui ouvre lâopĂ©ra et oĂč apparaissent les deux amants dans une musique haletante laisse comprendre que lâĂ©moi exprimĂ© par Dona Anna nâest pas celui dâune femme violentĂ©e mais celui dâune maitresse qui tente de retenir son partenaire.
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Et si son pĂšre est tuĂ© par son amant, cela ne lâempĂȘchera pas par la suite de planter lĂ son fiancĂ© Don Octavio qui lui chante son amour pour franchir sans remord la porte dâune chambre dans laquelle Don Juan la fait entrer et qui se referme sur eux. Câest tout le systĂšme dramatique du premier acte qui sâen trouve modifiĂ© car Dona Anna connaĂźt son amant et lorsquâelle prĂ©tendra par la suite le dĂ©signer en reconnaissant sa voix et fera le rĂ©cit de son prĂ©tendu viol, elle ne fera rien dâautre que mentir.
Il faut dire que le sens de la musique qui accompagne le texte du livret est malgrĂ© tout parfaitement respectĂ©, que les mots chantĂ©s par Don Anna accompagnent la duplicitĂ© de son nouveau personnage sans aucun contresens musical. La tristesse quâelle exprime naturellement devant le cadavre de son pĂšre mort deviendra tout aussi naturellement un sentiment de vengeance lorsquâelle constatera que son amant lâa trompĂ©e avec une jeune paysanne en robe de mariĂ©e.
Malin Byström qui est certainement une grande chanteuse se devait Ă©galement dâĂȘtre une trĂšs bonne comĂ©dienne pour rendre crĂ©dible son double jeu tout en prĂ©servant dans son chant la puissance Ă©vocatrice de la musique.
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On peut se demander ce qui a pu pousser les rĂ©alisateurs Ă concevoir une rupture aussi Ă©vidente avec les intentions de Da Ponte. Ils ont probablement cherchĂ© Ă donner Ă un personnage fĂ©minin de lâĆuvre une stature qui dĂ©passe son rĂŽle dâobjet impuissant du dĂ©sir masculin, en faisant de lâhĂ©roĂŻne violĂ©e une fille aussi perverse que son partenaire. Ce serait en quelque sorte un rĂ©Ă©quilibrage moderne entre les sexes.
Et les entorses Ă la tradition ne sâarrĂȘtent pas au personnage de Dona Anna. La conception du personnage du pĂšre prend le mĂȘme chemin transgressif que celui de sa fille dans lâesprit des rĂ©alisateurs. Le commandeur nâest plus le grand seigneur qui meurt en lavant le dĂ©shonneur de sa fille et le sien dans un courageux car inĂ©gal duel Ă lâĂ©pĂ©e entre gentilshommes. Celui qui meurt de la main de Don Juan nâest plus quâun simple pĂšre incomprĂ©hensif qui menace Don Juan avec un couteau puis le provoque en faisant par derriĂšre tomber son chapeau dans un geste de mĂ©pris. Il est frappĂ© aprĂšs une courte lutte avec son propre couteau. Il a certainement ici transgression de la partition de Mozart qui Ă©voque le duel Ă lâĂ©pĂ©e pendant quelques rapides mesures ascendantes.
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Ce ravalement du commandeur au niveau dâun bourgeois sans Ă©pĂ©e lui coupe sa stature et lui vaut la perte de sa statue. Ce nâest pas sa statue de commandeur qui se rendra Ă lâinvitation Ă souper de Don Juan mais son fantĂŽme, câest-Ă -dire lui-mĂȘme grimĂ© en cadavre. Cela prive hĂ©las la grande scĂšne de la mort de Don Juan de beaucoup de sa puissance scĂ©nique et aussi la musique de Mozart dâun de ses moments les plus Ă©vocateurs.
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Don Juan lui-mĂȘme nâest plus tout-Ă -fait aussi malĂ©fique que traditionnellement. La mort du commandeur est certes un meurtre mais aprĂšs provocations, un meurtre non prĂ©mĂ©ditĂ© dont ce pĂšre bourgeoissisant est lui-mĂȘme responsable en partie. Et, puisquâil sâagit dâun fait divers, il nây a pas lieu de lui donner une issue fantastique. Au lieu de mourir dans un trĂ©pas justicier commandĂ© de lâau-delĂ , Don Juan sâenfonce dans une sorte de folie
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dont les chĆurs moralisateurs de lâenfer lui envahissent la tĂȘte.
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Cette punition psychiatrique est finalement la vengeance de toutes les femmes quâil a sĂ©duites en abusant de leur crĂ©dulitĂ© : il est devenu plus crĂ©dule quâelles en sâimaginant quâil est poursuivi par un mort qui veut se venger ; une fin somme toute trĂšs contemporaine qui ne conduit pas Ă la mort mais vers un Ă©tablissement pour handicapĂ© mental.
Et puisque le hĂ©ros nâest finalement pas mort, il nây a pas lieu de maintenir dans le final les passages oĂč les autres personnages se rĂ©jouissent de la mort de ce malotru de sĂ©ducteur et exposent ce quâils vont faire de leur avenir aprĂšs en avoir Ă©tĂ© dĂ©barrassĂ©s. Une entorse certaine au livret et Ă lâopĂ©ra.
La transcription par lâenregistrement est de tout premier ordre. Lâusage du blu ray permet une grande prĂ©cision dans la reproduction des costumes, des Ă©clairages et des dĂ©cors.
Une lumiĂšre qui assombrit les dĂ©cors presque jusquâau noir lorsque Dona Anna relate avec vĂ©hĂ©mence un viol qui nâest rien dâautre que la description Ă lâenvers des plaisirs quâelle a pris avec son amant.Une lumiĂšre qui colore la scĂšne de rouge lors de la mort du commandeur. Une lumiĂšre Ă©clatante lors de la fĂȘte au palais qui clĂŽture le premier acte :
Les costumes constituent un Ă©lĂ©ment important car ils fixent lâaction dramatique dans une certaine Ă©poque et il faut selon moi que lâĂ©poque Ă laquelle renvoient les costumes soit compatible avec le style de la musique. Les personnages portent des habits Ă la mode du temps de Mozart et non Ă la mode du temps de lâaction dans une Espagne fĂ©odale. Le style de lâhabillage est en rapport avec lâembourgeoisement de la conception de lâopĂ©ra. Mais cela nâest guĂšre gĂȘnant car les concepteurs du spectacle ont eu la sagesse de moderniser autrement quâen faisant enfiler par les personnages des habits du vingt-et-uniĂšme siĂšcle qui auraient Ă©tĂ© un camouflet pour la musique de Mozart.
Les dames portent des robes somptueuses comme, sans doute, les dames de la société en portaient alors.
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La jeune mariĂ©e est entourĂ©e dâune nuĂ©e de falbalas blancs qui la prĂ©destine Ă lâautel. Don Juan a vraiment lâair dâun grand bourgeois enveloppĂ© dans son Ă©lĂ©gant manteau avec col de fourrure tandis que Leporello vĂȘtu dâune sorte dâimpermĂ©able et dâun pantalon bouffant a vĂ©ritablement lâair dâun subalterne, du genre travailleur Ă gages.
Les chapeaux de ces messieurs ont une grande importance dans le jeu scĂ©nique, le maitre qui porte haut selon son rang est coiffĂ© dâun gibus Ă reflets tandis que le valet qui porte bas selon sa condition dâun simple chapeau-melon. Les personnages Ă©changeront parfois leur chapeau dans un signe dâentente; Il arrivera Ă Leporello de dĂ©former et mĂȘme de fouler au pied le haute-forme de son maĂźtre dans un geste de revanche bravache, Ă Don Juan de porter le chapeau-rond de son valet par dĂ©rision.
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Le décor est fonctionnel, propre à accompagner un drame qui est devenu bourgeois. Pas de palais mais parfois une façade sans style
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ou parfois un bĂątiment sans Ă©poque avec deux niveaux de portes et de fenĂȘtres et une galerie au premier Ă©tage Ă quoi on accĂšde par un escalier.
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Cette disposition permet de mettre en scĂšne des personnages qui chantent en mĂȘme temps sans se rencontrer ou qui se rencontrent sans se voir ou avec distance. Cela permet Ă©galement certains jeux de scĂšne rĂ©vĂ©lateurs comme la disparition de Dona Anna par la porte de la chambre de Don Juan. Il y a aussi, pour la grande fĂȘte qui clĂŽture le premier acte par exemple, un intĂ©rieur plus somptueux qui rĂ©pond mieux Ă ce que Don Juan nomme son palais. Le tout est montĂ© sur des ensembles tournants qui permettent de suivre les personnages dâune scĂšne Ă lâautre sans interruption.
Une derniĂšre remarque Ă ce propos des qualitĂ©s de comĂ©dien que lâon demande aux chanteurs. Lâexpulsion de lâonde sonore avec une trĂšs grande intensitĂ© comme le nĂ©cessite le chant dâopĂ©ra leur ouvre souvent entiĂšrement la bouche et la dĂ©forme. Une telle dĂ©formation qui passe facilement Ă la scĂšne peut devenir caricatural lorsque les chanteurs sont filmĂ©s dâun peu prĂšs. Cette dĂ©formation de la bouche affecte sans doute malheureusement parfois le jeu de Mme Byström comme ceux des autres chanteurs. Il sâagit dâune nĂ©cessitĂ© qui ne doit pas affecter notre perception de la sensibilitĂ© de leur composition scĂ©nique.
Lâorchestre du ROYAL OPERA HOUSE est dynamique Ă souhait et enlĂšve la partition avec une lĂ©gĂšretĂ© giocoso trĂšs mozartienne qui soutient, enlĂšve, pousse le dĂ©roulement de lâaction. Bravo !
La réalisation en blu-ray est sans reproche et les effets de lumiÚre trÚs agréables à regarder.
VoilĂ , câĂ©tait peut-ĂȘtre un peu long mais on nâest jamais trop long quand on aime par ces temps de confinement. Une magnifique rĂ©alisation que je vous conseille vivement de mettre sur votre lecteur si vous en avez lâoccasion. Les quelques libertĂ©s que les rĂ©alisateurs ont pris avec lâesprit du livret de Da Ponte ne devraient pas faire disparaĂźtre la trĂšs grande qualitĂ© de ce Don Juan. Il s'agit probablement d'un sommet de la discographie de l'oeuvre en DVD/BLU-RAY par la valeur exceptionnelle de tous ses interprĂštes, et surtout par tenue vocale et scĂ©nique du couple Don Juan-Leporello, par une distribution qui crĂšve lâĂ©cran, dans une mise en scĂšne dont il faut plusieurs lectures pour en dĂ©celer toute lâinvention.
Cordialement Olivier
JâespĂšre pouvoir vous communiquer ne serait-ce quâune petite partie de mon admiration pour cet opĂ©ra dans la splendide production, bien que parfois en dehors des sentiers battus de la tradition thĂ©Ăątrale, du ROYAL OPERA HOUSE Ă©ditĂ© en 2014 en BLU RAY par OPUS ARTE avec le chĆur et lâorchestre de la maison sous la direction de Nicola Luisoti dans une mise-en-scĂšne de Kasper Holten.
https://imagizer.imageshack.com/v2/800x ... 6iCpzE.jpg
Don Juan est un personnage mythique dont chacun connaĂźt la rĂ©putation et dont le nom est devenu un lieu commun pour qualifier les grands sĂ©ducteurs sans scrupule. Câest un homme qui Ă©prouve un plaisir insatiable dans la conquĂȘte obsessionnelle de toutes les femmes plutĂŽt que dans la possession passionnĂ©e dâune seule. Câest ce que nous relate le livret de DA Ponte qui est de ce point de vue assez extraordinaire car, si gĂ©nĂ©ralement le ressort du drame, câest lâamour, câest presque toujours un amour au singulier, un amour dâautant plus immense quâil est contrariĂ© par le destin (Tosca, Lohengrin, le TrouvĂšre, Didon, OrphĂ©e, Tristan etcâŠ). Ici, point de passion partagĂ©e jusquâĂ la mort; au contraire, le destin de ce grand sĂ©ducteur Ă qui la nature a donnĂ© toutes les armes de la sĂ©duction, nâest conduit que par lui-mĂȘme, par son feu dĂ©vorant de conquĂ©rir jusquâau dĂ©nouement, un dĂ©nouement qui se voulait moralisateur, la mort du mĂ©chant.
On connaĂźt le nombre des victimes fĂ©minines de Don Juan. Câest le valet Leporello qui en bon serviteur a tenu lâinventaire de ses conquĂȘtes. Il en a recensĂ© 1.003 rien quâen Espagne. LâopĂ©ra se contente de nous en prĂ©senter trois. Il y a dâabord Dona Anna qui crie vengeance aprĂšs la mort de son pĂšre, le commandeur qui avait voulu laver lâhonneur de sa fille et que Don Juan a tuĂ© en duel. Il y a ensuite Dona Elvira, lâĂ©pouse dĂ©laissĂ©e qui crie son dĂ©sarroi et sa colĂšre mais aussi alternativement son amour. Enfin Zerlina, la jeune mariĂ©e dont Don Juan interrompit la noce pour essayer de la sĂ©duire aprĂšs avoir Ă©cartĂ© le mariĂ© avec lâautoritĂ© sans rĂ©plique du grand seigneur.
Toutes ces femmes poursuivent leur sĂ©ducteur tout au long des deux actes de lâopĂ©ra dans un mĂ©lange de haine, de violence, dâamour, de dĂ©termination meurtriĂšre, avec le pĂąle concours de Don Octavio, le soupirant esseulĂ© de Dona Anna, et celui plus rustique de Masetto, le futur mari de Zerlina. Mais ce sera la statue du commandeur qui viendra depuis lâĂ©ternitĂ© tendre la main au sĂ©ducteur de sa fille pour lâemmener en enfer. Une scĂšne des plus fameuses du monde de lâopĂ©ra.
Câest du moins ainsi que la tradition mozartienne nous reprĂ©sente Don Juan mais la production du ROYAL OPERA HOUSE a pris quelques libertĂ©s avec cette tradition en prĂ©sentant dâune façon originale lâaction dramatique et la psychologie de certains personnages.
Mariusz KwieciĂšn campe magistralement le personnage-titre.
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Nous avons devant nous un chanteur qui conduit sa partie avec une autoritĂ© magnifique. Et si curieusement, Mozart ne lui a rĂ©servĂ© que peu dâairs comme faire-valoir de sa virtuositĂ© vocale mais quelques trĂšs belles interventions comme la fameuse scĂšne oĂč il compte fleurette Ă la jeune paysanne Zerlina, (un chef dâĆuvre de sĂ©duction musicale),
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Il donne Ă son personnage une prĂ©sence de tous les instants et un abattement hors du commun, une fougue impĂ©tueuse, endiablĂ©e, qui est le nerf de lâaction. De ce point de vue, Mariusz KwieciĂšn est un vrai phĂ©nomĂšne ; Il est omniprĂ©sent dans tout lâopĂ©ra ; il occupe la scĂšne de bout-en-bout en rĂ©pandant Ă gorge dĂ©ployĂ©e sa morgue libertaire de grand seigneur dĂ©pravĂ©. Bravo ! Mais nous verrons que la production lâa moralement un peu Ă©pargnĂ© en le faisant moins mauvais que la tradition le montre.
Le valet Leporello est chanté par Alex Esposito.
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Le serviteur est Ă lâimage de son maĂźtre. Il le suit comme son ombre. Il lâaccompagne de sa personne mais aussi de sa voix. On a dit de lui quâil Ă©tait le double populaire de Don Juan, celui qui rĂ©agit avec un certain bon sens plĂ©bĂ©ien aux extravagances de son maitre, mais qui a aussi le bon sens dâoublier devant une bourse bien garnie les remords quâil manifeste de temps en temps de servir un aussi mĂ©chant seigneur. Alex Esposito donne Ă son personnage exactement ce que lâon attend de lui, celui dâun valet de comĂ©die. Son jeu de scĂšne est chargĂ© Ă souhait dâattitudes et de mimiques qui incarnent le cotĂ© comĂ©die de lâĆuvre et justifie le titre dâ« opera buffa » donnĂ© par Mozart Ă son ouvrage. Le valet et le maĂźtre ont dâailleurs lâun et lâautre un timbre de voix assez semblable et ils forment musicalement une paire indissociable qui fonctionne on ne peut mieux. Donc Bravo aussi.
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Dona Elvira, lâĂ©pouse dĂ©laissĂ©e incarnĂ©e VĂ©ronique Gens.
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Elle est la seule Ă qui Da Ponte prĂȘte des sentiments sincĂšres pour lâhomme quâelle aime, quâelle aime pour sâĂȘtre donnĂ©e dĂ©finitivement Ă lui mais quâelle dĂ©teste parce quâil lâa abandonnĂ©e. Cette ambivalence dans les sentiments, qui donne au personnage toute sa dimension humaine, est parfaitement incarnĂ©e sur scĂšne par VĂ©ronique Gens. Sa voix chaleureuse et dramatique revĂȘt tantĂŽt les accents de la haine et tantĂŽt ceux de la tendresse comme le texte le lui impose et comme la couleur de la musique lâexprime en suivant les mĂ©andres du texte. Bravo aussi.
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Elisabeth Watts est une Zerlina en robe de mariĂ©e moins naĂŻve quâavisĂ©e. Elle sait comment berner Mazetto, son futur Ă©poux, pour se faire pardonner ses privautĂ©s avec le cavalieri, ; Elle le plaint, elle panse ses plaies physiques et dâorgueil avec les gestes et les caresses qui rĂ©vĂšlent la main dâune femme accomplie plutĂŽt que celle dâune pucelle effarouchĂ©e. Le timbre de voix de Mme Watts Ă©voque bien celui dâune jeune premiĂšre mais son physique et son jeu nâont pas la spontanĂ©itĂ© pleine de friponneries innocentes de lâinoubliable dâIrmgard Seefried dans le mĂȘme rĂŽle (mais câest un souvenir dâil y a bien longtemps).
Le metteur-en-scĂšne a dâailleurs finalement coupĂ© le cou Ă ce qui pouvait lui rester de son ingĂ©nuitĂ© initiale, en lui faisant ouvrir le final du premier acte par un appel retentissant au secours alors quâon la voit ouvrir impudiquement ses vĂȘtements. Cette petite vipĂšre essaye de simuler des violences que Don Juan lui aurait fait subir et se venger ainsi de ses belles promesses en le livrant Ă la vindicte publique et se rabibocher une vertu.
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Bravo quand mĂȘme pour la prestation de Mme Watts, mĂȘme si on lui a donnĂ© Ă jouer un personnage qui nâest pas tout-Ă -fait celui imaginĂ© par Da Ponte.
Au tĂ©nor Antonio Poli revient la tĂąche difficile dâincarner Don Octavio, lâamoureux fervent de Dona Anna qui est fort peu payĂ© de retour.
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Mozart a rĂ©servĂ© Ă son personnage des airs dâune magnifique tendresse, parmi les plus beaux de la partition, mais la voix de tĂ©nor lĂ©ger pour lesquels ils ont Ă©tĂ© Ă©crits et la situation de pĂąle soupirant auprĂšs dâune femme des plus indomptables, comme sa rivalitĂ© avec le trĂšs viril Don Juan, confĂšrent au personnage une fragilitĂ© native de femmelette qui passe difficilement la rampe malgrĂ© la trĂšs grande beautĂ© de la musique. Il faut dire que Poli est meilleur chanteur quâacteur. Je lâai Ă©coutĂ© donc pour la qualitĂ© de son chant plus que je ne lâai regardĂ©.
Enfin il y a Donna Anna, ici Malin Byström, et son pĂšre, le commandeur, Alexander Tsymbalyuk. Jâai rĂ©servĂ© ces personnages pour la fin de ma galerie de portrait car sur eux repose une conception dramatique qui veut faire entrer dans la modernitĂ© cette production du Don Giovanni, un opĂ©ra vieux de plus de deux siĂšcles Ă la tradition pĂ©renne bien Ă©tablie.
Depuis toujours, le viol de Dona Anna est Ă lâorigine du drame car ce viol et la mort du Commandeur qui sâen est suivie demandent la punition exemplaire de leur auteur et cristallise lâaction vengeresse de tous les personnages imaginĂ©s par Da Ponte. Depuis toujours cette action vengeresse se dĂ©nouera par la fameuse scĂšne de la mort du hĂ©ros oĂč apparaĂźt lâimposante statue du commandeur. Avec une formidable voix dâoutre-tombe, la statue invite Don Juan Ă lui prendre la main; une poignĂ©e de main que celui-ci a le courage dâaccepter, malgrĂ© les exhortations terrifiĂ©es de son valet, et qui lâenvahit dâune froideur lĂ©tale pendant que les chĆurs lâaccompagnent vers lâenfer. Il disparait dans les flammes en poussant un cri dĂ©chirant. Je puis tĂ©moigner pour lâavoir vue reprĂ©sentĂ©e par lâOpĂ©ra de Vienne que cette scĂšne est dâune saisissante efficacitĂ©. Je me souviens dâavoir tressailli, tout averti que jâĂ©tais, lorsque la statue est apparue dans le fond de la scĂšne sur trois coups de semonce donnĂ©s par lâorchestre et dâun vent froid venu comme elle de lâau-delĂ . Le dĂ©nouement du drame est donc la mort de Don Juan. Cette mort est le pendant moral du viol qui ouvre lâopĂ©ra.
Or, les rĂ©alisateurs de cette production ont bouleversĂ© la conception fondamentale de lâoeuvre. Donna Anna nâest plus la femme abusĂ©e mais la maĂźtresse consentante dâune nuit dâamour. La premiĂšre scĂšne qui ouvre lâopĂ©ra et oĂč apparaissent les deux amants dans une musique haletante laisse comprendre que lâĂ©moi exprimĂ© par Dona Anna nâest pas celui dâune femme violentĂ©e mais celui dâune maitresse qui tente de retenir son partenaire.
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Et si son pĂšre est tuĂ© par son amant, cela ne lâempĂȘchera pas par la suite de planter lĂ son fiancĂ© Don Octavio qui lui chante son amour pour franchir sans remord la porte dâune chambre dans laquelle Don Juan la fait entrer et qui se referme sur eux. Câest tout le systĂšme dramatique du premier acte qui sâen trouve modifiĂ© car Dona Anna connaĂźt son amant et lorsquâelle prĂ©tendra par la suite le dĂ©signer en reconnaissant sa voix et fera le rĂ©cit de son prĂ©tendu viol, elle ne fera rien dâautre que mentir.
Il faut dire que le sens de la musique qui accompagne le texte du livret est malgrĂ© tout parfaitement respectĂ©, que les mots chantĂ©s par Don Anna accompagnent la duplicitĂ© de son nouveau personnage sans aucun contresens musical. La tristesse quâelle exprime naturellement devant le cadavre de son pĂšre mort deviendra tout aussi naturellement un sentiment de vengeance lorsquâelle constatera que son amant lâa trompĂ©e avec une jeune paysanne en robe de mariĂ©e.
Malin Byström qui est certainement une grande chanteuse se devait Ă©galement dâĂȘtre une trĂšs bonne comĂ©dienne pour rendre crĂ©dible son double jeu tout en prĂ©servant dans son chant la puissance Ă©vocatrice de la musique.
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On peut se demander ce qui a pu pousser les rĂ©alisateurs Ă concevoir une rupture aussi Ă©vidente avec les intentions de Da Ponte. Ils ont probablement cherchĂ© Ă donner Ă un personnage fĂ©minin de lâĆuvre une stature qui dĂ©passe son rĂŽle dâobjet impuissant du dĂ©sir masculin, en faisant de lâhĂ©roĂŻne violĂ©e une fille aussi perverse que son partenaire. Ce serait en quelque sorte un rĂ©Ă©quilibrage moderne entre les sexes.
Et les entorses Ă la tradition ne sâarrĂȘtent pas au personnage de Dona Anna. La conception du personnage du pĂšre prend le mĂȘme chemin transgressif que celui de sa fille dans lâesprit des rĂ©alisateurs. Le commandeur nâest plus le grand seigneur qui meurt en lavant le dĂ©shonneur de sa fille et le sien dans un courageux car inĂ©gal duel Ă lâĂ©pĂ©e entre gentilshommes. Celui qui meurt de la main de Don Juan nâest plus quâun simple pĂšre incomprĂ©hensif qui menace Don Juan avec un couteau puis le provoque en faisant par derriĂšre tomber son chapeau dans un geste de mĂ©pris. Il est frappĂ© aprĂšs une courte lutte avec son propre couteau. Il a certainement ici transgression de la partition de Mozart qui Ă©voque le duel Ă lâĂ©pĂ©e pendant quelques rapides mesures ascendantes.
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Ce ravalement du commandeur au niveau dâun bourgeois sans Ă©pĂ©e lui coupe sa stature et lui vaut la perte de sa statue. Ce nâest pas sa statue de commandeur qui se rendra Ă lâinvitation Ă souper de Don Juan mais son fantĂŽme, câest-Ă -dire lui-mĂȘme grimĂ© en cadavre. Cela prive hĂ©las la grande scĂšne de la mort de Don Juan de beaucoup de sa puissance scĂ©nique et aussi la musique de Mozart dâun de ses moments les plus Ă©vocateurs.
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Don Juan lui-mĂȘme nâest plus tout-Ă -fait aussi malĂ©fique que traditionnellement. La mort du commandeur est certes un meurtre mais aprĂšs provocations, un meurtre non prĂ©mĂ©ditĂ© dont ce pĂšre bourgeoissisant est lui-mĂȘme responsable en partie. Et, puisquâil sâagit dâun fait divers, il nây a pas lieu de lui donner une issue fantastique. Au lieu de mourir dans un trĂ©pas justicier commandĂ© de lâau-delĂ , Don Juan sâenfonce dans une sorte de folie
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dont les chĆurs moralisateurs de lâenfer lui envahissent la tĂȘte.
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Cette punition psychiatrique est finalement la vengeance de toutes les femmes quâil a sĂ©duites en abusant de leur crĂ©dulitĂ© : il est devenu plus crĂ©dule quâelles en sâimaginant quâil est poursuivi par un mort qui veut se venger ; une fin somme toute trĂšs contemporaine qui ne conduit pas Ă la mort mais vers un Ă©tablissement pour handicapĂ© mental.
Et puisque le hĂ©ros nâest finalement pas mort, il nây a pas lieu de maintenir dans le final les passages oĂč les autres personnages se rĂ©jouissent de la mort de ce malotru de sĂ©ducteur et exposent ce quâils vont faire de leur avenir aprĂšs en avoir Ă©tĂ© dĂ©barrassĂ©s. Une entorse certaine au livret et Ă lâopĂ©ra.
La transcription par lâenregistrement est de tout premier ordre. Lâusage du blu ray permet une grande prĂ©cision dans la reproduction des costumes, des Ă©clairages et des dĂ©cors.
Une lumiĂšre qui assombrit les dĂ©cors presque jusquâau noir lorsque Dona Anna relate avec vĂ©hĂ©mence un viol qui nâest rien dâautre que la description Ă lâenvers des plaisirs quâelle a pris avec son amant.Une lumiĂšre qui colore la scĂšne de rouge lors de la mort du commandeur. Une lumiĂšre Ă©clatante lors de la fĂȘte au palais qui clĂŽture le premier acte :
Les costumes constituent un Ă©lĂ©ment important car ils fixent lâaction dramatique dans une certaine Ă©poque et il faut selon moi que lâĂ©poque Ă laquelle renvoient les costumes soit compatible avec le style de la musique. Les personnages portent des habits Ă la mode du temps de Mozart et non Ă la mode du temps de lâaction dans une Espagne fĂ©odale. Le style de lâhabillage est en rapport avec lâembourgeoisement de la conception de lâopĂ©ra. Mais cela nâest guĂšre gĂȘnant car les concepteurs du spectacle ont eu la sagesse de moderniser autrement quâen faisant enfiler par les personnages des habits du vingt-et-uniĂšme siĂšcle qui auraient Ă©tĂ© un camouflet pour la musique de Mozart.
Les dames portent des robes somptueuses comme, sans doute, les dames de la société en portaient alors.
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La jeune mariĂ©e est entourĂ©e dâune nuĂ©e de falbalas blancs qui la prĂ©destine Ă lâautel. Don Juan a vraiment lâair dâun grand bourgeois enveloppĂ© dans son Ă©lĂ©gant manteau avec col de fourrure tandis que Leporello vĂȘtu dâune sorte dâimpermĂ©able et dâun pantalon bouffant a vĂ©ritablement lâair dâun subalterne, du genre travailleur Ă gages.
Les chapeaux de ces messieurs ont une grande importance dans le jeu scĂ©nique, le maitre qui porte haut selon son rang est coiffĂ© dâun gibus Ă reflets tandis que le valet qui porte bas selon sa condition dâun simple chapeau-melon. Les personnages Ă©changeront parfois leur chapeau dans un signe dâentente; Il arrivera Ă Leporello de dĂ©former et mĂȘme de fouler au pied le haute-forme de son maĂźtre dans un geste de revanche bravache, Ă Don Juan de porter le chapeau-rond de son valet par dĂ©rision.
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Le décor est fonctionnel, propre à accompagner un drame qui est devenu bourgeois. Pas de palais mais parfois une façade sans style
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ou parfois un bĂątiment sans Ă©poque avec deux niveaux de portes et de fenĂȘtres et une galerie au premier Ă©tage Ă quoi on accĂšde par un escalier.
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Cette disposition permet de mettre en scĂšne des personnages qui chantent en mĂȘme temps sans se rencontrer ou qui se rencontrent sans se voir ou avec distance. Cela permet Ă©galement certains jeux de scĂšne rĂ©vĂ©lateurs comme la disparition de Dona Anna par la porte de la chambre de Don Juan. Il y a aussi, pour la grande fĂȘte qui clĂŽture le premier acte par exemple, un intĂ©rieur plus somptueux qui rĂ©pond mieux Ă ce que Don Juan nomme son palais. Le tout est montĂ© sur des ensembles tournants qui permettent de suivre les personnages dâune scĂšne Ă lâautre sans interruption.
Une derniĂšre remarque Ă ce propos des qualitĂ©s de comĂ©dien que lâon demande aux chanteurs. Lâexpulsion de lâonde sonore avec une trĂšs grande intensitĂ© comme le nĂ©cessite le chant dâopĂ©ra leur ouvre souvent entiĂšrement la bouche et la dĂ©forme. Une telle dĂ©formation qui passe facilement Ă la scĂšne peut devenir caricatural lorsque les chanteurs sont filmĂ©s dâun peu prĂšs. Cette dĂ©formation de la bouche affecte sans doute malheureusement parfois le jeu de Mme Byström comme ceux des autres chanteurs. Il sâagit dâune nĂ©cessitĂ© qui ne doit pas affecter notre perception de la sensibilitĂ© de leur composition scĂ©nique.
Lâorchestre du ROYAL OPERA HOUSE est dynamique Ă souhait et enlĂšve la partition avec une lĂ©gĂšretĂ© giocoso trĂšs mozartienne qui soutient, enlĂšve, pousse le dĂ©roulement de lâaction. Bravo !
La réalisation en blu-ray est sans reproche et les effets de lumiÚre trÚs agréables à regarder.
VoilĂ , câĂ©tait peut-ĂȘtre un peu long mais on nâest jamais trop long quand on aime par ces temps de confinement. Une magnifique rĂ©alisation que je vous conseille vivement de mettre sur votre lecteur si vous en avez lâoccasion. Les quelques libertĂ©s que les rĂ©alisateurs ont pris avec lâesprit du livret de Da Ponte ne devraient pas faire disparaĂźtre la trĂšs grande qualitĂ© de ce Don Juan. Il s'agit probablement d'un sommet de la discographie de l'oeuvre en DVD/BLU-RAY par la valeur exceptionnelle de tous ses interprĂštes, et surtout par tenue vocale et scĂ©nique du couple Don Juan-Leporello, par une distribution qui crĂšve lâĂ©cran, dans une mise en scĂšne dont il faut plusieurs lectures pour en dĂ©celer toute lâinvention.
Cordialement Olivier
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Bonsoir,
Merci Olivier pour cette gourmandise consommée encore tiÚde , pendant que l'écoute des extraits de Rigoletto proposés par La Tribune des critiques de disques dont cette version l'a emporté.
André
Merci Olivier pour cette gourmandise consommée encore tiÚde , pendant que l'écoute des extraits de Rigoletto proposés par La Tribune des critiques de disques dont cette version l'a emporté.
André
- ajr
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Mon cher Ajr. Je ne puis malheureusement pas capter France-Musique dans ma lointaine Belgique. Je vais rechercher ce Rigoletto. Peut-ĂȘtre pourrons-nous en discuter. J'avoue que je ne suis pas un trĂšs grand admirateur de Verdi mais j'apprendrai Ă l'ĂȘtre sans doute en approfondissant ses ouvrages. Cordialement Olivier
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- Le daim
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Le daim a Ă©crit:Mon cher Ajr. Je ne puis malheureusement pas capter France-Musique dans ma lointaine Belgique. r
Y a pas internet en Belgique ?
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autrichon gris - ModĂ©rateur Ćuvres & MultimĂ©dia
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Mon cher Autrichon. J'aurais dĂ» prĂ©ciser que, dans mon esprit, il s'agissait de capter France-musique en FM. Certes, je puis capter cette Ă©mission avec mon l'ordinateur mais le son est tellement mauvais (mĂȘme "dĂ©gueu" pour Ă©crire comme dans le vent) que je prĂ©fĂšre m'abstenir. Cordialement Olivier
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- Le daim
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ajr a Ă©crit:Bonsoir,
Merci Olivier pour cette gourmandise consommée encore tiÚde , pendant que l'écoute des extraits de Rigoletto proposés par La Tribune des critiques de disques dont cette version l'a emporté.
André
Salut Ajr. Câest lâancienne version Kubelik qui a Ă©tĂ© choisie. AprĂšs la remarque dâAutrichon, jâai suivi lâĂ©mission de France Musique sur mon ordinateur et jâai persistĂ© jusquâĂ la fin malgrĂ© une qualitĂ© sonore Ă©pouvantable.
La version Kubelik nâa pas Ă©tĂ© enregistrĂ©e en DVD. Or, pour moi, un enregistrement dâopĂ©ra doit ĂȘtre vu autant quâil doit ĂȘtre entendu. La vision et lâaudition sont absolument complĂ©mentaires et lâun (lâaudition) sans lâautre ne me donne quâun plaisir trĂšs tronquĂ©. Jâai dans la mĂ©moire de mon ordinateur de nombreuses versions CD dâopĂ©ras, souvent de trĂšs belles exĂ©cutions, mais la dĂ©couverte des opĂ©ras en DVD et surtout en BLU RAY mâa procurĂ© un tel plaisir que je ne reviendrai pas en arriĂšre vers le CD. La possibilitĂ© de lire les sous-titres au fur et Ă mesure du dĂ©veloppement musical de ce qui est chantĂ© est Ă©galement pour moi une information irremplaçable.
Ainsi que je lâai dĂ©jĂ Ă©crit, je ne suis pas un grand amateur de Verdi que je connais sans doute mal. Le seul exemple dâune Ćuvre de ce compositeur que je possĂšde en DVD, câest le TrouvĂšre dans la version Barenboim. Une premiĂšre audition mâavait laissĂ© sur ma faim mais je devrai probablement approfondir lâĆuvre en la visionnant plusieurs fois.
En tout cas, jâai commandĂ© Rigoletto en BLU RAY dans la version Chailly. Les extraits que jâai pu en capter sur internet laissent voir une mise en scĂšne fastueuse. Je communiquerai peut-ĂȘtre mes impressions ici mais je constate que mes communications nâengendre guĂšre de rĂ©actions.
LâopĂ©ra nâintĂ©resse-il personne ? Est-on ou n'est-on pas d'accord avec mes analyses qui ne sont Ă©videmment pas celle d'un professionnel ni mĂȘme celles d'un connaisseur mais celle d'un mĂ©lomane qui dĂ©couvre un nouvel univers enregistrĂ©?
Cordialement Olivier
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Bonsoir,
Cher Olivier, comme je l'avais indiquĂ© sur l'autre sujet que tu as lancĂ©, c'est l'arrivĂ©e des grands Ă©crans domestiques et les diffusions tĂ©lĂ©visĂ©es qui ont trĂšs nettement augmentĂ© mon intĂ©rĂȘt pour l'opĂ©ra, que je n'apprĂ©ciais pas du tout avec disques 33t ou CD. La seule alternative intĂ©ressante m'avait paru ĂȘtre le Laser disque vu chez des cousins parisiens.
Toutefois, ce regain d'intĂ©rĂȘt pour tout ce qui touche Ă l'opĂ©ra, Ă la musique classique et au ballet, semble quand mĂȘme trĂšs limitĂ©, puisque le sujet consacrĂ© aux diffusions de la tĂ©lĂ©vision gratuite, que j'abonde depuis presque dix ans, ne rĂ©unit pas beaucoup de monde, et celui qui a pour but de faire connaĂźtre les concerts rĂ©gionaux (et des pays limitrophes) reste trĂšs confidentiel et n'a malheureusement pas Ă©tĂ© repris ailleurs que sur la CĂŽte d'Azur.
Ce qui est bien dommage, parce que je connais quelques excellentes associations qui font des prouesses avec des moyens trÚs limités et trÚs peu d'aide.
Mais, peu importe, l'important est de faire vivre ce pan de l'Art avec les moyens qui sont Ă notre disposition, et si je regrette que les miens ne me permettent pas d'analyser la performance d'une production lyrique (bien que mon oreille m'avait immĂ©diatement portĂ© vers la version Kubelik de Rigoletto), j'ai toujours beaucoup de plaisir Ă apprendre et progresser dans ce domaine et Ă profiter de celles qui me permettent d'aller plus loin dans la connaissance des Ćuvres et de leurs interprĂ©tations. Dont, les tiennes qui comblent vraiment cette attente et que je prends vraiment beaucoup de plaisir Ă lire, en espĂ©rant que ce sentiment soit partagĂ© par beaucoup d'autres membres, contributeurs et visiteurs.
TrÚs bonne soirée.
André
PS: j'ai entendu ce matin sur France Musique qu'il y aura une diffusion de l'opéra Samson et Dalila de St Saëns sur le site d'une salle de spectacle ( Pleyel ?) avec Roberto Alagna et Marie-Nicole Lemieux.
Cher Olivier, comme je l'avais indiquĂ© sur l'autre sujet que tu as lancĂ©, c'est l'arrivĂ©e des grands Ă©crans domestiques et les diffusions tĂ©lĂ©visĂ©es qui ont trĂšs nettement augmentĂ© mon intĂ©rĂȘt pour l'opĂ©ra, que je n'apprĂ©ciais pas du tout avec disques 33t ou CD. La seule alternative intĂ©ressante m'avait paru ĂȘtre le Laser disque vu chez des cousins parisiens.
Toutefois, ce regain d'intĂ©rĂȘt pour tout ce qui touche Ă l'opĂ©ra, Ă la musique classique et au ballet, semble quand mĂȘme trĂšs limitĂ©, puisque le sujet consacrĂ© aux diffusions de la tĂ©lĂ©vision gratuite, que j'abonde depuis presque dix ans, ne rĂ©unit pas beaucoup de monde, et celui qui a pour but de faire connaĂźtre les concerts rĂ©gionaux (et des pays limitrophes) reste trĂšs confidentiel et n'a malheureusement pas Ă©tĂ© repris ailleurs que sur la CĂŽte d'Azur.
Ce qui est bien dommage, parce que je connais quelques excellentes associations qui font des prouesses avec des moyens trÚs limités et trÚs peu d'aide.
Mais, peu importe, l'important est de faire vivre ce pan de l'Art avec les moyens qui sont Ă notre disposition, et si je regrette que les miens ne me permettent pas d'analyser la performance d'une production lyrique (bien que mon oreille m'avait immĂ©diatement portĂ© vers la version Kubelik de Rigoletto), j'ai toujours beaucoup de plaisir Ă apprendre et progresser dans ce domaine et Ă profiter de celles qui me permettent d'aller plus loin dans la connaissance des Ćuvres et de leurs interprĂ©tations. Dont, les tiennes qui comblent vraiment cette attente et que je prends vraiment beaucoup de plaisir Ă lire, en espĂ©rant que ce sentiment soit partagĂ© par beaucoup d'autres membres, contributeurs et visiteurs.
TrÚs bonne soirée.
André
PS: j'ai entendu ce matin sur France Musique qu'il y aura une diffusion de l'opéra Samson et Dalila de St Saëns sur le site d'une salle de spectacle ( Pleyel ?) avec Roberto Alagna et Marie-Nicole Lemieux.
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Le daim a Ă©crit:Mon cher Autrichon. J'aurais dĂ» prĂ©ciser que, dans mon esprit, il s'agissait de capter France-musique en FM. Certes, je puis capter cette Ă©mission avec mon l'ordinateur mais le son est tellement mauvais (mĂȘme "dĂ©gueu" pour Ă©crire comme dans le vent) que je prĂ©fĂšre m'abstenir. Cordialement Olivier
Ah ! Comment est ce possible sur hcfr.fr ! Un bon dac en liaison usb avec ton PC, et France Musique sera d'une qualité remarquable.
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autrichon gris a Ă©crit:Le daim a Ă©crit:Mon cher Autrichon. J'aurais dĂ» prĂ©ciser que, dans mon esprit, il s'agissait de capter France-musique en FM. Certes, je puis capter cette Ă©mission avec mon l'ordinateur mais le son est tellement mauvais (mĂȘme "dĂ©gueu" pour Ă©crire comme dans le vent) que je prĂ©fĂšre m'abstenir. Cordialement Olivier
Ah ! Comment est ce possible sur hcfr.fr ! Un bon dac en liaison usb avec ton PC, et France Musique sera d'une qualité remarquable.
Et mĂȘme possiblement meilleure que par la FM... vu que France Musique est dorĂ©navant compressĂ©e - et de façon erratique -, de façon importante et a un traitement d'antenne pour la diffusion FM dont la chaine ne "bĂ©nĂ©ficie" pas sur internet et sur le satellite Canal +...
En revanche, les émissions en podcast sont médiocres...Elles sont tirés du signal compressé et trituré envoyé pour la diffusion FM...
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Salut Autrichon et Haskil. La transmission de France-Musique par le truchement de l'ordinateur de mon installation est peut-ĂȘtre un peu plus compliquĂ©e qu'apparemment. Mon installation comprend un ordinateur dĂ©diĂ© avec en sortie numĂ©rique un carte LYNX servant d'interface entre le player JPLAY et les entrĂ©es numĂ©riques des deux BEHRINGER qui tiennent la multiamplification du systĂšme. Le problĂšme pour mettre une source supplĂ©mentaire qui serait celle d'une rĂ©ception par internet est donc de nature informatique et je ne suis pas trĂšs versĂ© en informatique. J'ignorais qu'internet permettait une trĂšs bonne rĂ©ception des Ă©missions-radio comme celles de France-Musique ou d'autres chaines musicales. Merci Haskil. Je vais donc demander Ă un de mes amis qui possĂšde bien l'informatique de tenter de rĂ©soudre le problĂšme. Cordialement Olivier
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- Le daim
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Le daim a Ă©crit:Salut Autrichon et Haskil. La transmission de France-Musique par le truchement de l'ordinateur de mon installation est peut-ĂȘtre un peu plus compliquĂ©e qu'apparemment. Mon installation comprend un ordinateur dĂ©diĂ© avec en sortie numĂ©rique un carte LYNX servant d'interface entre le player JPLAY et les entrĂ©es numĂ©riques des deux BEHRINGER qui tiennent la multiamplification du systĂšme. Le problĂšme pour mettre une source supplĂ©mentaire qui serait celle d'une rĂ©ception par internet est donc de nature informatique et je ne suis pas trĂšs versĂ© en informatique. J'ignorais qu'internet permettait une trĂšs bonne rĂ©ception des Ă©missions-radio comme celles de France-Musique ou d'autres chaines musicales. Merci Haskil. Je vais donc demander Ă un de mes amis qui possĂšde bien l'informatique de tenter de rĂ©soudre le problĂšme. Cordialement Olivier
Une suggestion simple, tu tapes France Musique dans google, tu lances le webplayer de cette station, et le flux ira jusqu'Ă ta carte Lynx puis jusqu'au Behringer...
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