gpqpptdp a écrit:dub a écrit:Je viens d'ajouter un ou deux détails techniques sur ce CD, histoire de voir si on ne pourrait pas revenir à cet aspect de la discussion.
Cdlt

Merci
meme si je n'ai compris qu'un tiers de ton post

...
Ma foi je vais essayer de reformuler ici ce que je voulais dire — et d'ajouter quelques éléments (évidemment, comme il ne s'agit que de ce que je tire de mon expérience et de mes lectures et que je ne fais ça qu'en amateur et à temps perdu, il ne s'agit pas de vérité et encore moins exhaustive, mais d'opinions et de trucs).
Les CD de chez Passavant sont proposés en "dynamique naturelle" (ou peu s'en faut: je n'ai pas vérifier sur ceux que je viens de recevoir en important les fichiers etc, mais à vue d'oreille on en est très proche).
En particulier, ils proposent peu ou pas de compression (et je n'entends pas d'usage — en tout cas pas abusif — de réverb.
La notion c'est je crois celle de "dynamic range": de plage ou d'écart ou de bande dynamique — comme il y a une "bande passante". C'est-à-dire la "quantité de db" qui sépare
le son le plus faible (susceptible d'être reproduit): mettons le silence entre deux mouvements
et le son le plus fort (idem): mettons un triple forte — une pointe lors d'un applaudissement
Il faut aussi insister sur ceci: le son le plus fort ne "dure" pas nécessairement longtemps (mettons un tiers de seconde ou moins) — mais il suffit qu'il soit présent. Notre oreille est parfaitement capable d'encaisser une pointe de puissance à 95/100db voire plus si elle ne dure pas.
Si les micros utilisés sont capables par exemple d'enregistrer sur une plage de où la pointe de puissance sera à 132db — (NEUMANN KMS 105 MT par ex qui est un micro très "moyen"). Ça veut dire qu'un son naturel de plus de 130db saturera ce micro (donc: pas question d'enregistrer une explosion atomique

).
Alors, mettons qu'on enregsitre un quatuor à cordes: là, pas trop de problème, on aura un enregsitrement allant de 0 à disons 95db ou 100db s'il y a des applaudissements (ou si c'est Irvin Arditti qui joue!). La dynamique naturelle de la session s'étendra sur disons, environ 90db (100db en théorie).
Ensuite la seconde étape c'est celle de la diffusion de l'enregistrement. Car, s'il y abien des pointes de puissance montant à 90, 95db, l'ensemble du morceau n'est pas du tout à ce volume. Disons que la quasi totalité du temps, on aura un volume d'écoute à 65/70db (et encore!) — et très souvent moins encore (40db, voire moins).
Si on a un système capable d'encaisser de pareilles variations de puissance, parfois de 30db (silence) à 95db — alors tout va "bien". Mais c'est très rarement le cas. Et toute la question est de savoir si on diffuse les 95db "théoriques" de l'enregsitrement de façon à obtenir 95db au point d'écoute. Car, pour cela, il faut disposer d'une pièce suffisemment grande, et ne pas se mettre à 3/4m — mais plutôt à 5m — et en général, une hauteur de plafond, un espace derrière les enceintes, un autre derrière le point d'écoute, et sur les côtés — sont nécessaires.
L'un de mes amis a un système à base de très haut rendement, de 300b etc qui permet cela — à condition de disposer d'un point d'écoute à plus de 5 mètres et d'une pièce de très grande taille (ce qui est une contrainte très grande). Mais les prises de son que l'on fait passent sur son système de façon miraculeuse (passaient: il vient de déménager). D'autres systèmes à bas ou moyen rendement vont aussi le permettre — mais il faudra trouver une électronique capable de suivre (un ex? le système qu'emploie Ph.Muller — un système Goldmund que j'ai pu entendre - là: j'ai plus d'exemple).
Tout ça pour dire qu'en général, dans cette étape, on va plutôt écouter les pointes de 95db diffusées à 80 ou 85db au maximum (dans ma pièce, actuellement, j'arrive à écouter ça vers 85/90db selon les cas — mais pas plus). On écoutera un enregistrement "naturel" avec 5 ou 10db de moins — et je parle évidemment d'un "petit ensemble de musique": pas le gros concert de rock avec des pointes réelles à 125db ou le triple forte d'un orchestre symphonique réuni pour jouer la Symphone des Milles de Mahler!
Une fois qu'on a ça en tête, on comprend évidemment l'intérêt de la compression de dynamique qui peut s'effectuer de plusieurs manières:
- on peut appliquer une compression sur le signal le plus fort — c'est-à-dire interdire au signal le plus fort de dépasser, par exemple, mettons 90db en niveau de sortie de la source (ou de l'ampli ou de ce qu'on veut): si on applique cette restriction sur le fichier enregistré ou sur le préampli micro ou sur la table, ça veut dire que quand un son excèdera cette barre, il sera "tassé" pour ne pas la dépasser.
Cette première compression est plus ou moins "violente" — car on peut ne l'appliquer que sur la pointe de puissance (de façon quasi ponctuelle): là on aura l'impression d'un gros tassement ou "coup de frein" à l'écoute — ou en commençant quelques temps après et en poursuivant après, en appliquant une pente de réduction de puissance plus ou moins forte
La courbe peut être très arrondie ou très pointue — dans le premier cas ça sera moins audible, mais ça affectera plus le message sur la durée, dans le second, ça sera nettement audible.
Sur un concert en direct sur France Musique, on entend parfois la compression s'enclancher juste avant que le présentateur ne parle — et derrière, le bruit de salle "s'effondre".
De toute façon, le problème c'est que s'il est vrai qu'on aura tassé les pointes de puissances, le reste du message restera diffusé à plus bas niveau et
ne sera pas pour autant assez lisible sur un grand nombre de système.
On aura tendance alors à pousser le volume pour entendre le plus clair du message — et quand vient le niveau le plus haut, certes l'ampli ne se mettra pas à écréter sauvagement ni le tweeter à fondre — mais on entendra un coup de patin pas naturel du tout! L'effet le plus audible, sur de la musique vive et enjouée, c'est que l'ensemble semblera terne et morne.
- on peut alors se dire que si la compression sur le haut du volume est suffisante, on peut remonter le niveau général (-15db en haut =>+10 vers le bas):
et là, on rend audible la partie utile du message — mais en rendant aussi désagréablement audible le "souffle de la salle" durant les silences — et à nouveau ça redevient désagréable.
- autre solution: couper ou appliquer une pente plus ou moins drastique sur les sons les plus faibles — en disant que par exemple, on tient pour inutile tout ce qui est en dessous de 30 ou 40 db — et là, on entendra moins le bruit de salle mais:
on aura transformé une dynamique naturelle allant mettons de 0 à 100 une fois la prise de son faite (dans la réalité elle peut être supérieure) en une dynamique restituée allant de 35 à 95 (et encore: c'est déjà énorme — ça fait 60db utiles) —
soit: une réduction de la plage dynamique 100db à 60db — beaucoup d'enregistrements vont plus loin et redescendent vers 40 ou 45, et encore…
Résultat des courses? on obtient un morceau dont la dynamique est réduite, amputée: ça manque de vie, et c'est agressif à certains moments (d'où l'application de réverb sur certains passages qui rend la chose un peu plus douce — en même temps que floue! Exemple: procurerz-vous la première version des Marquises de Brel en Cd et ouvrez les fichiers pour aller regarder dans le détail).
Ça, c'est une première série de problèmes — et je suis encore endessous de la réalité car je ne pratique ça qu'en amateur.
Deuxième série de problèmes où je suis encore plus un amateur: des micro ne se comportent pas comme des oreilles.
Soumises à un ensemble de signaux modulés présentant une grande amplitude dynamique, notre oreille "compresse naturellement la dynamique", mais de façon très complexe. Pour aller vitre (trop vite): elle obture sur les signaux forts et rouvre sur les autres — et en plus, nous ne faisons pas attention à ce qui entoure le signal "utile et significatif". Exemple: on enregsitre une conversation entre copain et on la réécoute.
Un micro ne fait pas ça et, à ma connaissance, il n'existe pas (pas encore?) de processeur capable de "mimer" une oreille.
Alors, si je mets le micro près du piano, ou du violon, ou de la guitare, ou des percussions, il va encaisser énormément de pointes de dynamique — et le problème précédent sera énorme.
Si je le mets à même distance que mon oreille, il capte aussi tout le reste et à niveau constant: l'instrument est "noyé" dans le reste et ça devient peu lisible.
On peut bien sûr mettre des micro loin (ambiance) et des micros de proximités et mixer les deux, on noyant les prises de proximité dans la réverb pour les adoucir. Mais il en résultat très très souvent un résultat ajoutant aux inconvénients précédents plein de colorations artificielles qui dénaturent le message (en gros, dans ce que j'ai entendu et essayé: la réverbération et l'aération en prennent un coup!).
Alors quelqu'un qui
1/ sait placer des micro dans une salle pour capter de façon utile et efficace
2/ de façon à proposer un enregistrement "nature"
ça ne court pas les rues! Et il reste ensuite à trouver le moyen de diffuser cet enregistrement. je pense que les enregistrements de Ph.Muller sont de cet ordre: raison pour laquelle ils m'intéressent énormément et suscitent beaucoup de respetc de ma part.
Parce que je suis "audiophile"? Bien sûr que non. Il y a eu un post où on s'est posé cette question (évidemment, j'ai encore provoqué l'ire de Ph.Muller le heurt du franc-comtois et du caractériel que je suis!

) — et il mettait en avant pour sa part la notion de
fidélité:
comme dans les écoutes que réalisait G.Cabasse pour démontrer la pertinence de ses choix techniques, on doit pouvoir "s'y croire" quand on écoute un enregistrement!
Sur les disques de Passavant, il est écrit: "Home Concert" — concert à la maison. Reproduction de la Musique à Domicile — RMD
Il est donc évident que ces problèmes et ces techniques sont au service de la restitution musicale. Pour ma part, j'ai (infiniment!) plus de plaisir en écoutant un enregistrement de ce type — il y a moins d'obstacle entre moi et la musique. Alors que sur nombre de disque, beaucoup de choses non naturelles détournent mon attention de la musique et m'agacent trop pour que je puisse m'en détacher. C'est aussi ce qui me plaît le plus dans la radio lorsque j'entends un concert diffusé en direct sur France Musique. Là où je dit "naturel", Ph.Muller reprend (je vais essayer de ne pas me tromper) à Cabasse la notion de "musique vivante". A quoi je souscris totalement.
Pour moi donc, il ne s'agit pas d'idolâtrie technophile — mais de souligner l'importance des aspects techniques
au service de la musique — l'audiophilie et la technique (ou hifisme) sont des conditions nécessaires: sans cela, pas de reproduction musicale fidèle et vivante — et s'il est évidemment possible de rester mélomane, on devra accepter des dégradations de la musique (alors que ça n'est peut-être pas nécessaire). Pourquoi les maisons de disques et les studio les appliquent? pour fonctionner sur des standards de hifi plus pratiques — pour eux — et dont on fait souvent croire qu'ils sont indépassables voire "normaux"! Il me semble que cela n'est pas nécessaire.
Cdlt
