undweller a écrit:
Vaste sujet… quelques éléments de réponse :
Roots Revisited est l’album qui a scellé la carrière actuelle de Maceo sur la scène musicale et discographique internationale en son nom propre.
La période 1990-1994 est une période de transition, avec une activité intense et une production foisonnante, que ce soit dans les albums en son nom, en tant que membre d’ensembles existants à l’instar des JB-Horns (avec ses potes Fred Wesly et Pee Wee Ellis), des P-Funk all-stars (ex- Parliafunkadelicment ) ou encore en tant que guest star ci et là.
Roots Revisited, premier album de cette nouvelle ère, est parfois timide. Si l’on excepte Children’s world, tout bonnement sublime, le parti pris des reprises jazz ne permet pas à cet ensemble d’artiste d’exprimer pleinement leur potentiel quasiment sans limite (pour exemple noter que la prestation de Bootsy, qui, pour aussi parfaite qu’elle soit, ne reflète là aucunement son style ni sa créativité).
Pour retrouver en enregistrement une version cette fois hautement créative et débridée du « style Maceo » (en fait Fred + Maceo, tour à tour, JB’s, Horny Horns, JB Horns, etc.), il faut attendre 2 ans avec le fabuleux live « Life on Planet Groove », dont le postulat « 98% per cent Funk, 2% Jazz », n’est certes pas usurpé.
Un peu plus tard, on trouve aussi l’excellent Maceo / Soundtrack, associé à « My first name is Maceo » en K7 Video (malheureusement, pas de DVD) incontournable elle aussi.
Avec la séparation, bien qu’amicale, avec ses compagnons de toujours, en particulier Fred Wesley, ou encore de Jerry Preston (« bass is the base »), et sur l’impulsion « active » de sa manager Natasha Maddison (dont je tairais ici la sympathie sans borne qu’elle m’inspire ), le style de Maceo s’est quelque peu modifié ensuite, pour s’aseptiser, voire s’étioler au détour des voies périlleuses du « commercialement correct », même lorsqu’il reste un soliste de génie.
Seuls ses concerts faisaient alors justice à son talent, les albums Funk Overload et Dial Maceo étant « oubliables » dans sa discographie, jusqu’à un date récente, où l’intégration des transfuges (temporaires ?) de la bande à George Clinton (« free your mind, and your ass will follow »), en l’espèce le tromboniste équilibriste Greg Boyer et surtout la pièce maîtresse (au propre comme au figuré ) qu’est Rodney « Skeet » Curtis aka P-Funk #1, ont permis d’opérer un nouveau virage à l’aune de son dernier album «Made by Maceo », plutôt de bon augure.
A suivre, donc.
En dehors des albums estampillés Maceo, à la même époque, ses contributions majeures dans l’univers du P-Funk dans un style moins soliste avec les immenses morceaux de bravoure que sont P-Funk all-stars / Live at the Beverly Theater (l’intro de Maggot Brain avec Bernie Worrell, à pleurer, tout comme les guitares de Michael Hampton et Dewayne "Blackbyrd" Mc Knight ensuite), Bernie Worrell / Blacktronic Science, ou encore le collectif Funkcronomicon (Bill Laswell au commandes, et les "dernières notes" du regretté Eddie Hazel) avec son « infectious » Sax Machine, etc., etc., restant des morceaux de choix à posséder absolument.
On notera également les collaborations actives et autres apparitions remarquables chez maints artistes de la mouvance jazz-funk, pour mémoire Nils Landgren / Live in stocholm (Maceo jouant du Coltrane ) , Larry Goldings /Whatever it takes (dont une paire de duos édifiants avec David Sanborn), Brooklin Funk Essentials, De La Soul, Groove Collective et bien d’autres
Ne pas oublier enfin le longtemps mythique (car introuvable pendant preque 20 ans) « Us » (1974).
Entre autres, pour ceux qui aiment “Children’s World”, à découvrir de toute urgence le statement de James Brown et Maceo « The soul of a Black Man », qui en est le thème originel, lui-même transposé comme chacun pourra le remarquer de « It’s a man’s man’s man’s man’s world ».
Malgré un enregistrement un peu erratique avec un aigu un peu omniprésent, Us est un chef-d'oeuvre, et le restera.
Il reste enfin à redécouvrir ce qui a fait la légende de Maceo Parker, de Fred Wesley et tant d’autres, à commencer l’œuvre de James Brown, du solo détonnant dans « Papa’s got a Brand new bag » en 1965 (morceau historique, première rythmique funk, création du « One » par les funky drummers, le guitariste rythmique Jimmy Nolen, etc. mais bon, je m’égare, c’est une autre histoire... ou peut-être l’Histoire tout court ) à l’aboutissement de la période 1973-1974 (« blow your horn, Maceo »), puis l’aventure autour de George Clinton, Parliament, Funkadelic, Brides of Dr Funkenstein et consorts (le « Parliafunkadelicment thang » évoqué plus haut), sans oublier les albums de Bootsy Collins et son Rubber band, et ceux, trop souvent méconnus, de Bernie Worrell.
En 40 ans de présence, Maceo Parker a apporté un style unique, alliant phrasé mélodique et rythmique syncopée hors du commun( cette fameuse "rythmique interne"), mettant sa maîtrise technique totale (les attaques…) au service d’une musqiue à la fois claire et complexe, sans cesse créative et surprenante sans jamais devenir ésotérique.
Sa contribution majeure, tout comme celle des « musical genius » cités (ou omis) ici, ne saurait toutefois être dissociée du mouvement qu’ils ont nourris et qui les a portés, épiphénomène magique, singulier et dévastateur dans la grande histoire de la musique, pillé par tous et galvaudé par beaucoup, le Funk.
Respect !!
Pour moi, the best : Life on planet groove !!
Fred