Test HCFR des Final Audio Design E5000, E4000 et Piano Forte VIII-T, écouteurs intra-auriculaires

Test HCFR des Final Audio Design E5000, E4000 et Piano Forte VIII-T, écouteurs intra-auriculaires

Écoutes

J’ai réalisé les écoutes sur le baladeur Sony NW-WM1Z. Certes, il s’agit d’un produit dont le tarif dépasse largement la logique de gamme des trois intra-auriculaires que nous avons testés, mais ce « Walkman » a comme avantage de décoder presque tout y compris le MQA. En outre, son amplification sur sortie jack TRS 3.5 mm présente une puissance modérée qui s’apparente à la majorité des produits nomades.

Ainsi, la mise en condition technique sera proche des cas de figure les plus courants, couvrant presque l’intégralité du marché. Comme le NW-WM1Z présente des performances musicales exemplaires, nos sujets de test ne seront pas limités par la source.

 

La playlist :
  • Marcus Miller – Laid Black – Jazz – 24 bits 48kHz – Qobuz : Il y un avant et un après 1986 dans la vie de Marcus Miller. Cette année-là, le bassiste alors âgé de 27 ans compose et produit le fameux Tutu d’un certain Miles Davis… Depuis, le chemin parcouru par ce virtuose de la quatre-cordes s’est étoffé d’albums ébouriffants pour les autres (plus de 500 !) ou pour lui-même (une bonne vingtaine) et de collaborations multiples… Comme souvent avec Marcus Miller, les frontières entre jazz, funk, soul et blues sont superbement floutées. Et c’est à nouveau le cas sur ce Laid Black. Après Afrodeezia qu’il avait conçu comme un périple musical dans son histoire personnelle, retraçant le parcours de ses ancêtres, Laid Black l’inscrit dans le temps présent avec un cocktail de toutes les sonorités urbaines qu’il affectionne : hip-hop, trap, soul, funk, R&B et jazz, évidemment. C’est d’ailleurs cette vision un peu à 180° qui fait la patte du bonhomme. Slalomer entre divers courants des musiques afro-américaines. Et même glisser quelques clins d’œil bien référencés comme lorsqu’il revisite le Que Será, Será (Whatever Will Be, Will Be) popularisé par Doris Day mais dans l’arrangement qu’en avait fait Sly Stone sur Fresh en 1973… Pour cette cuvée 2018, Marcus Miller a fait appel à plusieurs gâchettes comme Trombone Shorty, Kirk Whalum, Take Six, Jonathan Butler et la jeune soul sister belge Selah Sue. Groove à gogo et pyrotechnie précise mais jamais écœurante nourrissent un disque comme seul son auteur sait en réaliser. © Clotilde Maréchal/Qobuz

 

  • Natalie Prass – The Future And The Past – Soul/Funk/R&B – 24 bits 44.1kHz – Qobuz : En 2015, son premier album avait placé Natalie Prass en pole position sur l’échiquier de la soul music de qualité. Protégée du poilu et inspiré producteur Matthew E. White et enrôlée dans son label Spacebomb, la native de Cleveland installée en Virginie portait de sa voix belle et troublante l’héritage de ces chanteuses d’antan nourries à la soul donc mais aussi à la country et la pop, et qui se prélassaient avec délicatesse dans des arrangements luxueux de cordes et de cuivres. Il y avait du Diana Ross et un peu de Minnie Riperton voire du Mariah Carey (première période) dans cette chanteuse porteuse d’une mélancolie touchante pour ne pas dire renversante… La douceur de son timbre à peine haut perché se lovait dans des arrangements de haute volée qui lui allaient à la perfection. Et sans avoir la sensation d’être en 2015, on ne ressentait jamais d’effet rétro poussif dans ce premier album éponyme… Trois ans plus tard, Natalie Prass se prélasse toujours dans son canapé soul XXL mais muscle clairement son groove. Pour The Future & The Past, Matthew E. White est toujours derrière la console mais embarque la frêle soul sister sur des sentiers nettement plus groovy. Ce deuxième album est plus funky que son prédécesseur avec ses cambrures R&B voire disco. On pense toujours très fort à Diana Ross mais aussi à Janet Jackson et Chaka Khan. Dans les ballades de lovers comme dans les titres nettement plus up tempo, l’Américaine offre surtout une BO parfaite, jamais surproduite avec un son nerveux et soyeux. Bref, impossible de rester assis durant l’écoute d’une telle merveille. © Marc Zisman/Qobuz

 

  • Pete Yorn & Scarlett Johansson – Apart – Alternatif et Indé – 24 bits 48kHz – Qobuz : Après un premier album en duo paru en 2009 (Break Up), Pete Yorn et Scarlett Johansson renouvellent l’expérience façon Gainsbourg et Bardot modernes. C’est sous le titre Apart que le binôme construit cet EP étonnant car très différent selon les morceaux. Johansson ouvre joliment la chose avec Inguana Bird, une sorte de chansonnette aux tons lumineux et estivaux. Mais pour l’actrice parfois héroïne de blockbusters, il est nécessaire d’augmenter l’intensité du beat. Sous ses allures rétro, Bad Dreams sied parfaitement aux deux personnages qui nous livrent ici une dose de pop bien entraînante. Puis ils calment rapidement cette fougue sur Moovies avec une touche de sensualité, un chant langoureux que Pete Yorn instaure en murmurant au micro. Johansson apporte une allure sexy aux refrains dans une inspiration très eighties et les distorsions des guitares inspirent une danse lente et voluptueuse. Le réel revient au galop avec un son plus brut et folk de la guitare du chanteur sur Cigarillo. On ne perd tout de même pas ce beat assumé et le titre aurait plutôt bien fonctionné comme un tube de l’été… mais de l’été 2000. Pour clôturer, ils reprennent Tomorrow que Yorn avait sorti sur l’album Arranging Time en y ajoutant cette sonorité pop propre à l’EP et à sa complicité avec Johansson. © Clara Bismuth/Qobuz

 

  • Agnès Obel – Late Night Tales – Alternatif et Indé – CDA – Qobuz : Le principe de Late Night Tales est connu : un musicien nous invite à plonger dans sa discothèque. Le résultat est une compilation souvent délicieuse et éclectique et parfois assez inattendue. Il n’est donc pas nécessaire d’être fan hardcore de la musique du compilateur en question pour goûter à sa sélection… Après MGMT, les Flaming Lips, Metronomy, Groove Armada, Cinematic Orchestra, Four Tet, Belle & Sebastian, Jamiroquai, les Arctic Monkeys et quelques dizaines d’autres, place à Agnes Obel ! Comme souvent avec les précédents volumes de la série, la Danoise s’amuse à jouer avec les contre-pieds et les enchaînements étonnants.On croisera sur son mix quelques pontes de l’easy listening et de la pop lounge cinq étoiles comme Henry Mancini ou Lee Hazlewood, mais aussi la géniale et trop peu connue musicienne et poétesse grecque Léna Plátonos, les Brésiliennes du Quarteto em Cy accompagnées par Tamba Trio pour une pépite vocale de bossa assez irrésistible ou encore le superbe I Go to Sleep que Ray Davies n’enregistrera pas avec ses Kinks mais qui fut popularisé en 1981 par son ex-dulcinée Chrissie Hynde avec les Pretenders. Agnes Obel place aussi un mouvement du très cinématographique Quintet pour piano d’Alfred Schnittke, un titre des maîtres du krautrock Can, un live habité de 1964 de Nina Simone mais aussi une chanson de Sibylle Baier, obscure prêtresse folk allemande oubliée du début des seventies. Enfin, Obel n’oublie pas d’immiscer çà et là quelques titres à elle, rares ou inédits. On sort de ce Late Night Tales assez enchanté. Avec l’impression d’avoir été convié à un long rêve qui permet de cerner un peu plus l’ampleur de l’univers mystérieux de la pianiste danoise… © Marc Zisman/Qobuz

 

  • Roger Daltrey – As Long As I Have You – Rock – 24 bits 96kHz – Qobuz : Il fut un temps pas si lointain, ces deux hommes ne passaient pas leurs vacances ensemble et sortis de leurs « obligations » au sein des Who, encore moins des journées en studio sur le projet de l’un l’autre. De l’eau a coulé sous les ponts depuis et on ne sera pas surpris en 2018 de voir Roger Daltrey accompagné par Pete Townshend sur son neuvième album solo. La dernière fois qu’il avait daigné donner un coup de main, c’était pour McVicar en 1980. Par la suite, non seulement il n’avait pas participé à Under A Raging Moon, chanson sur l’album du même nom inspirée par le regretté Keith Moon, mais il avait même interdit à John Entwistle d’y jouer de la basse sous peine de représailles. Mais peut-être que ce dernier a pris la mouche en écoutant le réjouissant Going Back Home enregistré en 2014 par le chanteur en compagnie de Wilco Johnson. Précisons que, passé le succès de ses deux premiers albums qui avaient même fait craindre pour l’avenir des Who au milieu des années 70, Daltrey est loin de s’être impliqué avec autant de sérieux et d’inspiration dans sa carrière solo que Townshend dans la sienne. Son incapacité avouée à composer lui a fait faire des choix souvent surprenants et plus d’une fois désolants. Et on ne fait pas référence à sa reprise, plutôt honorable, du Cargo d’Axel Bauer. Ici, il a fait des efforts d’écriture et ses Certified Rose et Always Heading Home montrent qu’il possède une rare maîtrise de l’idiome soul. Même avec Townshend en renfort, As Long As I Have You ne ressemble guère à un album des Who déguisés, comme presque tout ce qu’a enregistré Daltrey en dehors du groupe, à l’exception de ce How Far de Stephen Stills. Même un titre plutôt costaud comme You Haven’t Done Nothing, hit de Stevie Wonder en 1974, n’aurait pas sa place sur Quadrophenia, Who’s Next ou même Endless Wire… Et qui se plaindra de son goût prononcé pour les ballades suaves à l’écoute de son interprétation toute en retenue du Into My Arms de Nick Cave ? Cet album qui mise plus sur le savoir-faire que l’inventivité ne risque pas d’éclipser le cinquantenaire des Who, mais il ne lui fera pas honte non plus. © Jean-Pierre Sabouret/Qobuz

 

  • Enemy – Enemy – Jazz – 24 bits 44.1kHz – Qobuz : Crochet du droit, direct du gauche et uppercut au menton ! Le premier album d’Enemy s’appréhende aussi radicalement. Derrière ce nom se cache un jeune trio composé du pianiste Kit Downes, du bassiste Frans Petter Eldh et du batteur James Maddren. Trois jeunes acteurs de la scène jazz internationale ayant déjà fait leurs preuves en solo ou aux côtés d’autres pointures. L’union de leur force est avant tout l’envie de laisser libre cours à leurs pulsions créatives et à leur gloutonnerie de liberté. Produit par Eldh lui-même, leur disque, très physique, est un tsunami de jazz contemporain. Une tempête polyrythmique qui ravira les fans de ces power trios à la The Bad Plus… Avec un jeu brassant des influences allant de Keith Jarrett à Oscar Peterson, Kit Downes dessine des improvisations multicolores assez éblouissantes. Mais la force du piano du Britannique est évidemment de rester collé à la rythmique d’Eldh et de Maddren qui fait office du cœur de cette centrale nucléaire jazz. Mais Enemy n’est pas exclusivement synonyme de puissance et de course-poursuite. Car lorsque le trio aborde des ballades, il dégage également une force narrative toute aussi captivante. A l’arrivée, un Enemy bien plus amical qu’il n’y paraît… © Marc Zisman/Qobuz

 

  • Marilyn Manson – The Pale Emperor – Rock – 24 bits 44.1kHz -Qobuz : Manson change de cap. A presque cinquante ans, le chanteur redoutable met de côté les cris et la brutalité musicale pour des titres parfois étrangement groovy. Mais que les fans de la première heure ne s’inquiètent pas, il reste au moins Deep Six, un métal un peu lugubre, et Slaves Only Dream To Be King, un rock lourd et menaçant. Co-écrit avec Tyler Bates, The Pale Emperor prend des airs cinématographiques et laisse une place à la mélodie, « comme si Tyler avait imaginé la musique pour qu’elle mette en valeur ma voix », précise Marilyn Manson. Un changement surprenant mais bien audible, pour une raison que Manson dévoile simplement : « J’ai découvert le blues ». On trouvera en plus sur cette version deluxe 3 titres inédits, Day 3, Fated, Faithful, Fatalet Fall Of The House Of Death, joués sur une guitare folk pour finir dans une rare accalmie. © LR/Qobuz

 

  • Jenna Mammina – Close Your Eyes – Jazz – DSD256 – Blue Coast Records : These are the first tracks from some of Jenna’s now classic early albums that have been remixed for high resolution audio from the original analog tapes and DSD sessions. Slated to be part of a « Producer’s Choice » series on Blue Coast Records, both « Dirty Work » (a Steely Dan cover) and « Lotus Blossom » sound as fresh today as when they first came out more than 10 years ago.Originally produced by Cookie Marenco, the musicianship on these recordings combine with Jenna’s intimate vocal sound to create a spacious groove. With Matt Rollings on B-3 organ, Paul McCandless on soprano sax, André Bush on Guitar, James Genus on bass and John Mader on drums, Jenna’s vocals and multiple harmonies will remind some of Joni Mitchell’s work on Court and Spark. On « Lotus Blossom » the rhythm section is joined by Rob Burger on accordion opening a new sonic spectrum.Remixed by Cookie Marenco for Blue Coast Records from 2″ analog tape and DSD sessions to DSD 256, we hope you enjoy these wonderful pieces!

 

  • Various Artist – Blue Coast Collection 3 – Various – DSD256 – Blue Coast Records : Finally a new collection of Songs We Love recorded in ESE without headphones or overdubs and featuring some of our favorite Blue Coast artists:
    Meghan Andrews: Guitar and Voice
    Tony Furtado: Guitar
    Jenna Mammina: Voice
    Rolf Sturm: Guitar
    Melissa Reese: Voice
    Chris Kee: Bass
    Keith Greeninger: Voice
    Chris Lynch: Violin
    Fiona Joy: Piano
    Derek Jones: Bass
    John R. Burr: Piano
    Jenner Fox: Guitar and Voice
    Garett Brennan: Guitar and Voice
    Jon Neufeld: Guitar
    Alex de Grassi: Sympitar

 

 

 

 

 

 

 

  • David Elias – Acoustic Trio DSD Sessions – Folk – DSD64 – davidelias.com : Record direct to DSD on Sonoma, uninterrupted single studio session (4 hrs). No edits, no overdubs, no effects or compression of any kind. Pure acoustic. Pure DSD.This recording was mixed by David Elias on the Sonoma DSD workstation using the proprietary Sony DSD Mixer card. Similar to « The Window » and « Crossing » these native DSD recordings have never left the DSD format or domain and been converted to anything else.  They only become analog when they get played by your system!A best-seller on NativeDSD.com and other hi-res audiophile favorite go-to’s.

 

 

 

  • David Elias – MQA Sampler – Folk – CDA 16/44.1 au DXD 24/352.8kHz – davidelias.com : Songs are from these albums: « Illegal Copy #2 », « Live in San Gregorio », « Rare To Go », « Slipper DSD Sessions », « Crossing », « The Window ». and an unreleased track « 40 Days – Summer skies ».Songs are MQA encoded as FLAC at varying bit rates (16/44.1, 24/44.1, 24/48). They can be played with sonic improvements on any CD or media player. Hi-res tracks will also be unfolded to their full resolution using an MQA compatible USB DAC.Other benefits of MQA are corrections of time smearing (aka temporal blurring) common to PCM recordings, providing a much more focused audio image on playback with less of the harsh glare edgy sound typically found in this media format and most CDs published to date.

 

Compte rendu des écoutes :

E4000 :

Ce petit intra-auriculaire est assez étonnant. Son prix relativement doux pour un produit audiophile est un point déjà important à considérer. Cet IEM présente une grande facilité d’insertion dans le conduit auditif, trouver la bonne taille de tips sera une chose simple, ceux livrés en standard devraient satisfaire tout utilisateur. Le confort ressenti est très bon, il est juste dommage de ne pas avoir de tips en mousse à mémoire de forme comme sur la série F. Toutefois, la série E présente comme avantage et différenciation, la possibilité d’orienter les écouteurs (les tips sont sur pivot). Une mousse à mémoire de forme annulerait cette particularité.

Le changement d’orientation est une chose à essayer, mais cela impose l’usage des crochets auriculaire qui stabilisent le câble autour de l’oreille. J’ai été vraiment surpris par les différences immédiates lorsque le E4000 est placé avec une orientation différente. Le son peut gagner en clarté, l’ouverture de la scène sonore change également. Les variantes obtenues durant les mesures ne me surprennent donc pas, à l’écoute nous constatons effectivement un changement audible.

Sans détours, je peux affirmer que les écoutes avec le E4000 sont tout simplement excellentes. Cet intra est capable de reproduire les graves à merveille. Étonnant vu sa taille, mais les mesures nous indiquaient déjà un fort potentiel. La réponse en fréquences linéaires avec un roll-off presque psycho-acoustique en fin de courbe implique des écoutes équilibrées, posées et très naturelles. Les essais subjectifs de la playlist le confirment admirablement. Le E4000 n’en fait jamais trop, tout semble sonner juste avec une répartition énergétique équilibrée sur les registres les plus importants. Le résultat table évidemment sur le respect des timbres sans y apposer de coloration intrusive, avec une retenue évidente, car aucun transducteur n’est totalement neutre. Néanmoins le E4000 s’affirme en très bon élève.

Ainsi les écoutes peuvent s’orienter indifféremment sur du rock, du jazz, de l’électro … peu importe le registre musical, le E4000 va appliquer une reproduction précise et fidèle. Voici donc un IEM très polyvalent, fort de sa neutralité. Je pense que l’analyse pourra se résumer à cela : le E4000 est certes un intra fortement nomade, facile à amplifier et destiné à une utilisation au quotidien sur DAP ou téléphone portable, sa performance audio le place sur la liste exclusive des casques monitor. Des appareillages de reproduction audio surtout destinés aux studios, mais aussi aux mélomanes dont les écoutes éclectiques se veulent variées et performantes en toutes circonstances.

Il ne faudra pas s’attendre à une scène sonore très vaste. Toutefois le E4000 arrive à jouer sur les principes de la perception auditive et il sera possible de trouver l’orientation idéale capable d’ouvrir les espaces et d’apposer une ampleur stéréophonique à l’égal des meilleurs casques circum-aural du marché. Par exemple, le Fostex TH-900 capable de livrer des écoutes ouvertes et aérées place un jalon sur les objectifs à atteindre. Le E4000 n’a pas à rougir face à cette référence de chez Fostex !

Le E4000 est donc un produit remarquablement bien conçu qui, grâce à sa neutralité et sa linéarité, s’adapte à tout. Sa technicité pure et son comportement in situ en font l’un des IEM les plus polyvalents et neutres qu’il m’ait été donné d’écouter. Pour un produit sous les 130 €, je tire mon chapeau (une fois n’est pas coutume) à FINAL qui nous livre là une véritable petite pépite destinée aux débutants comme aux utilisateurs aguerris.

 

E5000 :

Cet intra présente les mêmes avantages que son petit frère en terme de possibilité de positionnement. Je ne reviendrai donc pas sur cet aspect déjà bien compris et assimilé.

Les mesures nous avaient donné quelques indices sur la sonorité probable du E5000. Les écoutes le confirment, nous passons du E4000 à tendance neutre au E5000 qui se dévoile effectivement plus typé. L’évaluation nécessite une hausse du volume, nous avons vu que cet IEM est plus gourmand en terme de puissance. Une fois le niveau d’écoute nivelé je me rend compte que les mesures nous indiquaient déjà la donne. Le E5000 offre des graves plus présents dont la reproduction développe davantage d’énergie et plus d’assise. Chose rassurante, les accidents à 30 Hz, 40 Hz et 100 Hz ne s’entendent pas, cela aurait été surprenant compte tenu de leur faible amplitude.

Côté dynamique le E5000 semble plus chantant et davantage véloce. Certains stipuleraient plus « foot tapping ». Effectivement d’un manière générale le rendu sonore du E5000 est très vivant et rapide. Cela n’enlève en rien le naturel de la reproduction notamment sur les voix qui gardent toute leur texture.

Un comparatif direct entre le E4000 et le E5000 définit alors deux produits bien différents malgré l’appartenance à une même série. On peut se poser légitimement quelques questions. Les caractéristiques de ces deux IEMs sont en effet très différentes et pourtant le white paper indique comme seules particularités le câble et le matériau utilisé pour construire le corps des écouteurs.

FINAL exploite déjà cette démarche sur ses autres séries. Les Sonorous par exemple dont la montée en gamme implique des matériaux progressivement plus complexes et nobles. L’incidence touche l’efficience mais aussi la sonorité propre de chaque produit. Ainsi au sein d’une même gamme, les casques et intra-auriculaires FINAL ne sonnent pas de la même manière. Parfois le câble par défaut joue également un rôle, la nature du conducteur n’impliquant pas les mêmes atténuations du signal.

Je décide alors d’intervertir les câbles. Une brève écoute des E4000 avec le câble du E5000 me donne quelques indices. Avec le conducteur cuivre OFC / argent, le E4000 gagne en dynamique et intelligibilité. Il s’avère moins neutre, mais cette combinaison conserve une tonalité très agréable. FINAL propose des câbles cuivre/argent MMCX en gamme accessoire, la combinaison avec le E4000 peut alors être très intéressante.

Mais revenons exclusivement au E5000 qui mérite bien qu’on s’y attarde encore. Nous avons convenu que le E5000 ne figure pas parmi les IEM les plus neutres. Nous savons aussi qu’il ne pourra pas satisfaire un usage sur un téléphone ou un ordinateur portable, les tests de volume et de compatibilité n’ayant pas été concluants. Le E5000 est un intra-auriculaire destiné aux utilisations nomades audiophiles à partir d’un dispositif adapté. Un DAP, un ampli/DAC portable ou encore un smartphone disposant spécialement d’une très bonne sortie audio.

Typé mais très musical, le E5000 impose à la reproduction sonore son empreinte audacieuse qui booste le côté ludique et vivant des écoutes. En d’autres termes, cet intra est fait pour écouter de la musique et en profiter à l’image des systèmes purement audiophiles qui ne se veulent pas neutres, mais ayant un caractère propre et élaboré et qui motive les envies d’écoute.

PIANO FORTE VIII-T : 

Une sorte d’ovni comme je les aime. Pas d’adaptateur auriculaire, contact du métal directement dans le conduit auditif, il fallait oser ! Surprenant certes, mais il y a une logique, un tip est une source d’atténuation, en son absence l’écouteur peut alors délivrer davantage d’informations. La conception du produit n’a pas besoin d’égaliser l’incidence qui d’ailleurs garde un côté aléatoire lié au choix de tips utilisés. Massif, exploitant une membrane parmi les plus grosses pour des intras, un dispositif de contrôle de pression d’air … Tout sur le papier est alléchant.

A l’usage le PIANO FORTE VIII-T se révèle assez compliqué, il fallait s’y attendre et il est fort probable que certains ne puissent tout simplement pas s’en servir. Un concept aussi singulier n’est évidemment pas sans contreparties. Le confort est suffisant mais personnellement j’aurais préféré des tips ne serais-ce qu’en vue d’adoucir le contact avec le conduit auditif. Le positionnement sera un élément déterminant afin d’optimiser les écoutes, ce que nous avons vu durant des mesures.

Passer l’étape d’adaptation et de positionnement, je peux écouter paisiblement cet IEM. Paisiblement est un grand mot, car il faut reconnaître que le PIANO FORTE VIII-T développe un potentiel audio phénoménal. Le maître mot est lié à l’extraordinaire efficience des écouteurs qui confère aux écoutes une dynamique rarement obtenue sur un produit nomade à transducteur dynamique. Il est évident que la conception du PIANO FORTE VIII-T vise cet objectif, d’ailleurs l’ensemble de la série affiche les mêmes caractéristiques techniques, en un mot les PIANO FORTE marchent fort !

L’avantage d’être amplifié si facilement offre un panel d’utilisation quasiment illimité. Il faudra cependant s’assurer d’adjoindre une très bonne source, car un écouteur aussi précis et dynamique sera intransigeant. Avec le NW-WM1Z je ne peux pas me tromper, ainsi j’ai apprécié pleinement les qualités du PIANO FORTE VIII-T.

L’écoute est tout simplement excellente. A nouveau, il faut faire très attention au positionnement qu’il faudra moduler afin d’obtenir le plein potentiel dans les graves. Le PIANO FORTE VIII-T dévoile une musicalité rare, en définitive, les irrégularités de la réponse en fréquences ont moins d’impact sur l’écoute que la dynamique et l’assise dans le registre. Lorsqu’un écouteur développe une telle énergie, les notes semblent comme libérées grâce à la vivacité induite par la dynamique.

Le PIANO FORTE VIII-T est définitivement un produit haut de gamme dont la conception et le mode opératoire est destiné aux utilisateurs les plus exigeants à la recherche de produits qui sortent de l’ordinaire,  mais dont la performance vise une vraie plus-value musicale.

 

 

– lien vers le sujet HCFR dédié aux écouteurs Final Audio E5000 / E4000 : https://www.homecinema-fr.com/forum/casques-haute-fidelite/final-audio-e5000-e4000-t30089148.html

 

 

 

 

Partager :