Test HCFR : Focal Arche, DAC & ampli casque

Test HCFR : Focal Arche, DAC & ampli casque

Les optimisations pour les casques Focal

 

La grande particularité de l’Arche réside dans ses modes d’amplification optimisés pour les casques Focal Utopia, Stellia, Clear, Elear et Elegia. Ces modes sont de vrais atouts car il est rare de trouver une amplification parfaitement adaptée à un casque précis même lorsque l’appareil est équipé d’un réglage de gain à trois positions (Massdrop THX AAA 789) ou avec une amplification adaptative suivant l’impédance (Grace Design m900).

Afin de bien comprendre la problématique, il faut se pencher sur les deux principales caractéristiques des casques : l’impédance et la sensibilité. Ces données sont assez simples à repérer sur les caractéristiques constructeur et cela s’avère suffisant pour cerner quel amplificateur ira bien. Mais comme rien n’est aussi simple qu’il n’y parait, ces données n’incluent pas la variabilité lors du fonctionnement. Par exemple un Focal Utopia indique une impédance de 80 ohm, mais en réalité cette mesure n’est pas stable et la parfaite compatibilité avec l’amplificateur doit en tenir compte. Ce qui se voit sur certaines mesures relatives au comportement du transducteur comme le STEP.

Si nous reprenons notre tableau de mesures et que nous observons ce qui se passe uniquement sur les casques Focal, nous observons déjà un avantage en terme d’amplitude d’ajustement de volume. Le manuel préconise très justement d’utiliser le gain Low.

En effet alors que les autres paliers n’offrent que 23 positions entre 55 dB et 80 dB, les modes optimisés permettent de passer à 24 paliers. Un seul palier supplémentaire, c’est peu, cependant nous observons le même comportement qu’il s’agisse de Utopia, Stellia ou Clear. De plus les modes optimisés ont tendance à harmoniser les positions de volume sur les cibles. Cette observation démontre que chaque mode est bien unique et étudié spécifiquement pour chaque casque Focal.

Les mesures sous REW avec l’usage du EARS permettent d’observer d’autres conséquences positives. Nous avons sélectionné Stellia comme candidat aux mesures.

Quel que soit le mode d’amplification, la réponse en fréquence est identique en dehors d’un léger nivellement de niveau que nous avions déjà vu dans le tableau des compatibilités de casque. Un point important qui implique aussi un respect du signal indépendamment du mode sélectionné.

Par contre la linéarité de la clarté subit une influence plus marquée. La mesure démontre que le mode retenu pour Stellia s’apparente à ce niveau au mode Voltage alors qu’en comparaison le niveau moyen du mode optimisé perd 2 dB. Bien que la mesure moyenne ne soit pas aussi bonne qu’en mode Hybride, la mesure en mode optimisé est plus régulière et c’est cela qui impacte le plus la qualité d’écoute.

Le STEP présente le gain principal qui témoigne de l’optimisation du comportement des transducteurs qui équipent Stellia.  Cette mesure est un indice de l’alignement temporel. Le mode optimisé permet d’aboutir à une mesure moins accidentée et plus régulière. Ceci indique que le mode d’amplification optimisé permet aux transducteurs de mieux fonctionner et ainsi de produire les fréquences avec plus de régularité en terme de retard.

L’écoute à partir des différents modes d’amplification confirme nos observations. La différence de niveau est perceptible, Voltage étant le mode le plus efficient et aussi celui dont le rendu est le plus incisif et franc. La scène sonore y est la moins étendue bien que déjà assez ouverte et ample.

Hybride offre une écoute plus posée et dont l’ampleur est légèrement plus vaste. Notamment les transitoires sont moins marqués, le rendu est légèrement plus doux et la scène un peu plus ouverte.

Le mode Optimisé fait fort heureusement son effet. Il faut compenser la baisse de niveau afin de revenir à un niveau d’écoute équivalent aux autres modes d’amplification. Une fois fait nous pouvons nous rendre compte de l’apport qui agit principalement sur la cohérence et l’ouverture. L’écoute gagne alors en naturel et en confort, signe d’un meilleur équilibre.

La méthode singulière retenue par Focal se dévoile donc pertinente et efficace. Alors que d’autres solutions se basent sur une correction par égalisation, l’Arche vise uniquement le mode fonctionnel des casques en terme de besoin électrique et en rapport avec leur comportement sur le spectre tonal. Prendre en compte le besoin des transducteurs et leur variable sur la réponse en fréquence permet d’ajuster leur comportement et ainsi d’atténuer les défauts inévitables et sur lesquels nous n’avons souvent pas de réelle maîtrise, faute d’une amplification parfaitement adaptée. L’effort électromécanique, sans être asservi, est alors réalisé avec plus de cohérence et d’équilibre, il en découle une restitution plus agréable, moins confuse et plus ouverte.

 

Les ÉCOUTES

 

Les écoutes seront segmentées en deux familles, les écoutes brèves sur les casques en provenance d’autres marques sur lesquels nous testerons les modes Voltage et Hybride uniquement. Puis des écoutes détaillées sur nos trois casques Focal : Utopia, Stellia et Clear. Les écoutes détaillées se feront sur les modes spécifiques des casques Focal, le gain paramétré Low comme le conseille le manuel d’utilisateur.

Les brèves écoutes

Beyerdynamic T1 Gen2 : Tous les modes sont fonctionnels mais le T1 Gen2 semble plus à son aise en Hybride gain High. Dans tous les cas et quel que soit le choix qui aboutira finalement à une variante subtile dont la sélection sera surtout subjective, le T1 Gen2 s’exprime superbement et sans aucun signe de manque côté amplification. Pourtant des appareils affichant des caractéristiques plus généreuses que les 2 x 1 watts sous 32 ohms de l’Arche, ont plus de mal. Par exemple l’OPPO HA-1 avec pourtant le double de puissance montre plus de difficulté avec le T1 Gen2. Ce qui confirme un absolu: une amplification est avant tout du courant et la donnée en watt ne veut pas tout dire. En tout cas l’Arche n’a pas peur des 600 ohms du T1 Gen2, compensés certes par une très bonne sensibilité mais tous les amplis ne s’en sortent pas si bien.

Sennheiser HD800 : Tout comme le T1 Gen2, le HD800 marche quel que soit le mode d’amplification choisi. À titre personnel j’aurais tendance à préférer encore une fois le mode Hybride au gain High afin de bénéficier d’une ampleur plus ouverte et d’un rendu moins incisif. Toute proportion gardée, car les différences tiennent à nouveau du subtil. Sur ce casque aussi, l’Arche dévoile une grande aisance d’amplification.

Sony MDR-Z1R : Est un casque plus typé dont la reproduction sonore est marqué par deux objectifs fondamentaux. Reproduire une scène ouverte et vaste dont l’amplitude vise les performances d’un casque ouvert. Afficher une forte efficience et une forte capacité à reproduire les graves dont la dominance se fait entendre (sans être basseux, ni boum boum je vous rassure). Avec ce casque, il est préférable de rester sur le gain Low. L’amplification Voltage va affirmer l’expression du spectre et renforcer la tenue des graves. Hybride tempère un peu le comportement désinvolte et très expressif du MDR-Z1R. Sur le coup la différence est assez marquée. Résolument destiné aux écoutes dynamiques et endiablées, j’ai tendance à préférer le mode Voltage sur ce casque.

Final Sonorous X : Il s’agit du casque le plus efficient qu’il m’ait été donné d’écouter. C’est simple il est aussi facile à amplifier qu’un petit casque voire un IEM. Avec ce casque le mode gain low est impératif. Tout comme le MDR-Z1R chaque mode apporte son lot de différences bien audibles. Le mode Voltage est franc et dynamique, alors que le mode Hybride est légèrement plus posé et jouit de plus de douceur dans les timbres. Ma préférence va alors pour ce dernier mode de fonctionnement.

HiFiMAN Susvara : Un casque orthodynamique qui demande de la puissance et pourtant l’Arche s’en sort vraiment bien alors que d’après nos mesures de compatibilité ce n’était pas gagné. En effet il y a une différence entre amplifier vers un casque un signal à la tonalité équivalente et un signal modulé, l’incidence électrique n’est pas la même ni l’effort électromécanique qui en résulte. Le Susvara marche donc très bien sur l’Arche, il faudra évidemment passer le gain sur High et sur ce casque j’ai ma préférence pour l’amplification Voltage. À bon niveau, c’est à dire 62 (donc bien en dessous de notre mesure de niveau d’écoute fort à 80 décibels), le Susvara et l’Arche chantent de mille feux. Il faut dire que ce casque sait faire des merveilles, mais il lui faut la bonne source et surtout un amplificateur à sa hauteur.

MrSpeakers Ether CX : Il s’agit d’un autre Orthodynamique cette fois-ci plus facile à amplifier. Nous retrouvons une certaine universalité de fonctionnement sur l’Arche qui laisse libre cours à la sélection des paramètres. Néanmoins le gain High démontre ce qui me semble être une meilleure efficacité dans l’utilisation. Si on préfère le gain Low il suffira de monter davantage le volume. Le choix entre Voltage et Hybride tiendra essentiellement d’un ressenti subjectif. Avec ce casque ma préférence va pour Voltage. Un peu comme sur le MDR-Z1R, le regain de dynamique et de précision de ce mode donne alors au casque une rythmique très entraînante et captivante.

Les écoutes DÉTAILLÉES, l’univers focal

Voici bien la grande particularité de l’Arche, servir très précisément de source aux casques Focal. Notez aussi que l’Arche revendique également une utilisation DAC sur un système Hifi et, au vu de nos mesures, ça sera tout à fait possible. Que l’Arche soit un DAC ajouté à un système complet (pensez dans ce cas à monter le volume au maximum et positionnez le gain sur Low), ou qu’il soit branché à un bloc d’ampli remplissant alors le rôle de DAC à volume variable à l’image d’un préamplificateur, tout marchera à merveille.

Néanmoins c’est avec l’usage d’un casque que l’Arche exprime tout son potentiel et si le casque est un Focal, l’expérience n’en sera que meilleure. Ceci est possible car les casques Focal sont d’excellente qualité et offrent une expérience audio exceptionnelle. Nos tests en attestent et d’ailleurs nous n’avons pas été les seuls à le constater. L’Utopia par exemple fût rapidement considéré comme étant parmi les meilleurs casques au monde. Nous avons déjà bien analysé l’autre facteur : l’amplification optimisée pour chaque casque.

La sélection des modes spécifiques pour les casques Focal est un vrai atout. D’un point de vue électronique, il se passe réellement quelque chose, d’ailleurs on peut entendre un relais claquer lors de la sélection de certains modes. Ceci implique l’ouverture ou la fermeture d’un circuit. Il y a donc bien un travail qui a été fait spécifiquement pour chaque casque.

À l’écoute le gain est perceptible. Il ne s’agira pas d’une différence fondamentale, mais à long usage on se rend compte d’une écoute devenue plus agréable. Cela se situe sur la reproduction de la scène sonore qui gagne en ouverture et en amplitude. L’expérience devient fusionnelle et limpide dans les transitions. Nos mesures et la théorie indiquent une amélioration se situant dans le mode de fonctionnement électromécanique des transducteurs qui affichent alors moins de défauts principalement sur l’équilibre et le déphasage temporel.

Je connais bien l’Utopia, Stellia et le Clear ayant ces trois casques à demeure et disposant d’assez d’amplificateurs pour les appairer correctement à une source. Il faut admettre que l’amplification spécifiquement étudiée pour chaque casque permet de passer un cap de performance. La prouesse se situe sur l’amélioration globale du comportement du casque sans toucher à sa signature sonore (réponse en fréquence native). L’écoute gagne en équilibre avec une distorsion qui semble moindre et plus régulière ce qui contribue à accentuer la cohérence. Dans l’ensemble les morceaux présentent un peu moins de dureté alors que les timbres gardent tout leur naturel et leur impact. Cela veut dire que la dynamique n’est pas atténuée au profit de plus de douceur.

L’Arche ne triche donc pas afin d’améliorer le comportement des casques Focal. L’alchimie se réalise au niveau de l’électronique dont l’amplification correspond alors au mieux au besoin et au comportement des casques. Une approche innovante, étonnante et qui fonctionne. Comme quoi il y a encore des choses à imaginer et mettre en pratique dans le monde de l’audio.

Au niveau du décodage l’Arche réalise un sans faute. Tous les formats passent parfaitement et bien qu’il ne soit pas possible de choisir le filtre numérique, le rendu sonore d’un niveau excellent, évite de souhaiter changer quoi que ce soit. Le passage à des morceaux encodés en DSD se fait sans encombre alors que certains DAC font entendre un ploc de transition. Avec l’Arche il n’y a aucun problème de ce genre. Je ne peux que conclure sur une très belle prestation et à nouveau, qui excelle dans les écoutes de TOUT casque mais en particulier avec les casques Focal.

 

 

– Lien vers le sujet HCFR dédié au Focal Arche : HTTPS://WWW.HOMECINEMA-FR.COM/FORUM/AMPLIFICATEURS-CASQUES/FOCAL-ARCHE-AMPLIFICATEUR-DAC-SUPPORT-T30094066.HTML

 

 

 

 

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