Voici un petit topo que j'avais présenté par ailleurs, ici
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noir a écrit:Il me revient à l'esprit une expérience interessante.
Il y quelques mois, je possédais une paire d'enceinte peu connue en france , des BIC Ventury Formula 6 spec II. :study:
Ces enceintes étaient équipées d'un dispositif de protection assez sophistiqué.
Celui-ci détectait, entre autre, le clipping des amplis. Cela surement dans le but de protéger le tweeter.
Avec ces enceintes , j'ai utilisé quatre amplis: Un yamaha ax 892, un ax 1090, un phase linear 700B et un Nad C372.
les puissances respectives sont de 2x 130 watts, 2x 200 watts, 2 x 365 et 2x 150 watts.
Le phénomène de distorsion, contrairement à ce que l'on pourrait croire, commence parfois, en fonction de la difficulté des enregistrements (dynamique très élevée et nécessaire sur un très court laps de temps) , assez tôt.
Sur le 892, parfois entre le quart et le tiers du volume ; sur le 1090 souvent à partir de la moitié; sur le phase linear, je n'ai pas pu atteindre ce phénomène; sur le Nad C372 à un peu plus des deux tiers.
Cette distorsion donne un son plus agressif paraissant, paradoxalement, plus dynamique. Néanmoins, le son est dur et l'on peut mettre en cause injustement soit l'enceinte soit l'enregistrement alors que c'est l'ampli qui l'est.
Il me semble, en considérant cette expérience, que le C372 ( ce soit être le cas d'autres NAD, bien sur) est capable de délivrer sa puissance entière ainsi qu'une puissance transitoire importante dans des conditions optimales contrairement à d'autres concurrents.
Salut Noir
Je suis tout à fait d'accord avec ton analyse....
Et ceci n'a rien à voir avec le hasard....
Mais avant d’aller plus loin, un peu de théorie pour commencer....
Pour faire court, à ce stade (veuillez me pardonner pour de nombreux raccourcis que je prendrais...), la puissance d’un amplificateur se mesure en multipliant la Tension (V) par l’intensité (I), ou courant.
V : Tension (Voltage) = RI, soit Intensité = V/R
I : Intensité, ou courant (Ampérage)
Prenons un ampli capable de délivrer une tension de 100 V (ce qui est considérable, mais permet de simplifier les calculs, tout à fait théoriques ici!)
100 V sous 8 ohms -> Intensité = V/R = 100/8 = 12,5 Ampères -> Puissance = VI = 100 x 12,5 = 1250 W
100 V sous 4 ohms -> Intensité = V/R = 100/4 = 25 Ampères -> Puissance = VI = 100 x 25 = 2500 W
En clair, théoriquement, et si l’ampli suit, la puissance double lorsque l'impédance moyenne est divisée par deux:
Mais en réalité, que se passe-t-il sous 2 ohms?
En théorie, 100 V sous 2 ohms -> Intensité = V/R = 100/2 = 50 Ampères -> Puissance = VI = 100 x 50 = 5000 W
Mais en pratique, l’ampli ne sera le plus souvent pas capable de fournir une tension, donc un courant (ou intensité) infinis.
Dans l’exemple ci-dessous, on supposera que pour 100 V, l’ampli sera incapable de délivrer plus de 25 Ampères. Dans ce cas, il écrêtera (clipping).
Domaine de fonctionnement nominal d’un amplificateur.
Mais revenons à nos moutons :
Au delà des caractéristiques supposées de l’alimentation (tension), ou annoncées (puissance globale), le domaine de fonctionnement nominal de l’amplificateur (voir schéma ci-dessus) peut être tout à fait variable.
D’autre part, un ampli ne fonctionne pas sur une charge simple, mais sur une charge complexe, résistive et réactive, fonction de la résistance propre de l’ensemble cable + haut-parleur et de la force électromotrice induite par le haut-parleur, qui s’oppose à l’amplificateur.
1. Dans le monde réel, à puissance annoncée égale, et malgré des alimentations à priori conséquentes, certains amplis seront à priori capables de fournir une tension théorique importante, donc (en théorie) de faire face à une forte demande de puissance (transitoires), mais s’effondreront en courant (incapacité à tenir face à une charge conséquente, ou à une demande en puissance continue, sur l’ensemble des canaux).
En l'occurrence, par exemple, un transformateur ou un circuit d'alimentation, dans son ensemble, mal réglés ou peu performants, peuvent produire une tension élevée quand ils alimentent une charge facile ‘de laboratoire’, et à contrario une très faible tension effective sur des charges complexes telles que des HP.
Tension nominale élevée et intensité maximum disponible faible, caractéristiques typiques d’amplis puissants dans un cadre théorique (charge constante et facile sous 8 ou 4 ohms maxi), mais en réalité très sensibles à la charge, et souvent peu performants.
2. Inversement, d’autres amplis seront capables de fournir du courant (intensité), et s'avéreront relativement insensibles à la charge, mais offriront une faible puissance effective.
Tension nominale faible et intensité maximum disponible élevée, caractéristiques typiques d’amplis capables de driver à peu près n’importe quoi, mais incapables de répondre à des fortes demandes de puissance.
Ainsi, très concrètement, on peut comprendre que la puissance affichée d’un amplificateur, ou les caractéristiques supposées de l’alimentation, n’ont, à priori, guère de signification dans le monde réel.
Théoriquement, un ampli valable devrait être en mesure, à puissance donnée, de se comporter de manière valable sur les deux critères, donc être tout à la fois capable d’une puissance effective réelle conséquente, y compris en réponse impulsionelle, et de ne pas s’effondrer face à la charge (résistance propre de l’ensemble cable + haut-parleur, force électromotrice induite par le haut-parleur).
Tension nominale élevée et intensité maximum disponible élevée.
Ceci dit, si, très concrètement, la puissance affichée d’un amplificateur, ou les caractéristiques supposées de l’alimentation, n’ont, à priori, guère de signification dans le monde réel, un second problème se pose, d’une manière plus pragmatique, qui concerne les procédures d'évaluation de la puissance des amplis ...
Un petit retour en arrière :
Historiquement (et toujours aujourd’hui pour nombre d’entre eux...), la majorité des amplificateurs ont été conçu pour fonctionner dans un environnement théorique, avec des signaux sinusoïdaux et des résistances basiques, avec l’unique objectif d’offrir un faible niveau de bruit et peu de distorsions sur une charge stable de 8 ohms.
De tels amplificateurs pouvaient fort bien se comporter en laboratoire, mais offrir des performances musicales tout à fait décevantes.
Car en réalité, les mesures basiques de puissance continue ou de distorsion ne garantissent pas grand chose. La stabilité de l’amplificateur face à une charge réelle, sa capacité à gérer de faibles impédances ou la puissance dynamique face à des signaux musicaux réels (et complexes) doivent être considérés comme des critères bien plus importants.
En 1974, la FTC (Federal Trade Commission) donnait naissance à une norme (Amplifier Rule Compliance) censée rationaliser et uniformiser les procédures de mesure des amplificateurs, et éviter les abus de toutes sortes....
Cependant, sous la pression conjuguée de nombreux industriels de la hi-fi et du home-cinéma (amplis qui incorporent généralement cinq canaux ou plus), celle-ci fut très largement assouplie en 2000 (Federal Register).
Très globalement, toute latitude est laissée aux constructeurs pour réaliser les tests de puissance effectifs sur une charge simple ‘de laboratoire’, sans aucune contrainte de mesures de bande passante, d'impédance ou de taux de distorsion harmonique, séparément sur les différentes voies d’amplification, et non simultanément, etc.
Le critère minimal de la norme ‘Amplifier Rule compliance’ révisée de la FTC permet l’utilisation d’une charge simple de 8 ohms, et d’un test effectué sur une voie quelconque, avec un maximum de 2 voies, à une fréquence facile de 1kHz, sans précision du taux de distorsion.
De même, les mesures de bande passante, d'impédance ou de taux de distorsion harmonique peuvent être effectuées dans un cadre tout à fait artificiel, en laboratoire, sur charge stable, à fréquence fixe, et à un niveau de puissance non spécifié!
Ainsi, de très nombreux constructeurs produisent aujourd’hui des amplificateurs qui sont tout juste capables de satisfaire les nouvelles normes de la FTC, alors qu’avant ils ne l’auraient jamais été, alors que les constructeurs capables de répondre aux standards minima de la norme originale n’y trouvent aucun bénéfice. Au final, la nouvelle norme est indubitablement plus bénéfique aux petits fabricants d’électroniques, pour la simple raison qu’il est fort coûteux de pourvoir des amplificateurs performants de puissants blocs d’alimentation, de transistors de haute qualité et de technologies sophistiquées.
Du point de vue des consommateurs, ces nouvelles normes conduisent à une incapacité à juger en toutes connaissances de cause des matériels, dont nombre d’entre eux sont tout à fait sur-évalués.
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