boris_da a écrit:Encore une fois, le but ne serait pas de se croire transporté dans la salle d'enregistrement? Comme quand on écoute au casque? Quand on écoute un disque, on veut entendre uniquement ce qu'il y a dessus, rien d'autre. On ne veut donc pas entendre l'acoustique de sa propre salle d'écoute. Dans l'expression "j'ai l'impression que l'orchestre joue chez moi", on sous-entend que l'on a l'impression d'entendre l'orchestre dans l'acoustique de sa pièce d'écoute, hors ce n'est pas exactement l'information gravée sur le disque. D'où l'importance du traitement acoustique, d'où l'importance de l'absence de résonance, d'où l'importance de la neutralité (de la chaine et de la pièce).
On a déjà tout dit de l'infidélité du disque. Ce que propose en revanche Boris est, pour moi du moins depuis 30 ans, la seule voie possible : être au moins fidèle au signal gravé sur le disque.
Personnellement, je crois que la vénération de l'audiophile envers son matériel l'empêche de se poser seulement la question de la fidélité. Puisque le but du jeu, c'est la reproduction fidèle, si tout le monde parvenait à ses fins, il n'y aurait plus aucune différence entre le son de chaque système. Quelle tristesse ça serait, plus de querelles de paroisses, plus de réflexions métaphysiques sur la sonorité des câbles, plus de magasines aux articles ostentatoires. Je crois que la hifi est un marché énorme, et le rôle du marketing, dans ce genre de matériel où l'appréciation est toujours subjective, est énorme. Je ne dis pas que tout se résume à ça, mais ça a une influence dont l'importance est désespérément énorme.
je plussoie, et comment, sur la réflexion gentiment ironique. Ca me rappelle le tollé soulevé par P.Muller quand, après un débat déjà houleux sur la réalité de différences (du moins significatives) entre les matériels électronique, il a avancé qu'il existait, chez les constructeurs d'enceintes partageant la même conception générale (avec des transferts d'ingénieurs parfois, ceci expliquant aussi cela), une proximité sonore. "
N'importe quoi", se sont scandalisés quelques piliers du lieu, "
et maintenant ils osent dire que les enceintes ont le même son". La réalité est que si deux constructeurs d'enceintes et bien évidemment deux constructeurs de matériels électronique ont l'ambition de reproduire fidèlement le disque, d'aller vers la neutralité, il vont tendre vers le même résultat (P.Muller n'ayant pas dit 'indicernable", mais quelque chose comme "très proches"). Que ce propos soit considéré comme hérétique, de la part d'un Pro qui a oeuvré chez Cabasse puis chez B&W, en dit long sur "l'audiophilie" mais aussi sur les ordres de grandeurs telles qu'ils sont parfois étrangement perçus. La faiblesse de la place traditionnellement consacré par les audiophiles à l'acoustique, en dépit des énormes différences mesurables et audible par tous, fait contraste avec l'infinie densité des débats sur les différences souvent non mesurables des câbles ou des supports ou des amplis et des lecteurs. Les choses sont elles néanmoins égales ?
Pourtant, ça n'est pas si improbable que ça. Un égaliseur, un micro de mesure, une norme de calibration pour la courbe de réponse. Et tout le monde serait sur la même longueur d'onde, c'est le cas de le dire. On va me taxer de prosélyte, mais depuis que j'ai "égalisé" ma chaine hifi, je ne me pose plus de questions, je n'ai plus cette incertitude de l'audiophile. Je prends mon pied sur tous les bons enregistrements, et j'écoute les mauvais avec plaisir, sans me vriller les tympans. Tout en sachant, même si je ne vais que très rarement au concert, que ce que j'entends est le plus conforme possible à la prise de son. Sans doute dans une bien moindre mesure, mais un peu comme l'installation d'Igor.
Peut être que je me trompe, mais les timbres, la dynamique, l'image stéréo, l'équilibre, plus tous les adjectifs alambiqués qu'on utilise ici et là pour décrire le rendu, tout ça ramène invariablement à la neutralité, et peut être solutionné par une égalisation et un traitement acoustique. Ensuite, on peut juger uniquement la source (l'enregistrement, pas l'appareil), et on a la toute puissante et délectable certitude, quoiqu'il arrive, que le problème vient de l'enregistrement. Ainsi on peut être en paix avec son matérie .
Tu ne pouvais mieux dire (tu es un multi de P.muller ?

).Cela étant, aller au concert, assez souvent pour ma part quoique moins qu'avant, apporte beaucoup quand, j'imagine, une certaine éducation de l'oreille.