» 25 Aoû 2014 12:13
Il ne faut pas non plus systématiser : Harvey Milk, Le Secret de Brokeback Mountain ont connu une carrière commerciale plus que respectable.
Le classement R ne va pas non plus stigmatiser le film (c'est le NC-17 qui est entaché d'infamie) : le film n'allait de toute façon sortir que dans peu de salles (5 pour le premier weekend, peut-être plus dans les semaines à venir) et un drame sur la relation de deux sexagénaires n'avait guère de chances d'intéresser spontanément les ados de 13 à 16 ans. Quand le film sortira en VOD et en disque, c'est là que 95 % des gens auront l'occasion de le voir, et le classement R n'aura plus d'impact. Ça n'est d'ailleurs pas le distributeur ou le réalisateur qui gueulent ou qui font appel, mais un critique qui s'en prend au deux poids, deux mesures.
Pour la petite histoire, pour qu'un film puisse être classé PG-13, on doit entendre au maximum un "F*ck" (cf. ce qui est arrivé à un film profondément "obscène" comme Le Discours d'un roi...) : c'est utilisé d'ailleurs pour un impact comique maximal dans Anchorman ou X-Men : Le Commencement (c'est même rappelé dans le suivant), voire explicité dans Be Cool. Pour "sh!t", les critères se sont relâchés : on peut maintenant en glisser pas mal, surtout si on utilise le pluriel ou si on met ça dans des expressions, pas en interjection.
Mais c'est vrai que les Américains (aussi bien les studios que les comités de classification et probablement le public de l'Amérique profonde) ont du mal à se faire à des films où des personnages homosexuels sont au centre de l'histoire (plutôt que d'être les meilleurs amis excentriques des personnages principaux...) et témoignent de passions et d'envies similaires à celles de personnages hétérosexuels, avec une certaine épaisseur et donc des facettes moins consensuelles.
Ma vie avec Liberace, malgré l'affiche prestigieuse (Michael Douglas, Matt Damon, Soederbergh, Richard LaGravanese) n'a pu se monter aux USA que sous la forme d'un téléfilm HBO, qui avait d'ailleurs été un succès public et critique à sa diffusion. Cette année, la chaîne a d'ailleurs produit avec Brad Pitt l'adaptation par Ryan Murphy de The Normal Heart, une pièce sur des malades du SIDA dans les années 80, de nouveau avec un casting princier (Mark Ruffalo, Julia Roberts, Jim Parsons...) mais des critiques moins bonnes (parce que Ryan Murphy a une grosse tendance à l'emphase).
HBO a d'ailleurs une longue histoire de téléfilms ou de mini-séries autour de l'homosexualité (Citizen Kohn, If These Walls Could Talk, And the Band Played On, Angels in America...)
