» 09 Déc 2002 13:30
Amis de la (difficile) mise à la masse, bonjour !
Bon, je me suis absenté le temps du WE, je reviens et je m'aperçois que les esprits se sont échauffés en mon absence ! Faudrait quand même voir à ce que la mise à la masse ne vous fasse pas perdre de vue les civilités d'usage, hein !!?
Blague à part, je n'ai pas eu le temps de démonter mon HP pour vérifier où était branché ce foutu fil de mise à la masse...
En revanche, j'ai pris le temps d'approfondir mes premières impressions d'écoute et de me livrer à une écoute comparative (avec et sans fil) dans de bien meilleures dispositions que la première fois...
Le résultat confirme mes premières impressions.
Pour procéder à mon écoute, je me suis arrêté sur peu de disques mais dont les caractéristiques me permettaient d'éprouver les paramètres qui m'intéressait au premier chef : équilibre tonal, transparence, dynamique, qualité des timbres, comportement des différents registres et cohérence d'ensemble, etc.
Pour être complet, je vous indique quels disques j'ai utilisé pour effectuer ces tests:
1) Marin Marais : Pièce de viole (Virgin 1997)
2) Vivaldi : Concertos pour hautbois, basson et cordes (Astrée 1995)
3) Stravinsky : L'oiseau de feu (Decca, 1999)
4) Dave Matthews Band : Recently (live guitares acoustiques et live formation pleine),(BMG 1994)
5) Barbara : Pantin 81 (remastérisé en HD, 2002)
6) Virtu (Stanley Clark) : Sans titre (Warner 1999)
7) Ben Harper : Live (import Japon, Sony 1997)
Première chose, effectivement, en mettant les enceintes à la masse, le message sonore s'avère globalement bien plus transparent, plus aéré, plus défini. Vous connaissez la formule (malheureusement !) consacrée, on a "levé un nouveau voile", certes moins de coton que de tulle, mais c'est frappant immédiatement. L'espace est bien plus ouvert, à mon avis en raison d'une nette amélioration dans la séparation des sources sonores entre lesquelles il y a vraiment de "l'espace vide". Du coup, les contours et la matière des sources sonores s'en trouvent renforcés. Les détails ressortent avec davantage de présence.
Ceci se produit très nettement sur le disque de Barbara (cd 2, plage 3, "Seule"), où la voix de la chanteuse qui monte et se brise soudain, se prolonge en un souffle de fond de gorge pour s'éteindre en un sifflement strident très ténu. Il n'y a pas de sifflement sans mise à la masse. De même, les bruits de bouche ressortent avec une présence incroyable ! La voix de Barbara, lorsqu'elle s'envole avant de se briser, provoque un léger écho dans la salle (un chapiteau) qui donne à ce live un caractère très vivant. Le synthétiseur, magnifiquement timbré, prend une ampleur enveloppante qui remplit toute la scène de sa texture diffuse et aérienne. C'est somptueux ! Les dernièrs mots que prononce "a cappella" la chanteuse vous arrache littéralement les tripes tellement le grain de la voix est net et présent. Le public est ému, nous aussi !
Sur le disque de Marin Marais, le clavecin est merveilleusement timbré. Les notes s'égrènent, tantôt avec une grande douceur, tantôt avec cet espèce de pincement métallique très pointu et presque un peu "agressif". La transparence de la prise de son est ici encore accrue, la basse de viole est palpable, elle descend encore plus profond et tire la note encore plus haut. Les écarts de niveau, eux aussi, sont bien plus marqués. Les attaques de notes sont bien plus vigoureuses et "accrocheuses", les extinctions quant à elles s'étirent bien jusqu'au bout tout en restant linéaires.
Cette linéarité se confirme très nettement sur le disque de Virtu (Stanley Clarke) où le grave de la basse (qui est splendide de puissance, de tension et de pureté sur ce disque) se "gonfle" sur les attaques de notes pour ensuite se "dégonfler" en se propageant en une onde compacte et tendue, bourrée d'énergie, parfaitement circonscrite et d'une linéarité bien plus tenue et, ce, jusqu'au moment où Clarke, attendant le plus possible que l'onde se propage, la coupe nette au moment où elle commence à s'amollir en relançant puissamment une nouvelle onde. Sur la plage 8 de ce disque, tout se passe sur le jeu de la basse qui est d'une subtilité remarquable. Clarke joue avec virtuosité sur les temps de propagation de l'onde et sa linéarité. Sans fil, ce jeu se fait dans une espèce de fondu, alors qu'avec la masse la basse renferme une énergie surpuissante qui se libère sur les attaques, se propage en soutenant littéralement toute la formation et qui en fin de propagation est coupée nette par une autre onde. Cette articulation est d'une netteté et d'un vigueur, pour le coup, très supérieure lorsque les enceintes sont à la masse. Toujours sur le même disque, l'aération de la scène sonore est bien plus nette. En formation pleine, la basse est audible même lorsqu'elle commence à s'amollir. Le morceau commence par un roulement de caisse claire bien mieux focalisé et explose soudain en un jeu très percutant sur l'ensemble des caisses. La grosse caisse est bien plus percutante parce que mieux focalisée, elle n'a plus cette légère mollesse, elle cogne dur, c'est très tendu, l'impact est physique ! Fabuleux !!
Encore une fois, la mise à la masse a apporté une nette amélioration en terme d'aération, de séparation, de focalisation, de définition, de dynamique, c'est mieux équilibré et plus cohérent.
L'impression générale, pour utilisée une formule à la noix mais qui a l'avantage d'être expressive, est celle d'un nettoyable, un peu comme si on avait nettoyé une vitre pour mieux voir au travers. A l'extérieur, les choses sont mieux contourées, les contrastes sont plus nets, les couleurs sont plus vives. C'est un peu ça...
Sur le disque de Dave Matthews Band, la plage 3 où David Matthews et Tim Reynolds jouent en live de la guitare acoustique révèle des attaques de notes bien plus nettement tranchantes, l'articulation des deux guitares et des notes est bien plus franche et rythmée. Le medium est somptueux. Les aigus ont cette stridence très métallique d'une corde quasimment frappée, giflée par le médiateur. Ca s'arrache brusquement. C'est bien plus vivant, vivifiant, c'est tantôt modulé, tantôt arraché, la rupture est très nette. Sur la plage 5 où l'ensemble de la formation joue (basse, batterie, violon, guitares acoustique et électrique, etc.), la scène se remplit de son, mais c'est toujours très aéré, la guitare acoustique n'est plus supplantée, elle s'affirme plus nettement, elle participe vraiment du jeu d'ensemble. Lors du solo de batterie final, ca claque furieusement sur les caisses claires, l'impact est bien plus explosif. La grosse caisse, sur laquelle le batteur tape du pied comme un fou furieux, pulse littéralement, elle pousse brusquement de l'air, le grain du son que propulse la grosse caisse est bien celui d'une peau tendu et cognée, on en ressent l'impact dans le ventre ! C'est fabuleux de réalisme !! Bien plus réaliste !!
Je n'ose même pas vous parler du Ben Harper tellement la différence est criante ! Le solo de basse du morceau "Fight for your right" dégage une puissance très supérieure ! Sur ce solo où la basse est à la limite de la saturation, l'articulation des notes (le bassiste joue comme sur une mandoline !) est bien plus ciselée, franche et nette. Ici aussi, la basse est tantôt "roulante", tantôt "hoqueteuse", tantôt caverneuse ! Le bassiste module son jeu d'une manière époustouflante ! On sent très nettement son impatience. Il y a une boulimie de notes ! Il joue dans une espèce d'empressement, comme s'il avait peur qu'on l'arrête ! La mise à la masse des enceintes transcende littéralement ces différents aspects. La batterie, bien derrière, claque avec une vigueur hallucinante. C'est fabuleusement plus vivant ! La voix de Ben Harper a un grain grave de fond de gorge bien plus présent ! La différence est sensible !
Bon, je m'arrête, il y en aurait pour une heure tellement il y a de choses à dire !... Après tous ces détails, je reviens donc sur une impression plus générale. L'apport de la mise à la masse est, non pas spectaculaire mais effective sensible, j'ai presque envie de dire "substantiel", car c'est bien au niveau de la substance du message sonore que se fait la différence. C'est tout simplement plus physique, plus présent, plus substantiel !
Pardon d'avoir été aussi long !...
Mabuse