C'est intéressant de lire vos avis. Je suis passé au salon aussi ...
Je regrette de ne pas être resté plus longtemps au stand Elipson. Je n'ai pas trouvé ça mauvais, mais cela ne m'a pas du tout capté. J'aurais dû tâcher d'écouter plus de disques. Tant pis.
J'ai principalement aimé la reproduction musicale de la grosse platine rare donc chère (
) sur les Lowther. Le son seul était un peu dérangeant, mais l'émotion transmise était excellente (c'était le seul endroit où il se passait quelque chose). Passant au CD, c'était franchement très mauvais.
Les Loth-X, comme les Lowther, les Fidelta et les Audio Note présentaient la même approche : du medium assez rapide pour tâcher de reproduire l'émotion plus ou moins étouffée par le système en amont. Mais ni grave, ni aigu. On doit pouvoir gagner avec une mise en oeuvre, mais l'esprit est là. L'écoute d'Audio Note dans un autre cadre m'a montré la même chose, mais avec énormément d'émotion, cette fois-là. Je ne crois pas que l'on puisse obtenir un son droit avec ces enceintes. Je dois aussi dire que je n’ai rarement été autant l’impression de la reproduction d’une interprétation.
Serait-ce donc affaire de priorité entre son et musique ? Faudrait-il choisir ?
Les grosses enceintes l'audiophile seraient remarquables dans un centre de relaxation, réussissant à faire dormir la moitié des auditeurs (vraiment ronfler). Outre la directivité incroyable faisant que l'on entend la stéréo que sur un seul siège, et encore, à condition de se tenir bien droit,, ces enceintes haut rendement renversent les idées reçues, avec un son doux et pas du tout vivant ...
Les Wilson faisaient un gros son. A mille lieues de ce qu'elles peuvent faire (le salon EAD précédent était meilleur, et l'écoute chez un particulier des watt puppy drivées par un conrad johnson premier 4 était excellente). Très décevant donc, bien sûr, mais rappelant surtout qu'il faut être prêt à se remonter les manches pour mettre en oeuvre ces monstres, et pour trouver le bon ampli (les aiguilles des Mac allaient très haut).
Les Revar / CJ étaient à 10% de ce qu'elles font chez Port Royal. Drôle d'idée de les faire tourner avec un Copland.
Les Silverline + Hovland ont produit 2 sons à l’occasion de 2 passages :
- une fois, alors que la pièce était bondée, que je me tenais près de la porte, le son était assez étouffé et le grave boursouflé
- une seconde fois, plus calme, les Amphion d’à côté avaient une rapidité, une précision et une énergie étonnante, sans traînage. Sauf que ce n’étaient pas les Amphion, c’étaient toujours les Silverline que je ne reconnaissais pas du tout. A cette occasion, c’était le meilleur son du salon. Pas la meilleure musique (c’était les Lowther, je rappelle). Comparable selon moi aux Watt Puppys, mais mieux réglées.
De toutes ces écoutes, en oubliant les autres écoutes et en
synthèse du salon, j’ai retenu 5 typologies d’enceintes :
1. « bas rendement » full range : Elipson, Wilson (malgré leurs 92 dB), Silverline
2. haut rendement 2 voies : Lowther, Loth-X, Fidelta, Audio Note
3. très haut rendement 3 voies : Altec / audiophile
4. grosses biblios : Revar
5. petites biblios : Diapason
L’électronique ne peut s’évaluer que par rapport à chacun de ces types.
Les Full Range proposent le meilleur son potentiel. On voit tout de même qu’il est très difficile de les mettre en œuvre, et que rares sont les modèles pouvant se satisfaire d’une amplification à énergie modeste. Or les gros amplis sont malheureusement rarement musicaux, à moins d’aller dans le très haut de gamme très cher. Il faut donc faire attention au piège de ce type d’enceintes. Selon son goût, on pourra aller vers le plus haut niveau du son, comme les Watt, mais il ne faudra pas oublier de budgéter le quintal d’électronique.
Je rêve d’une enceinte 3 voies, aux timbres nuancés du sol au plafond, suffisamment facile à driver pour utiliser un ampli qui sache subvenir à l’alimentaire sans oublier la petite touche de magie qui fait fantasmer les tubistes.
Les "petites" Haut Rendement 2 voies demandent un compromis difficile pour les audiophiles élevés aux bancs d’essais de la revue du son. Je crois qu’un lecteur de Diapason, à l’oreille usée par le temps mais à la sensibilité aiguisée par la vie, y trouvera davantage son bonheur. Je me garderais donc bien de dire du mal, alors que je finirai sûrement avec un système de ce type.
Le très haut rendement semble plutôt exotique pour un habitué des auditoriums et des revues de hifi. Cela semble réservé aux félés du rabot et du fer à souder qui vont s’acharner durant des années à régler la géométrie du pavillon et la pente du filtre bricolé, pour terminer en multi-amplification active d’un système de quelques mètres cubes pulsant des décibels par tous les trous. Il y a forcément des systèmes de ce type qui marchent …. Forcément …. Hein ?
Les grosses biblios peuvent donner des résultats remarquables. L’écoute des Revar bien mises en œuvre chez Port Royal est étonnante. La lisibilité du grave à 35 Hz est parfaite. Mais je ne connais dans cette gamme que la Revar, la Parsifal, la Sicomin Carbone et la Guarneri qui puisse donner un excellent résultat. Mise en œuvre superlative obligatoire, mais résultats possibles à la clef. La solution des pièces moyennes ?
Les petites biblios sont à réserver aux petites pièces difficiles. Car elles privent des fondations. La vraie énergie du grave, lorsqu’elle est bien maitrisée, est réellement renversante, elle communique la chair de poule à coup sûr. En concert, on ne la perçoit d’ailleurs que dans les tous premiers rangs. Le dangers des biblios, pour en revenir au sujet, est de vouloir compenser ces manques par une bosse de bruit, dans le haut grave ou le bas medium. Il y a tout de même d’excellentes enceintes biblos. Les Diapason en sont.
Côté électronique, je n’ai écouté aucun ampli à transistor qui fasse de la musique. Seuls les tubes parvenaient à passer un minimum d’harmoniques et de nuances qui me sont chères.
Côté sources, j’ai adoré la grosse platine vinyle. Le gros CD Mac m’a laissé perplexe (le précédent me paraît marcher mieux à bien moins cher). La platine Audio Note est toujours aussi confuse. Beaucoup sont tout de même bien fades.
J’ai aussi bien apprécié quelques images : la démo dans la salle de Marc_G était remarquable. Avec le son atomique du système audio, je n’en menais pas large quand la bombe des méchants a explosé ! J’ai vu aussi un très grand plasma très réaliste et une scène sous-marine de toute beauté.
Je lis maintenant que vous trouvez le salon mauvais. Mais combien d’entre vous sont allé chez un forumeur et n’ont pas trouvé son système mauvais (je n’ai pas parlé de faire un CR mauvais, la plupart des audiophiles sont civilisés) ? Dans un auditorium ?? Chez lui ??? Ah non, là, visiblement, les oreilles sont régulées par l’ego. Il y a juste parfois le neurone de l’objectivité qui pousse à vouloir améliorer le système parfait, et c’est aussi pour cela qu’on vient dans les forums.
Les leçons du salon, comme de ces écoutes chez les uns et les autres, sont pourtant simples :
1. il ne suffit pas d’aligner les dollars et de poser le matos pour avoir du beau son. Pour aller loin, il faut de l’expertise ET du temps. Les pros n’y échappent pas et il vaut mieux le savoir avant de choisir son système
2. il y a plusieurs écoles
3. il y a plusieurs goûts
4. il faut choisir son camp, ou alors accepter d'errer des années à la recherche de l’absolu
5. il faut mettre l’ampli qui va avec l’enceinte
6. la musique ne vient pas automatiquement avec un son propre. Il faut décoincer les systèmes pour les faire s’exprimer. Un sportif de haut niveau a quand même besoin d’un entraîneur. Combien d’entraîneurs peuvent mener en coupe du Luberon ? Alors en coupe du monde…
7. ceux qui choisissent d’emblée un son pourri mais de la musique, ils ont peut-être raison, non ?
Pour moi, ce salon a été remarquablement intéressant. Il reflète bien la réalité de la hifi, plus que son exceptionnellement rare aboutissement à de beaux systèmes musicaux.
Marc