A part ça, pour en revenir au sujet originel.
Il y a deux émotions bien différentes mises en évidence par le post de Julien :
celle, énorme, venant d'un artiste que l'on connait de toujours ou presque : Brel est un bon exemple : sa voix, la charge émotive de son chant, passent à travers toutes les conditions d'écoute. C'est comme si je prenais le téléphone et que j'entendais la voix d'un être cher disparu : en une fraction de seconde je la reconnaitrais cette voix et mon cerveau la reconstruirait idéale, parfaite.
Ce qui n'empêche pas de mieux l' apprécier, Brel, écouté sur une chaine d'excellente qualité... que sur un bouzin infâme.
Encore que d'un point de vue esthétique, on puisse être beaucoup plus ému par un son très ancien, très patine, un peu déglingué que par un son quasi parfait. Le son "déficient" peut faire partie intrinsèque de l'art d'un musicien que l'on n'a jamais entendu en vrai ou enregistrré en haute fidélité.
Pour moi et des milliers de mélomanes le son du piano de Cortot, enregistré au temps du 78 tours, est d'une beauté parfaite... Il n'est pas impossible que son vrai son en direct, si je pouvais l'entendre maintenant, me plairait davantage.
Comme les voix de Callas, Ferrier, Marian Anderson, Billie Hollyday, etc.
Cependant, leurs disques, gagnent toujours a être écoutés sur une bonne chaine !
Il y a aussi l'émotion, plus subtile mettant en action toute notre capacité d'écoute. Son exigence est plus grande. Elle varie avec la musique écoutée et avec la faculté de chacun de synthétiser, de comprendre tous les phénomènes sonores perçus.
Ex. On peut, par exemple, détester le clavecin qu'on trouve ferraillant, acide, gueulard... et tout d'un coup l'entendre bien enregistré, restitué par une chaine si transparente que d'un coup on accède à un autre monde de compréhension qui fera aimer le clavecin...
Idem de certaines oeuvres polyphoniques, très complexes : si au lieu d'entendre distrinctement charque partie on entend un son global, pas détaillé, on fatigue vite et on rejette la musique par manque de détails reproduits...
Je ne crois pas aux chaines musicales qui interprètent la musique, qui font taper du pied : une chaine n'a aucune capacité d'interpréter ce qu'elle restitue. Plus une chaine est dite musicale, plus je la trouve généralement mauvaise... sauf si celui qui emploie ce mot a la mêmùe perception de la musique que moi. Et comme on n'entend pas la musique de la même façon dans 95% des cas...
je pense donc que plus une chaine est transparente a la musique qu'elle diffuse et plus elle permet à l'auditeur d'accéder à l'art des interprètes qui sont reproduits par elle.
Ce qui fait qu'une écoute ne peut procurer d'émotion que si le jeu des interprètes est retranscrits avec le moins de voiles entre eux et nous. Il faut donc que la moindre inflexion de leur jeu passe. Et pour que la moindre inflexsion de leur jeu passe, il faut que le moindre détail passe.
Les deux notions émotion et détails sont donc indissolublement liés.
Faut juste s'entendre sur les mots : si détaillé veut dire exces d'aigus et son coupant comme une lame de rasoir : il est évident que se sera aussi mauvais qu'un son simplifié, foot taping comme on dit.
Alain