Premièrement, ta question n'est pas posée en termes clairs. "son live", "Avoir les musiciens dans la pièce", "sentir les instruments", ce sont des mots assez vagues posés sur un rendu subjectif. Rendu subjectif qui peut changer d'une personne à l'autre.
Deuxièmement, AMHA, c'est perdu d'avance. Ni les enregistrements, ni les maillons, ni les acoustiques domestiques ne permettent une restitution totalement fidèle. C'était le rêve au début de la "haute-fidelité", et aujourd'hui, il n'y a plus grand monde pour promettre "les instruments devant soi", alors que, pourtant, le CD et les matériels modernes sont censés être des moyens de restitution bien plus "fidèles" qu'avant. Sommes-nous devenus plus réalistes ?
T'est-il seulement venu à l'idée qu'il y a beaucoup de cas où cette fidélité idéale, cette présence des instruments devant soi, n'est pas possible ou pas souhaitable ?
- Déjà, tous les instruments électriques, synthétiseurs, sampleurs... Ces instruments ont besoin d'électronique et de hauts-parleurs pour être entendus : quelle est leur référence ultime, comment peut-on les "avoir devant soi" ?
- Prises de son très rapprochées : beaucoup d'enregistrements de piano, par exemple, sont fait avec des micros situés juste au-dessus des cordes, d'où une stéréo avec les notes graves à un bout et les notes aigües à l'autre, ce qui ne correspond absolument pas au ressenti du concert. Dans ce cas, la fidélité ultime à l'enregistrement, c'est quand on a l'impression parfaite d'avoir la tête dans le piano ?
- Disques obtenus par mixage de diverses prises de son, ce qui est de plus en plus fréquent : tel musicien enregistré à Johannesbourg, tel autre à Paris, le chanteur à New York, les choeurs à Londres, et ils ne retrouvent sur le même disque que par le mixage. Quelle est la réalité de la scène sonore ? En quoi est-ce important de les sentir "devant soi" alors qu'ils n'ont jamais joué ensemble ?
- Plus tous les défauts et bricolages des enregistrements : compression de dynamique, etc. Ceux qui ont eu l'occasion d'écouter les musiciens en live, puis le master, puis le CD, savent qu'ils ne font que produire "la meilleure copie possible", mais qu'il y a une distance certaine et insurmontable entre le live et le CD. Demande à haskil par exemple. Philippe Müller, même s'il ne participe plus ici, a dû écrire quelques paragraphes remarquables sur ce sujet : une petite recherche serait sans doute utile.
- Comme dit amplement déjà, est-ce souhaitable d'avoir le son "live" : le concert de rock avec ses 110 dB et les acouphènes à la fin ? Le solo de trompette à trois mètres tellement réaliste qu'il déchire les oreilles et qu'on sent les postillons sur sa peau ? Le solo de batterie qui fait trembler les murs ?
On voit que le son "live", les musiciens devant soi, c'est une chimère, dont on peut au mieux se rapprocher (sinon, on peut aussi prendre un abonnement au concert !). A mon sens, dans un budget raisonnable, on est obligé de faire des concessions. il faut cerner
par des écoutes les concessions
qui nous dérangent le moins, nous personnellement... et non pas chercher une restitution parfaitement fidèle et qui serait la même pour tout le monde !
Soit dit en passant, je me demande si les matériels hi-fi (et pro) ne commencent pas à vraiment bien marcher, et si les deux maillons les plus faibles ne sont pas désormais l'enregistrement à un bout (passer à des supports de plus haute qualité que le CD, comme le SACD et ses successeurs annoncés), et l'acoustique domestique à l'autre... (et les contraintes de placement : on voit souvent de très bonnes enceintes calées de chaque côté du buffet, avec la baie vitrée à côté... parce que madame ne tolère pas qu'on les mette ailleurs).
Troisièmement, il n'y a pas une seule solution technique qui permette à certaines personnes de ressentir ce rendu subjectif : "son live", "les instruments devant soi". C'est pourquoi les fabricants n'ont pas une seule réponse technique.
C'est comme si tu disais aux fabricants de voitures "je veux une sensation de luxe. Dites-moi les caractéristiques techniques d'une voiture qui produisent immanquablement une sensation de luxe." Ils te diraient : "Euh, ça dépend des gens, certains sont sensibles au tissu, d'autres à l'odeur, d'autres au silence sur la route, d'autre à l'impression de puissance, d'autres uniquement au luxe perçu associé à la marque... Pour certains il faut que ça en jette, ors, chromes, bois précieux... pour d'autres, il n'y a pas de vrai luxe sans sobriété... et puis, il y a le luxe d'une Ferrari, le luxe d'une Mercedes, le luxe d'un Q7, le luxe d'une Lexus, ce n'est pas le même, pas pour les même raisons..."
Tu fais un raccourci entre technique et perception. Tu sembles oublier que la
perception des sons dépend de beaucoup de choses (culture, éducation, âge, langue natale, etc.) et se laisse très difficilement mettre en équations...
Si c'était uniquement technique, on mettrait un micro de mesure devant l'enceinte, on comparerait signal restitué/signal original, on calculerait un pourcentage d'écart à l'original, on aurait vite fait de déterminer la chaîne la plus fidèle. Avec les moyens modernes de traitement du signal, ça se fait en quelques coups de cuillère à pot. Qu'attends-tu pour aller l'expliquer aux fabricants de matériels hi-fi (pour reprendre ton ironie douteuse) ?
Tu te réclames de la science et de la technique, alors que tu oublies les bases les plus élémentaires : définir correctement la question, connaître les limites des modèles, ne pas confondre perception et réalité physique...
Pour ma part, je n'interviendrai plus dans ce sujet qui me semble dans une impasse. M'enfin, comme je dis dans la signature, hein, je dis ça, je ne dis rien, je n'y connais rien en hi-fi. Alors continuez joyeusement sans moi !